Nouveaux sacs, nouveaux espoirs

- 4 juillet 2025 - Par Benjo DiMeo

799 joueurs supplémentaires, dont 23 Français (au moins) se qualifient pour le Day 2
Main Event 10 000 $ (Fin du Day 1B)


Minuit et demie à Las Vegas. Il y a quelques minutes, une mélodie familière s'est élevée au milieu des tables, encore bouillonnantes malgré l'heure tardive. The Star-Spangled Banner, l'hymne américain, chanté d'une belle voix de baryton par un joueur s'étant levé pour mieux se faire entendre. Ha oui, tiens : depuis quelques minutes, on est passé au 4 juillet...

Vendredi, c'est tout un peuple qui va allumer des feux d'artifices, enflammer des barbecues et ouvrir des bières dans ces dizaines de millions de jardins disséminés dans cinquante états. Pendant ce temps, le Main Event devrait connaître sa première vraie grosse journée, après deux journées d'introduction somme toutes calmes. 2 000 joueurs cumulés sur les Day 1A et 1B, cela signifie que nous n'avons pas encore croisé 80 % des participants !

Mais n'allons pas trop vite en besogne : il nous reste encore quelques derniers bouts d'info à vous lâcher avant l'Independance Day, glanées à la fin d'une journée bouclée avec environ 799 joueurs au compteur, dont au moins 23 Français.

WSOP
En terminant avec un tapis qui le classe dans le top 10 de la journée (259 700), Adrien Guyader vit son début de tournoi avec des pantoufles, ayant continué d'accroître son stack jusqu'à la toute fin de la journée. Un confort qui lui permet déjà de penser au programme des jours suivants. "J’ai vu qu’il y avait un Français en finale du 600 $ sur lequel j’ai fait la bulle. Je le connais pas, mais on va quand même aller le soutenir. On n’a pas encore réussi à ship un bracelet cet été !", souligne-t-il, solidaire de la cause nationale. 

L’affaire n’a pas été mince pour Fabrice Maltez, qui lutte contre un sommeil depuis le début de la journée. Pourtant, en le voyant ranger ses 95 000 jetons dans le sac, on peut dire qu’il a parfaitement accompli le début de la mission : passer le premier jour pour avoir suffisamment de repos, afin d’aborder la suite de ce marathon parfaitement reposé et débarrassé du jet lag qui lui scie les pattes depuis son arrivée.

On dirait bien que ce n'est pas passé pour Stéphane Genet, le restaurateur de Saint-Martin, Romain Bailleul, le trader installé à Dubaï, Jérémy Scemama, le reg parisien, ou encore Farid Bouyahiaoui. Cinq éliminations (si l'on compte celle de Rosalie Petit, racontée plus tôt) au sein d'un field de 29 tricolores : la logique est respectée, puisque environ 300 des 1 096 partants du jour ont terminé la journée sans un jeton.

WSOP
Belle journée en revanche pour Stephane Guelpa (143 600), avec qui on n'a pas encore eu le temps de faire connaissance, et Nicolas Maniable (120 000), qui délaissait les cash-games déjantés du casino Paris pour se frotter au Main Event. Aperçu toute la première moitié de journée dans le haut du classement, c’est un hero call qui l’aura fait légèrement dégrind. Qu’à cela ne tienne : "On est toujours là, c’est l’essentiel."

D’ailleurs, un tournoi de poker aussi long nous fait parfois penser au On Achève Bien Les Chevaux d'Horace McCoy. Mais l'ancien canasson du Team PMU Jérémy Surinach n’est pas du genre à se faire abattre. Tombé à 39 000 jetons, le qualifié Winamax a su se cabrer pour foutre des coups de sabots à ses voisins de table et les faire voler hors des ovales dont un sur une rencontre flush vs flush qui lui a permis de reconstruire son stack pour arriver à empaqueter 119 000.

Qui d'autre ? Hyperactif une bonne partie de la journée, Selim Oulmekki termine dans le vert (71 700), tout comme David Fhima (72 400). En revanche, Sonny Franco est arrivé un peu trop tard pour que son tournoi démarre vraiment (45 000). Julien Loire, Robin Gerard, Sami Bechahed, Benjamine Ane, Selim Oulmekki, Edouard Mignot : autant de têtes connues qui vont profiter de deux jours de pause.

En tout, 23 Français supplémentaires ont validé leur passeport pour le Day 2, qui se tiendra dimanche. Les voici :

Les 29 Français du Day 1B

(Liste potentiellement non-exhaustive. Stacks potentiellement approximatifs)

WSOP
Caché sur l'appli derrière un pseudo, l'habitué du Main Event Julian Milliard "bag" un stack pas trop dégueu

Adrien Guyader 259 700
Stephane Guelpa 143 600
Nicolas Maniable 120 000
Jérémy Surinach (Qualifié Winamax) 119 100
Sami Bechahed 114 900
Julien Loire 113 500
Julian "JF27" Milliard 105 000
Fabrice Maltez 95 800
Jalil Mekouane 90 900
Robin Gérard 90 300
Benjamin Ane 86 100
--Moyenne 82 300--
Pierre Erbland 81 000
Ivan alias Young IV 80 300
David Fhima 72 400
Selim Oulmekki 71 700
Jean-Patrick Delorme 71 700
Arnaud Fabre 56 600
Edouard Mignot 48 000
Jeremie Dray 45 900
Sonny Franco 45 000
Julien Veyssiere 45 100
Benjamin Souriau 32 500
Cédric Schwaederle 28 000
Farid "bablet" Bouyahiaoui OUT
Jérémy Scemama OUT
Romain Bailleul OUT
Rosalie Petit OUT
Stéphane Genet OUT

Alone Zagury OUT

Leo en solo

WSOP
100 %, c'est la stat du jour concernant les Team Pro Winamax. Bon, OK, c'était zéro ou cent : seule Léo Margets s'est présentée sur la ligne de départ aujourd'hui. Avec un tapis de 86 000 jetons, l'Espagnole passe le cut sur un tournoi dont elle a la maîtrise depuis 2009, édition qui l'avait vu atteindre une très belle 27e place. "Ce tournoi est très particulier, très long, je joue les mains les unes après les autres. C'est le plus beau tournoi du monde, il faut en profiter".

Au cours de cette journée, Leo a évolué sur le plateau télé au côté de Phil Hellmuth. L'américain se voyait arriver en rock star : il termine la journée affalée sur la table, à moitié endormi. On repassera pour l'image de marque, mais le stack est là, c'est déjà ça : 85 000.

WSOP
On n'a croisé qu'un seul Champion du Monde aujourd'hui, mais il est double : Johnny Chan (1987, 1988) termine le Day 1B avec le stack de départ

WSOP
Prochaine étape : le Day 1C. La fête nationale ne devrait pas freiner les ardeurs des joueurs : avec plus de 2 500 attendus, l'affluence devrait faire un bon de 150 % par rapport à aujourd'hui !


Benjo & Phil Anthropik

WSOP 2025 : tous nos articles

Level 5 : c'est à cette heure-ci que tu arrives ?

- 4 juillet 2025 - Par VictorP

Level 5 : Blindes 300 / 600 BB ante 600
Main Event 10 000 $ (Day 1B)

Franco a traversé le désert

Sonny Franco
En voilà un qui n’en est pas à son premier Main Event. Sonny Franco fait partie de ces vieux de la vieille qui ont plus de dix ans de WSOP dans les pattes, et qui sont toujours là, debout, prêts à se battre pour un bracelet. Car si le Petit Prince de Marrakech a déjà accroché des bagues à ses doigts, il lui manque encore cette fameuse breloque qui lui échappe encore et toujours. Et ce n’est malheureusement pas sur cette édition qu’il aura réussi à vaincre le signe indien : de son propre aveu, à part quelques min-cashs, ce festival est plus une cagoule qu’autre chose. Soupe à la grimace, donc ? Non : quand le bad run se pointe, le Sudiste garde son sourire et sa bonne humeur pour enflammer le rail,, comme il l’a fait sur le Tag Team en supportant en finale ses amis Hicham et Sami (à droite sur la photo ci-dessous).

Sonny Franco
D’ailleurs, c’est avec eux que le Team Pro Partouche est parti se ressourcer au cours des derniers jours, avec un road direction le parc national Zion (une merveille de l'Utah voisin), pour prendre l’air et faire de la randonnée loin des tables et des néons. Tout juste revenu, remonté à bloc, le voilà qui se lance sur un coup de tête dans ce Main Event, prenant le shot en s’enregistrant au dernier niveau du Day 1B.

Un tapis qu’il met rapidement en action, perdant la moitié de ce capital dès les premières mains jouées, avant de reprendre du poil de la bête en doublant avec AK contre 88. Il faut maintenant que cette marche en avant se poursuive pour aller chercher une meilleure place que lors de son plus gros deep run sur le Big One : une 436e place en 2017. - Phil Anthropik

Young IV, et non Young 4

C’est tout ce qu’on savait de lui. Un pseudo un peu mystérieux repéré sur l'appli, que l'on a reouvé installé derrière le siège 1 de la table 543. “C’est toi Young 4 ?”, lance Caroline Darcourt, notre photographe attitrée, bien décidée à lever le voile. “Oui, c’est moi. Mais c’est Young IV ! Comme Phil Ivey, pas comme le chiffre 4”, corrige-t-il avec le sourire, avant d’ajouter : “Bon, en vrai, c’est juste la version anglaise de Ivan. C'est aussi simple que ça.”

Young4
Les présentations sont faites. Alors, qui est vraiment ce joueur qui caché derrière un pseudo ? Originaire de Paris, Ivan dispute ici son troisième Main Event des WSOP, quatre ans après sa dernière apparition. Et pourtant, il ne se considère pas comme un joueur de tournois. Lui, son vrai kiff, c’est le cash game live. “Je ne joue jamais online. Ce n’est pas mon truc. J’ai toujours aimé le live et plus particulièrement le cash game. C'est là que je prends énormément de plaisir.”

Le poker, il est tombé dedans dix ans plus tôt. Mais ce n’est pas sa priorité. Sa vraie passion, c’est le basket. “J’ai joué à haut niveau pendant quelques années. Là, je suis blessé, alors j’ai un peu plus de temps pour le poker.” Installé à Bergen, en Norvège, Ivan met ce temps à profit. Et sur ce Main Event, il ne fait pas semblant. Pas de frayeur, même face au chipleader lorsqu'il se retrouve à envoyer son tapis à la vue du flop. “Ma table est assez passive. Ils ne veulent pas de gros pots. Moi, j’aime l’action. Je veux imposer mon rythme." Pour l’heure, le plan fonctionne plutôt bien. Et si le Parisien ne se fixe aucun objectif, à l'exception de jouer son meilleur poker, il ne dirait pas non à un deuxième ITM sur le plus beau tournoi du monde... - VictorP

Comme à la maison

Sami Bechahed
On l’avait quitté l’an passé au Day 6 du Main Event, victime d’un setup aussi brutal qu’injuste (full contre quinte flush) alors qu’il n’avait cessé de faire fructifier un tapis grandissant. Un an plus tard, Sami Bechahed est de retour, sourire en coin, cartes en main et valise posée pour de bon à Las Vegas. Car après un bref retour en France fin 2024, Sami a vite réalisé que l’Hexagone ne répondait pas à ses attentes. “L’offre live est bien trop limitée. Trop peu de tournois, des buy-ins trop bas… Et comme je ne joue qu’en live, ce n’était pas tenable.” Alors, en mars dernier, Sami a décidé de revenir sur le sol américain. Direction Vegas, avec quelques détours familiaux à Los Angeles, son ancien chez-lui. “Je me sens quand même beaucoup mieux ici. Rien à voir.”

Depuis son installation, les sensations sont revenues, tout comme quelques jolis ITMs… avant que les WSOP ne viennent (temporairement) couper l’élan. “Depuis début juin, j’ai joué huit tournois et à part un min-cash sur un 800 $, c’est le désert.” De quoi le faire douter ? Pas le moins du monde. Quand on lui glisse à la blague qu’il garde sûrement son run pour le Main Event, Sami a le sourire. “Où est-ce que je signe ?!” Malheureusement, il n’y a rien à parapher… si ce n’est une belle revanche à prendre ! - VictorP 

Un jour sans fin

David Fhima
Il y a les Français qui sont arrivés à Vegas juste à temps pour le Main Event, et il y a ceux pour qui le Big One vient s'ajouter à une liste déjà impressionnante de tournois joués tout au long de l'été. David Fhima appartient clairement à la seconde catégorie : depuis le début du mois de juin, on a régulièrement repéré son nom sur les chip-counts de fin de journée, et par cinq fois, l'argent a été atteint. Jamais de grosses sommes, hélas... Peut-être que cette fois sera la bonne ?

C'est un Fhima joueur et de bonne humeur que l'on a en tout cas croisé durant le dernier niveau, envoyant un beau parpaing de 23 000 sur la rivière d'un board 24KJ9. Assez pour mettre à tapis sa voisine de gauche, une dame d'un certain âge qu'on peut ranger sans trop de doutes dans la catégorie "récréative". Cette dernière a fini par fold : beau joueur, Fhima consent à lui montrer un brelan de 4 floppé. Plus de 80 000 chez le Français à une heure de la fin de la journée. - Benjo

Anecdotes, statistiques et citations à la con
 

Antonin Teisseire
Un anonyme surpris par l'objectif lointain de Caroline Darcourt. Vous pensez qu'il a deviné que cette photo existe uniquement dans le but de vous proposer un sosie de merde de l'ami Antonin Teisseire ?


 La rumeur du jour nous est proposée par Todd Witteles, un insider américain généralement bien renseigné : PokerGo et les WSOP divorceront à la fin de ces WSOP ! Et ce serait (logiquement, somme toute) le nouveau proprio GG Poker qui reprendrait les choses en main. S'ils font un aussi bon boulot que sur l'appli WSOP+, ma foi... pourquoi pas.
 


WSOP 2025 : tous nos articles

Level 4 : le jet-lag, c'est pas des blagues

- 4 juillet 2025 - Par Phil Anthropik

Level 4 : Blindes 300 / 500 BB ante 500
Main Event 10 000 $ (Day 1B)

B0rn_Kazakh casse la baraque

Adrian Guyader
On parlait un peu plus tôt de la gestion du décalage horaire, pas forcément facile à appréhender pour les voyageurs transatlantiques. Pour Adrien Guyader, sa première expérience de Vegas l’année dernière lui a permis d’aborder cette épreuve avec plus de sérénité, réussissant à encaisser un vol de 13 heures tout en trouvant le sommeil pendant la quasi-intégralité du trajet.

Pour ceux qui cherchent la solution après des années de tentatives, elle est très simple si l'on en croit Adrien :  "J’ai fait une nuit blanche la veille, du coup je suis arrivé KO dans l’avion, prêt à faire ma nuit. À peine décollé, j’étais déjà arrivé, et frais pour aller jouer !" Après une tentative infructueuse sur un tournoi au Wynn, et une bulle sur le PokerNews Deepstack Championship à 600 $, la troisième tentative est la bonne, avec un ITM sur un autre tournoi organisé en marge des WSOP.

Une progression croissante qu'Adrien semble poursuivre sur ce Main Event, puisqu’après la pause repas, son stack culmine à 212 000 jetons, représentant ni plus ni moins que 424 BB. Si son début de journée a été marqué par un pot partagé avec les As contre les As, il a ensuite largement augmenté son capital à la faveur d’un coup dans lequel il ouvre l’action depuis le hijack à 900, payé par le bouton, puis relancé à 5 000 par la grosse blinde. Seul notre compatriote accepte l’invitation. Sur le flop 5 2 A, il en fera de même sur la mise de continuation à 5000 de son adversaire. C’est en revanche lui qui reprendra l’agression après que son opposant ait checké le 8 turn, sans pour autant le faire fuir. C’est une mise à la hauteur du pot river sur le K qui s’en chargera. Cette main fera décoller le tapis du Français à 140 000 jetons, lui permettant de véritablement prendre son envol.

Coach poker sur une plateforme de stacking, celui qui répond au pseudo B0rn_Kazakh sur les tables de Winamax vit actuellement un départ en fanfare, qui le place provisoirement en 4e position du classement selon l’application WSOP+. Après s’être marié le mois dernier, le résident autrichien pourrait bien vivre un été fantastique si ce deep run venait à se poursuivre. C'est le moins qu’on lui souhaite. - Phil Anthropik

Rosalie, c'est (déjà) fini

On a un peu plus de détails à vous donner concernant la sortie (plutôt rapide) de Rosalie Petit : une défense de BB qui a mal tourné. La Française complété avec 83 suite à un open UTG payé par le joueur UTG+1, avant de trouver un flop magique 858. L'action s'emballe quand Rosalie check/raise le c-bet adverse et qu'elle se retrouve payée par les deux joueurs qui ne lâchent pas le morceau. Un parpaing sur le A turn en fera fuir un, mais pas l'autre. La française décide de ralentir sur le 4 qui frappe la rivière, et paie la mise 11 000 de son adversaire qui lui montre 76 pour une quinte river. Ce pot la fait chuter à un stack "zone rouge" de 7 000 jetons qu'elle poussera quelques mains plus tard sans trouver le double up escompté. "C'est triste, mais au moins, j'ai fait mieux que l'année dernière où j'avais bust au premier niveau !" Rosalie voit le bon côté des choses, c'est déjà ça. - Phil Anthropik  

WSOP 2025 : tous nos articles

Level 3 : On en connaît qui Phil un mauvais coton

- 4 juillet 2025 - Par Benjo DiMeo

Level 2 : Blindes 150 / 300 BB ante 300
Main Event 10 000 $ (Day 1B)

L'entrée de Phil Hellmuth était complètement foireuse (comme à chaque fois)

Phil Hellmuth
Ha, la fameuse entrée tardive de Phil Hellmuth sur le Main Event... Depuis 2006 ou 2007, elle se veut spectaculaire, unique, divertissante : un petit happening costumé que viendrait chaque année nous concocter le recordman et showman des WSOP, afin de bousculer la torpeur propre au Day 1.

Ça, c'est sur le papier... en pratique, le numéro a tout d'un vrai moment cringe. Deux minutes de gêne absolue durant lequel on éprouve plus de peine qu'autre chose envers l'Américain. Tenue cheap achetée 30 balles sur Amazon, chorégraphies répétées à l'arrache deux minutes avant d'y aller, défaillances techniques... On veut bien avouer qu'à la fin des années 2000, ce bazar a pu nous amuser. L'arrivée en costume de Jules César, par exemple (2008, je crois ?), affalé sur un plateau porté par des éphèbes en tenue d'esclaves : OK, c'était drôle, avec la dose d'auto-dérision qu'il faut.

Phil Hellmuth
Mais là, cette entrée qu'on nous avait vendue sur le thème "AC/DC", ce n'était ni fait ni à faire. Un blouson de cuir et une perruque en plastique ne suffisent pas pour donner le change : cela conviendrait bien pour parodier Motley Crue à la limite, mais ça n'a strictement rien à voir avec le fameux combo short/costume d'écolier d'Angus Young. Et Google Images, c'est pour les chiens ? En plus, au lieu de la chansonnette promise ("Highway to Hellmuth", pas bête), on a eu droit à... un silence consterné. Le micro était en carton ! Et dès qu'il en a eu marre de la pantalonnade (qui s'est achevée en table TV, où évolue Leo Margets, avec Daniel "Jungleman" Cates et 17 mannequins brandissant des pancartes pour nous rappeler le nombre de bracelets gagnés), Hellmuth s'est aussitôt barré : pas pressé de jouer, il devrait faire son retour après la pause-dîner. À tout prendre, on préfère encore Martin Kabhrel. Au moins, lui n'a pas besoin de déguisements pour qu'on le remarque. - Benjo

Le smile en toutes circonstances 

Robin Gerard
Tenter d’interrompre Robin “Chovekipeu” Gérard pour lui parler sur ce Day 1B du Main Event des WSOP, c’est un peu comme vouloir couper un homme politique en plein débat : inutile d’essayer, ça ne marchera pas. Du moins, ça prendra le temps que ça prendra. Finalement, il aura fallu qu’il passe (enfin) une main pour que je m’approche de lui et qu’il me lâche quelques mots sur son début de séjour à Vegas. “Ce n’est pas compliqué : j’ai joué trois tournois, et je n’ai jamais passé le start”, lâche-t-il, mi-figue, mi-raisin. Car oui, 2024-2025 n’a rien eu d’une promenade de santé pour Robin, qui admet avoir “fait l'une de ses pires années en live”. Et pourtant, paradoxalement, c’est ici, à Vegas, qu’il se sent au top. “C'est assez bizarre, parce que je suis détendu, serein, alors que ça pourrait être l'inverse au vu de l'année que j'ai passée." 

Cette forme mentale, Robin la doit peut-être à autre chose qu’aux good vibes de Sin City. Depuis plusieurs mois, il a intégré Pure Poker, et reçoit des coachings de haut vol par deux pointures belges : Michaël Gathy (4 bracelets WSOP) et Thomas Boivin (plus de 8 millions de gains recensés sur Hendon Mob). “J’apprends beaucoup, mais tout ça demande du temps. Et pour que ça paye, il faut du volume.” Robin en est conscient : une cinquantaine de tournois sur l’année, ce n’est pas assez pour se faire une idée de son niveau. “Je sens que j'arrive à un moment où je dois réussir à mieux structurer ma vie, équilibrer online et live.” Malgré les galères, Robin garde, comme à son habitude, le sourire. Parce que le plaisir, lui, est toujours là. Parce que la roue finit (toujours) par tourner. Et parce que quand on le voit aussi vivant à table, on se dit qu’elle ne devrait plus tarder... VictorP

Jet lag strategy

"C’est un miracle si je suis encore là", raconte Fabrice Maltez pour justifier d'être encore présent avant la pause-dîner du Day 1B. "J’ai fait deux énormes folds dans les 30 premières minutes de jeu avec les Rois. La première fois, je paie un 4-bet et deux salves sur le flop et le turn, et je décide de fold river quand il m’envoie un parpaing sur un baby board. Il m’a montré les As. La deuxième fois, c’est la même chose sur un board hauteur Dame, et il me montre deux Dames." Après ce départ des enfers, Fabrice perd plus des deux tiers du tapis initial de 60 000, mais se réconforte à l’idée d’être encore présent. "Si c’était un autre tournoi, il y a moyen que je sois déjà dehors."

Fabrice Maltez
Dépendant de son rythme de travail dans l’immobilier, Fabrice est arrivé hier à Sin City pour entamer son Main Event aujourd’hui. Un choix audacieux quand on sait qu’il reste encore deux jours pour s’inscrire, avec la possibilité supplémentaire de pouvoir s’enregistrer jusqu’au début du Day 2. Il justifie cependant ce choix par la volonté de pouvoir pleinement se reposer avant le Day 2 pour poursuivre au mieux son parcours. Une option qui peut s’entendre, puisqu'avec une structure aussi deep, c’est plus ou moins 70 % du field qui passera au jour suivant.

Avec un boulot ultra-prenant, Fabrice sélectionne les festivals auxquels il participe, privilégiant le circuit EPT sur lequel il a pas mal perfé en 2024, accrochant une 4e place sur un side event pour 110 000 € à Barcelone en août dernier. La distance et son emploi du temps ont relégué Vegas au second plan pendant quelques années. "C’est la deuxième fois que je joue le Main Event. La dernière fois que je suis venu, c’était il y a cinq ans : j’avais fait Day 3 et m’étais fait sortir avant l’argent." Souhaitons pour lui que sa stratégie pour la gestion du jet lag lui fasse passer ce fameux cut. - Phil Anthropik

Parmi les joueurs du Day 1B...


Niklas Astedt
Niklas Astedt est de retour sur les lieux du crime, un an après une finale qu'il a, c'est notre avis à la rédac, pas mal merdée sur la fin, le forçant à s'incliner en troisième place

Benjamin Souriau
Un pro des cash-games qui ne loupe jamais le Main Event : Benjamin Souriau

Marvin
Cela faisait un bail qu'on n'avait pas croisé Marvin Rettenmeier : l'Allemand semble péter la forme !

Michael Gathy
Le seul Belge avec plus de bracelets que Davidi Kitai, j'ai nommé Michael Gathy

Anecdotes, statistiques et citations à la con

1 058 : le nombre d'inscrits au Day 1B, recensé juste avant la pause-dîner (fin du Level 3). Bien plus que sur le Day 1B de l'an passé... et le Day 1A d'hier. 

Un premier bust dans le clan tricolore ? On nous rapporte que Rosalie Petit n'aurait pas tenu jusqu'au dîner. Affaire à suivre...

WSOP 2025 : tous nos articles

Level 2, il pleut dans le casino

- 4 juillet 2025 - Par Benjo DiMeo

Level 2 : Blindes 150 / 300 BB ante 300
Main Event 10 000 $ (Day 1B)

Changement d'écurie

Jérémy Surinach
Il y a un an, Jérémy Surinach profitait de son contrat de sponsoring PMU, gagné à la faveur de la promotion Pro Dream, pour participer à son premier Main Event. Malgré un parcours qui l’avait amené jusqu’au Day 3, l’aventure s’était terminée dans la douleur, peu avant la bulle, après avoir perdu un 70/30 pour un pot qui aurait pu le propulser avec un tapis supérieur à deux fois la moyenne.

Dans l'ensemble, jusqu’ici, Las Vegas n’a pas été tendre avec lui, puisque son contrat lui permettait également de profiter d’un tournoi World Poker Tour à 10 000 $ six mois plus tard, sur lequel il n’a malheureusement pas réussi à passer le premier niveau. "C’est la pire expérience poker que j’ai vécue, c’était vraiment dur. Je me suis pris des setups dans tous les sens, c’était vraiment très frustrant."

Mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne. Qualifié sur Winamax en suivant le parcours du combattant via les satellites, Jérémy a fait une montante qui lui a permis de composter son ticket pour Vegas. "J’ai d’abord qualifié un 50 € pour le 250 €, puis le 250 € pour le package Main Event, et tout ça du premier coup", raconte l’intéressé.

Arrivé en ville il y a une semaine, Jérémy en a profité pour se faire un petit programme poker qui comportait le PokerNews Deepstack Championship à 600 $, sur lequel il a accroché une 331e place, bonne pour 1 600 $. Espérons pour lui que ce premier cash s’enchaîne avec un second sur le plus beau tournoi du monde. Pour l’instant, son Main Event n’a pas encore véritablement décollé, puisqu’il oscille autour du stack de départ. Il n'y a pas le feu. - Phil Anthropik

Top chef ou top shark ?

Stéphane Genet
Amateur de poker depuis 2012 environ, Stéphane Genet se définit comme un "récréatif, qui vient pour le plaisir." Il est vrai que la profession qu'il exerce n'est pas de celles qui laissent beaucoup de temps pour grind le circuit du poker : Stéphane est restaurateur. La Cigale, c'est le nom de son restaurant, est un établissement réputé, établi depuis près de quarante ans dans un petit coin de paradis des Caraïbes : l'île de Saint-Martin.

Rien qu'en cherchant quelques photos de cet endroit que nous n'avons jamais eu la chance de visiter, on devine qu'il est bien difficile d'y résister. "Cela fait 26 ans que j'y suis installé, et je ne m'en irai jamais. J'ai fait ma vie là-bas, je mourrai là-bas !" Un choix d'autant plus facile que l'île est loin d'être isolée, avec un aéroport international desservant aussi bien l'Europe que le continent américain.

Autre particularité de Saint-Martin : depuis le 17ᵉ siècle, ses cent kilomètres carrés sont répartis entre la France et les Pays-Bas. Du côté néerlandais, on peut jouer au poker dans les casinos... "C'est un petit caillou, mais il y en a une douzaine. Et on peut jouer deux gros festivals de poker par an, les CPT [Carribean Poker Tour]."

Quand il quitte son île pour jouer au poker, c'est principalement vers Las Vegas qu'il se dirige. Avec, en guise de meilleure perf' WSOP jusqu'à présent, une belle 54e place à 20 000 dollars sur l'édition 2023 du Monster Stack, devant plus de 8 300 joueurs. Et en ligne, sinon ? "Ma femme joue sur Winamax !" Et actuellement, madame tente, elle aussi, de deep-run, sur le tournoi Summer Celebration à 800 dollars l'entrée. - Benjo

Entrez couverts !

Dans le Top 10 des objets qu'il ne nous viendrait jamais à l'idée de mettre dans la valise avant de partir à Vegas, le parapluie figure en bonne place. Tout le monde le sait, même avant de venir : durant l'été, les températures dans le désert du Nevada dépassent régulièrement les 40 degrés (minimum !), et la sécheresse omniprésente peut transformer une brève promenade à pied de quelques minutes en un calvaire dont on ressort poisseux et fiévreux.

Sauf que (et peu de gens le savent) la région n'est pas épargnée par de brèves périodes de mousson, pile pendant l'été. Cela n'arrive pas tous les ans, certes, mais lorsque cela se produit, c'est la débandade générale. Personne n'est jamais vraiment préparé à un déluge sur le Strip. Un peu comme les Parisiens lorsque le verglas fait son apparition !

Cet après-midi, on a justement connu un bref, mais sévère épisode pluvieux sur le Strip... qui a débordé jusqu'à l'intérieur du casino !
 



On avait déjà connu ça à l'époque du Rio, il y a quelques années. Rebelote au Paris aujourd'hui. Nous, dans les deux salles consacrées au Main Event (au Horseshoe), on n'a rien senti... Mais les joueurs installés dans les salles annexes dédiées aux petits tournois deepstack quotidiens ont carrément dû être évacuées. Sur une autre vidéo envoyée par un qualifié Winamax, on voit carémment un bout de plafond s'effondrer !

J'ai croisé une dame du service de sécurité passablement excédée par le sujet. "Les casinos... Ils sont plein aux as, et ils jouent les radins dès qu'il s'agit de réparer ! Quand il y a un trou, ils mettent des rustines au plafond, ça ne tient jamais. Des cataplasmes sur une jambe de bois. Les gars, c'est le toit qu'il faut réparer, pas le plafond !"

Dans l'ensemble, Las Vegas semble être complètement à la ramasse dès qu'il pleut un petit peu. Etonnant pour une ville de cette taille. A la moindre grosse averse, l'absence de système d'évacuation des eaux de pluie transforme beaucoup de routes en des répliques de la rivière Colorado. Visez un peu le Tweet ci-dessous  ! - Benjo
 

Le grand saut 

Arnaud Fabre
Si le nom d’Arnaud Fabre ne vous dit rien, pas d’inquiétude : le garçon est plutôt discret. La dernière fois qu’il s’était glissé dans une news poker, c’était en 2019, pour une 145e place au WPT Barcelone. Depuis ? Le calme. Jusqu’à ce jour où le Français refait surface… sur le Main Event des WSOP. Et pas pour n’importe quelle occasion : c’est tout simplement son premier tournoi des World Series, et sa première participation au Big One. Un moment à part pour le Parisien, venu vivre son “one time” sur le plus prestigieux des tournois.

Car s’il est peu connu du grand public, Arnaud n’a rien d’un débutant. Grinder online aguerri, il écumait déjà les tables du .com avant même que le poker ne soit régulé en France. Encore aujourd’hui, il continue de jouer sur Winamax, principalement en mid-stakes. “C’est là qu’il y a les plus beaux tournois, les meilleures garanties… et c’est tout simplement là que je prends du plaisir.”

Du plaisir, justement, il en prend autant qu’il peut. Car entre un emploi de prof de maths, deux enfants de 4 et 10 ans, et un quotidien bien rempli en région parisienne, le poker doit se faire une place. “J’essaye de me faire mes petites sessions quand j’ai le temps, mais depuis quelques années, c’est plus compliqué. Alors maintenant, quand j’ai l’occasion, je savoure un maximum.” Et c’est exactement ce qu’il fait sur ce Day 1B du Main Event. Malgré un départ un peu difficile, il reste calme et concentré. “Je prends beaucoup de plaisir, je ne panique pas. Et avec une telle structure, on le sait, sur ce tournoi, il faut savoir être patient.” - VictorP

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