French fries and good dogs

- 15 juin 2025 - Par mama913

L'argent est arrivé très vite sur le Razz, où trois Français revenaient pour le Day 2. Nicolas Barthe est le seul à ne pas repartir les mains vides... et tous nos poulains ont déjà sauté en deux heures ! Exploration d'un tournoi qui a du chien.
Event #43 : Razz 1 500 $ (Day 2)

Quelle entame de journée au Horseshoe, avec une hécatombe Bleu sur le Razz. Pierre Lewandowski avait le 89e des 97 tapis des survivants de la journée d'ouverture : il n'a pas tenu jusqu'à ce que j'arrive à sa table pour la photo souvenir.

Verdict identique pour Steven Abitbol, qui avait pourtant le troisième tapis à la reprise. Table 657, siège 3, un joueur s'assoit à l'instant au siège où le Français devrait être... Dommage : le Neuilléen semble un amoureux de l'Amérique, 10 de ses 11 lignes ont été enregistrées à Las Vegas, la dernière aux WSOP Paradise aux Bahamas. 

Gabriel Ramos avec Ozy & Summer

Gabriel Ramos avec Ozy & Summer

La rencontre est remise à plus tard, mais l'investigation est lancée, comment a sauté notre champion ? Un joueur me demande ce que je fais là et la réponse fuse quand je lui indique que je suis à la recherche du Français. "He's french fried" ! Michael Horowitz enchaîne et indique qu'il a assisté à plusieurs coups du tricolore qui ne connaissait qu'une vitesse. "Toujours à fond, il était fou", indique Michael en répétant trois fois "crazy" avant de pointer Gabriel Ramos au siège 5. "Va te renseigner par là, c'est lui qui l'a sorti", termine-t-il. 

"Il était Français ? Là seule chose que je sais, c'est qu'il avait probablement un rendez-vous très important où qu'il devait aller quelque part", rigole Gabriel avec son petit stack alors que l'argent n'est plus si loin. Ramos, qui pointe à 900 000 dollars de gains en carrière, se permet une petite pique : "T'es sûr qu'il connaissait les règles ?"

"Ton Français je l'ai vu faire une wheel [As, 2, 3, 4, 5, la meilleure main en Razz], il était pas mal après ce coup mais il ne fait qu'appuyer sur l'accélérateur, il relance toujours avant le tirage et à la troisième, il relance toujours aussi. Il n'avait plus rien quand j'ai terminé le travail après qu'il a perdu un gros pot contre mon voisin de droite", enchaîne Ramos avant que la conversation ne prenne un autre tour. 

Résident en Caroline du Nord, totalement de l'autre côté des USA, Gabriel n'est pas venu solo. Ce joueur professionnel américain est entouré : il vient jouer avec ses deux fidèles Shiba Inu. Chez l'Oncle Sam, les animaux de compagnies sont autorisés dans les salles de poker... "Il faut qu'ils soient bien dressés et ne gênent personne", précise Gabriel alors que la relève se fait à la table derrière. La croupière ne manque d'ailleurs pas de lâcher une petite caresse pour Ozy et Summer

Un mâle, une femelle, ils sont donc en train de faire leur vie aux pieds de leur maître. "Je suis là pour toutes les séries, je viens de loin et ma compagne n'est pas là, c'est un soutien quotidien d'être avec mes chiens, c'est parfait pour réguler son humeur", explique Gabriel qui est toujours en lice alors qu'il vient de signer son quatrième cash des World Series... 

CeballosDirection le dernier des Mohicans, Nicolas Barthe. Le Français a mis son plus beau maillot des Spurs, à l'ancienne, avec un flocage Ginobili. Le début de partie a ressemblé à un cauchemar : Ceballos avait un plus gros tapis que 80% du field restant, mais ce n'est plus le cas. "Pour l'instant c'est dur... que des grosses cartes, mon tapis fond à coups de 'bring-in' et ante, et je ne peux pas jouer", raconte Nicolas alors qu'il a déjà perdu presque la moitié de la belle avance construite lors de la journée d'ouverture. 

Soutenu par Remy Biechel et Jonathan Guez, Nicolas file se rassoir après avoir demandé des news de Steven Abitbol. "Il est très agressif, mais je m'attendais pas à la voir passer si tôt [vers la sortie]", commente Nicolas avant de filer se rasseoir pour tenter de sécuriser le min-cash à 3 049 dollars.  

Nouvelle donne... Son voisin de gauche dévoile un Roi et prend le bring-in... son voisin de droite ouvre avec un 7 apparent. Nicolas a un As pour relancer ! C'est payé à droite pour un duel, son adversaire tape un 3 et Nicolas une Dame... mise de son adversaire et Nicolas paye encore, avant que le croupier ne déballe un 8 pour son opposant et un Roi pour lui. Mise chez Vilain et Nicolas ne peut que folder avant de revenir vers son rail en indiquant ses petites cartes cachées. Sick draw ! 

Sur la main suivante, Nicolas reçoit une Dame en carte ouverte... Bring-in papa ! Nicolas Barthe est sur la mauvaise pente, mais son colocataire Remy Biechel y croit dans le rail. "C'est un jeu de forme, il lui reste deux coups... Et en deux coups tu peux aussi être très bien", assure Remy. 

Barthe avec Savage

Malheureusement pour le Team France, Nicolas ne va pas deep-run beaucoup plus loin que l'argent. Ce spécialiste des paris sportifs chez Wina ne va pas passer le premier palier et encaisse finalement 3 049 dollars après s'être incliné en 57e position sur un field de 472 entrants.

C'est le quatrième drapeau du séjour pour Ceballos, qui rêvait d'aller plus loin qu'un min-cash pour pouvoir s'offrir un Championship à 10 000 dollars l'entrée. Il va falloir remettre le couvert et se contenter d'avoir joué et posé avec Matt Savage. Le célèbre directeur de tournois se transforme en joueur sur quelques événements des Series, toujours en variantes, et il avait un des plus gros tapis à la reprise. 

Savage est toujours dans le Top 5 avec 43 joueurs entre lui et sa première breloque. Attention, car Shaun Deeb a remonté un stack alors que dix niveaux d'une heure sont au programme de cette journée. Le field est d'ailleurs encore de grosse qualité puisque Philippe Hui, Allan Le, Tod Brunson, Johannes Becker, Scott Abrams, James Collopy ou Maxx Coleman sont encore là. Il y a du bracelet au mètre carré dans ce late game...

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Poke poker

- 14 juin 2025 - Par mama913

Alors que la troisième des quatre journées de départ du Monster Stack fait le plein, le prizepool a dépassé les 9 millions de dollars. De quoi donner faim aux jeunes grinders tricolores...
Event #37 : Monster Stack 1500 $ (Day 1C)


Après avoir fait le boulot et monter le deuxième tapis de ce flight au dinner-break, Nicolas Tytgat a rejoint son coloc' Samuel Fournier pour passer un dîner au calme, à même la moquette, dans les méandres du Paris Las Vegas Hotel & Casino. De quoi manger équilibrer et se ressourcer. "Un petit poké, c'est très bien", confirme le tricolore avant que la discussion ne glisse sur les difficultés d'un si long périple.

Samuel Fournier et Nicolas Tygat

Temps de repos pour Samuel et Nicolas


"J'étais chez un pote à Montréal quatre jours pour m'acclimater... mais ça n'a pas marché, comme tout le monde je me lève à 5 heures du mat'", rigole Nicolas avant d'ajouter qu'il a ouvert les yeux "à 6 heures ce matin. Demain je suis calé", assure-t-il avant d'expliquer le coup qui l'a lancé. 

"J'ai eu un spot assez simple avec un open et un 3-bet, j'ai payé avec les As au bouton et l'ouvreur a mis 40 blindes avec les Dames, l'autre en a mis 30 avec les Valets et j'ai tout ramassé", raconte celui qui vient de terminer 32e de l'EPT Monte-Carlo alors que nous retraversons tout le Paris pour la reprise qui se profile au Horseshoe.

Avec 360 000 jetons Nicolas Tytgat a de quoi prendre son temps pour emballer des jetons... avant un gros programme cet été, centré majoritairement sur la course au bracelet. "Je vais jouer pour 80% aux World Series, environ 65 000€ de tournois", précise le jeune homme, certains d'être dans le bon sens mais conscient que rien n'est fait au moment de reprendre. 

Le Français a finalement décollé avec un hero-call où il a 3-bet call As Roi et payé deux gros barrels turn et river pour déjouer un bluff sur Valet 6 4 2 8 avec deux trèfles au flop. De quoi avoir 4 fois la moyenne de 75 blindes"C'est plutôt bien", concède Nicolas avant de rejoindre sa table. 

Samuel Fournier n'a lui "que" 105 000 jetons mais cela représente encore plus que la moyenne de 75 blindes ! Le Monster Stack propose une superbe structure avec 11 heures de jeu sur les journées d'ouverture. "Il va falloir être solide avec la digestion et le décalage", lâche Samuel alors que nous croisons Jean-Robert Autran, lui aussi avec 105 000 jetons, comme Samuel, et chez Nutsr, comme Nicolas. 

Ces dernières années cette Team avait monté de grosses villas à Las Vegas. L'expérience n'a pas été renouvelée mais celui qui manageait l'équipe offre de nouveau ses services, une offre qui a séduit le duo. "Nous sommes avec Léo Soma qui a déjà sauté sur ce Jour 1C et Damien Sidot s'occupe très bien de nous", confirme Samuel.

"La bouffe à Vegas c'est dur donc c'est super d'avoir quelqu'un aux petits-soins, qui cuisine et vient nous chercher pour ne pas passer notre vie dans un Uber", ajoute celui qui détient une bague WSOP Circuit depuis 2024 et un stop à Paris...

WSOP 2025 : tous nos articles

Il était une fois la révolution

- 12 juin 2025 - Par Tapis_Volant

On vous explique comment la nouvelle appli WSOP+ transforme l'expérience joueur sur ces Series

Attente

Finies les files d'attentes interminables !

N’y allons pas par quatre chemins, une petite révolution a lieu cette année sur les World Series of Poker, l’apparition de l’application WSOP+. Elle n'est pas seulement devenue un outil indispensable pour les couvreurs (comment faisait-on avant ça ?) ou les fans qui voudraient suivre l’avancée des tournois, avec les chip-counts de tous les joueurs updatés toutes les deux heures, mais c’est surtout le meilleur moyen qu’a trouvé l’organisation pour gérer un problème récurrent sur leur festival : les files d’attente interminables pour les inscriptions, les late reg et les cashouts.

"On cherchait à solutionner les longues files d’attente, m’explique le co-directeur français des WSOP Grégory Chochon. On essayait de résoudre ce problème de manière opérationnelle, rajouter plus de caisses, rendre les procédures plus simples pour les inscriptions... Quand GGPoker a rejoint l'organisation cette année, ils nous ont expliqué que la solution était technologique."

Désormais, plus d’inscription possible aux anciennes caisses des WSOP, plus de grosses liasses de billet à sortir en avouant à demi-mots que tu vas jouer le 10K Championship d'une variante que tu ne connais que de nom. Tout se fait via l’App. La procédure est simple : faire une carte Caesars, télécharger l’application, créer son compte WSPOP+, relier son compte à sa carte Caesars, et passer une seule fois à la caisse pour faire valider son compte. Et après, plus besoin de repasser à la caisse, tu peux t’inscrire en un clic aux tournois via l’application (et s'inscrire sur un tournoi de Limit sans faire exprès, aussi), soit en payant avec un compte Luxon ou Paypal, soit en faisant un virement sur ton compte WSOP+ et en la gérant ensuite ça comme un compte bancaire. 

Pecheux

La conséquence de cette amélioration est plus que visible, on ne voit plus aucune file d’attente pour s’inscrire sur les tournois. Même pour le Colossus, c’était fluide, alors qu’on se remémore les files d’attente interminables qu’il y avait dans les couloirs du Rio il y a quelques années. Comme à la grande époque, qui de mieux qu'Erwann Pecheux (photo) pour donner son avis sur la question, lui qui voit souvent le verre à moitié vide et qui a toujours un avis à donner ? Retrouvé hier sur le Monster Stack, l'habitué des lieux est enchanté par ce changement. "C'est extraordinaire, c'est quelque chose qu'ils auraient dû faire depuis trois ans, pour nous, c'est incroyable. Il n'y a plus de queue nulle part, j'ai mis 30 minutes pour tout faire valider à la caisse, j'aurais même accepté de faire 90 minutes d'attente pour quelque chose qui nous facilite autant la vie."

Pour Virgile Turchi, "l'application, ce n'est que du bénéf. Tu ne fais plus jamais la queue pour les late reg. Quand tu changes de tables, il y a plus à donner les tickets, c’est directement sur l’appli. Pour cashout, c’est pareil, il n’y a plus de papiers, tu arrives, tu montres ton appli. Ça fluidifie de malade, c'est une vraie révolution, en plus, tu peux voir les joueurs à ta table, checker leur palmarès."

Comme m’explique Grégory, l’ancienne application Bravo Poker, qui permettait déjà d'aller acheter son billet et d'éviter les files d'attente, avait un côté archaïque, "un peu cappé", et surtout chaque update prenait des plombes. Là, des développeurs sont sur place et peuvent ajouter des fonctionnalités dès que quelqu'un du staff en fait la demande. "On en est au tout début, on peut facilement trouver les chip-counts de tous les joueurs, toutes les informations sur le tournoi, et on pense déjà à rajouter des choses, par exemple, là, on va rajouter la recherche par pays, on aimerait aussi pouvoir choisir des joueurs à suivre et avoir des notifications."

Appli Register

Inspirée par les applications des Tritons ou de PokerStars qui ont transformé la manière de suivre un tournoi, l’application permet aussi aux joueurs d’accéder à de nombreuses informations à tout moment. En quelques clics, ils peuvent découvrir les noms des joueurs à leur table, et même aller s’enquérir de leur palmarès (avec un système qui recoupe les informations des différentes bases de données existantes, WSOP et Hendon Mob). Tous les tournois des WSOP sont accessibles, on peut chercher un joueur, trouver sa table, savoir combien il a fait d'ITM. On peut même prendre des notes sur les joueurs ou se servir de l'appli pour envoyer des Stories façon Twitter.

Pour Greg, c’est aussi un moyen de toucher d’autres personnes et de permettre un suivi à distance (sans parasiter nos traditionnels coverages, bien entendu). La famille et les amis peuvent suivre facilement les progrès de leurs proches en allant chercher leur chip-count updaté dans le tournoi sélectionné. Les joueurs ont aussi la possibilité d'update leur stack eux-mêmes, avec même une fonctionnalité qui permet de bloquer ceux qui ont mis à plusieurs reprises de fausses informations.

Mais c’est surtout le staking qui pourrait amener les changements les plus importants des prochaines années. "On aimerait beaucoup que les gens puissent staker des joueurs sur des tournois directement sur l’APP, avec notre partenaire Poker Stake." On pourrait prendre des parts à un joueur qui veut jouer tel ou tel tournoi, et on serait même payé sur notre compte WSOP+. Plus de problèmes de mauvais payeurs et surtout plus de gens qui iraient jouer des tournois qu’ils ne jouent pas d’habitude. 

App

Le revers de la médaille, c’est que donner un outil pareil à des joueurs, c'est le meilleur moyen pour qu'ils profitent de la situation et passent ce nouvel invité à la moulinette solveur. Comme au début de l’application PokerStars, un sérieux problème émerge : si on sait déjà qui est inscrit et assis aux tables, ça ne pourrait pas donner envie aux joueurs de s’inscrire que quand les top regs ne sont pas là et quand les tables ont l’air soft ?

Pour Thomas Eychenne, "Ça revient un peu à bumhunter les MTTs, c'est sans doute quelque chose qu'ils vont devoir modifier, sinon ça doit forcément influencer des joueurs High Stakes". Imaginez, vous ouvrez l'appli et constatez qu'il reste un siège vide sur la table la plus soft du field. Vous cliquez sur "Register" et atterrirez probablement directement sur ce siège, prêt à own du récréa.

Comme évoqué dans le dernier épisode du Podcast Risky Business de Nate Silver et Maria Konnikova, cette nouvelle appli change aussi beaucoup la donne dans l'approche d'un tournoi de poker. Avant, sur votre première table sur un tournoi WSOP, vous étiez dans le noir le plus total. Vous pouviez imaginer que le papy du siège 4 n'allait open que KK+ et serrer les fesses à la bulle. Maintenant, vous pouvez tout de suite découvrir qu'il vient de finir deuxième du gros 6-max de la veille. Plus d'anonymat, on peut même voir vos résultats online, si tant est que vous jouez sur GGPoker.

Bref, cette appli facilite vraiment la vie des couvreurs, et surtout des joueurs, peut-être même trop si l'on en croit ceux qui regrettent l'époque où on devait soi-même découvrir contre qu on allait jouer. 

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Gus, we love you !

- 12 juin 2025 - Par Tapis_Volant

Gus Hansen approche les places payées dans le premier tournoi de PLO Hi/Lo de sa vie
Et si on allait lui demander s'il a apprécié le film Nosebleed ?
Event #36 : Pot-Limit Omaha Hi/Lo 10 000 $ Championship (Day 2)

Gus Hansen

Depuis l'intégration de Gus Hansen dans le Team Winamax, j'appréhendais ce moment. Le moment où j'allais avouer au Great Dane, l'un de mes joueurs préférés quand j'ai découvert le poker (ça ne date pas d'hier), que se cache dans l'équipe de couvreurs Winamax le mec qui a réalisé Nosebleed, un film documentaire où, c'est le moins qu'on puisse dire, il n'a pas le plus beau rôle.

Timide, je n'avais jamais osé lui dire, alors que je mourrais d'envie de savoir ce qu'il en avait pensé. Je le prenais en photo comme si de rien n'était, je le regardais jouer des orbites sur les festivals Winamax, sans dire un mot. De toute façon, c'était somme toute logique qu'il ne reconnaisse pas mon visage, et qu'il soit loin d'imaginer que j'avais commis cette chose qui le présentait comme le meilleur client d'Alex Luneau, à la grande époque où le Français dominait le monde des high stakes online en mixed games.

Dans tous les cas, je peux vous dire qu'aujourd'hui, au moment précis où je lui envoie un SMS pour solliciter une interview, je n'en mène pas large. Comment je vais lui dire ? Comment va-t-il réagir ? L'a-t-il bien pris en voyant l'épouse d'Alex s'adresser à la caméra pour lancer "Gus, we love you !" ? Très gentiment, Gus me répond dans la minute et me donne rendez-vous avant la reprise duPot Limit Omaha Hi/Lo Championship, sur lequel il est tout proche des places payées. "On my way to the area." Je le vois revenir un gros paquet de chips dans les mains, me dépassant sans faire attention. Il se rapproche de la zone de tournois, regarde l'état des stacks de certains de ses adversaires, puis me remarque en train de lui traîner autour.

"Hey, Gus !" Je le dis tellement pas fort que j'ai besoin de répéter pour qu'il m'entende. Sueurs froides. J'envisage le pire : va-t-il me mettre une patate quand je vais lui annoncer que j'ai pris un malin plaisir à aller l'interview dans les couloirs du Rio pour lui demander ce qu'il pense d'Alexonmoon ?

Hansen_Texto

On s'installe sur une table près de l'aire de jeu, iPhone X prêt à enregistrer le clash. Avec mon accent français et mes capacités réduites dans la langue de Shakespeare, je bredouille que je me sens un peu mal à l'aise de lui annoncer que je suis le mec qui a réalisé le film Nosebleed. Et là, très vite, mon ego en prend un coup.

"Malheureusement, je n'ai jamais vu le film." OK, merde. Un bluff ? Gus me dit qu'il en a entendu parler, mais qu'il ne l'a jamais vu, et a l'air désolé pour moi. Mon plan tombe à l'eau, je me vois lui dire "Bon, beh, salut, je n'ai plus rien à te demander, good luck !", mais bon, on est quand même professionnel, je lui ai réclamé une interview, faut que j'assume maintenant. Je le fais parler un peu de ce PLO Hi/Lo Championship qu'il est en train de deep run, après tout, c'est le seul membre du Team qui s'apprête à réaliser un ITM aujourd'hui, João Vieira et Adrián Mateos en sont encore très loin sur le 100 000 $ High-Roller. 

De manière surprenante, Gus Hansen m'avoue que c'est le premier tournoi de PLO Hi/Lo qu'il joue de sa vie. "J'ai joué beaucoup ce format en cash-game, évidemment, mais c'est ma première fois en tournoi. Quand j'ai vu le programme des Series, je me suis dit que j'allais probablement jouer tous les tournois de variantes à 10 000 $, et peut-être aussi les plus gros tournois de PLO." On ne se refait pas, Gus était occupé dans de juteuses parties de cash-game au Bellagio hier, et c'est pourquoi il a lae reg ce matin sur le Day 2, comme un paquet de joueurs d'ailleurs. "Au début de la journée, chaque main ressemblait un peu à un coin-flip, mais cela s'est plutôt bien passé, puisque j'ai un tapis qui me permet d'espérer de rentrer dans les places payées. Même si je vise plutôt la table finale qu'un simple min-cash." Avouant jouer beaucoup plus tight qu'à son habitude, Gus Hansen a confiance en ses chances sur ce tournoi où il se sent très à l'aise, malgré un stack légèrement sous l'average. 

Quand on lui demande son programme pour l'été, il admet que cela dépendra de ses deep runs dans les tournois. "Quand tu vas loin dans un tournoi, ça te donne envie de jouer les prochains. Quand tu te fais éliminer rapidement, tu as surtout envie de retourner jouer en cash-game." Très humble quant à ses connaissances en tournoi, Gus avoue écouter consciencieusement les bons conseils de João, notamment sur le fait de respecter la bulle et de sécuriser d'abord les 20 000 $ de l'ITM avant d'aller voir plus grand et tenter de monter un stack.

Je ne résiste pas à l'envie de lui demander comment il vit le fait de se retrouver au sein d'une Team dans laquelle Alexandre Luneau a passé deux années de 2015 à 2017. "Je n'ai de problèmes avec personne. Alex Luneau, The Moon, ou quelque soit son nom, il avait vraiment le dessus sur moi, c'est entendu. Mais c'est le passé. Je suis à peu près sûr qu'il jouait mieux que moi. C'est comme ça que ça se passe dans le poker, le meilleur joueur finit par gagner sur le long terme."

Très heureux d'être dans le Team Winamax, qu'il décrit comme la meilleure équipe de poker à l'heure actuelle, avec des joueurs qui sont devenus des amis, Gus avoue être plus proche de João Vieira, avec qui il partage une passion pour les mixed games. "Peu importe l'équipe qu'Alex Luneau a choisie, je suis dans le Team Winamax désormais. Et c'est un honneur pour moi", conclut Gus. 

Avant de se rendre sur son tournoi où la bulle devrait éclater bientôt, Gus m'explique qu'il ne jouera probablement pas le Poker Players Championship à 50 000 dollars cette année. Très proche de sa sœur et de sa famille, il doit rentrer au Danemark pendant une semaine pour des raisons familiales et sa priorité va clairement à sa famille. "Il y aura toujours un PPC 50 000 $ l'an prochain, et je vous promets qu'un jour, je le gagnerai." On est désormais prévenu, il faudra encore compter sur Gus.

Bon, ce n'est probablement le post que je pensais faire en allant lui réclamer une interview... et j'ai encore plus peur qu'il finisse par regarder ce putain de film, maintenant ! Si un jour il le fait, je vous raconterai, promis. En attendant, on va retourner voir le field magique de ce tournoi de spécialistes, où les détenteurs de bracelets se comptent à la pelle. Parmi eux, notamment, James Obst, Shaun Deeb, Ben Yu, Brian Rast, Huck Seed, Mike Matusow, Anthony Zinno... et donc Gus Hansen

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La belle histoire d'amour du Team Winamax

- 9 juin 2025 - Par Tapis_Volant

Même si le Team Winamax a brillé partout dans le monde, que ce soit sur les WPT, les EPT ou plus récemment sur les Tritons, c'est surtout à Las Vegas que la meilleure équipe de poker au monde a vécu les plus belles pages de son histoire : 9 bracelets décrochés depuis sa création en 2007, 63 tables finales, et près de 25 millions de dollars gagnés. On vous déroule toute l'histoire, et les (gros) chiffres qui vont avec.

Vieira

Le dernier bracelet décroché par un membre du Team à ce jour, c'était en 2022

Depuis la création du Team Winamax en septembre 2007, avec la version 1.0 composée de Ludovic Lacay, Anthony Roux, Guillaume de la Gorce, Antony Lellouche et des parrains Patrick Bruel et Michel Abecassis, c’est à une véritable histoire d’amour qu’on assiste entre Sin City et les membres de l'équipe.

Davidi

Même si le compteur des bracelets décrochés à Vegas pointe désormais à 9 chez le Team Winamax (+1 décroché online par João Vieira en 2024), il aura fallu compter pendant onze ans sur un seul homme pour accrocher la breloque tant convoité à son poignet : Davidi Kitai. Quelques semaines seulement après son intégration dans le Team Winamax, le prometteur belge obtenait déjà le Graal en triomphant sur un 2 000 $ Pot-Limit Hold’em, pour la deuxième table finale du Team Winamax sur les Series après celle de Nicolas Levi. 

Il faudra attendre cinq longues années pour retrouver le goût de la victoire, avec une nouvelle victoire du génie belge sur le 5 000 $ Pot Limit Hold’em. Entre temps, pas moins de 14 tables finales signées par Davidi Kitai encore (4), Antony Lellouche (3), Nicolas Levi (3), Ludovic Lacay (1), Manuel Bevand (1) ou Almira Skripchenko (1). Davidi Kitai récidivera l’année suivante, obtenant son troisième bracelet WSOP sur un $3 000 NLH 6-Handed, son dernier obtenu à Vegas, malgré deux autres tables finales, dont une que vous avez pu vivre quasiment en intégralité en 2016 grâce à votre série préférée Dans la Tête d’un Pro

Vieira

Cinq ans après le troisième bracelet de Davidi Kitai, le Team Winamax va de nouveau connaître le goût de la victoire sous les caméras de DLTDP, avec les bracelets obtenus à quelques jours d’intervalle par João Vieira sur le 5 000 $ NLH 6-Handed puis Ivan Deyra sur le 3 000 $ No Limit Hold’em

Lewis

Mais c’est surtout l’édition de novembre 2021, après le COVID, qui va apporter au Team Winamax ses plus beaux moments, avec trois bracelets décrochés en seulement quatre jours par Romain Lewis (10 000 $ Super Turbo Bounty), Adrián Mateos (250 000 $ Super High Roller) et Leo Margets ($ 1 500 NLH Closer).

Depuis ce grand moment, seul João Vieira est parvenu à décrocher à nouveau le Graal, à deux reprises, une fois à Vegas sur le 50 000 $ High Roller en 2022, et une fois online en s’adjugeant le 25 000 $ Super High-Roller Championship en 2024. 

À Vegas, on reste sur 11 tables finales de rang n'ayant pas accouché d'un bracelet, grâce à João Vieira (5), Adrián Mateos (3), Romain Lewis (1), Bruno Lopes (1) et Gus Hansen (1). 

Les neuf bracelets du Team W à Vegas

Année Joueur Event Prix
2008 Davidi Kitai Pot Limit Hold'em 2 000 $ 244 583 $
2013 Davidi Kitai Pot Limit Hold'em 5 000 $ 224 560 $
2014 Davidi Kitai 6-max 3 000 $ 508 640 $
2019 João Vieira 6-max 5 000 $ 758 011 $
2019 Ivan Deyra NLHE 3 000 $ 380 090 $
2021 Romain Lewis Super Turbo Bounty 10 000 $ 463 885 $
2021 Adrián Mateos Super High Roller 250 000 $ 3 265 362 $
2021 Leo Margets The Closer 1 500 $ 376 850 $
2022 João Vieira High Roller 50 000 $ 1 384 413 $

Continuons un peu avec les stats assez folles du Team depuis ses débuts à Vegas... En 17 éditions à Vegas (si l'on enlève l'édition online jouée sur le .com durant le COVID) et considérant que 2025 commence à peine, la barre des 25 millions de gains récoltés sur les WSOP à Vegas devrait être franchie cette année, alors que l'on entame tout juste les gros tournois High Roller de cette édition (le 50 000 $ débute aujourd'hui et Adrián Mateos est dans les starting-blocks en compagnie de Joao). 

Le Team Winamax, ce sont donc 63 tables finales ici à Vegas, et autant de grands moments où l'on a espéré qu'un joueur W aille décrocher le bracelet tant convoité. 

Amadi_Reard

La dernière table finale du Team, à suivre bientôt dans une série que vous connaissez bien

Les stats gobales du Team sur les WSOP à Vegas

Édition Victoires TF ITM Prix cumulés
2008 1 3 11 528 039 $
2009 4 16 1 057 913 $
2010 2 11 567 982 $
2011 3 19 431 845 $
2012 2 20 1 082 278 $
2013 1 2 19 532 172 $
2014 1 1 10 671 910 $
2015 1 7 195 155 $
2016 4 18 743 057 $
2017 3 25 346 454 $
2018 5 52 2 119 587 $
2019 2 7 48 2 242 510 $
2021 3 12 68 5 810 022 $
2022 1 3 62 3 488 528 $
2023 5 39 2 196 059 $
2024 6 47 2 489 688 $
2025* 7 338 491 $
TOTAL 9 63 479 24 841 690 $

Enfin, intéressons-nous aux joueurs du Team Winamax et à leurs résultats personnels sur les WSOP à Vegas. Sans surprise, c'est Adrián Mateos qui domine ce classement en termes de résultat financier, avec 8,6 millions glanés ici à Vegas. Mais c'est clairment João Vieira le plus assidu, avec un nombre hallucinant de places payées (63), et encore, sans compter le online qui rajouterait 50 ITM supplémentaires). À noter que certains joueurs ont des stats différentes si l'on considère les moments passés hors du Team, que ce soit avant leur intégration dans l'équipe, ou après leur passage sous les couleurs du W. 

Les stats des joueurs du Team W sur les WSOP à Vegas

Joueur Victoires TF ITM Gains cumulés
Adrian Mateos 1 8 32 8 618 082 $
Joao Vieira 2 12 63 3 851 446 $
Davidi Kitai 3 8 46 2 389 486 $
Romain Lewis 1 5 41 1 887 304 $
Ludovic Lacay 1 11 966 502 $
Mustapha Kanit 2 18 768 493 $
Gaelle Baumann 15 730 922 $
Leo Margets 1 2 22 641 444 $
Ivan Deyra 1 2 14 568 178 $
Sylvain Loosli * 15 526 087 $
Pierre Calamusa 3 18 516 103 $
Nicolas Levi 4 9 396 789 $
Bruno Lopes 1 15 299 866 $
François Pirault 1 13 266 154 $
Guillaume Diaz 2 23 264 890 $
Tristan Clemencon 7 238 357 $
Antony Lellouche 3 10 234 374 $
Alexandre Luneau 4 8 225 615 $
Julien Sitbon 12 216 289 $
Manuel Bevand 1 8 205 659 $
Anthony Roux 1 5 192 851 $
Michel Abecassis 13 139 345 $
Estelle Cohuet 1 130 300 $
Patrick Bruel 5 91 867 $
Gus Hansen 1 2 89 378 $
Ludovic Riehl 7 80 311 $
Almira Skripchenko 1 1 78 664 $
Adrien Delmas 1 8 43 544 $
Aladdin Reskallah 13 39 408 $
Alexia Portal 2 35 923 $
Marc Inizan 2 22 307 $
Guillaume de la Gorce 2 19 096 $
Borja Gross 5 18 786 $
Arnaud Mattern 2 14 726 $
Aurélien Guiglini 2 8 900 $
Maxime Manzone 3 7 750 $
Alexane Najchaus 2 6 620 $
Florian Decamps 1 6 551 $
Loic Debregeas 3 3 323 $

* Sylvain Loosli étant devenu Team Pro juste avant les November Nine, nous avons décidé de ne pas l'inclure sa 4ème place sur le Main Event dans les statistiques, n'étant pas un représentant du W à l'entame du tournoi.

Après ce petit rappel historique, place aux WSOP 2025 pour le Team Winamax ! Les grosses échéances arrivent pour les joueurs habitués des High Rollers comme Adrián Mateos ou João Vieira et on suivra également aujourd'hui le Day 2 de Romain Lewis sur le $ 2 500 No Limit Hold'em. Et si Romain allait chercher sa 6ᵉ table finale WSOP ?

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