Libre et Solere, Quentin

- 15 juin 2025 - Par mama913

Comme Nicolas Milgrom ou Florian Pesce qui vivent aux USA et que nous avons rencontré depuis l'entame des WSOP, Quentin de Solere a posé ses valises en Amérique du Nord depuis quelques années. Résident à Chicago après un passage à Montréal, Quentin veut conquérir sa liberté ! 
Event #37 : Monster Stack 1 500 $ (Day 1D)

Alors qu'il reste une demi-heure de jeu sur la quatrième et dernière journée de départ, Quentin de Solere est toujours en piste avec l'équivalent de 70 blindes pour une moyenne à 50... le Française reste dans la course aux presque 13,7 millions de dollars que les gagnants se partageront sur cette version 2025 du Monster Stack. Le Jour 1D a rassemblé 3 604 entrants et ils sont encore 1 440 en lice sur le dernier des 11 niveaux au programme, Quentin est dans le bon tempo même s'il a perdu quelques jetons par rapport à son pic il y a deux heures...

Quentin De Solere

"Ca s'est bien passé jusque là", confirme ce jeune homme de 32 ans. "Je ne suis pas un joueur pro mais je suis passionné de poker, j'ai rencontré Pierre Calamusa et je me suis qualifié pour le premier PSPC aux Bahamas, c'était mon premier package online", commence Quentin en lâchant trop d'informations d'un coup sur ce souvenir mémorable. 

"Ma première qualification online c'était pour cet événement incroyable, la première édition", poursuit Quentin avant d'en rajouter une couche : "J'étais à la même table que "levietf0u", on a passé un bon moment même si j'ai fini tout proche de l'argent mais cela m'a motivé pour aller plus loin dans le poker". "Pierre m'a dit que je jouais bien, agressif, serré et il m'a proposé de me stacker pour un side aux Bahamas le lendemain... il m'a fait vivre une expérience extraordinaire, je le garde là", raconte Quentin en frappant son cœur à deux reprises. Les émotions, les rencontres, le poker c'est formidable ! Bon Quentin avait sauté de ce tournoi avec les As contre les Dames mais l'essentiel n'est pas là.

1D Monster Stack Room

C'est beau une salle gigantesque pleine de joueurs

"Je me suis qualifié deux fois derrière pour les Bahamas, Paradise... j'ai fait l'argent sur le 5300$ il ya deux ans et pas sur celui à 25 000", poursuit Quentin qui vient à Las Vegas depuis 3 ans... et vient de signer une grosse place payée aux World Series. De Solere a réalisé la deuxième meilleure performance française sur l'Event #39, un tournoi de No Limit à 2500$ l'entrée. "C'est mon plus gros gain, c'était un objectif de faire une performance à 5 chiffres dès cette année... quand tu es dans les 50 derniers tu commences à rêver de la TF", glisse Quentin avec un grand sourire. "J'ai croisé Romain Lewis et YoH_Viral (qui ont terminé 77e et 145e, ndlr), c'était drôle de les retrouver plus loin dans le tournoi, cela m'a donné envie de plus", poursuit Quentin, tout de même bien fixé sur l'événement en cours.

Le Français Quentin DS

Rendez-vous au Jour 2, Quentin...

"La suite c'est le Monster Stack évidemment mais mon rêve ultime ça serait d'être le premier Français à remporter le Main Event", glisse De Solere avant de préciser avec humour qu'il "est à des années lumières de pouvoir faire cet exploit. Mais un bracelet cela pourrait être cool", poursuit-il. Au fil de cette conversation un peu surréaliste et qui doit tout au hasard de voir Quentin en haut du chipcount des tricolores au niveau 2 de ce Jour 1D du Monster Stack...

Le tricolore se montre érudit au niveau de l'actualité poker. "Je suis sur les sites de poker, parfois l'Europe c'est difficile de tout voir mais allez au Sismix cela pourrait être incroyable. Cela serait un grand plaisir de découvrir le Maroc", continue cet adeptes des voyages. "Je suis Solution Architect, enfin chef de Projet dans l'IT pour une boîte française, marque ça cela devrait plus parler aux gens", rigole celui qui a quitté la France il y a huit ans, "pour le boulot" même si le poker semble prendre de plus en plus de place.

"J'aime surtout la compétition et j'ai envie de gagner ma liberté. Cela passe par de la liberté financière... j'ai besoin de travailler pour conserver mon visa car je n'ai pas de Green Card", détaille ensuite celui qui se verrait bien tenter sa chance aux cartes. "Je veux me prouver que je suis rentable et qu'au poker je peux monter 150K par an, sinon ce n'est pas la peine"... pourquoi ne pas commencer sur ce Monster Stack ?

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Mon rêve, ma bataille

- 15 juin 2025 - Par mama913

Vainqueur du Grand Live de la Team BPOKP, Stéphane Bataille a remporté un package à 4000 € pour Las Vegas. Il se bat pour passer au Day 2 du Monster Stack, qui verra les gagnants se partager plus de 13 millions de dollars...
Event #37 : Monster Stack 1 500 $ (Day 1D)


Stéphane Bataille
En remportant le Grand Live 2024 au Circus Casino Namur, Stéphane Bataille s'est offert un deuxième voyage dans le Nevada. "Il y a moins de pression, j'ai douze ans de poker en plus", rigole Stéphane, arrivé en compagnie de sa femme il y a quelques jours. "C'est une première pour elle, elle parle un peu moins bien anglais que moi, mais c'est véritablement une belle expérience tous les deux", explique celui qui évolue sous le pseudo de Tataynbr10 dans les événements de la team BPOKP. 

Grand manitou de cette team, Dominique Lamy est présent aussi à Las Vegas. "Stéphane, il kiffe son expérience aux tables et en dehors. Je l'accompagne aux pauses, mon boulot c'est de le zenifier" explique Dominique au moment où je le croise dans les couloirs du Horseshoe. Il y a eu du boulot puisque Stéphane a très bien commencé, avant de connaître un coup de moins bien. "J'avais 70 000 pour une moyenne à 58 000 jetons après 4 heures de jeu et puis j'ai eu un passage à vide, j'ai essayé de faire abstraction des mauvais coups et de les oublier", confirme Stéphane alors qu'il a réussi à se refaire sur une défense avec 8 et 9 suité au retour de la troisième pause. 

Dominique Lamy
"Il a fait quinte direct et il y avait top paire en face, tout est partie au turn... la main d'après il a fait trips avec As Dame, les planètes se sont alignées", se rappelle Dominique avant de préciser que son invité à "une table sérieuse, mais Stéphane a repéré un voleur de poules". C'est juste avant la pause dîner, pour finir la huitième des onze heures au programme de ce Day 1D que Stéphane s'est remis dedans. 

"Cela s'est fait petit à petit pour les jetons, dans l'ensemble cela ne se passe pas trop mal, de bons coups et des moins bons", philosophe Stéphane... "Là je combats un mal de tête qui disparaît petit à petit, mais ce n'est vraiment que du bonheur cette expérience à Vegas", confirme-t-il alors qu'il pointe à 130 000 jetons avec encore 150 minutes de poker à disputer avant le Jour 2. 

Jour 1D Monster Stack
"J'ai beaucoup moins de pression qu'à l'époque, là c'est plus l'envie de bien faire que de la pression. Mon objectif c'est d'abord l'ITM et s'il y a bonus, il y aura bonus", continue Stéphane en saluant la structure. "J'avais joué un 1 000 $ avec 3 000 jetons et un début sur 50-50... la structure de ce Monster Stack est véritablement géniale, je suis confiant", termine Tataynbr10 avant de rigoler quand un de ses voisins de table lui demande s'il est célèbre, prise de photo oblige. "Pas du tout", répond le Français avant de se replonger dans la partie.

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Kool Shen : '2024, j'avais pris des coups de hache'

- 13 juin 2025 - Par mama913

28 juin 2024. Bruno Lopes dispute sa première finale WSOP avec un stack dominant, sur la première édition du Seniors High Roller à 5000 dollars. 40 minutes plus tard, il saute sixième ! 350 jours plus tard, le joueur du Team Winamax revient à Las Vegas pour de nouveau performer
Event #40 : Seniors High Roller 5 000 $ (Day 1)

Shen
Bruno Lopes vient d'accoster à Las Vegas. Le Français entre directement dans le vif du sujet pour cette nouvelle expédition WSOP. "Je suis arrivé il y a deux jours, j'ai bien dormi et je suis plutôt en forme", confirme Kool Shen en ce début de Seniors High Roller, avant de revenir sur la fin cauchemar de l'édition précédente remportée par Mark Checkwicz pour 573 876 dollars devant 679 adversaires. "Cela avait été violent, cela avait duré 40 minutes, j'avais pris que des coups de hache."

"J'ai fait TF l'an passé, mais je n'ai pas de compte à régler avec ce tournoi", précise directement l'entertainer aux 2 millions de dollars de gains sur le circuit. "J'entame cet event avec de l'espoir. Mais tu connais l'histoire, tu as beau prévoir, le deep-run arrivera peut-être sur un autre tournoi."

Prévoyant, Kool Shen met les bons ingrédients. Il se lève d'ailleurs pour aller réserver un massage après le premier break qui se profile. Qui veut aller loin ménage sa monture... Et ne met pas la charrue avant les bœufs. "Je ne vais pas frimer en disant que j'ai un edge... mais un petit peu ! Après, il ne faut pas croire que tu en as trop et montrer à chaque coup que t'es le patron", développe-t-il en parlant de cet événement réservé aux plus de 50 ans.

"Il faut savoir prendre son temps et ne pas croire que ta maîtrise va te permettre de faire folder l'adversaire à chaque fois. Il faut être focus comme sur tous les tournois, mais là, c'est très important d'analyser à quel niveau ton adversaire comprend le jeu. Il y a plus d'anciens qui ont de la maîtrise sur celui à 5000$", détaille Bruno en joueur aguerri sur ce genre de field. Il avait ainsi terminé 24ᵉ du WSOP Seniors 2021 à 1000 dollars... une autre partie qui avait tourné au vinaigre. Et Bruno n'a pas oublié non plus.

"J'ai deux fois la moyenne, je perds As Roi contre As 3 et derrière j'ai deux 10 contre deux 9 pour revenir, presque chipleader." Bruno a la carapace des champions, il passe à autre chose et regarde devant pour toujours avancer. Il ne se lève donc pas la nuit en repensant à ses deux occasions manquées, il n'y pense pas non plus en se rasant.

"Cette finale de 2024, j'y repense quand je la raconte uniquement", continue-t-il avant de faire le détail. "Quand tu arrives en finale avec 110 blindes, t'es chipleader et que tu prends direct un premier setup avec brelan de 6 contre quinte floppée, puis encore 17 blindes perdues de plus avec deux 10 contre deux 8... J'ai aussi perdu As-Valet contre les 6, je fais As-Valet au flop il m'a fait le 6... C'était trop", analyse le Team W avant de nous livrer une anecdote sur son parcours.

"Elle avait aussi pris une horreur de folie en table finale, Angela [Jordison], contre le futur vainqueur. D'ailleurs, elle était venue me voir à 30 left pour me dire « it's you and me ». En fin de Jour 2 elle se prend deux Rois contre deux As... elle revient et elle perd un coup de dingue contre le mec qui a gagné, qui est nul, le plus nul ever." Bruno n'a pas perdu le sens du clash. 

"Elle ouvre UTG avec As-Dame et 28 blindes, il paye juste à sa gauche avec Valet-10 dépareillé, déjà. Flop As-Dame-6, c-bet payé. Turn 2, deuxième barrel cher, payé... elle fait tapis sur le Roi, payé... la gutshot". Ouch !

Reposé et désireux de bien faire, Kool Shen vise donc un nouveau gros coup. Il a tiré la place n°1 à la Table 111... un signe ? "Je ne suis pas superstitieux. C'est un nouveau tournoi qui débute", ajoute le tricolore avant de parler de ses voisins de table. "Pas la meilleure table mais je viens toujours tôt. Je ne traîne pas pour commencer car si tu crois avoir un edge, c'est bien d'arriver très deep, tu peux leur faire faire des fautes", tranche celui qui est actuellement 36ᵉ sur la All Time Money List France, et compte bien perfer d'entrée à Las Vegas pour lancer au mieux son séjour. Et faire danser ses adversaires une fois de plus.

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Le jeu de l'amour et du hasard

- 12 juin 2025 - Par Tapis_Volant

Unis dans la vie, Marie-Christine et Didier Georgieff disputent le Monster Stack à deux tables l'un de l'autre
Ils vivent une véritable histoire d'amour avec Vegas depuis douze ans
Event #37 : Monster Stack 1 500 $ (Day 1A)

Georgieff

Si l’on devait citer un tournoi propice aux belles histoires, ce serait clairement le Monster Stack, qui démarre ce mercredi 11 juin avec déjà plus de 1 000 joueurs en lice après trois heures de jeu sur le Day 1A. Pour beaucoup, ce tournoi constitue leur Main Event. Un field gigantesque, un stack monstrueux, de belles heures de poker en perspective, à kiffer le moindre instant, avec au bout un rêve : imiter un certain Hugo Pingray, vainqueur de la première édition du tournoi en 2014. 

À deux tables l’un de l’autre, Didier et Marie-Christine Georgieff vivent l’expérience en amoureux. À en croire la bonne humeur qu’ils affichent à la table, on pourrait croire qu’ils en sont à leur première expérience. Et pourtant, à 65 et 63 ans, ce sont de vrais habitués des lieux, qui viennent pour la 13ᵉ fois à Vegas, en amoureux. 

"La première fois qu’on est venus, rembobine Didier, c’est quand j’ai gagné un package sur Winamax avec mon club d’Alsace Poker, en 2013. J’avais joué un 1 500 $ et j’ai terminé dans les places payées, je me souviens que j’avais bust Kara Scott, la présentatrice, et j’avais eu à ma table Dennis Phillips (3e du Main Event des WSOP en 2008)."

Depuis, ils reviennent chaque année. "Il faut un cancer ou une pandémie pour qu’on ne vienne pas ici", me glisse Didier, amusé, avant de me faire part d’un tips pour venir gamble à moindre frais. "En fait, on paye seulement le billet d’avion, parce que Marie-Christine se fait inviter par le groupe MGM, grâce au fait qu’elle joue beaucoup aux machines à sous." N’allez pas croire qu’elle joue des milliers d’euros... mais son assiduité à chercher les jackpots lui donne des facilités pour avoir la chambre gratuitement et même de l’argent pour les repas au sein du groupe, une vraie embellie pour le couple qui adore cette ville. "J'adore les trucs qui brillent de partout", confesse Marie-Christine.

Didier_Georgieff

Ingénieur dans l’informatique et infirmière à la retraite, les deux tourtereaux ont découvert le poker grâce à leur fille, qui faisait partie d'un club et les a initiés. "Un jour, elle a ramené une mallette et nous a fait jouer. Je suis un ancien joueur de bridge et j'ai adoré. On a tous les deux adoré, en fait. Maintenant, notre fille ne joue plus et a un peu de mal à comprendre qu’on vienne tous les ans ici à Vegas et qu'on fasse des photos avec des biftons sur le lit !"

Joueurs de live principalement, même s’ils se permettent parfois quelques incursions sur Winamax, Didier et Marie-Christine tiennent à leur partie de cash-game du vendredi soir, où ils accueillent des gens chez eux pour jouer des petites sommes "et surtout pour bien manger", un rendez-vous qu’ils n’abandonneraient pour rien au monde.  

Depuis toutes ces années à Vegas, le couple s’est construit une solide expérience sur des tournois à des buy-ins raisonnables, et chaque année, ils gagnent suffisamment pour envisager de revenir l’année suivante, sans prendre de risque financier. "Une année, j’ai quand même fait 17 tournois sans ITM", tempère Didier.

MC_Georgieff

Mais que nous vaut leur présence sur ce Monster Stack ? "En vrai, on avait prévu de le faire, mais c’est une bonne session de machine à sous qui nous a remboursé l’inscription", raconte Marie-Christine avec le sourire aux lèvres, elle qui a déjà monté deux "startings" sur le tournoi. "C’est la première fois que je joue un tournoi aussi cher, on voulait le faire tous les deux, il y a une belle structure, c’est un peu notre Main Event à nous, il faut bien gérer le budget."

Avec les yeux qui brillent, Marie-Christine et Didier me confient leur amour de cette ville. "On aime la vie à Vegas, la folie de cette ville, le fait de perdre ses repères, de perdre la notion du temps. Tu vis des choses improbables, comme il y a quelques jours quand j'ai discuté pendant 30 minutes avec un chauffeur de taxi qui se faisait appeler Iggy Pop, qui écoutait la même musique que moi et connaissait des amis en commun du milieu de la musique." Entre poker, machine à sous et tourisme, le couple profite à fond. Visites de musées, repas chez Umiya, spectacles, tout y passe, avec une vraie préférence pour les longues sessions aux tables de poker.

Même s’ils avouent ne pas travailler beaucoup leur jeu, à part en regardant quelques vidéos ou en "lurkant" le ClubPoker sous son pseudo "Divinerites", Didier estime qu'ils ont tous les deux leur chance sur un tournoi comme celui qu'ils disputent aujourd'hui : "On est incapable de comprendre la GTO, c’est pour ça qu’on joue exploitant !", lâchent-ils de concert avant d'aller retrouver leur place à la table de ce Monster Stack, pour kiffer leur moment comme jamais.  

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Décollage imminent

- 9 juin 2025 - Par Tapis_Volant

Ils avaient un avion à prendre ce soir mais ils ont décidé de le rater pour être au Day 3 du Colossus

Morgan_Pote

Le Colossus, c'est plutôt le genre de tournois que, en tant que couvreur, on néglige jusqu'à l'arrivée de table finale. Et encore : seulement si un Français parvient à se glisser dessus. On te lance toujours une petite blague quand tu annonces que tu vas jeter un œil sur un tournoi aussi monstrueux. "Tu vas compter les stacks des 28 Français restants à 500 left ?" C'est ainsi que je me retrouve à parler de ce tournoi qui a réuni la bagatelle de 16 301 joueurs. Au hasard de mes pérégrinations post-dinner break, je passe en revue les français restants dans le field. Je cherche quelques têtes connues, mais elles ont déjà tous bust, ou presque, à part Nicolas Vayssières et Théo Rebour. Il reste alors 300 joueurs. 

Grâce à la fabuleuse appli WSOP+, je tombe sur le joueur français avec le stack le plus fourni : 5 millions de jetons pour un certain... Morgan Ravail (à droite sur la photo ci-dessus). Disons-le tout de suite, il me semble la parfaite incarnation de ce qu'on appelle de manière un peu précipitée "un random". Après m'être présenté, voilà qu'il m'annonce que son pote lui a parlé de moi avant de venir à Vegas, et qu'il vient de Guadeloupe. Mon cerveau connecte d'un coup. Mais oui, je me souviens maintenant !

Il y a quelques semaines, un joueur anonyme m'avait contacté pour me demander des conseils sur Vegas. Pour sa première fois. Un fan de jeux de société avec qui j'ai un très bon ami en commun, Manu pour ne pas le nommer. Je vous la fais courte, mais Jean-Charles de France (de son vrai nom - à gauche sur la photo) me raconte son parcours et ce qui l'a mené à Vegas dans le rail du héros de ce post : "Je joue depuis 2006, à l'époque où Bruel commentait les étapes du World Poker Tour sur Canal+. J'ai joué pendant 10 ans en tant qu'amateur éclairé, mais sans jamais chercher à devenir vraiment bon", confesse-t-il. Après une période de downswing, il s'éloigne du poker et se met aux jeux de société, avec passion. C'est là qu'il rencontre Morgan Ravail, dans un club de jeux de société en Guadeloupe. Les deux compères sympathisent, jouent ensemble très souvent, aux jeux de société puis au poker, jusqu'au moment où l'un raconte à l'autre son voyage à Las Vegas en 2023. "Il m'a raconté sa victoire au Golden Nugget où il avait pris 8 000 $, sur son dernier tournoi du séjour. Il me parlait aussi du fait de vivre ça en solitaire, que c'était parfois très dur quand tu bustais d'un tournoi et que tu devais rentrer dans ta chambre en ruminant ton bust. Il m'a aussi raconté plein de trucs fous qu'il a vécues là-bas, plein de choses qui donnaient vraiment envie."

Entendre le récit de son pote sur ses aventures vegassiennes donne furieusement envie à Jean-Charles de se remettre à jouer avec Sin City dans le viseur. C'est décidé, il ira à Vegas. Avec un petit budget, 2 500 $, pour kiffer à deux avec son pote et découvrir cette ville qu'il s'est promis de découvrir un jour. Sur cette route de Vegas, il s'offre un petit Space KO à 5 € des Winamax Series pour 2 500 €. "Il n'y pas eu beaucoup de beaux KO, mais j'ai quand même pris un logo et 2 500 €", commente-t-il. Jean-Charles décide de réinvestir cet argent dans son voyage à Vegas, avec le Colossus dans le viseur.

Morgan

Les deux compères partent à Vegas avec l'idée de jouer beaucoup de petits tournois au Golden Nugget et au Orleans, et de garder le Colossus comme objectif principal, "le tournoi-phare de notre séjour, notre Main Event à nous". Installés ensemble au Jockey Club, un petit hôtel qui ne paye pas de mine derrière le Bellagio, les deux potes ont décidé de swap 10% sur tout le séjour. "On ne voulait vraiment pas qu'un de nous deux fasse une grosse perf sans que l'autre n'en profite" Grâce à une belle session de cash-game au Golden Nugget, où Morgan ressort d'une 1/3$ avec 2 300 $, ils jouent tous les deux le 600$ Deepstack, l'un stakant l'autre. Jean-Charles ne passe pas loin de la grosse perf au Golden Nugget, la faute à un gros 80/20 perdu pour le pot du chiplead au début de la table finale, et réalise quelques beaux deep run et quelques belles sessions de cash-game pour rester à flots. Mais c'est surtout grâce à ce Colossus que les deux vivent la plus folle partie de leur séjour. 

Jean-Charles a mis 4 bullets sur le tournoi, sans trop de réussite... mais la deuxième bullet de Morgan a suffi pour monter un stack de 320k pour le Day 2. Et c'est précisément aujourd'hui que Morgan a vécu une journée qu'il aura bien du mal à oublier, et qu'il a raconté dans les moindres détails sur la conversation WhatsApp "Le Club Poker à Vegas", faisant vivre son ascension à tous les potes qui ont partagé son expérience à Vegas, et à tous ceux qui lui ont pris quelques pourcents pour kiffer. "Ça a commencé comme dans un rêve sur ce Day 2, un short pousse son tapis de 150k, tapis d'un autre short pour 200k et j'ai deux As. Ça tient contre As-Roi et Roi-Valet. Après, je prends un énorme coup où je me fais payer une relance à tapis river par As-6 sur un tableau A-9-8-8-10 quand j'ai As-6. Ensuite, j'élimine un mec qui a une vingtaine de blindes avec les Dix contre As-Dix." Monté très rapidement à 5 millions, en tête du clan tricolore, Morgan connaîtra une fin de journée plus compliquée à la table de Jeff Madsen, un joueur qu'il n'aurait jamais reconnu. Et pourtant, juste derrière lui, on pouvait le voir affiché au mur sous la bannière... Player Of The Year. En 2006 !

Madsen

Avec Jeff Madsen à table

Pas du genre à faire des plans sur la comète, les deux compères avaient leur avion retour ce soir à 00 h 50 aujourd'hui. "Je dois travailler mardi, j'avais décidé de prendre l'avion fin de Day 2 du Colossus, surtout parce que pendant mon dernier voyage à Vegas, je m'étais fait ouvrir pendant tout le séjour avant le dernier tournoi". D'habitude, on entend plutôt ce genre d'histoire sur le Main Event, quand les joueurs qui passent au Day 4 nous disent qu'ils avaient pris leur avion pour le jour d'après l'entrée dans l'argent. Cette fois, c'est un Day 3 de Colossus qui va bouleverser les plans des deux joueurs de la Guadeloupe, mais pour une sacrée carotte. Il y a 550 000 $ à la gagne du Colossus, un gain faramineux de 1 000 buy-ins et les espoirs sont encore permis. 

À deux heures de la fin de journée, après avoir chuté à une dizaine de blindes, Morgan pousse son pote J-C à aller prendre son avion tout seul. "Je jouerai pareil si tu n'es pas là. Ne va pas perdre 1 000 balles pour changer d'avion", lui dit-il pour le convaincre de le laisser seul sur son deep run, tout en sachant que ça peut se terminer à tout instant. Peu confiant à ce moment-là, Morgan parvient à éviter les balles sur la fin de journée et à remonter un stack et un rêve : 12 blindes pour le Day 3 du Colossus, à 100 joueurs restants. "J'atteins le rêve ultime, un Day 3 de WSOP, mais c'est surtout la logistique qui occupe mon esprit. "Où dormir cette nuit, comment annuler mon avion, est-ce que le prochain palier me permettra de changer mon vol sans perdre d'argent..." Regardant la salle se vider, Morgan Ravail retire sa casquette après cette longue journée de 13 heures, l'une des plus folles qu'il a vécue à Vegas : "Et si je prenais 30 secondes pour réaliser que je suis au Day 3 d'un WSOP ?". 

Morgan_Fin

L'histoire est belle, avec déjà 4 520 $ d'assurés pour ce commercial en station d'assainissement. Elle pourrait être encore plus belle demain, avec 12 blindes et un rêve : rester encore une nuit de plus et qui sait atteindre la table finale du Colossus ?

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