Un quatuor bien accordé

- 13 juillet 2024 - Par Benjo DiMeo

Quatre Français parmi les 59 derniers joueurs du plus gros tournoi du monde
Main Event 10 000 $ (Fin du Day 6)


WSOP / Fin du Day 6
Un artiste franco-anglais, un jeune virtuose, un interprète parisien, et un featuring californien : voilà l'orchestre tricolore qui s'avance sur le devant de la scène des WSOP. Samedi, c'est ensemble qu'ils vont jouer le septième mouvement de la plus grande symphonie poker de la planète. Malgré sa longueur, ses changements de rythme, tous ont joué leur partition avec justesse. Certains nous ont épaté grâce à des impros inspirées. D'autres ont eu l'oreille musicale, transformant un concert mal embarqué en un véritable récital. Ils ont sué sur leurs instruments, ils sont restés debout jusqu'à épuisement, ils ont régalé le public... et espèrent bien revenir sur scène pendant encore plusieurs jours, pour culminer avec un ultime rappel à dix millions de dollars. Car, en musique comme au poker, c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens. - Benjo

Malo Latinois, là-haut sur sa montagne
22,375 millions (89,5 BB)

Malo Latinois
Tandis qu'autour de lui, tout le monde est occupé à "bag" ses jetons et savourer sa qualification pour le Day 7, Malo Latinois accorde un rappel à son public, se retrouvant une dernière fois de plus dans un gros coup. Ignorant la cohue autour de lui, il se concentre pour déceler le moindre tell chez son adversaire. La tension est palpable, les caméras sont braquées sur lui. Mais à l’image de sa journée où tout a semblé lui sourire, le Français joue un dernier tube pour le plus grand bonheur de ses supporters venus donner de la voix. “Vamos ! C’est ça Malo !”, crient-ils en le voyant s'emparer des jetons.

Cette fois c'est fini, Malo peut enfin souffler : c’est avec un tapis colossal de 22,375 millions, 90 blindes, qu’il reviendra croiser le fer samedi à midi, pour le Day 7. À chaud, il semble avoir du mal à réaliser. “Ça me parait complètement fou. C’est tellement d’émotions. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux. Ce n'est vraiment pas simple mentalement. Mais, cette sensation lorsque tu montes des jetons, elle est indescriptible.” Sur son nuage au sortir d’une journée quasi parfaite où il a multiplié son tapis par quatre en dix heures de jeu - alors qu'il était déjà gros -, Malo garde néanmoins la tête sur les épaules, conscient du chemin qui lui reste à parcourir sur ce tournoi si spécial.

“Je suis super content de mon jeu. Hormis un petit moment où j’ai perdu quelques jetons, je n’ai fait que monter. Maintenant, il reste encore soixante joueurs. Le plus dur reste à venir. On est certes proche du but... mais il reste encore beaucoup de temps. Il ne faut surtout pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué", philosophe-t-il. “Maintenant, il faut se reposer et rester focus pour être prêt demain". Rendez-vous est pris ! - VictorP

Jean Lhuillier, le braqueur à l’anglaise
5,2 millions (21 BB)

Jean Lhuillier
“On est quoi là, au Day 8000, c’est ça ?”. Jean Lhuillier a la blague facile, tandis qu'il reprend peu à peu ses esprits après une nouvelle guerre de dix heures, qui l’a vu réaliser un improbable come-back. “Je me suis battu comme jamais. Pendant tout le tournoi, j’ai toujours eu le double de l'average, le triple de l'average… Et puis en deux heures, je suis tombé à 7 blindes”, rappelle le joueur, qui mettait un genou à terre après ce flip perdu avec deux Dames contre As-Roi.

Pour autant, le grinder de Nottingham n’a rien lâché et a montré qu’il était aussi à l’aise en tant qu’énorme tapis qu’en "short-stack ninja". “Je sais changer de vitesse, j’ai mes petites techniques qui me permettent de gratter des jetons. Attends, je te montre ce que j'ai écrit sur chaque joueur, poursuit Lhuillier qui me sort alors l’appli Notes de son iPhone, bourrée d’énormes pavés défilant sur plusieurs pages. J’écris plein de trucs spéciaux, comme la vitesse à laquelle les mecs regardent leurs cartes, s’ils les regardent plusieurs fois… Ça me permet d’orienter mes décisions, et de prendre ou d’esquiver des spots”, explique Lhuillier, affirmant que chaque détail compte.

Le palier franchi sur les dernières minutes lui permet également de battre son record de gains en live… Acquis ici même l’an dernier lors de la finale du 1 500 $ Freezout où nous le découvrions à peine. "Quand je vois l'échelle des gains, je me dis que ça fait déjà beaucoup. Et ça peut être encore plus. Tu me diras, j’ai déjà pris ça la dernière fois que je suis venu, donc ça reste des sommes habituelles...” plaisante encore le joueur, qui reviendra demain avec ce même esprit ambitieux, détaché et positif pour continuer à "crush”. - Fausto

Eliott Kessas, “récréa déter
9,325 m. (37 BB)

Eliott Kessas
Quand beaucoup de joueurs extériorisent la pression après avoir franchi la ligne d’arrivée de ce Day 6, Eliott Kessas, lui, reste de marbre. Il range son sac avec une sérénité troublante et se présente aux journalistes avec cette même attitude posée et concentrée qu’il avait à table quelques minutes plus tôt. Et pourtant, avec un stack de final de 37 BB dix heures après avoir repris le tournoi en position compliquée (22 BB), le Franco-Californien a largement de quoi exulter.

"Je ne sens pas la pression. J’essaie de rester dedans. Dans le tournoi, dans mon match. Si tu te dis que t’es à 59 left du Main Event, tu deviens fou en fait”, déclare le joueur, qui savoure l’expérience sans pour autant quitter des yeux son objectif. "Si je dézoome, c’est kiffant, oui. Mais je ne suis pas là pour kiffer, je suis là pour gagner”.

On a presque l’impression que le plus récréatif du quatuor est en fait le plus sérieux et le plus déterminé. "On me voit comme un récréatif, mais j’ai beaucoup étudié le jeu. Ça fait quand même quinze ans que je suis dans le poker. Je sais ce que je fais” assure le spécialiste du Main Event, l’un des seuls tournois qu’il joue chaque année. Trois ITM en quatre ans, bien que celui-là soit incomparable de longueur et d’intensité. Et s’il ne se présente que très rarement sur les tournois live, Eliott dispose de toutes les armes nécessaires pour frapper un gros coup. - Fausto

Malcolm Franchi : "Du côté tight de la force"
5,15 millions (21 BB)

Malcolm Franchi
"Très longue, cette journée, très très longue ! La plus longue du tournoi !" Mais, Malcolm Franchi, on a joué cinq niveaux de deux heures sur ce Day 6, exactement pareil que lors des cinq journées précédentes ! Le parisien rigole. "Oui, sauf qu'aujourd'hui je n'ai jamais eu plus de trente blindes. Et encore, quand j'ai eu trente blindes, ça a duré vingt minutes, même pas !" C'est effectivement un bel exploit à mettre son crédit : parti à midi avec 15 BB, Franchi est parvenu à maintenir sa place dans l'orchestre français malgré une partition compliquée à déchiffrer. Sans jamais jouer les premiers violons, mais sans fausses notes non plus.

"La vérité, c'est que j'ai dû jouer trois coups post-flop par niveau. Ouais, c'est ça : quinze coups post-flop, grand max, durant la journée." Le reste du temps, il s'est maintenu à coup de brèves mélodies en solo : "J'ai pris les spots de re-steal." Il y a tout même eu bref moment où il s'est avancé sur le devant de la scène pour donner de la voix : un coin-flip gagnant, avec As-Dame contre 99. Dans la lignée de ce qu'il nous racontait la veille, Franchi ne s'est jamais senti handicapé par son petit tapis : seul comptait le moment présent. "Plein de fois, je me faisais la remarque dans la tête : OK, tu es card dead... mais tu es là !" Mieux : il a réussi à tirer parti de cette situation précaire. "Dans la vie, je suis quelqu'un qui manque de patience. Là, j'étais obligé. Et en fait, même durant ces longues périodes où je ne pouvais pas jouer, rien que d'être spectateur, c'était passionnant, stimulant."

Le jeu à moins de 20 blindes, tout les pros vous le diront : c'est crevant. "Il faut être super concentré. Il y a des tas de fois où je voulais défendre, voir un flop, payer pour un turn. Mais avec mon stack, ce n'était pas possible. Chaque décision que je prenais, je devais être absolument sûr de moi." Dans une autre vie, Franchi aurait pu être recruteur dans le milieu de foot - son diplôme en atteste. Mais grâce à un stackeur qui lui a fait confiance pour la deuxième année de suite, c'est dans le grand bal du Main Event qu'il continue de danser, encore et encore, désormais à 58 joueurs de dix millions de dollars. - Benjo

On joue contre qui ?

Outre les Niklas Astedt (14e), les Kristen Foxen (17e), les Joe Serock (20e) et autres Brian Rast (22e), déjà évoqués dans ces colonnes et qui ont validé leur qualif', à qui auront affaire nos quatre Français sur le Day 7 ? C'est comme chez le disquaire : plein de styles sont représentés dans les bacs du Main Event.

Jesse Capps
Une armée de canards en plastique, les mêmes avec lesquelles vous jouiez jeunes dans la baignoire, rangés les un à côtés des autres à côté d’un tapis de jetons. L’un porte un casque Playmobil, un deuxième boit un biberon, un autre est coiffé d’une coupe psychédélique… C’est la garde rapprochée de Jesse Capps, alias Duck Man.

Jesse Capps
Dans la vie, le Végassien est fan de deux choses : le poker, et les canards. Chez lui, tout est canard. Ses grigris, son T-shirt, son bandana, même sa banane autour de la taille montre son animal préféré (nous n'avons pas été vérifier le caleçon). Dans sa lubie, Jesse a même converti plusieurs amis, qui ont passé toute la journée à hurler “Kwak kwak” à chaque coup gagné par leur héros. Avec des habits et accessoires, disons... fantaisistes.

Jesse Capps
"En fait, Jesse avait déjà été en table télévisée il y a trois ans et un joueur qui connaissait sa passion lui a apporté un canard en plastique. Depuis, plein de gens lui offrent des canards et il les apportent avec lui en table, m’explique une membre de la “Duck Family”. "S’il arrive en table finale, je t’assure qu’on ira chercher TOUS les canards de Vegas et que la table finale sera recouverte de canards". Alors, ça vous en bouche un coin (coin) ?

WSOP / Reportage
En bas de chipcount, on retrouve le dernier argentin et l’un des derniers amateurs du tournoi. "Il s’est qualifié pour 150 $ sur internet. Ça pourrait être un gars comme toi et moi, m’informe Gonzalo, notre confrère de Codigo Poker. Il a très peu d’expérience en poker live, il avait même du mal à compter les tapis avec les jetons. Il a son style bien à lui, mais je ne te cache pas que pour arriver jusqu’ici, il a eu pas mal de “coolers” favorables". Même shortstack, Mauro Juarez reviendra au Day 7 avec 13 blindes pour poursuivre sa belle histoire.

Hiroki Nawa
Hiroki Nawa est le dernier survivant du gang des youtubeurs japonais. Masato Yokosawa, le streamer et vidéaste le plus influent du monde du poker a effectivement rassemblé autour de lui un carré de Youtubeurs poker (Masato et Hiroki Nawa) et deux autres créateurs de contenu venant du monde des mathématiques (Toshya et Takumi).

Hiroki Nawa
Qualifié ric-rac pour le Day 6 (avec 20 blindes), Hiroki a senti avec lui la force de ses collègues tout le long de la journée. "On se disait qu’il avait besoin d’un coup de pouce. Du coup, chaque membre de l’équipe lui a donné un petit porte-bonheur. Moi, c’est le cochon rose. Je l’ai gagné au Circus Circus la semaine dernière." Le cochon, le sac de Mac&Cheese et la sucette en dé ont parfaitement fonctionné puisque Hiroki sera au Day 7 avec 6 325 000 jetons (25 blindes).

WSOP / Reportage
Yegor Moroz a vécu une formidable journée de poker… Et ses copains aussi ! Une dizaine de potes (photo ci-dessus) étaient sur les bords du rail pour hurler à chaque coup gagné par le grinder américain, qui leur sautait dans les bras pour des célébrations joyeuses qui réveillaient tout l’Event Center. Pour l’instant, le prix du meilleur rail ne souffre d’aucune contestation.

Rosenblom
Vous avez parcouru le chip-count, et vous n'avez reconnu aucun ancien finaliste du Main Event. Faux ! Russell Rosenblum est déjà passé par là, c'était en... 2002, l'année de Robert Varkonyi. Avec 37 blindes à 59 joueurs restants, il va falloir bosser, mais une redite reste tout à fait possible.

WSOP / Reportage
Non, Kristen Foxen n'est pas toute seule pour représenter le poker au féminin. Shundan Xiao se paie même le luxe de se poser en deuxième place au classement, avec 24 millions. La Californienne semble n'avoir véritablement commencer à perfer en live qu'en 2023 : son total de gains sur Hendon Mob à quoi qu'il arrive déjà triplé.

WSOP / Reportage
Le maillot à poids du meilleur grimper revient à Yake Wu : parti avec 3,5 BB ce matin, le Chinois a monté plus de 20 millions aujourd'hui !

WSOP / Reportage
Le premier ITM Main Event de Richard Lowe remonte à 2005. Son troisième sera dans tous les cas le plus beau, avec un Day 7 entamé dans la moyenne des jetons.

WSOP / Reportage
"I did nothing. I just got lucky". Et le vainqueur du PSPC 2023 Aliaksandr Shylko insiste : "Je dis la stricte vérité !" Avec son petit stack, il faudra que le pull continue de dire vrai au Day 7.

Les éliminés français du Day 6

Cliquez pour consulter l'article correspondant à chaque déception tricolore du jour...

75e : Sami Bechahed 120 000 $
80e : Dimitri Joubert 120 000 $
85e : Nicolas Vayssieres 100 000 $
91e : Sean Marshall 100 000 $
104e : Olivier Chaume 100 000 $
131e : Valentin Oberhauser 85 000 $
140e : Clément Van Driessche 70 000 $
148e : Emilien Pitavy 70 000 $
 

Gus Hansen
Profitons de cette conclu pour saluer la belle perf' de Gus Hansen en variantes : le dernier arrivé dans le Team a atteint ce soir la huitième place du tournoi de 8-Game à 10 000 $ !


Wouf
Wouf


Rendez-vous est pris samedi à midi (21 heures en France) pour un Day 7 qui va nous rapprocher dangereusement de la table finale du Main Event : de 59 joueurs sur la ligne de départ, on devrait logiquement tomber à 18. Avec encore quatre compatriotes, comme en 2016 ? Rêver, cela fait aussi partie de notre métier !

Benjo, Fausto, VictorP & Caroline Darcourt

WSOP 2024 : tous nos articles

59 joueurs avancent au Day 7

- 13 juillet 2024 - Par Benjo DiMeo

WSOP / Reportage
1 Kevin Davis (USA) - 26,250,000
2 Shundan Xiao (USA) - 23,925,000
3 Malo Latinois (France) - 22,375,000
4 Guillermo Sanchez Otero (UK) - 21,975,000
5 Yake Wu (Chine) - 20,875,000
6 Yegor Moroz (USA) - 20,575,000
7 Daniel Zadok (Israël) - 20,325,000
8 Orson Young (USA) - 18,350,000
9 Jason Sagle (Canada) - 17,350,000
10 Adrian Lopez (USA) - 17,025,000
11 Naor Slobodskoy (Israël) - 16,000,000
12 Charles Russell (Irlande) - 16,000,000
13 Jason James (Canada) - 15,825,000
14 Niklas Astedt (Suède) - 15,800,000
15 Gabriel Moura (USA) - 14,900,000
16 Andres Gonzalez (Espagne) - 14,775,000
17 Kristen Foxen (Canada) - 14,500,000
18 Tomas Szwarcberg (Mexique) - 14,200,000
19 Jonathan Tamayo (USA) - 13,300,000
20 Joe Serock (USA) - 13,175,000
21 Giovanni Zanette (Afrique du Sud) - 13,100,000
22 Brian Rast (USA) - 12,675,000
23 Edward Pak (USA) - 11,600,000
24 Justin Vaysman (USA) - 11,055,000
25 Gerardo Hernandez (Mexique) - 10,975,000
26 Garrett Bok (Canada) - 10,300,000
27 Richard Lowe (USA) - 10,225,000
28 Diogo Coelho (Portugal) - 9,975,000
29 Brian Kim (USA) - 9,975,000
30 Eliott Kessas (France)  - 9,325,000
31 Russell Rosenblum (USA) - 9,175,000
32 Daniel Erlandsson (Suède) - 8,950,000
33 Jordan Griff (USA) - 8,725,000
34 Kevin Theodore (USA) - 7,075,000
35 Aloisio Dourado (Brésil) - 7,075,000
36 Hiroki Nawa (Japon) - 6,325,000
37 Luis Vazquez (USA) - 6,325,000
38 Daniel Kyosev (Bangladesh) - 6,000,050
39 Jesse Capps (USA) - 5,925,000
40 Arthur Morris (USA) - 5,925,000
41 Alex Keating (USA) - 5,250,000
42 Jean Lhuillier (France) - 5,200,000
43 Malcolm Franchi (France) - 5,150,000
44 Robert Renaud (Canada) - 5,075,000
45 Brandon Cantu (USA) - 4,800,000
46 Boris Angelov (Bulgarie) - 4,475,000
47 Julio Trimmer (Mexiqu) - 4,050,000
48 Aliaksandr Shylko (Biélorussie) - 3,850,000
49 Jason Hoffman (USA) - 3,400,000
50 Rodrigo Garrido Portaleoni (Brésil) - 2,900,000
51 Jacques Mauron (Suisse) - 2,650,000
52 Stephen Song (USA) - 2,175,000
53 Charles Alex-Barton (USA) - 2,100,000
54 Jessie Bryant (USA) - 2,050,000
55 Yong Han (USA) - 1,950,000
56 Nick Jivkov (Bulgarie) - 1,900,000
57 Brian Hawkins (USA) - 1,225,000
58 Kyosuke Nagami (Japon) - 1,005,000
59 Randy Gattesco (Canada) - 575,000

Blindes au départ du Day 7 : 125 000 / 250 000 BB ante 250 000
Prix assuré : 160 000 $

Les déçus du Day 6

- 13 juillet 2024 - Par Benjo DiMeo

Retour sur les éliminés du jour
Main Event 10 000 $ (Fin du Day 6)

WSOP / Reportage
On va beaucoup vous parler, bien sûr, de ceux qui continuent de rêver au titre suprême du poker, et des dix millions de dollars qui l'accompagnent. Mais il serait déplacé de ne pas rendre un ultime hommage à ceux pour qui le réveil fut brutal aujourd'hui. Avec un field ayant chuté de 160 à 59 prétendants, lors du Day 6, ils sont nombreux. Extraits.

WSOP / Reportage
Le dernier représentant du Maroc n'aura guère eu le temps de vibrer : Mohamed Ali Houssam s'est contenté aujourd'hui de la 153ᵉ place (70 000 $).

WSOP / Reportage
Il est LA nouvelle sensation dont tout le monde parle avec respect dans le cercle des pros français : Emilien Pitavy signe une 148ᵉ place en forme de belle promesse pour l'avenir (70 000 $).

WSOP / Reportage
Un gros stack pendant cinq jours, puis... la traversée du désert, dont il sortira déshydraté en 140ᵉ place. Pas grave, car c'est certain : on reverra Clément Van Driessche au sommet sur le Main Event (70 000 $).

WSOP / Reportage
Les regrets étaient de mise pour Valentin Oberhauser après sa sortie en 131ᵉ place. Un frustrant mélange à base de bluff manqué, gros flip perdu, et une ou deux décisions peut-être à revoir. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a toujours la prochaine édition pour revenir plus fort (85 000 $).

WSOP / Reportage
Le reste de l'année, elle gagne son beurre aux tables de cash-game de Las Vegas : pour son premier MTT depuis 2019, Danielle Andersen va jusqu'à la 116ᵉ du plus gros tournoi du monde (100 000 $).

WSOP / Reportage
Cash-gameur pro basé en Californie, Olivier Chaume est un touriste du Main Event. Sa distraction annuelle s'achève en 104ᵉ place (100 000 $).

WSOP / Reportage
Le plus Américain de nos Français est parvenu à améliorer sa 104ᵉ place de 2018 : l'amateur Sean Marshall est allé jusqu'en 91ᵉ position (100 000 $).

WSOP / Reportage
La sortie du tricolore le plus régulier sur le Main Event depuis 2021, c'est encore Caroline Darcourt qui en parle le mieux. Cliquez donc pour consulter son hommage à Nicolas Vayssieres, 85ᵉ pour 100 000 $.

WSOP / Reportage
Autre cash-gameur traitant le Main Event comme un "one time" pouvant changer une vie : Dimitri Joubert est tombé du mauvais côté de la variance après avoir entamé le Day 6 avec un énorme stack (80ᵉ pour 120 000 $).

WSOP / Reportage
Responsable du terrible bad-beat infligé à son compatriote Adrian Mateos lors du Day 5, Adrian Garcia aura profité des jetons de la maquina jusqu'en 78ᵉ position (120 000 $).

WSOP / Reportage
Seul un carambolage d'une rare violence aura pu stopper le parcours de Sami Bechahed. Mais l'ancien croupier aura su voir le bon côté des choses après sa sortie en 75ᵉ place. On applaudit ! (120 000 $).

Les sortants français du Day 6
75e : Sami Bechahed 120 000 $
80e : Dimitri Joubert 120 000 $
85e : Nicolas Vayssieres 100 000 $
91e : Sean Marshall 100 000 $
104e : Olivier Chaume 100 000 $
131e : Valentin Oberhauser 85 000 $
140e : Clément Van Driessche 70 000 $
148e : Emilien Pitavy 70 000 $

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Sauvetage et décollage

- 13 juillet 2024 - Par Fausto

Jean Lhullier réalise un énorme come-back, et Malo Latinois s'envole dans la stratosphère du tournoi
Il reste 65 joueurs
Level 30 : Blindes 100 000 / 150 000 BB ante 150 000
Main Event 10 000 $ (Day 6)

Passage de flambeau

Malo Latinois
Réunion de crise “ATM” dans les couloirs du Horseshoe. Un certain Clément Richez, l’un des grands protagonistes du Main Event 2023 (il en fut le dernier Français), discute avec ses jeunes squales, qu’il entraine dans les bassins hongrois : Ludivic Uzan et Malo Latinois. L’heure est grave : son record de l’an dernier (50e sur 10 043 joueurs) est en grand danger. Effectivement, il ne reste que 66 joueurs dans ce Main Event 2024, et Malo possède 19 millions de jetons, soit près de 100 blindes, et deux fois l’average.

"Je crois que je vais devoir payer quelqu’un pour t’éliminer" affirme le top pro en cash-game. Comprenez-bien que Clément abuse de l’ironie autant qu’il abuse des vols de blindes. Le patron de la Team Aim The Millions écoute avec bonheur les HHs que lui narre son poulain et il n’attend qu’une chose : que l’élève dépasse le maître.

Latinois
« J’ai éliminé un mec juste avant la pause, raconte Malo. J’ai open J10 CO 300 000 et en grosse blinde un joueur compétent (Veerab Zakarian) 3-bet à 1 100 000, je call. Le flop vient Q27, il c-bet petit, je call. Turn 4 “flush-in”, il bet encore 1/3, je call. River 4, il fait all-in pour 3 800 000 et je snap. Il avait As-Roi avec le K ».

Et voilà comment on fait tout mettre à un joueur avec hauteur As lorsque l'on a flush. Et puisque Malo avait déjà eu la bonne idée de monter de 9 à 12 millions à la force du poignet, son tapis déjà gros est devenu monstrueux : 19 millions de jetons, le troisième plus gros en circulation alors qu'il reste moins de 65 joueurs. Tremble, Clément Richez ! - Fausto

Manuel pour remonter un tapis

Lhuillier
Arriver à 100 left d'un Main Event WSOP n'est pas chose aisée. Mais une fois qu'on y est, autant se forger un gros stack. Voici quelques conseils délivrés et appliqués par l'expert Jean Lhuillier pour se reconstruire un tapis lorsqu'on est short et qu'on joue pour des montants à six ou sept chiffres sur le plus gros tournoi du monde.

Tout d'abord, passez votre premier coup. Sélectionnez le bon spot, quitte à tomber à 7 ou 8 blindes, et envoyez la sauce dès lors que vous sentez avoir la bonne équité. Au pire, sur un flip, mais il est préférable de trouver un 70-30. "UTG open et j'ai 77 en SB et je fais tapis 7,5BB, il call. Je me lève de ma chaise. C'est la première fois de toute ma vie que je fais ça, mais là, c'est important, je joue mon tournoi ! Et là, 7 river. Bon, en vérité j'étais devant tout le coup puisqu'il avait A5, mais c'est juste pour montrer que ça marche" commente notre expert.

LhuillierDeuxième étape : une fois que vous êtes remonté à 16 blindes, fortifiez votre tapis. Cette fois, nul besoin de partir all-in directement. Vous pouvez même voir des flops, à condition de toucher ou bien de réaliser ce que Jean Lhuillier décrit comme "un bluff parfait". Exemple : vous avez KQ contre la BB sur un board J825, et bien vous en mettez deux. Un barrel à 1,5 BB. Un deuxième à 3,5 BB et ça suffit pour faire fold mieux.

Autre exemple : vous payez J9 au CO suite à un open de HJ qui tente de voler la blinde du papy en BB. Il check sur le flop Q86, vous misez ! Attention au dosage : 1/4 suffit sur la première mise. Payé. Turn 2, vous avez toujours hauteur Valet, il est donc temps de mettre la deuxième : 2-barrel 1/3 et ça suffit à perdre l'autre.

La préparation est terminée, il s'agit maintenant de mettre de la levure dans ce tapis retrouvé. Deux Dames au CO feront l'affaire. Open 400 000, 3-bet shove 2 200 000 du Bouton, payez, et rasez les Zizous de votre voisin sur un board de briques. Servez chaud et savourez votre stack de 50 blindes à 65 left de 10 millions de dollars - Fausto

Anecdotes, statistiques et citations à la con

"Si tu gagnes ce tournoi, est-ce que ça serait ton plus gros gain ?" - Un supporter américain en direction de son pote Yegor Moroz, dont le Top score enregistré culmine à 45 000 $. Vous avez dit troll ?

WSOP 2024 : tous nos articles

Inévitable collision

- 13 juillet 2024 - Par VictorP

Il ne reste plus que quatre Français après la sortie de Sami Bechahed avec... full contre quinte flush !
Level 29 : Blindes 60 000 / 120 000 BB ante 120 000
Main Event 10 000 $ (Day 6)

Lorsque l’on se fait évincer dans les dernières phases d’un tournoi de poker comme le Main Event des WSOP, les émotions peuvent submerger le plus solide des hommes. Colère, regret, tristesse... Chaque année, on en croise des dizaines qui ressassent la dernière main jouée de longues heures durant.

Sami Bechahed
Rien de tout ça chez Sami Bechahed. Et pourtant, après ce qu'il a enduré sur sa dernière main, il y avait de quoi se mettre en rogne. Après avoir fait grimper son tapis en flèche tout au long de ce Day 6, le Français a connu un retour de dinner break en forme de descente aux enfers.

Sur un open de l’un de ses adversaires, Sami défend dans les blindes avec J7. Vient alors un flop JJ10 sur lequel son adversaire envoie un premier bet. Sami check/call. C’est à ce moment-là que les choses vont se compliquer.

Sur le turn, un 7 s’ajoute au board et offre le deuxième meilleur full au Français, loin d’imaginer que son adversaire a en sa possession 89 pour une imbattable quinte flush. Logiquement, Sami check une nouvelle fois, laissant son adversaire pour mieux le relancer. C'est payé. La rivière est une Dame. Sami envoie un gros parpaing, et c'est surpris qu'il se fait relancer à tapis. Au sortir d’un léger temps de réflexion, il finira par call, peu rassuré. Il tombera des nues en voyant la main adverse.

Sami Bechahed
À ce moment-là, je réfléchis aux combos qu’il peut avoir. Il y a à peu près trois mains qui me battent. Mon erreur est d’avoir call trop vite. J’aurais dû prendre mon temps. Mais, face à cet adversaire en particulier, je ne me voyais pas folder”, nous confie-t-il après coup.

Cet horrible setup, l'ancien croupier du Hustler Casino (Californie) semble néanmoins plutôt bien l'encaisser. “Ah, mais c’est le jeu mon ami ! Il faut bien le prendre. Ce n’est pas la fin du monde. J’ai déjà de la chance d’être là. Imagine tous les gens qui rêveraient d’être à ma place. Je ne peux pas être en colère. D'autant que c'est le plus beau de mes trois Vegas (Sami avait déjà terminé 879ᵉ du Main Event pour 17 000 $ en 2022, NDLR). Mais, on les aura la prochaine fois !” dit-il avant d’évoquer ses plans futurs.

“Maintenant, c’est l’heure de partir en vacances en famille. Après cela, je quitte les États-Unis pour revenir m’installer en France, car c'est le rêve de ma femme. Alors, nous, on se reverra surement sur des EPT". Bon retour parmi nous ! - VictorP

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