Main Event 10 000 $ (Fin du Day 2D)
"
Cinq chiffres, sinon rien", écrivait-t-on
il y a déjà six jours en guise d'introduction à l'édition 2024 du Main Event. 10 000 inscrits : ce plafond, que l'on a longtemps pensé impossible à crever, avait été atteint pour la première fois il y a un an. Maintenant que l'enthousiasme des joueurs du monde entier et une organisation sans faille ont permis de rééditer ce score, il ne constitue plus une surprise : il est une tendance. Jamais plus nous n'attendrons moins du plus gros tournoi du monde, qui n'en finit plus de grossir.
10 112 joueurs, et autant de candidats à un premier prix de 10 millions de dollars. 10 112 joueurs, mais déjà deux tiers d'entre eux qui n'ont plus que des souvenirs de ce tournoi au terme du Day 2 : ils ne seront que 3 617 à revenir au Horseshoe mardi, pour tenter dans un premier temps de décrocher l'une des 1 517 places payées.
10 112 joueurs, et autant d'histoires. Essayons de vous en narrer une poignée...
Samba Latinois
C’est un de ces jeunes grinders qu’on aperçoit sur chaque festival Winamax. De Bratislava à Marrakech en passant par le WiPT, Malo Latinois ne loupe pas un évènement du W rouge. Et quand il se déplace, c'est rarement pour faire de la figuration. Cette fois, c’est aux Championnats du Monde, sur un tournoi à 10 000 $, et sur son tout premier Vegas, que le jeune grinder attire la lumière et les jetons. Malo a fait parler ses moves techniques et son sens du rythme pour faire danser ses adversaires, tout en montant sur le podium du chipcount bleu. Une performance d’autant plus remarquable qu’il a commencé la chorégraphie en rampant.
"J’ai démarré avec 70 000 ce matin, et je suis vite tombé à 30 000, rappelle le grinder de la Team ATM.
Derrière, j’ai eu une bonne table et j’ai pu grind. J’ai monté pas mal de jetons sans showdown… Enfin, ça donne l’impression que t’as bien joué, mais faut pas se leurrer, j’ai très bien run" observe le grinder qui a ainsi multiplié son tapis par treize.
Malo retient notamment cette main qui l’a propulsé dans les hauteurs : open CO, 3-bet shove SB pour 25 blindes et Latinois se réveille avec deux As en grosse blinde. En face il y a 77 et pour ne rien arranger, le CO dira avoir foldé… 77. Latinois ponctuera la journée avec un petit brelan pour flirter avec les 400 000.
"C’est mon premier Main, mon premier Vegas, s’enthousiasme le joueur. Je suis venu grâce à la Team ATM. Je travaille avec Samy (Dubonnet) et Alexis (André) depuis quelque temps, et ils m’ont proposé de venir avec eux dans leur villa. Pour moi, c’est une super opportunité de pouvoir être staké sur les WSOP et de profiter de leur expérience".
Une expérience qui permet par exemple de digérer le Vegas "compliqué" qu’il éprouvait jusque-là. "Je n’ai pas fait un ITM en seize tournois sur le séjour. Enfin, si, après avoir bust trois fois d’un 1 200, j’ai fait mon seul min-cash sur un 200 $ où je m’étais perdu. Au début, ça fait un peu mal, mais je relativise : j’ai trop de chance d’être là". D’un point de vue financier comme des souvenirs, le bilan de ce séjour pourrait être légèrement modifié par le run en cours.
La déferlante bleue
Comme Malo Latinois, de nombreux Français engagés sur le Day 2C reviendront au Day 3 avec une belle quantité de blindes.
Malcolm Franchi est lui aussi repassé sous le tapis de départ avant de s’envoler au-dessus des 400 000 jetons. Jouant lui aussi son premier Main Event, l’ami
Chovekipeu (photo), vainqueur du 3 Million Event des Wina Series
il y a un an, emballe un magnifique tapis de 360 000. De son côté,
Jean Lhullier n'a jamais cessé
de nourrir son brasier de jetons.
Erwann Pécheux,
François Pirault,
Nicolas Vayssières ou
ElkY reviendront bien armés, et
Antoine Saout, Bruno Fitoussi ou
Moundir n’ont pas dit leur dernier mot.
Vous l’aurez constaté : plusieurs gros noms du poker français intègrent le wagon de qualifiés du jour... dont voici une liste que l'on aimerait exhaustive. Mais il va quand même en manquer un peu, on complètera plus tard :
Jean Lhuillier (572 000),
Alexis André (445 000)
Malcolm Franchi (408 000),
Eddy Sadoun (378 000),
Robin Gérard (360 000),
Mathieu Philbert (335 000),
Ludovic Uzan (323 000),
Clément Lescanff (320 000),
Emilio Ulysse (292 000),
Erwann Pécheux (289 000),
Arnaud Antoine (274 000),
Cécile Ticherfatine (250 000 - photo),
Maxence Carbonneaux (245 500),
Victor Fryda (240 000),
Jonathan Fhima (227 000),
François Pirault (220 000),
Maxime Parys (218 500),
Rémy Murcia (217 500),
Nicolas Vayssieres (209 000),
Frédéric Delval (196 000),
Quentin Guivarch (193 000),
Sandrine Phan (182 500),
Yoann Rascar (174 000),
Simon Prudhomme (170 000),
Jérémy Saderne (165 000),
Paul-François Tedeschi (160 000),
François Robert (158 000),
Sonny Franco (145 000),
Emmanuel Houssais (133 000),
Florent Le Neillon (130 000),
Arnaud Simon (122 000),
Alexis Leneveu (110 000),
Moundir (100 000),
Alex Le Vaillant (88 500),
Romain Morvan (85 000),
Bruno Fitoussi (72 000),
Léo Curial (70 000),
Antoine Saout (62 500),
Samy Boujmala (55 000),
Meddi Ferrah (53 000),
Patrick Sacrispeyre (45 000),
Olivier Theze (39 000),
Paul Amsellem (33 000), et enfin
Jérôme Finck (16 500).
Note pour plus tard : aller enfin voir Emilien Pitavy
Quand il a gagné 270 000 balles au Wynn la semaine dernière, on n'a rien dit : on était occupés avec le début du Main Event. Quand il a terminé le Day 1D avec 71 600, on n'a rien dit non plus : c'était à peine plus que le starting stack. Mais quand on a vu, à la toute fin du Day 2D, que
PokerNews l'annonçait toiser le field avec près de 600 000 jetons, on s'est dit qu'il allait bien falloir s'intéresser à
Émilien Pitavy. Un joueur encore peu connu du public, mais dont les initiés ne cessent de dire du bien. Emilien, si tu nous lis : on ne tardera pas à venir t'embêter en début de Day 3 !
Le Team W rate le dernier virage
Seulement deux membres du Team Winamax (plus
Moundir qui fait partie de la famille) sur la traditionnelle photo de fin de journée... Et pourtant, dix minutes avant que Caroline Darcourt ne braque son objectif devant les fameuses lettres lumineuses épelant WSOP, ils étaient encore quatre. Cela faisait longtemps qu'on avait perdu
Alexane Najchaus, partie de trop bas pour espérer autre chose qu'un petit miracle. Une dizaine d'heures plus tard, c'est sur l'ultime orbite du Day 2D que le clan s'est brutalement réduit.
On a d'abord croisé Leo Margets nous parlant d'une paire d'As craquée par As-Dame. Sale ! "Mais ce n'est pas un bad-beat, précise l'Espagnole. J'avais moins de 30 BB, j'ai payé un 3-bet, et les jetons sont partis sur J-9-8... Il trouve le 10."
Une minute plus tard, les superviseurs annonçent au micro les cinq dernières mains. On arrive à hauteur d'un João Vieira en pleine réflexion : il prend tout son temps avant de transformer en bluff KJ sur un board K10Q24, avec une mise de 118 000 ne laissant que deux jetons de 500 devant lui. C'est avec beaucoup moins de patience que son adversaire va payer avec 1010 pour le brelan floppé. Les derniers jetons du Portugais s'évaporeront sur la main suivante.
Tant pis. On se console en écoutant Moundir nous raconter être tombé à 4 BB, avant de remonter à 107 000 (43 BB) à force de all-ins et de rencontres favorables. Julien Sitbon, lui, nous explique avoir joué beaucoup de coups, bénéficié d'un beau setup avec 6-6 qui trouve un flop 6-4-4 pour prendre un max contre les As, avant la redescente, la faute à un autre full, perdu celui-là. Avec 125 000, le sourire est là, cependant : "C'est mon premier Day 3 sur le Main Event... et ce sera mon premier Day 11 !"
Et
Davidi Kitai, dans tout ça ? La photo de Caro dit tout : la soupe à la grimace était au menu ce soir après avoir "bag" 54 500, moins qu'en fin de Day 1D, et moins que le starting stack. On avait pourtant commencé à s'exciter en voyant le Belge shooter un joueur trop aggro grâce à une paire d'As, avant le dîner... La suite fut moins heureuse.
"Il y avait ce reg arménien qui m’a posé beaucoup de problèmes. Il relançait une main sur deux, il ajoutait beaucoup de variance et était capable de bluffer des énormes spots. Je l’avais déjà affronté au Day 1, j’avais réussi deux beaux hero calls contre lui, mais là, je n’ai pas su trouver la solution" analyse Davidi, qui nous partage la HH clef de sa fin de journée.
"Open UTG 4 000 de ce reg, call hi-jack d’un bon joueur avec un gros stack et call d’un joueur en tilt qui a seulement vingt blindes. J’ai AJ en SB, je fais 19 000, l’Arménien me paie rapidement. Le flop vient A84, je c-bet 8 000, il call. Turn K, je check, il fait 33 000, je call. River 6, je check, et il met tapis pour mes 80 000 jetons. Je sais qu’il est capable de transformer beaucoup de mains en bluff, mais je pensais avoir un tell sur lui, mais je ne l'ai pas vu cette fois. J’ai fold... mais je ne crois pas que ce soit pour les bonnes raisons". Allez, on oublie, et on tente de remonter mardi avec 22 BB : on en a vu faire mieux avec moins que ça.
Avec les qualifs de Davidi et Julien, ce sont six pros du Team Winamax que l'on retrouvera au Day 3, plus Renaud, vainqueur de la Team Pro Experience.
La FNL représentée au Day 3
"
Hé oui, t'as vu ça ? La FNL est là sur le Main !" Les paroles viennent de
Romain Semler. Mais ce n'est pas l'auteur d'un beau podium à Bratislava en 2022 qui joue le
Big One. Le prof de maths pointe vers la table où est assis
Alexis Leneveu. Un informaticen parisien qui, pour sa première à Las Vegas, voulait vraiment vivre l'expérience à fond. "
Je me suis payé l'entrée directement. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais passé le séjour frustré !" Comme souvent avec la FNL, communauté de joueurs étendue sur toute la France et partenaire de longue date de Wina, ce séjour est avant tout une histoire de potes - à ce stade, les 10 millions de dollars à la gagne ne sont qu'un chiffre lointain.
"J'ai fait des bonnes Wina Series, rembobine Romain, alors je me suis décidé. J'ai fait le voyage avec Reda, qui s'était qualifié sur Winamax, il a sauté aujourd'hui..." "Et j'ai suivi, complète Alexis. C'est vraiment un tournoi trop cool. Là où j'ai vraiment eu beaucoup de chance, c'est que je n'ai eu que de bonnes tables. J'en ai fait cinq ou six depuis le début, et ça s'est toujours bien passé." "Et tu as su jouer ton jeu", souligne Romain. Le membre FNL termine le Day 2 avec à peu près le même stack qu'à midi : 110 000. Mais cela représente encore 40 blindes pour attaquer le Day 3 : sur le tournoi le plus long du monde, le temps n'est pas compté.
Brèves de fin de Day 2D
La stratégie de l'arrivée ultra-tardive au Day 2, idée de génie ou couillonnade extrême ? Ils sont 824 à avoir opté pour ce choix controversé... et on connaît au moins trois joueurs pour qui ça n'a pas marché :
Julien Pérouse, Safwane Bahri et
YoH ViraL (photo), victime d'un flip après le dîner. En revanche, la manip' est passée pour
Tom Dwan (187 000, c'est juste au-dessus de la moyenne) et surtout notre
Adrien Guyon national, qui "bag" une somme tout à fait impressionnante de 424 000. Tiens, note pour la semaine prochaine : demander à tous les finalistes quel fut leur Day de départ.
Arrivé tard sur le Day 1D, il avait monté 2,5 stacks en un rien de temps de temps. Aujourd'hui,
Phil Ivey a doublé ce capital pour terminer avec 289 500.
Un cador du clan français manquera à l'appel mardi. Animateur régulier du Main Event à des stades avancés,
Fabrice Bigot s’arrête cette fois dès le Day 2. Le finaliste de l'EPT Paris a vu son stack de 150 000 jetons s’écrouler en deux setups. Deux Dames contre deux Rois, puis As-Roi contre deux As. Allez saaaalut, comme on dit en Belge.
La Team Elite Poker au Top. La jeune meute de loups spécialisés dans le cash-game, qu’on apprend
petit à petit à connaitre sur ce Main Event, continue de faire forte impression. Cinq des huit grinders sont encore en course après deux jours… Dont deux à plus de 100 BB, à l'image de
Ludovic Uzan, le meneur du quinté. Quoi de plus normal pour des joueurs de cash-game que de savoir manier des stacks à trois chiffres ?
Nous ne faisons jamais de concours du plus beau chapeau sur le Main Event, et pour cause : chaque année, c'est
JJ Liu qui gagnerait.
Pareil pour le championnat annuel de la tignasse qui tombe jusqu'aux genoux :
Joe Elpayaa, que l'on a pourtant connu coupé très court durant ses années post-études, n'a aucun concurrent dans ce domaine. Celui qui fut le voisin d'
Erwann Pecheux aujourd'hui a par ailleurs réussi un petit exploit : remonter d'un tapis de 500, moins d'une BB, à 80 000... avant de sauter.
Parmi les anciens Champions du Monde qui seront au Day 3 : un
Scotty Nguyen très correctement placé (206 000) et...
... un
Dan Weinman (229 500) qui continue donc de défendre son titre. Allez, plus que 3 000 joueurs à battre !
Parmi les têtes de série ricaines, le plus gros tapis que nous avions zieuté en fin de journée appartient à l'excellente
Loni Harwood (Madame
Philip Hui à la ville mais surtout deux bracelets WSOP au poignet), avec de très belles piles de jetons verts et rouges (25 000 et 5 000 de valeur chacun). À vérifier une fois le classement définitif publié par les organisateurs.
Wouf
Voilà pour ce gros (très gros) Day 2D qui fera date. On recommence mardi à midi (21 heures en France) avec quelque chose comme 3 500 joueurs encore en course. Objectif : la bulle et les places payées, au nombre de 1 517. Mais en coulisses, tout le monde en est déjà convaincu : cela n'arrivera pas avant le tout début du Day 4. Mercredi, donc. Tant mieux : cela va nous laisser un peu de temps pour aller à la rencontre des nombreux Français avec qui nous n'avons pas encore fait connaissance...
Benjo, Fausto, VictorP & Caroline Darcourt
WSOP 2024 : tous nos articles