Level 4 : Blindes 250 / 500, BB ante 500
Main Event 10 000 $ (Day 1A)
Sat, Grind & Rock & Roll
Un sourire jusqu’aux oreilles sur les bords de la Paris Ballroom. Pas de doute,
Daniel Tordjman est là. Mais n’allez pas croire que cette joie vient du fait qu’il joue le Main Event WSOP. «
Je suis excité à chaque tournoi ! Que ce soit le Main ou un 500, je prends mon pied », commente ce kiffeur invétéré.
Révélé à Vegas lors des WSOP 2022, où il terminait runner-up d’un Omaha à 1 500 $ (sa variante préférée), le Parisien s’est fait remarquer ces dernières saisons au fil de ses casses réguliers. Finaliste UDSO, finaliste de side EPT, 3ᵉ du dernier High Roller WiPT et encore runner-up du High Roller BPC Namur il y a deux mois, Daniel fait partie de ces joueurs aussi redoutables qu’agréables, qu’on aime retrouver aux tables. Sur ce Main, il semble avoir trouvé une table animée par d’autres trublions que lui, à commencer par son voisin, un dénommé Mark Zajdner.
Ce Canadien parle fort, à un volume sonore suffisamment élevé pour qu’un joueur se situant cinq tables plus loin puisse parfaitement entendre la discussion. En l’occurrence, un débat musical où Mark tente de convaincre toute la table de se rendre au concert du groupe Dead & Company
, qui se produit cette semaine à la Sphere de Las Vegas.
« C’est absolument 'insaaaaane' ! This guys are just so sick ! Si tu ne vas pas voir ce show, tu ne valorises pas la vie, vraiment ! Et si tu aimes les drogues, tu vas adorer » scande ce joueur, de manière complètement obsessionnelle. Il montre des extraits du concert à ses collègues de tables, chantonne les airs à ses voisins et cherche même sur les autres tables des joueurs fans du guitariste John Mayer, qui remplace le regretté Jerry Garcia dans ce groupe rassemblant les survivants de la mythique formation psychédélique Grateful Dead.
« Il a l’air totalement allumé, celui-là » note Douglas Weymersch, qui entend depuis le siège 2 ce critique musical dithyrambique. Ce joueur francophone revêt un sweat GGPoker. Ferait-il partie de la Team Belge ?
« Je suis Belge, mais je me suis juste qualifié. Je suis parti d’un 150 $, vers un 1 200 $ et j’ai eu mon package pour le Main… Alors que je n’avais même pas prévu d’aller à Vegas ! » raconte Douglas, pas vraiment habitué à ce genre de plateau. « Je joue un peu online, en amateur. À côté, je travaille dans un club de golf, et j’ai ouvert un club de padel aussi ».
Depuis qu’il a pris son ticket, en mars dernier, Douglas prend le poker un peu plus au sérieux. Le jeune Belge s’est dit qu’il allait s’entrainer pour s’habituer aux sensations du Live.
« Je suis allé à Rozvadov. C’était mon premier festival Live. Là, c’est seulement mon deuxième. J’ai fait quelques tournois avant, deux ou trois 1 500 $, et là, je termine avec le Main », raconte Weymersch.
Le moment tant attendu est enfin arrivé et le joueur semble être au rendez-vous. « J’étais un peu stressé au début, mais là, je me sens bien. J’ai déjà monté plus de deux startings, en faisant notamment deux As contre deux Rois, contre un gars qui avait 38 000. Je n'ai jamais vibré comme ça pour un "deux As deux Rois” ». 140 000 déjà pour Douglas le néophyte, que l’on intègre d’office dans notre (très modeste) contingent francophone. - Fausto
La famillia Di Grande
Une conversation en VF au détour d’une table de l’Event Center. Notre contingent semble si peu fourni sur ce day 1A que je me réjouis déjà d’avoir trouvé ces nouvelles recrues. Comment vous appelez-vous messieurs ?
« Adrien et Devy. Par contre, on est Belges ! ». Zut. Ça ne fait rien, on vous garde quand même, comme dirait Louis de Funès.
Les deux hommes paraissent fonctionner en duo, pourtant, il n’y en a qu’un qui joue le Main Event. « Moi, je n’ai pas le niveau, je joue les petits tournois, sourit Devy. Je suis là pour l'encourager ! ».
Adrien Di Grande, lui, n’est pas non plus un habitué des 10k. Le Liégeois a plutôt poncé les 200-300 balles de Namur. Avec un certain succès. L’an dernier, Adrien s’imposait sur le Poker Namur Classic’s, devant plus de 1 500 joueurs, transformant ainsi 330 € en 54 000 €.
« Depuis ce gain, je suis un peu en transition, explique Di Grande. J’ai quitté mon boulot de commercial et je réfléchis aux autres options. Le poker, c’est pas mon métier, mais disons que je joue régulièrement. Surtout en cash-game, au casino de Namur, et parfois dans d’autres casinos s’il y a un beau Main Event ».
Ce Vegas n’aurait sans doute pas été à l’ordre du jour sans cette magnifique perf’ au casino maison. « Je suis plutôt joueur de cash-game, mais quand même, le Main Event, c’est le rêve de tous les joueurs. On s’est dit que c’était l’occasion. Devy, c’est mon pote du poker, et pas que. On est venu pour jouer, mais surtout en mode vacances. Resto, soirée, piscine… et Main Event. Au fait, c’est pour qui cet article ? Winamax ? Ah, on n'a pas Winamax en Belgique, mais j’ai vu tous les Dans la Tête d’un Pro, notamment avec Davidi ». Et pourquoi pas croiser la route du Génie sur ce Main Event ? Mais pour ça, il faudra au moins passer le premier jour. - Fausto
Bon Ap' Petit !
Alors qu'elle se faisait une joie de jouer le Main Event pour la quatrième fois, l'aventure a tourné court pour
Rosalie Petit, éliminée juste après le dinner break. Une sortie qu'elle aura sans doute du mal à digérer, elle qui était parvenue à éviter les balles avant la pause-dîner avec deux Dames contre deux As dans un 4-bet pot débouchant sur un board 10-3-6-4.
La main en question m'a été racontée par son bourreau, un joueur nommé Adrian Govea, une main qui commence par un limp à 500 UTG. Au bouton, Rosalie overlimp, tout comme Adrian de SB avec J
7
. Sur le flop 3
6
5
, il check/call la mise de Rosalie. La turn 4
pousse Adrian à lead à 2 600, une mise que relance Rosalie à 9 500. Payé. C'est sur la rivière 10
qui fait rentrer la couleur backdoor que l'action s'emballe, Check d'Adrian, mise à 14 000 de Rosalie et check/raise all-in pour les 13 000 restants à la Française. Rosalie finit par payer avec 7-8 avec le 8 de trèfle et prend la porte prématurément sur ce Day 1A du Main Event.
Après un beau deep run en 2022 qui l'avait vu terminer à la 824ᵉ place du Main Event, Rosalie devra attendre l'année prochaine pour re-tenter sa chance sur le Big One. - Tapis_volant
Pas froid aux yeux
On vous parlait tout à l'heure de
Franck, le seul qualifié Winamax à tenter sa chance aujourd'hui. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas peur sur le premier Main Event de sa vie. Grimpé à 160 000 peu avant le dinner-break, il a pas mal degrind puis tenté un énorme bluff face à un papy texan, qui lui a coûté une tonne de jetons.
Après avoir relancé à 1 400 UTG, Franck se fait payer par le bouton avant que le retraité en question ne porte les enchères à 5 000 depuis la SB. Il est payé par les deux joueurs. Le papy va ensuite envoyer trois mises identiques à 15 000 flop, turn et river sur un tableau 2
9
8
9
7
Franck pense pouvoir arracher le coup en relançant avec son As-8 transformé en bluff. Il place une mise à 40 000 devant lui. Il reste à peu près 50 000 à son adversaire, qui aurait peut-être foldé si son tapis était en jeu (c'est que Franck se disait après le coup) mais qui paye très rapidement avec K
K
pour faire chuter notre Français à 27 000. - Tapis_volant
Un rêve de pro
Avec un patch PMU sur le cœur, on pourrait croire que
Jérémy Surinach est un habitué des gros tournois, et pourtant, selon son Team Manager
Greg Ceran-Meillard, il dispute à peine sa cinquième compétition en live. "
Ah mais attends, il a joué quelques tournois à Gujan aussi ". À bien regarder son palmarès, Jérémy Surinach n’est clairement pas un habitué. Avant Vegas, sa plus grosse ligne était une 20ᵉ place sur un tournoi à 200 € à Gujan, pour 1 320 € de gains.
Commercial dans la distribution de portes blindées, Jérémy Surinach fait partie des stakhanovistes de la room qui aime les bourrins à crinière, sur laquelle il a commencé en grindant les 5 €. Lâchant son job pour le poker, il a réussi à passer le casting du Pro Dream (sur sa deuxième tentative), compétition qui avait jusqu’alors plutôt tendance à recruter des joueurs déjà très expérimentés ou très présents sur le circuit, tels Pierre Merlin, François Tosques, Damien Lhommeau les années précédentes, mais qui ont préféré cette année appuyer sur le terme "Dream" plutôt que "Pro".
Débarqué à Vegas avec un programme alléchant comprenant le Millionaire Maker, le Tag Team (avec Julien Martini), un 2 500 € NL et le Mini Main Event, Jérémy a déjà réussi son été avec un beau deep run sur le Millionaire Maker (204ᵉ pour 9 420 $). Après quatre heures de jeu, il mène sa barque tranquillement sur le Main Event avec un stack de 80 000 jetons. - Tapis_volant
Anecdotes, statistiques et citations à la con
Cette émotion, magnifiquement capturée par l'objectif de Caroline Darcourt, c'est celle de
Arash Ghaneian. L'Américain a de quoi lâcher une petite larme : il vient de remporter son second bracelet au terme d'un des heads-up les plus longs de l'histoire des WSOP : plus de huit heures de bataille en Stud High-Low face à
Richard Sklar !
Parmi les joueurs dont les espoirs ont été douchés très rapidement sur cette édition 2024, on peut noter
Freddy Deeb. Et contrairement à la plupart des autres tournois que l'on couvre, quand on vous relate l'élimination d'un joueur, elle est définitive : sur le tournoi le plus prestigieux du monde, aucun re-entry n'est possible !
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