Level 4 : on cause orga avec le vice-président

- 7 juillet 2024 - Par Benjo DiMeo

Level 4 : Blindes 250 / 500 BB ante 500
Main Event 10 000 $ (Day 1D)

Au beau milieu du Day 1D, c'est un Grégory Chochon de bonne humeur qui vient à notre rencontre sur le banc de presse. Normal : le co-directeur des WSOP surveille depuis le début de la journée la progression des inscriptions, et les chiffres sont bons : la barre des 4 500 joueurs a été franchie, portant le total des inscrits à 9 000. Et il n'est pas trop tard pour rejoindre la belle grande fête poker de l'année... Ainsi, la tenue d'un Day 1 un 4 juillet (jour férié que les Américains aiment passer en famille), ainsi que l'absence de la journée de dimanche au calendrier des Day 1, n'aura pas porte préjudice à la popularité du Main Event.

Grégory Chochon
C'est justement pour cela que j'avais sollicité une discussion en mode "geek de l'orga" avec le Français des WSOP : en coulisses, comment se décide le calendrier du Main Event ? Quelles sont les différentes options envisagées ? Le désquilibre, toujours croissant, entre les différents Day 1 est-il un vrai problème au final ?

« Ce qu'il faut savoir, commence Grégory, c'est que quoi qu'il arrive, notre calendrier va dépendre de la disponibilité des salles de convention. » Rassurez-vous : il n'y a guère de risques que les WSOP perdent un jour leur traditionnel créneau couvrant juin et la moitié de juillet. Mais d'une année sur l'autre, le créneau disponible va subtilement évoluer, et par exemple se décaler d'un jour ou deux par rapport à l'année précédente.

On observe une constante depuis 2018 : sur chaque édition du Main Event, l'un des Day 1 s'est joué ce fameux 4 juillet. A chaque fois, ce Day 1 est grosso modo garanti d'être le moins populaire, pour des raisons évidentes. Cette contrainte, plus ou moins imposée par les disponibilités des salles de conventions, les organisateurs estiment avoir fini par l'apprivoiser, pour la transformer en un avantage.

« Au final, on trouve que ce 4 juillet, c'est un bon compromis », estime Grégory. « On perd les joueurs qui passent la journée en famille, et il y a le prix des hôtels qui atteint son max de l'année ce jour-là. Mais d'un autre côté, on garde quand même les joueurs non-Américains, ceux qui sont là depuis plusieurs semaines, ils sont nombreux et ils ne font pas la fête ce jour-là : eux, ils viennent s'inscrire. » Passant par là quelques minutes plus tard, le comparse de Grégory Jack Effel (TD en chef) ne dira pas autre chose. « On l'aime bien ce 4 juillet. Il permet aux joueurs de s'organiser de vraies vacances à Vegas, avec du Main Event dedans. » Traduction : on fête le 4 juillet à Las Vegas, dans une ville réputée pour ses teufs et feux d'artifice... et on joue en même temps le Main Event, soit la veille, soit le lendemain.

Il y a cependant des choses que les organisateurs s'interdisent vis-à-vis de cette date du 4 juillet. « On ne fera jamais un Day 1D ce jour-là, dit Grégory. Cela provoquerait trop de mécontentements, il y a des tas de gens pour qui cette journée n'est pas négociable. Et pour la même raison, on ne fera jamais un Day 2 de Main Event à cette date. »

Il y a une chose qui semble avoir manqué au Main Event cette année : un Day 1 le dimanche. Le dernier Day 1 se déroule un samedi. Grégory assume ce manque, tout comme il assume ce qui s'est avéré être une faute de programmation sur la globalité cette édition 2024. « En tablant sur le fait que le dimanche est le jour préféré des amateurs, cette année nous avons lancé les Day 1 de tous les petits tournois de No-Limit le dimanche, avec les Day 2 le lundi. L'an passé, on avait les Day 1 le samedi, puis les Day 2 le dimanche. Résultat : entre 2023 et 2024, nos chiffres ne sont pas meilleurs. Pire : les tournois de consolation organisés pendant les Day 2 ont baissé... car ils démarrent maintenant le lundi au lieu du dimanche. »

Parlons maintenant d'un problème qui n'en finit pas de ne pas s'arranger : la vaste disparité de remplissage entre les quatre différents Day 1. On part de 1 000 joueurs sur le Day 1A, pour arriver à... plus de 4 500 sur le Day 1B ! « Quand on laisse le choix aux joueurs, ils vont plutôt opter pour l'arrivée la plus tardive possible... » songe Grégory à voix haute, ajoutant : « L'an passé, on a même eu 300 joueurs qui ne sont arrivés que pour le Day 2, sans jouer le Day 1. Cette année, je pense qu'on pourrait en avoir 500 qui viennent au Day 2. Peut-être 1 000. » Et Grégory d'évoquer le coût de la vie d'un touriste à Vegas, toujours plus grand, que ce soit pour se loger ou pour se nourrir. Un problème qui ne risque pas de s'arranger comme par magie dans les années à venir.

Day 1 Main Event
Que pourrait-on faire pour inciter les joueurs à mieux se répartir dans les quatre Day 1 ? Grégory balaie fermement tout changement qui nuirait à l'équité du jeu. Chacun doit partir sur un pied d'égalité. Hors de question, donc, de donner un bonus de jetons à un joueur qui jouerait le Day 1A, par exemple. « Là où l'on pourrait éventuellement agir, c'est sur le rake : on fait un geste commercial à ceux qui viennent tôt. Mais ce n'est pas une décision à prendre à la légère, car cela représenterait un sacré manque à gagner pour nous ! Parce qu'en fin de compte, regarde : aujourd'hui est l'une des plus grosses journées de l'histoire du Main Event, et pourtant il n'y a pas eu de vraies files d'attentes, on n'a pas eu à jouer en 10-handed, et il n'y a pas eu le début d'évocation de 'sold out' le Day 1D. Tout s'est déroulé de façon optimale. » On confirme : les WSOP se remettent en question chaque année, faisant de leur organisation une machine toujours mieux huilée par rapport à l'édition précédente. Du coup, pour le moment, en voulant mieux équilibrer les Day 1, on est en train de chercher une solution à ce qui n'est pas vraiment un problème...

Mais ceci est valable uniquement pour le moment, comme l'anticipe aussitôt Grégory : « Imagine que dans quelques années, on a 15 000 joueurs... dont 10 000 qui viennent juste pour le Day 1D. Là, il faudrait agir... »

Et Grégory de me rappeler un point d'organisation que j'avais depuis longtemps oublié. « Sur l'édition 2006, qui avait battu les records à l'époque, les gens n'avaient PAS le choix de leur Day 1. Ils devaient s'inscrire avant le début du Day 1A, et au guichet on leur attribuait un Day 1 sans qu'ils puissent choisir. Cette édition-là avait eu plus de 8 000 inscrits, et personne ne se plaignait. Et honnêtement, côté orga, c'est beaucoup mieux pour nous en termes de gestion ! On a tous les paramètres d'avance, on peut tout anticiper en termes de staff, etc. »

Rassurez-vous : il n'est pas véritablement question de revenir à ce vieux modèle. Cependant, Grégory se demande à voix haute s'il n'y aurait pas moyen d'être plus dirigiste vis-à-vis des joueurs se qualifiant sur Internet. « On pourrait leur attribuer un Day 1 à l'avance, et leur offrir l'hébergement si leur Day 1 les fait venir plus tôt. Parce qu'au final, on a affaire à un cercle vicieux : les amateurs viennent le plus tard possible à cause du coût du voyage, et les pros s'inscrivent le plus tard possible car ils veulent affronter ces amateurs. Si tous les qualifiés étaient répartis équitablement entre chaque Day 1 par tirage au sort, alors les pros auraient moins intérêt à se focaliser sur le Day 1D. »

De notre côté, on n'a pas la solution magique. Mais on passera ce message aux joueurs : si vous jouez le Day 1A, vous avez beaucoup plus de chances de figurer dans le coverage que si vous jouez le Day 1D. Car il est beaucoup plus facile de vous repérer parmi mille joueurs que parmi cinq mille !

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