Maîtrisant à la perfection les techniques de short-stack ninja, Robin Guillaumot a résisté tout le Day 4 pour atteindre la table finale du Monster Stack. Son parcours héroïque se termine finalement en 9ᵉ position, pour son premier gain à six chiffres (114 998 $), sur un field de 8 703 joueurs.
De quoi faire décoller encore un peu plus la carrière de ce jeune grinder montpelliérain, qui n’est pourtant pas spécialiste de MTT.
Event #38 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 4 et Finale)
« Il n' y a pas de quoi être frustré. Je viens de faire ma première perf’ à six chiffres, réagit Robin, quelques minutes seulement après sa sortie. Et puis quand tu es tout le temps short, tu as moins d’attente ».
Robin Guillaumot a effectivement passé l’essentiel de son Day 4 dans le dernier décile du chipcount. Card-dead durant de longues heures, il a traversé sereinement ce désert de cartes, sans jamais s’agacer de ce manque de jeu. « Je reste très calme. J’avais déjà fait ça toute la journée d’avant. Et en cinq minutes, tu peux passer de 10 à 40 blindes. Il faut être patient. Et puis, les décisions sont plus faciles quand tu n’as pas de cartes » sourit-il.
La sérénité n’empêche pas les émotions. En transperçant ce field titanesque (8 703 joueurs), Robin a senti les palpitations monter, à mesure qu’il se retrouvait sous les 1 000, puis les 100, puis les 20 joueurs. « C’était surtout hier, quand tu passes la barre symbolique des 100 left. Quelques heures plus tôt, on était 500 dans la salle et là, tu te dis qu’il y a une chance sur 100 que tu deviennes millionnaire ».
À partir du Day 4, les paliers commençaient à donner le vertige, mais Robin n’en a pas fait cas. Il les a franchis les uns après les autres, à force de bons folds, mais aussi de quelques coups clefs. Ce craquage d’As mémorable après que Martin Kabrhel lui demande poliment « Do you want me to slowroll you? ». Ce A9
contre K
Q
qui tient pour sa survie dans le tournoi autour des 25 left, alors que Robin était tombé à 4 blindes. Ce 3-bet jam avec A
J
, qui permet de doubler contre le A
8
de Federico Castaing.
Arrivé en table finale, Robin trouve un premier double-up pour ses 2,5 dernières blindes avec Roi-Dame contre le 87
de Ruben Neves. Quelques orbites plus tard, il envoie ses 4 BB au milieu avec A
9
, payé par le 9
9
de Jerry Maher. Un board 3
3
2
5
… K
. Cette fois, c’est terminé, Guillaumot prend la 9ᵉ place de Monster Stack, pour 114 998 $.
Un gain colossal pour ce grinder, loin d’être un spécialiste de MTT. « Je suis joueur de cash-game. Je fais un peu de tournois Live, surtout quand je viens à Vegas une fois par an. Mais sinon, je joue à Paris, en parallèle de ma carrière d’ingénieur, dans laquelle j’ai aussi des projets » affirme le Montpelliérain.
« J’avais fait quelques tournois quand j’étais plus jeune, autour de La-Grande-Motte. C’est là qu’on a commencé avec Samy [Dubonnet], qui était dans le rail pour m’encourager toute la partie. C’est un peu avec lui que je me suis mis au poker, on a fait du chemin depuis ».
L’un est devenu l’un des tops joueurs MTT français, l’autre un joueur de cash-game accompli, et désormais finaliste WSOP.
« Ce qui est dingue, c’est que je fais table finale pour mon premier tournoi en No-Limit du festival. Enfin, mon deuxième puisque j’ai mis deux bullets. Mais sinon, j’ai surtout joué les tournois Mixed-Games. J’adore ça et j’ai un peu travaillé le jeu cette dernière année. Mon meilleur jeu reste le No-Limit, c’est là que j’ai le plus d’edge, et surtout le plus d’expérience ».
Joueur polyvalent, Robin a d’ailleurs prévu un joli cocktail pour le programme de fin de séjour. Un peu de cash-game, mais encore quelques tournois, comme le beau "5K 6-max" ou le 9-Game. Problème : les deux démarrent le même jour... ce jeudi.
N’oublions pas les superbes de deep runs de nos autres Français sur ce même tournoi. Ce matin, ils étaient un beau quatuor de grinders à se présenter sur le Day 4. Le mieux doté en jetons, Samuel Anclevic, était finalement le premier sorti. Le runner-up WSOP a connu une journée en enfer pour sortir en 43ᵉ position, pour 30 802 $.
Surgissant parmi les chipleaders autour des 35 left, Arnaud Enselme (photo au-dessus du paragraphe précédent) a subi deux mauvais coups (As-Dame contre As-Roi puis A5
qui resteal contre J
J
) et se contente finalement de la 24ᵉ place, pour 46 448 $. Même prix pour Clément Meunier (photo ci-dessus), qui a comme Robin joué les équilibristes en jeu shortstack avant de sortir sur une bataille de blindes anecdotique en 18ᵉ position.
On vous a parlé de l'Espagne aujourd'hui, mais le Portugal aussi possède une très belle génération de jeunes grinders. Ils seront deux parmi les sept finalistes à attaquer le cinquième et dernier jour. Loin devant son compatriote Jose Carlos Brito, Pedro Neves (photo), 2,4 millions de dollars de gains au compteur, sera le grandissime favori pour le bracelet et le gros million de dollars à la gagne, avec 85 blindes devant lui, contre 50 pour son plus proche poursuivant Aaron Johnson. Avec quatre joueurs en queue de peloton coincé entre 13 et 15 blindes, on pourrait assister à une conclusion éclair.