Baby Main Event

- 19 juin 2024 - Par Fausto

Quatre mousquetaires poursuivent le rêve à 55 left du Monster Stack.
Samuel Anclevic, Arnaud Enselme, Robin Guillaumot et Clément Meunier reviendront au Day 4 d'un tournoi qui, par son envergure et sa structure, prend des allures de Main Event.

Event #38 : NLHE Monster Stack 1 500 $ (Day 3)

Robin Guillaumot

"Il y a comme une odeur de Main Event, lance Robin Guillaumot en se frottant le bout des doigts comme s’il humait de bonnes épices. Quand tu vois qu’on était plus de 8 000 au départ [8 704 entrées exactement, NDLR] et que le field se rétrécit comme ça... Tu le vois aussi chez les adversaires. Ils sont capables de folds de mutant que tu ne verrais pas ailleurs… Mais aussi de dégoupiller à tout moment." Pas de quoi le décontenancer pour autant. "Je n'ai eu que des décisions simples depuis le début. J'ai bluffé un mec river pour tout son tapis, mais c'est à peu près tout. Globalement, je n'ai eu aucune table difficile."

À la place, il a surtout connu un joli coup de boost au bon moment. Avec 19 blindes, il commence par gagner un coup à tapis préflop avec Roi-Valet contre deux Valets, avant de rafler un 3-way all-in avec deux As. "En deux coups, je suis passé de short stack à deux averages." Le grinder d’Avignon connait la saveur des deep runs WSOP sur ces fields massifs, lui qui avait atteint le Day 4 du Main Event 2021, en étant d’ailleurs l’un des protagonistes de la bulle. À 55 left d’un gros million de dollars, il reviendra demain escorté de trois compatriotes qui comme lui, trouvent à ce tournoi une dégaine de Main Event.

Samuel Bifarella

"C’est son bébé, affirme Samuel Anclevic. Tu sens que les gens jouent différemment que sur un tournoi normal. Ils sont plus “straight-forward”, plus “small-ball”. Il y a comme une ambiance de Main Event. J’aime ces tournois-là parce qu’ils conviennent vraiment à mon style de jeu. Tu as le temps, c’est full exploit… Beaucoup mieux pour moi que les fields plus techniques avec structure rapide.

La lenteur de la structure a permis à Samuel de se construire un joli mur de jetons, brique par brique. "J'ai passé un flip pour ma survie en début d'après-midi avec As-Dame contre deux 10. Puis derrière, je n'ai joué aucun véritable gros coup. Pas de gros "all-in" pré-flop, pas de full "double-up"... J'ai juste hit beaucoup de flop et remporté beaucoup de pots".

Cette addition de petits coups forme un gros total : 13 200 000 jetons dans le sac, soit 44 blindes à la reprise, très largement au-dessus de la moyenne. De là à sentir à quelques vibrations ? "Je ne dirai pas “vibration”, mais c'est vrai qu'à 80 left, je sentais une petite pression. Pas celle qui te fait déjouer, au contraire, celle qui mobilise davantage ton cerveau. Tu comprends que tu es dans un spot potentiellement “life-changing”. Le seul problème de cette pression, c'est qu'elle consomme beaucoup d'énergie. Mais en ce qui me concerne, j'ai toujours été bon sous pression."

Comme, au hasard, lorsqu'il se glissait jusqu'en deuxième place du 1 500 $ Freezeout en 2022. Pourtant, même si Vegas a tendance à bien lui réussir, c'est perclus de doutes et d'interrogations qu'il attaquait ce tournoi. "Je suis là depuis début juin, et je trouvais que je jouais comme une pipe. En plus, je n'étais pas bien, j'avais une douleur à une dent qui s'était réveillée... Je me suis vraiment posé la question de rentrer. Puis comme quoi, un deep run, ça remet les idées en place. Et les finances, aussi."

Arnaud Enselme

"Un tournoi similaire au Main ? J'en sais rien, je n'ai jamais deep run le Main," répond très pragmatiquement Arnaud Enselme. En revanche, le Team Pro Unibet a ses repères sur ce Monster puisqu'il l'a deep run pas plus tard que l'année dernière, s’arrêtant en 48ᵉ place, pour un peu plus de 25 briques. "Peut-être que ça me donne inconsciemment de la confiance. Mais ça reste un tournoi parmi tant d'autres", rationalise "Nono", qui enchainera donc un deuxième Day 4, mais avec près de deux fois plus de jetons que la dernière fois. "J'ai cha**** de ouf, admet le Bordelais. J'ai resteal KJ bouton contre cut-off pour 19BB, il m'a snap call avec AK. C'est venu Q105, brique turn, et 9 river".

Percer un field de 8 000 joueurs n'est pas possible sans un brin de chance. D'ailleurs, tout aurait pu se terminer aux portes du Top 100 pour Arnaud, qui s'est retrouvé à jouer, et donc gagner, le flip de la survie avec une paire de 6 contre As-10 pour remonter à vingt blindes. Pour le reste, il a fourni comme à son habitude une partie exemplaire, faisant preuve de patience pour redresser ce stack chancelant, pour finir par passer la barre des 10 millions.

Clément Meunier

Clément Meunier aussi a connu ce coup de pouce du destin. Et plutôt deux fois qu'une. Malgré son stack faiblard de 2 850 000 jetons (neuf blindes à la reprise), il était aux anges. "Je ne vais pas me plaindre. J'aurais dû être parti depuis longtemps, affirme le Red Diamond (spécialité Short Track), arborant fièrement son pull Winamax. J'ai 3-bet shove deux 10 et Samuel s'est réveillé en grosse blinde avec deux As. J'ai fait le 10. Et avant ça, j'avais passé Roi-Neuf contre Roi-10 !" On espère que Clément sera aussi inspiré à tapis demain. De plus en plus présent sur le circuit Live, le grinder maltais s'assure déjà un quatrième ITM sur cette campagne végassienne, le premier à cinq chiffres, puisque tout le monde est actuellement assuré de 21 025 $.

Hugues Girard

Si ce contingent tricolore du genre "petit mais costaud" a de quoi laisser rêveur, quelques heures plus tôt, le casting nous mettait carrément des étoiles dans les yeux. Corentin Ropert, Alex Réard, Sonny Franco, Romain Lewis, Rémi Castaignon et Hugues Girard (photo) : tous étaient encore dans le coup aujourd'hui, avant de rendre les armes entre la 176ᵉ et la 90ᵉ place. Mais ne boudons pas notre plaisir : les chances de nouvelle table finale française sont réelles sur ce tournoi qui offrira, rappelons-le, près d'1,1 million de dollars à son futur vainqueur, couronné jeudi.

Martin Kabrhel

Un flot continu de paroles et des jetons qui n'ont cessé de couler dans son sens : plus que jamais aujourd'hui, Martin Kabrhel a fait du Kabrhel, pour empaqueter ni plus ni moins que le chiplead. L'insupportable tchèque attaquera le Day 4 avec 24,425 millions, soit plus de 80 blindes, et une confiance en lui toujours aussi inébranlable. Messieurs, dames, préparez vos boules quies.

John Duthie
Ayant terminé sa journée juste à sa gauche, John Duthie a fait preuve de son flegme tout anglais pour terminer tranquillement à huit millions tout pile. Un peu moins d'un an après avoir atteint le Day 5 du Main Event, le papa du circuit EPT fait de nouveau durer le plaisir sur un gigantesque field WSOP.

João Simão
Autre habitué de ce genre de tournoi, le Brésilien João Simão aura fort à faire au départ du Day 4, qu'il attaquera avec sept petites blindes.

Fausto & Flegmatic

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