Soutenu par son père, Daniel Hachem est tout proche d'offrir un nouvel bracelet WSOP à sa famille
Event #41 : Mixed NLHE/PLO Double Board Bomb Pot 1 500 $
Au sein de la grande famille des World Series of Poker, il n'existe qu'un seul patriarche, celui dont le portrait trône depuis l'an dernier dans la salle principale du Horseshoe au-dessus du Thunder télévisé : l'immortel Doyle Brunson. Depuis plus de cinquante ans, l'héritage laissé par Texas Dolly dans le monde du poker est aussi immatériel que constitué de chair et de sang. Et si son fils Todd a davantage brillé en cash game, entre les murs de la Bobby's Game, qu'aux tables des WSOP, il est, lui aussi, entré dans l'histoire des World Series en 2005, en remportant ce qui reste à ce jour son seul bracelet, sur un 2 500 $ Omaha Hi-Lo. Deux titres suprêmes du poker pour un même duo père/fils, dont le plus beau, celui du Main Event, un exploit pas banal, pourtant dans le viseur d'un autre binôme amené à entrer dans la légende : Joe et Daniel Hachem.
Engagé sur le Mixed No-Limit Hold'em / Pot-Limit Omaha Double Board Bomb Pot dont nous vous présentions le concept il y a deux jours, le rejeton a fait parler la poudre, s'invitant au Day 3 avec le deuxième plus gros tapis des seize derniers joueurs. Une dizaine d'heures plus tard, il se retrouvait en heads-up contre celui qui le devançait au chipcount à midi, le Chinois Xixiang Luo. Ce, après être passé tout près de la sortie à quatre joueurs restants, en trouvant un improbable full runner-runner pour doubler quand son adversaire avait rentré sa couleur turn. Derrière, l'élimination de William Kopp en troisième place lui permettait de combler son retard (14 millions contre 18), pour aborder le heads-up avec une vraie chance de victoire. Face à ce qui pourrait être son premier bracelet. Face à son destin. Et ça, c'est son père qui en parle le mieux.
"Daniel avait 12 ans quand j'ai remporté le Main Event [en 2005, NDLR]. Le lendemain, il jouait ses premières parties de poker, nous avait plus tôt confié Joe, présent dans le rail du fiston depuis le début de cette finale. Dès ses 15 ans, j'ai su qu'il avait un truc en plus. Il a un esprit très analytique et il avait déjà la bonne manière de voir les choses. Par la suite, il a passé des heures sur YouTube à regarder tout le contenu poker qui lui tombait sous la main." À commencer par le parcours de son papa sur le Big One de 2005. "Il a pas mal critiqué certains de mes plays !" Un travail qui se fait dans les deux sens. "Il passe en revue certains de mes mains, et vice-versa. Mais c'est étrange en tant que père, comme en tant que joueur, de se rendre compte que, la plupart du temps, il a raison et moi, j'ai tort !"
L'élève aurait-il dépassé le maître ? "Il est meilleur que moi aujourd'hui, ne cache pas papa Joe. J'ai l'expérience de mon côté, mais Daniel est bien plus vif. Ce n'est pas le genre à faire beaucoup de travail technique, mais simplement, il sait ce qu'il fait ! C'est très drôle à observer." Et il pour d'autant mieux en attester qu'il s'est retrouvé plusieurs fois aux premières loges face aux exploits de sa progéniture. "On a joué plusieurs finales ensemble en Australie." La dernière d'entre elles en septembre dernier, sur un High Roller à 5 000 $ australiens. Joe avait fini huitième, Daniel runner-up. CQFD.
C'est quatre ans plus tôt que celui qui n'était alors que "le fils de" s'était révélé aux yeux de la planète poker. Se faufilant jusqu'au Day 6 du Main Event des WSOP, Daniel avait attiré toutes les caméras à lui, pendant que papa s'illustrait en payant sa pizza à toute la table. La belle histoire s'était finalement arrêtée en 79ᵉ place, juste ce qu'il fallait pour nous faire rêver à ce qui aurait été un improbable et inédit doublé. Ce qui est sûr, c'est que les Hachem sont comme chez eux à Las Vegas. "C'est notre deuxième maison ici, abonde Joe. On vient ici depuis maintenant 19 ans. D'ailleurs, cette année, on a ramené toute la famille : on sera quatorze !"
Une armada australienne qui saura faire honneur comme il se doit à son nouveau champion. Car bracelet ou pas, ce 17 juin 2024 restera comme l'acte fondateur d'une nouvelle dynastie, mais aussi d'un joueur en passe de se construire un prénom. Une preuve supplémentaire que le poker peut être cette saine passion qui réunit et qui transcende, du désert du Nevada à l'est australien. Un cadeau universel qui traverse les frontières comme les générations.