Un nombre record de Français se qualifie pour le Day 6
Nombre de poids lourds ont été malchanceux, en premier lieu Adrián Mateos
Il reste 160 joueurs, tous assurés d'un prix de 70 000 $, mais lorgnant sur les dix millions de la première place
Main Event 10 000 $ (Fin du Day 5)
De gauche à droite, en bas : Olivier Chaume, Elliott Kessas, Malcolm Franchi, Emilien Pitavy, Valentin Oberhauser
En haut : l'invité marocain Mohamed Ali Houssam, Sami Bechahed, Malo Latinois, Jean Lhuillier, Clément Van Driessche, Nicolas Vayssières, Dimitri Joubert et Sean Marshall
Il a fallu s'organiser pour la prendre, cette photo. Mais comme elle fait plaisir ! Pensez donc : avec un clan encore garni de douze membres au sortir du Day 5, nous n'avons jamais félicité autant de Tricolores se qualifiant pour le Day 6 du Main Event. Il y a bien sûr eu un peu de casse tout au long de la journée. C'était prévisible. Mais les stats ne mentent pas : plus de la moitié des partants du jour ont tenu. Et bien tenu ! Les gros stacks, notamment, ont fait un taf admirable pour consolider leurs positions. Et parmi ceux qui étaient en difficulté, on en compte plus d'un qui a réussi à trouver le second souffle, remonter la pente, pour au final remplir à ras-bord le "bag" de fin de journée.
Nos prétendants sont si nombreux qu'on aura du mal à tous leur faire une place dans notre traditionnel bilan... Mais tous méritent nos applaudissements ce soir : alors que le field est désormais réduit à 160 joueurs (sur 10 112 au départ !), ils représentent 7,5 % des joueurs encore en course. Un taux jamais atteint auparavant à ce stade du Main Event ! - Benjo
Le mystérieux chipleader du clan français
En tête du contingent tricolore, l'énigmatique Dimitri Joubert emballe un stack de 6,5 millions, après une journée où il a martyrisé ses adversaires et multiplié son tapis par trois. Joueur de cash-game live et online, il s'était déjà illustré en finissant troisième du WPO Dublin en 2016, mais ses apparitions sur le circuit live restent relativement rares. Son tapis n'a fait que grimper toute la journée et très souvent sans showdown, à base de grosses piles avancées pour effrayer ses opposants. Le mystère reste donc entier, que ce soit sur les cartes qui lui ont permis d'emballer un stack de 80 blindes ou sur le background de ce joueur qui souhaite en dire le minimum sur lui et rester dans sa bulle. On respecte. - Tapis_VolantMalo ! Non, mais Malo, quoi !
Beaucoup plus loquace au dénouement de la journée, Malo Latinois a continué sur sa lancée lors du Day 5 avec une augmentation de 50% de son tapis, pour finir à 6,1 millions. Chipleader du clan français à l'entame, Malo a degrind sur les deux premiers levels avant de trouver une confrontation rêvée pour doubler avec les As contre As-Roi pour un pot de 100 blindes, puis de grappiller des jetons après le dinner-break. Présent dans le rail, Clément Richez fait part à Malo de son expérience de 2024 (50e du Main Event) pour l'aider lors ce deep run : les erreurs à éviter, la gestion de la fatigue, les changements de rythme, tout y passe pour le joueur ATM qui poursuit son rêve et avoue avoir du mal à dormir à cause de l'adrénaline du tournoi. "J'ai été faire une sieste au dinner-break pour revenir d'attaque sur les deux derniers niveaux, ça a été très profitable, je me sentais vraiment bien, j'essayais de rester discipliné, choisir les bons spots et de pas faire le foufou." - Tapis_VolantChevre.Miel a sauté comme un cabri
La vraie belle histoire de ce Day 5 côté français, c'est la folle remontada de Nicolas Vayssières. Mourant avec 8 blindes à la reprise, Chevre.Miel est passé de 200 000 à 1,3 million sur le premier level, après avoir d'abord triplé avec les Valets contre As-Roi et paire de 10, puis avec As-Roi suités contre As-Dame. Bouleversé par ce scénario inattendu, il a mis le temps de la pause pour retrouver ses esprits, avant de poursuivre son tournoi avec un tapis beaucoup plus confortable à manœuvrer. Ensuite, il a vécu trois heures de rêve où ses value hands se faisaient payer et ses bluffs passaient pour grimper à 2,9 millions pour une moyenne à 2 millions. Une journée incroyable, qui se finit à 3,8 millions, avec le secret espoir de faire encore mieux que sa 17e place de l'édition 2021. "Ça arrive toute l'année d'être à 160 left d'un tournoi et de finir 50e, relativise Nico. Je ne me mets pas trop d'attente, on verra demain, il faudra jouer main par main, niveau par niveau. Et si demain les Dieux du poker sont avec moi, je serai encore au Day 7. Et si ça se passe mal, j'aurais déjà accompli quelque chose de très bien, et je serai très content, même si forcément un peu déçu." - Tapis_VolantMalcolm, ça rigole franchement
"Ben en fait, j'ai pas la pression, car d'habitude je ne joue que des tournois à 200 joueurs. Du coup, là c'est comme si le tournoi ne commençait que maintenant." Lorsque Malcolm Franchi nous a dit ça, la phrase s'est aussitôt retrouvée dans la rubrique "Citations à la con" de ce reportage. Mais en développant un peu, on ne trouvera aucune trace d'ironie chez le Parisien. Ce qu'il voulait souligner avec cette remarque, c'est qu'il n'estime pas être arrivé à destination sur le Main Event. Et il a raison : il reste encore beaucoup, beaucoup de joueurs à battre, de coups compliqués à jouer. "Et ils vont être de plus en plus compliqués !"Alors en attendant, cet ancien cash-gameur (découvert en live lors du WPO Madrid 2022 après une victoire sur un side event) préfère rester détendu, se permettant même de resteal avec As-4 assortis sur la toute dernière main face à un gros stack ! (C'est passé.) "Je me sens très bien. J'ai eu la chance de faire six ITM avant le Main Event, ça me met en confiance. Ce n'était pas gagné car l'an passé, pour mon premier Vegas, j'ai tout "blank". Il y a une citation qui dit "pour gagner, il faut être prêt à gagner." Alors si je ne gagne pas, il y aura une raison. C'est que je n'étais pas prêt, c'est que ce n'était pas mon tour... Une victoire, cela ne tombe pas du ciel." C'est vrai que voir les choses comme ça, cela permet de relativiser l'enjeu. "L'enjeu, on y pensera quand il restera trente joueurs !" - Benjo
Les 12 Français du Day 6
Nom | Tapis | BB |
---|---|---|
Dimitri Joubert | 6 755 000 | 84 |
Malo Latinois | 6 115 000 | 76 |
Jean Lhuillier | 4 750 000 | 59 |
Nicolas Vayssieres | 3 680 000 | 46 |
Clément Van Driessche | 2 945 000 | 36 |
Valentin Oberhauser | 2 770 000 | 34 |
Sami Bechahed | 2 655 000 | 33 |
Sean Marshall | 2 185 000 | 27 |
Olivier Chaume | 2 105 000 | 26 |
Elliot Kessas | 1 760 000 | 22 |
Emilien Pitavy | 1 550 000 | 19 |
Malcolm Franchi | 1 225 000 | 15 |
Action, réaction !
"Une journée émotionnellement éprouvante" : tels étaient les premiers mots de Valentin Oberhauser au moment de "bag" ses 2,6 millions de jetons (33 BB). Il faut dire qu'au sortir d'une journée interminable (dix heures entières à table), le Français est passé par toutes les émotions. Parti avec un confortable tapis de 2,3 millions, Valentin a fait les montagnes russes presque non-stop. Face à quelques joueurs peu frileux à l'idée de mettre les jetons au milieu de la table, le jeune français s'est retrouvé à de nombreuses reprises à tapis pour grimper toujours plus haut dans les hauteurs du classement.Derrière, le train a commencé à dérailler. "Aujourd'hui, j'ai joué mes premiers vrais gros coups à tapis dont deux qui ont été très durs à encaisser. D'abord aec les Dames contre le A-10 - surprenant - de l'un de mes adversaires. Ce coup-là m'a fait assez mal mentalement. Après, il y a les Rois qui ne gagnent pas contre As-Roi". Après avoir longtemps ressassé ces déconvenues, Valentin Oberhauser reprend finalement ses esprits sur les conseils de ses potes massés derrière la barrière. Résultat, le Français repart sur les chapeaux de roues en remportant un flip ô combien important pour sa survie. Si un dernier coup dur le fera redescendre un peu de son petit nuage, Valentin termine la journée "très content malgré tout ce qu'il s'est passé". Des hauts et des bas, mais à l'arrivée, une qualification pour le Day 6 bien acquise pour Valentin. Son premier deep-run sur le Main Event est peut-être loin d'être terminé.... - VictorP Assis face à Valentin à la même table, Sami Bechahed a, lui aussi, connu une journée pleine de rebondissements. Après avoir entamé ce Day 5 avec 1,7 million de jetons, le Français n'a pas tardé à monter des jetons rapidement. "Le début de journée s'est super bien passé, à tel point que je suis monté à 3,3 millions assez vite. Mais, après cela, je pense m'être un peu trop reposé sur mes lauriers. J'ai pris des mauvaises décisions, tenté un mauvais bluff, ce n'est pas dans mes habitudes", nous dit-il en fin de journée.
Descendu jusqu'à un tapis légèrement inférieur au million de jetons, au sortir de plusieurs petits pots perdus, Sami n'abandonne pas pour autant et parvient finalement à respirer après avoir gagné le flip de la survie, avec 7-7 contre A-Q. "Il m'a fait beaucoup de bien, celui-là. Je suis assez content de ma journée finalement. Si tu m'avais dit trente minutes plus tôt que je mettrais 2,6 millions dans mon sac, je n'y aurais pas cru une seule seconde. Mais c'est ça le poker !", conclut-il, le sourire aux lèvres. - VictorP
Adrián, la grande désillusion
L'autre fait marquant du jour, c'est l'élimination surprise d'Adrián Mateos. Deuxième en stack à l'entame du Day 5, on voyait difficilement chuter le dernier Team Pro Winamax aujourd'hui. Limite, on commençait à réserver son siège sur la table finale ! Et pourtant, la maquiná s'est enrayée à cause de deux grosses confrontations venues lui rappeler que le seul gros tournoi qui manque à son palmarès ne sera pas si facile à aller chercher.
Adrián était pourtant en pleine possession de ses facultés, en témoigne cet énorme fold turn avec deux Rois : il aurait perdu contre deux As. C'était reculer pour mieux chuter : derrière, il subira ce qu'il appellera "le pire bad beat de (s)a carrière" avec deux As contre un As-Roi assorti trouvant la couleur. Le pot pour le chip-lead... Tombé short-stack après ce coup de tonnerre en table télévisée, Adrián cèdera ses derniers jetons quelques minutes plus tard à une anecdotique 317ᵉ place, mettant en RTT toute l'équipe de Dans La Tête d'un Pro qui n'attendait pas mieux qu'aller jusqu'au bout en compagnie du héros madrilène. - Tapis_Volant
Adrián ne fut pas le seul grand nom malchanceux aujourd'hui, loin de là. On a aussi dit au revoir à Kevin MacPhee (248e, photo), Martin Finger (250e), José Barbero (301e), Parker Talbot (308e), Alejandro Lococo (313e), Jonathan Little (316e), Phil Ivey (340e), Maria Ho (445e)...
On va jouer contre qui ?
Chip-leader au départ, chip-leader à l'arrivée : pas un mince exploit que celui signé par le top reg Stephen Song aujourd'hui : avec 12,3 millions, l'Américain toisera le field pour la deuxième journée de suite.Les Espagnols se sont fait du mal entre eux aujourd'hui : si chanceux face à Adrian Mateos, Adrian Garcia pèse désormais 7,3 millions de jetons.
Habitué aux deep-runs sur le Main Event, Alex Keating cherchera maintenant à améliorer sa 35e place de 2016.
Les pros suédois ne représentent plus la même menace que durant les années 2000. Mais gare à celui qui sous-estimera le top-reg Niklas Astedt, classé neuvième au sortir du Day 5.
Un membre du Poker Hall of Fame s'est invité à la fête. D'ordinaire, Brian Rast préfère jouer sur de multiples variantes en simultané. Mais il est tout aussi capable de se contenter du bon vieux No-Limit Hold'em. 21e place au classement provisoire.
Le Maroc est fièrement représenté par Mohamed Ali Houssam, que l'on connait depuis 2011, année de sa victoire World Poker Tour en ses terres, à Marrakech. 2 millions tout rond (25 BB) pour reprendre le combat.
Figure incontournable de la scène high roller qu'il parcourt en long et en large toute l'année, le numéro 1 chinois Tony "Ren" Lin signe son premier deep run sur le Big One. 5,66 millions, c'est propre !
Les plus jeunes lecteurs ne reconnaîtront pas Joe Serock. Même s'il n'a jamais vraiment quitté le circuit, ses perfs les plus lucratives remontent aux années 2000 et 2010, sur des finales WPT et WSOP. Avec près de 5 millions, le comeback est tout à fait envisageable.
Parmi la poignée de joueuses encore en course, l'ancienne infirmière devenue pro, Danielle Andersen, connue sur les réseaux sous le pseudo "Dmoonirl". Elle n'aura pas le droit à l'erreur avec un stack à peine supérieur à 20 BB. - Benjo
Les Français éliminés lors du Day 4
Quatrième ITM pour Antoine Saout sur le Main Event... mais première fois qu'il n'atteint PAS le top 25 !
163ᵉ : Samuel Anclevic 60 000 $
240ᵉ : Frédéric Delval 50 000 $
271ᵉ : Jérôme Zerbib 50 000 $
306ᵉ : Adel Naoun 45 000 $
310ᵉ : Antoine Saout 45 000 $
352ᵉ : Grégory Fournier 40 000 $
354ᵉ : Joseph Sabe 40 000 $
372ᵉ : Rayane Bouibeb 40 000 $
390ᵉ : François Pirault 40 000 $
422ᵉ : Alexis Mtalssi 37 500 $
430ᵉ : Alexis Andre 37 500 $
Une nouvelle de dernière minute qui nous parvient de la salle d'à côté : après une période de "main-par-main" longue de plusieurs heures sur le tournoi de 8-game à 10 000 $, c'est Gus Hansen en personne qui s'est chargé de faire péter la bulle, collant un petit bad beat en Limit Hold'em à Viktor Blom. La finale se jouera vendredi, et si le Day 2 se termine comme il faut, notre Danois figurera parmi les chip-leaders avec deux ou trois tables restantes !
Restons zen : comme le dit si bien Malcolm Franchi, avec 160 joueurs encore en course, il reste un sacré bout de chemin à parcourir sur le Main Event. Mais comme tous les jours, on sera sur le pont dès midi (21 heures en France) pour vous abreuver de photos et infos fraîches en direct du Horseshoe !
Benjo, Tapis_Volant, VictorP & Caroline Darcourt