Ma première fois

- 31 juillet 2024 - Par VictorP

Je l'attendais avec impatience depuis mon arrivée chez Winamax il y a un an : à l'occasion des 54ᵉ WSOP cet été, le journaliste poker que je suis est parti couvrir les World Series of Poker pour la première fois. Une expérience ô combien intense. Entre le taff, de belles rencontres, la découverte de Vegas, et quelques bonnes galères en bonus, je vous raconte mon baptême du feu dans la folie de Sin City.

entrée

Lundi 1ᵉʳ juillet 2024, 07 h 00. Les yeux à peine ouverts, je me lève, l'esprit préoccupé par ce que qui m'attend au cours des trois prochaines semaines. Cette fois, ce n’est pas pour faire connaissance avec les joies d’un WPO à Bratislava ou d’un SISMIX à Marrakech. Non, ce mois-ci, c’est pour vivre le rêve de tout amoureux de poker que je me casse : je m'envole direction Las Vegas, pour le Main Event des World Series Of Poker ! Joueur de poker à mes heures perdues, ce n’est toutefois pas dans la peau de ce dernier que je m’apprête à expérimenter mes premiers championnats du monde de poker, mais dans celle d’un couvreur, arrivé un an plus tôt chez Winamax. 

Excité rien qu’à l’idée d’imaginer mon arrivée en terres américaines, je me rends compte rapidement que je vais devoir me dépêcher si je ne veux pas rater mon avion. Une fois prêt, en bas de mon immeuble, aux côtés de mon immense valise, attendant le taxi, l’excitation est telle que j’en oublie presque le plus important : mon passeport. Une erreur de débutant, je le reconnais... Mais, heureusement pour moi, sans gravité.

queue 10 h 00. Bien installé dans l'avion. Non, en fait, pas du tout. Assis au milieu d’une rangée de trois (sinon ça ne serait pas drôle), j'observe à mon grand désarroi l'arrivée d'un passager de chaque côté, me garantissant plus ou moins un pénible périple transatlantique. À ma gauche, Joe l’Américain n’ayant pas mis de déodorant depuis quelques jours. De l’autre, Mike le vétéran pour qui trouver le sommeil n’est pas un problème. Mais, encore aurait-il fallu ne pas oublier le fameux pince-nez pour éviter le concert à plein volume pendant tout le vol.

Conscient que je vais devoir prendre mon mal en patience, je tente de me mettre rapidement dans ma bulle en écoutant bon nombre de chansons de rap bien énervées pour faire abstraction du reste. Quelques heures de sommeil plus tard, je suis finalement réveillé par une hôtesse venue gentiment m’apporter mon diner. Pas de quoi me réconforter pour autant : le poulet est froid, les légumes également, et je n'arrive finalement qu’à manger un minuscule morceau de pain sur son lit de vache qui rit. Le grand luxe. Quelques heures plus tard, nous finissons enfin par arriver à Dallas pour notre escale, prêt à patienter cinq bonnes heures.

wsopJ’imagine alors pouvoir me balader dans l’aéroport muni d’un énorme sandwich comme ils les aiment au pays de l'Oncle Sam. Il en est tout autre. Je n'ai que mes yeux pour pleurer lorsque j’aperçois des centaines de personnes entassées dans une seule et même file d’attente pour passer la douane. Ma patience est de nouveau mise à rude épreuve. Mais qu’importe, dans quelques heures, je serai à Las Vegas : je ne vais pas me plaindre. Les heures défilent à vitesse grand V, et après en tout et pour tout dix-huit heures de voyage, me voilà enfin arrivé à destination.

Épuisé, mais heureux d'avoir atteint mon but, je découvre, tel un gosse en plein rêve, le côté démentiel de cette ville. Voitures, routes, buildings, casinos, je comprends vite qu’ici, plus c’est gros, mieux c’est. Le lendemain, à tête reposée, nous partons sillonner les dessous de cette terre de jeux. Mais, sous une chaleur proche des 45 degrés, nous comprenons rapidement qu’il est impossible de s’éterniser dehors, dans cette ville où marcher trente secondes suffisent à te faire suffoquer. Finalement, se reposer au bord de la piscine semble être la meilleure des solutions (un peu de brag, ça ne fait pas de mal). Le soir, on se retrouve avec toute l'équipe pour aller manger dans un super restaurant argentin. La viande est incroyable, le service... bien différent de ce que l'on peut vivre à Paris. Un pur plaisir !

wsopNe faisant mes débuts sur les WSOP que le lendemain, je pars à l'aventure au Orleans Casino afin d'y jouer mon premier tournoi à Las Vegas. Dix heures du mat', j'identifie un field légèrement plus âgé qu'à l’accoutumée. Je comprends assez rapidement ce à quoi je vais être confronté : jouer des mains en 9-way avec les rois du limp pendant six heures. Sacrée surprise ! Malgré beaucoup de plaisir pris aux tables, ce fut un échec. Les 4 000 $ promis au vainqueur n'iront pas dans ma poche. Next time.

Le lendemain, j'attaque enfin ! Je me rends au Horseshoe, prêt à entamer ma première journée de travail sur le Day 1B du Main Event des WSOP. Et là encore, l’immensité de la salle est telle que je me demande bien comment je vais réussir à mettre la main sur les quelques joueurs français à qui je souhaite parler. Sans seat draw à disposition, ça s'annonce très compliqué. Sans désespérer pour autant, je finis petit à petit par trouver ma place.

Heureux, les joueurs interviewés le sont visiblement. Petit big up au vainqueur de la Team Pro Expérience Renaud Gonon, avec qui j'ai adoré partager les avancées de son incroyable parcours sur le Main Event. Malgré quelques difficultés rencontrées tout au long de cette interminable première journée, j’estime alors avoir accompli ma mission de couvreur. Tout en sachant que le plus dur reste à venir. Heureusement, le très beau début de parcours de nombreux joueurs français me fait presque oublier la fatigue. Enjoué par ce qu’ils sont en train de réaliser, je me sens, au fil des jours, de plus en plus impliqué par leurs avancées. 

victor
Déjà très heureux à l’idée d’échanger avec la crème du poker français en pleine réussite sur ce Main Event, mon collègue Victor Saumont me donne quelques jours plus tard l’idée d’aller interviewer l’une des meilleures joueuses de l'histoire : l’immense Kristen Foxen, détentrice de quatre bracelets WSOP. Intimidé et persuadé qu’elle n’aura pas le temps de parler à un jeune journaliste français inconnu au bataillon, je pars tout de même tenter ma chance. Et qu’elle fut ma surprise lorsque la Canadienne a répondu positivement à ma demande d’interview, comme à son habitude, toute souriante et heureuse d’être encore en course à 18 left du titre le plus convoité du monde. D’autant qu’à côté de cela, deux Français continuent de nous faire rêver. Malo Latinois, que l’on a découvert quelques mois plus tôt lors de l’EPT Paris, et Malcolm Franchi, que l’on a plus l’habitude de voir dans les cercles de jeux parisiens, sont encore en lice pour potentiellement devenir le premier joueur français de l’histoire à remporter le Main Event des WSOP. On ne dirait pas comme ça, mais c'est quelque chose d'assez fou !

wsopDevant conserver toute impartialité, il devient néanmoins de plus en plus difficile de ne pas m’attacher à ces deux joueurs avec lesquels je n’ai cessé de sympathiser tout au long de ces rudes journées. Qu'on se le dise : je veux en voir gagner un. Et s'ils peuvent se battre tous les deux pour la victoire lors du heads-up final, c'est encore mieux. Mais, nos souhaits ne se réalisent pas toujours. À peine revenu du dinner break, c'est avec beaucoup de déception que je vois finalement Malcolm se lever de sa chaise en 11ᵉ position. Une frustration qui ne m’empêche toutefois pas de le féliciter grandement lorsque nos regards se sont croisés quelques minutes après. Devant une partie du clan français abattue par ce qu'il vient de se passer, je reste tout de même très heureux à l’idée de savoir qu’il y aura au moins un Français présent en table finale du Main Event, en la personne de Malo. En plein rêve, le Breton, membre de la Team Aim The Millions, l’est tout autant que nous, journalistes, émerveillés par ce qu’est en train de réaliser ce jeune joueur français pour qui le poker était encore un jeu inconnu cinq ans plus tôt. 

wsopImpatient à l’idée de le voir se frotter à quelques-uns des meilleurs du monde tel que Niklas Astedt, considéré comme l’un, si ce n’est, le tout meilleur à l’heure actuelle, je dois faire face à un problème de taille : je suis testé positif au Covid. Oui, ça existe encore ce truc. Une bien mauvaise nouvelle, j'étais si près du but. Mal en point, je ne peux malheureusement pas me rendre au Horseshoe pour assister à la finale de Malo. Devant ma télé, toujours autant persuadé qu’il va finir par remonter dans les hauteurs du classement, je n'ai plus que mes yeux pour pleurer lorsque je comprends que son rêve vient de prendre fin au sortir d’un cruel flip aux multiples rebondissements.

Et alors que Malo affirme, à chaud, se rendre compte de la chance qu’il a eu de pouvoir deep run ce tournoi-là en particulier, c'est aussi l'occasion pour moi de réaliser la chance que j’ai eue de vivre ces trois semaines, à Vegas, dans l’antre du poker.

wsopIl est maintenant l'heure pour moi de partir de Las Vegas, l'esprit partagé. Heureux de rentrer après trois semaines à avoir été quelque peu coupé du reste du monde. Mais, également nostalgique de tous les moments incroyables que j'ai vécus aux côtés de ma team : Benjo, Fausto, Tapis_Volant, Caroline et Renato. Les bons restos, les vibrations suite aux parcours des Français, les rencontres avec les joueurs, et pour finir en beauté, un petit road trip le temps d'une après-midi près du barrage Hoover. L'occasion de découvrir une construction gigantesque en plein désert, et de se rafraîchir le temps d'une courte mais incroyable baignade dans la réserve naturelle d'Eagle Wash.

Je peux enfin maintenant l'affirmer : un de mes rêves est devenu réalité.

Joueurs, joueuses, confrères journalistes et collègues de Winamax, je n’ai plus qu’à vous dire une chose : merci !

VictorP

WSOP 2024 : tous nos articles

Le Texas reprend sa place

- 18 juillet 2024 - Par Benjo DiMeo

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Grinder acharné en live depuis près de vingt ans, Jonathan Tamayo remporte le plus gros Main Event WSOP de l'histoire (10 000 000 $)
C'est la première victoire d'un natif du "Lone Star State" depuis plus de quarante ans !

Jonathan Tamayo
C'est un moment annuel dont tous les amoureux de poker ne pourront jamais se lasser. Celui où l'on découvre, en temps réel, la réaction du vainqueur du plus gros tournoi du monde pile au moment où la dernière carte est retournée. Ces dernières années, on avait pris l'habitude de voir des pros expérimentés rester plus ou moins de marbre. En contrôle de leur technique tout au long du tournoi, les Espen Jorstad et autres Koray Aldemir savaient aussi garder leurs émotions pour eux une fois la partie bouclée. Professionnel aguerri depuis près de vingt ans, spécialiste des MTT live sur le circuit américain, Jonathan Tamayo n'appartient pourtant pas à cette catégorie. Quinze ans après être passé tout près de la finale sur le Main Event des World Series of Poker (23ᵉ en 2009), le Texan peinait à réaliser qu'il était cette fois allé au bout.

Jonathan Tamayo
Tout au long de la finale, le Texan avait été soutenu par une coterie de pros réputés, dont l'Allemand Dominik Nitsche et surtout un joueur qui l'avait précédé sur le devant de la scène, le champion du monde 2015 et accessoirement l'un de ses meilleurs potes, Joe McKeehen. Un rail apportant une aide à la fois morale et technique. Mais lorsque tout s'est terminé, le soutien est devenu littéral : à genoux, c'est un Tamayo complètement hébété, incrédule, qui s'est fait redresser par ses potes, tel le tuteur faisant tenir droit la plante.

Jonathan Tamayo
"Mayo ! Mayo ! Mayo !" scandent les amis à l'unisson. Très vite, Joe McKeehen arrive sur le podium. C'est le moment de passer le témoin : l'ami et ex-vainqueur offre le bracelet au nouveau Champion du Monde de poker. Sans doute qu'à ce moment, Tamayo repense à toutes les fois où il aurait pu être éliminé. Notament lorsqu'il a trouvé un 3-outer hier lors de la première partie de la finale, puis lorsqu'il a joué le plus important des coin-flips en heads-up face à Jordan Griff. - Benjo

Tamayo : les réactions à chaud

Jonathan Tamayo
"Je n'arrive pas à croire la chance que j'ai eue d'avoir une seconde chance. Il n'y a qu'un nombre limité de Main Events que l'on peut deep run dans une vie."

"On m'a souvent dit que ce tournoi est impossible à gagner. Avec la taille du field, cela semble certainement vrai. Alors quand on s'assoit à table le premier jour, on se dit, 'OK, je vais simplement bust, ça ne sera pas joli, je ne vais pas me sentir bien, mais la vie va continuer.' On se prépare mentalement. Je n'arrive pas à croire que je ne me suis pas fait éliminer avant d'arriver en 3-handed."

Jonathan Tamayo
"Mes parents dirigent une entreprise, ils avaient programmé un voyage d'affaires à Vegas pile au moment du Main Event. Ils ne devaient pas venir me voir, mais quand ils ont su que j'étais en finale, ils m'ont dit qu'ils annuleraient toutes leurs réunions quoi qu'il arrive. Ils ont bien fait de venir !"

"Gagner le Main Event, ça ne me paraît pas réel. Je n'y crois pas, ce n'est pas la vraie vie. Et il y a autre chose d'incroyable : un de mes meilleurs potes a déjà gagné ce tournoi. Donc, on a maintenant deux vainqueurs dans notre cercle d'amis. On n'aurait jamais imaginé que ça se produise un jour, même une fois. Ça va être marrant, désormais, de se moquer de nos potes qui eux ne l'ont pas gagné !"

Le dernier mot sera pour ceux qui ont critiqué son fold préflop avec deux Dames alors qu'il restait dix joueurs :

"Foldez les Dames... et jouez 8-3 dépareillé !" C'est avec ce combo improbable, et non pas la troisième meilleure main de départ du poker, que Jonathan Tamayo est devenu Champion du Monde. - VictorP

Un joueur serré, mais qui se soigne

Jonathan Tamayo
Oui : on peut gagner le Main Event en refusant de jouer une paire de Dames après une relance préflop, alors qu'il reste dix joueurs... Peut-être même, en fait, que c'est exactement comme ça qu'on peut gagner le Main Event. On a souvent eu l'occasion de commenter les tendances serrure de Jonathan Tamayo. Mais, s'empressait-on d'ajouter, on se doutait qu'il serait capable de libérer son jeu à mesure de sa progression en table finale. Professionnel appliqué et sérieux, Tamayo n'a jamais oublié les considérations ICM et les paliers de gains. Mais, lorsqu'il s'est finalement retrouvé à une marche du titre, avec un "simple" heads-up à gagner, après la surprenante explosion en vol de Niklas Astedt, le Texan était prêt, et n'a pas manqué son rendez-vous avec l'histoire.

Tamayo sans additif

Jonathan Tamayo
Ce Main Event sacre un joueur dont on ignorait tout avant le départ de ce tournoi. Un reg américain connu des regs américains, sillonnant le circuit national depuis près de quinze ans, en y amassant quelques performances honorables, pour deux gros millions de dollars de gains. Une bague WSOP-C à Palm Beach en 2013, une “win” au Wynn en 2021 et un premier deep run sur le Main Event en 2009, lors du millésime Joe Cada, constituaient ses principaux faits d’arme. Des résultats ni trop bons, ni trop mauvais, pour apparaitre encore hier à la 572e place de “All-Time Money List” américaine. Jonathan fait aujourd’hui un petit bond au classement, intégrant directement le Top 50, juste devant un certain John Racener et derrière Josh Arieh.

Grinder de l’ombre depuis quinze ans, Jonathan Tamayo se voit d’un coup braqué de mille projecteurs. Une lumière que ce joueur discret, simple et introverti n’a jamais vraiment cherché, mais que les cartes ont décidé de diriger vers lui. Né dans la ville de Humble (ça ne s’invente pas), dans le comté de Harris, Tamayo devient le premier Texan à inscrire son nom au palmarès du Main Event depuis 1982 et la victoire de Jack Straus, légende du poker à l'origine de l’expression “a chip and a chair”.

Plus de quarante ans d'attente auront été nécessaires pour que les Texans retrouvent le premier plan sur le jeu qu'ils ont inventé. La remontée de Tamayo fait honneur à la légende du "Lone Star State". Elle rappelle à quel point le poker autorise ce genre de comebacks, même lorsque le meilleur joueur du monde est dans les parages, permettant ainsi à un anonyme de connaitre son jour de gloire. - Fausto

Main Event WSOP 2024 - Résultats
10 112 inscrits - Dotation 94 041 600 $

Jonathan Tamayo

Place Joueur Gains
1 Jonathan Tamayo (USA) 10 000 000 $
2 Jordan Griff (USA) 6 000 000 $
3 Niklas Astedt (Suède) 4 000 000 $
4 Jason Sagle (Canada) 3 000 000 $
5 Boris Angelov (Bulgarie) 2 500 000 $
6 Andres Gonzalez (Espagne) 2 000 000 $
7 Brian Kim (USA) 1 500 000 $
8 Joe Serock (USA) 1 250 000 $
9 Malo Latinois (France) 1 000 000 $

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

Jonathan Tamayo

WSOP 2024 : tous nos articles

[Vidéo] Le Flash des WSOP #9

- 18 juillet 2024 - Par Flegmatic

Clap de fin sur les World Series of Poker et donc sur le Flash des WSOP. Mais pas avant de vous avoir résumé l'actualité folle de ces derniers jours : la victoire de Clément Richez sur le Mid-Stakes Championship, la deuxième place d'Alex Réard sur le 6-max Championship et la neuvième place de Malo Latinois sur le Main Event, remporté par Jonathan Tamayo. À part ça, vous pensiez que tout coûte une blinde à Vegas ? C'est que vous ne connaissez pas le Pinball Hall of Fame, où Harper vous emmène faire une ultime excursion. On espère que ces Flash vous ont plu : à l'année prochaine !

WSOP 2024 : tous nos articles

[ITW] Clément Richez : 'Le bracelet ? C'est comme être dans un sauna avec le calme absolu'

- 18 juillet 2024 - Par Fausto

Le 15 juillet, Clément Richez remportait un bracelet WSOP pour 1 million de dollars. Le lendemain, il voyait son poulain Malo Latinois atteindre la finale du Main Event. Le grinder aux mille tatouages revient sur cette fin de Vegas surréaliste, ce rêve devenu réalité de voir la Team “Aim The Millions” au sommet du poker et enfin, sa dernière mission, devenir le meilleur joueur de cash-game au monde.

Richez

Crédit photo : WSOP

"Les défaites, ce sont juste des tests"

Salut Clément, tu sors de deux jours de folie. Procédons par ordre, tu as eu le temps de digérer ce bracelet WSOP ?

Sur le moment, j’ai eu beaucoup d’émotions. Je me suis mis à pleurer, à respirer très fort pour pouvoir me calmer, alors que je ne m’y attendais absolument pas. Après ça, il y a la deuxième étape, celle où tout le stress redescend. J'étais avec mes potes en train de boire un coup, et je me sentais comme dans un sauna. Tu vois, un endroit très chaud, où c’est le calme absolu. Y’avait beau avoir le bruit des machines ou des jetons à côté, dans ma tête, c’était le silence, comme dans un bain chaud.

Maintenant, la troisième étape, c’est savoir comment investir cet argent sur moi-même, pour pouvoir en profiter et aller plus haut dans le poker. Là maintenant, je suis calme, je suis content, c’est un peu le rêve… Cette victoire, ça permet aussi d’être légitime mine de rien, même si je ne me considère pas du tout comme champion du monde. Pour moi, il n’y a qu’un gars qui est champion du monde (le vainqueur du Main Event). Mais, le bracelet, ça permet d’être légitime pour la vie. Regarde Patrick Bruel : on le désignera toujours comme un champion du monde.

Ce tournoi, le Mid-Stakes Championship à 3 000 $, arrive à la fin d’un long Vegas. Tu peux nous replacer dans le contexte où tu arrives sur ce tournoi ?

Je suis arrivé le 9 juin et le tournoi commence le 13 juillet. En début de Vegas, j’étais excité. Je voulais en découdre, je me sentais incroyablement confiant dans mon jeu. J’ai beaucoup progressé cette année. Même si c’est en cash-game, ça se transmet en tournoi également. Et jour après jour, défaite après défaite, l’excitation s’en va. Je me retrouve à être dans le dur, à me lever, fatigué, sans aucune envie d’aller jouer un tournoi et pourtant, j’y retournes.

Clément Richez

Début juillet, j’ai une discussion avec mon coach mental (Laurent Delbrel). Il m’a dit “J’te connais, je sais que t’es un compétiteur. Si tu veux aller au très haut niveau, pour toi, ces défaites, ce sont juste des tests". Si jamais tu rencontres le meilleur du monde, comment est-ce qu’il réagirait ? Est-ce qu’il se plaindrait de ces difficultés ? Si j’entends le champion du monde dire ça, je me dirais que c’est pas un champion du monde. Le bad run, j'en ai fait une compétition. Je voulais me prendre encore plus de bad beats pour que ce soit encore plus difficile. Dès que j’ai eu ce changement de mentalité, tout est devenu très simple. Je jouais juste pour entrainer mon mental.

C’est pour ça que sur Instagram tu réclamais des bad beats, pour voir jusqu’à quel point tu pouvais être challengé ?

Exactement. C’est le fait de savoir que plus c’est difficile, plus d’autres personnes vont abandonner. Donc tu gagnes déjà une compétition. Si tu t’en prends des sales, mais que tu réagis de la bonne manière, tu sais que pendant ce temps, d’autres vont partir en tilt et être écartés de la compétition. Tu creuses l’écart avec les autres et ça rajoute quelque chose d’excitant pour moi.

Ce qui est dingue, c’est que le résultat arrive très vite après ce changement de paradigme…

C’est un film. Littéralement. Ça survient une semaine après. Si tu veux écrire le scénario, c’est “le héros a du mal, il galère, il a une discussion qui lui change la vie et derrière il réussit”. C’est un film de A à Z.

"J'ai été conditionné pour faire les bonnes choses. Et à chaque fois, je suis récompensé"

Tu peux nous raconter les grandes étapes de ce tournoi et comment tu l’as vécu ?

Les tournois, je ne les vois pas avancer. C’est très rapide quand tu es en table. Tu joues dix heures, elles passent en deux secondes et t’enchaines comme ça tous les jours. Ce qui est drôle, c’est que le tournoi s’est déroulé exactement comme les gens pensent qu’il doit se dérouler. C’est à dire qu’on ne se rend pas compte de la chance qu’on a. Le tournoi te fait te dire que tu as trop bien joué alors qu’en fait, tu as trop chatté. Je n'ai pas touché avec deux Dames contre deux Rois, je n'ai pas gagné quinze flips, j’en ai perdus autant que j’en ai gagnés… Mais quand t’as les Dames, que l’autre a les 8, et que ça tient, c'est de la chance.

Clément Richez

J’ai eu un coup très important. J’ai J9 au CO, Chance Kornuth call au bouton et un papi américain call de grosse blinde. J93 au flop. Je mise, Kornuth raise, le papi fait tapis, je fais tapis et Chance paye. Il a A6, l’autre a 108… Donc je joue contre beaucoup d’outs. Je le gagne, j’élimine les deux. Et à partir de là, c’était tranquille. J’étais énorme, et je sentais que les joueurs avaient peur. Je ne sais pas si c’est l’expérience mais le million à la gagne ne m’impressionnait pas, le bracelet, ce n'était pas un objectif donc j’étais sans pression. Je jouais les mains les unes après les autres en essayant de jouer du mieux possible. Alors que les autres, je les voyais pétrifiés, trembler. Personne n’allait se lancer dans un bluff 3-barrel donc pour moi, c’était facile de manœuvrer. Tu leur fais faire des énormes fold et toi tu folds aussi, c’est très simple.

Si tu ne regardes pas le payout et que le bracelet n’a jamais été un rêve pour toi, qu’est-ce qui te “drive” sur ces tournois, qui te donne cette détermination d’aller au bout ?

Toute ma vie, j’ai été conditionné pour faire les bonnes choses, et je suis récompensé. Je vais te prendre une métaphore : si une dame fait tomber son portefeuille, t’as le choix entre le garder et le redonner. Je sais qu’à chaque fois, je vais redonner le portefeuille et je serai récompensé. Comme si la dame te le redonnait en disant “Tiens, garde-le y’a mille balles dedans”. J’ai plaisir à bien faire les bonnes choses, et je sais que quoiqu’il arrive, j’en sortirai grandi. Pour le poker, je sais que ma place l’été est à Vegas, à jouer tous les tournois à fond, et à la fin de l’histoire, c’est toujours pareil, j’ai été récompensé.

Clément Richez

Avant, tu disais que le bracelet ne te faisait pas fantasmer. Mais quand tu l’as eu, t’as senti des émotions que tu n’attendais pas…

En y repensant, je faisais un peu le malin. Si on me proposait de gagner 1 000 000 $ et un bracelet ou bien 1 005 000 $ mais sans bracelet, je répondais toujours que je prenais les 1 005 000, parce que le bracelet c’est juste une breloque. J’étais pragmatique. Mais c’est enfantin de penser comme ça. Maintenant que je l’ai, je comprends qu’il faut prendre le bracelet tout le temps.

Qu’est-ce que t’as ressenti au moment de le gagner ?

Pendant tout le heads-up, je ne voulais pas penser au bracelet. Il était à côté mais je ne le regardais pas. Si tu fais deuxième, ça te hante à vie ! C’est tellement décevant de se dire qu’il était si proche... Je voulais m’éloigner de tout ça. Du million de dollars, du bracelet. Je pense que c’était un peu une manière de me préserver en cas de défaite. Mais maintenant que je l’ai, ça y est, on ne peut plus me le voler. C’était tellement fort, j’ai même les larmes aux yeux qui me reviennent en en parlant. C’est l’expérience poker la plus forte que j’ai jamais eu de ma vie. Ce qui est drôle c’est que j’ai dit à ma femme “Ça te rend presque accro à cette sensation, alors que tu ne la retrouveras peut-être jamais”. La seule place où ton cerveau est “éteint” à la fin, c’est la première. Quand t’es second ou une autre place, tu repenses à ce flip, à cette main que t’aurais pu jouer différemment… Mais là non. T’es zen, c’est fini. Tu as fait tout ce que tu devais faire.

Et puis, voir le soutien des Français, ma femme qui est venue, qui était en pleurs, fière de moi... Il y avait tout ! C’est une vraie consécration. Alors qu’un mois avant je t’aurais dit “J’en ai rien à faire !”

Le bracelet, c’est le symbole, mais il y a aussi tout le moment qui entoure cette victoire avec le rail français qui chante et qui danse autour de toi…

Au-delà de ça, je trouve ça beau de se dire qu’il y a des gens, qui ont zéro part sur moi, on se connait pas trop finalement, on se croise une fois par an sans trop d’affinités et pourtant, ils étaient là, et ils sont heureux pour moi. Tu les voyais vibrer, appeler les cartes… Je trouve ça magnifique. Ça m’a beaucoup touché.

Richez Rail

Crédit photo : WSOP

Tu dis que ta place est ici, et ça fait effectivement deux ans que tu viens et tu repars avec, dans l'ordre, un deep run Main Event, puis un bracelet. Les deux plus grands rêves des joueurs de tournoi… Alors que tu n’es même pas un joueur de tournoi. Comment expliquer ça ?

Il y a une grande part de chance. Ça serait mentir que de dire que je suis supérieur aux autres. Ce n’est pas mon format. Je pense à d’autres joueurs, Axel Hallay par exemple, qui a fait quatre TF pour zéro bracelet, alors que c’est des meilleurs joueurs français de tournoi. Moi, je joue vingt tournois dans l’année, je fais un bracelet et une 50e place sur le Main… Et en même temps, mon poulain fait finale du Main Event ! J’ai réalisé tous mes rêves possibles, c’est fou. Il ne me reste plus qu’à battre tous les “LinusLove” en cash, que ce soit marqué dans les médias que je l’ai dépassé ou qu’il dise lui-même “Je ne peux pas le battre”, et là, j’aurait tout fait.

"Notre premier rêve, c’était d’inviter la Team ATM à Vegas, et leur filer les liasses en leur disant “C'est pour vous, allez jouer” !"

On va parler de cet objectif mais puisque tu évoques Malo, qui traçait son chemin vers la finale du Main Event pendant ton deep-run, comment tu as vécu ce partage de concentration entre les deux tournois ?

Fin Day 3, c’était une catastrophe. Déjà, j’étais fatigué, et en plus il y avait Malo qui arrivait à dix left. Je me levais en plein milieu des mains, les gens se plaignaient en disant “Il faut muck sa main”… Je n’étais pas du tout concentré, je voulais vraiment voir Malo dans les neuf. C’était incroyable. Et je pensais “Imagine, je gagne le bracelet, et je me retrouve en tribune le lendemain pour voir Malo”. J’ai gagné le bracelet et j’ai réalisé mon rêve.

Vous êtes une équipe. Malo c’est ton élève, toi tu es le fondateur. Ça fait quoi de voir la Team Aim The Millions championne du monde, puis sur la plus grande finale du monde ?

C’est drôle parce qu’avec Ben, quand on créé “ATM”, on hésitant entre “Aim The Million” ou “Aim The Millions” avec un S. On se disait qu’un million d'euros de gains, ça serait déjà fou. En ligne, on a dépassé les 4 millions. Et là, si tu rajoutes le live… En 2017, ça nous paraissait quelque chose d’impossible avec Ben. En fait, on a réalisé tout nos rêves. Notre premier, c’était d’inviter la Team à Vegas, et leur filer les liasses en leur disant “C'est pour vous, allez jouer !”. On avait vu un Allemand faire ça, on se disait “Ah l’batard, c’est stylé”, on voulait faire la même chose, c’est ce qu’on a fait.

Clément Richez Ben Chalot

Deux jeunes squales sur leurs premiers WSOP, en 2017

Ensuite, on voulait en voir un en table finale, juste en table finale. Et là, on fait table finale du Main Event ! Maintenant, le but, c’est de créer les meilleurs joueurs du monde et qu’on continue de parler de nous. Quand je vois les articles Winamax ou autres en disant “le joueur de la Team ATM, le prodige de la Team ATM”, ça me rend le plus heureux de la Terre.

"On va faire un film sur Malo"

Tu disais que c’était un vrai scénario de film… Mais effectivement, vous étiez suivi par des caméras. Quelle est cette équipe de tournage, et le projet derrière ?

Il y a Alex Treil et Edouard Debrousse. C’est toujours cette volonté de bien faire les choses. Lancer une chaine YouTube, il faut le justifier. Quand t’es une entreprise, tu comptes en coûts et en recettes. Avec Ben, on sait que c’est le bon investissement. On sait qu’on doit faire des vidéos, proposer du contenu de haute qualité, et on sera récompensés plus tard.

Clément Richez

Là, on va faire un film sur Malo, du début jusqu’à la fin de son Main Event et l’histoire est folle parce que c’est son premier Vegas. Et il y aura un film sur ma table finale, qu’on a pu filmer derrière mon épaule. L’objectif va être d’affiner notre style, trouver quelque chose qui plait vraiment aux gens, qui nous fasse plaisir à produire et de jouer potentiellement plus de live avec Ben, pour proposer du contenu dans le même style.

"Partir à la guerre, sur les tables les plus chères, face aux meilleurs du monde"

Maintenant que ce Vegas est terminé, quelle sera la suite, et ce nouveau projet ambitieux que tu évoquais ?

Là, je vais rentrer au Mexique et j’ai envie de silence complet. Juste être dans mon lit, que personne ne me dise quoi faire et qu’il n’y ait pas un bruit, puisqu’à Vegas, ce n’est pas trop le cas. Après quelques jours, je vais partir à la guerre. Littéralement : la guerre. Je vais me battre pour devenir le meilleur. Travailler tous les jours, dix heures par jour entre l’étude et le grind. Jouer sur les tables les plus chères du monde, contre les meilleurs du monde, sans fish. Quand il y a un amateur, tout le monde gagne. Là, il n’y aura pas d’amateur, donc si tu gagnes, c’est que t’es meilleur, point. Ca va prendre des années et des années. Tu me verras en NL10K en train de “HU” les top-monde, et tu sauras que je suis en train de réaliser mon dernier rêve du poker.

Clément Richez

Tu t’es donné un temps imparti ?

10 000 heures. Soit sept heures par jour, six jours sur sept, pendant cinq ans. Et y’aura pas de vacances de deux mois où je ne sais pas quoi. Et encore, avec les deux mois de Vegas, ça sera plus du neuf heures par jour. J’ai arrêté de coacher. J’ai fermé la Team principale “Cash-Game” d'ATM, mais j’ai ouvert la Team Académie, dirigée par deux des meilleurs joueurs français. Mais moi, je vais m’enfermer pendant cinq ans.

Tu suivras quand même les projets ATM ?

Evidemment. Je suis 100% ATM et je serai 100% là. C’est seulement les coachings qui vont disparaitre. Pour une heure de coaching, je prends sept heures de préparation. Je préfère passer ce temps à travailler sur mon jeu et à jouer. Et pour la section tournoi, elle sera toujours gérée en Hongrie par Benjamin Chalot et Adrien Delmas.

Toi, tu as fait le choix du Mexique. Est ce que ce changement de vie te convient, tant d’un point de vue perso que de ton quotidien de grind ?

C’est génial, j’ai neuf heures de décalage horaire, donc si je veux jouer contre les Européens je me lève à 10 heures ou à midi. Avant je jouais de 19h à 4h du mat’, c’est un rythme que je déteste. Je me sens très bien au Mexique, c’est dépaysant. Je vais y rester cinq ans. Quand on aura les enfants, et qu’ils auront cinq ans, on repartira en Europe. Je suis très bien là-bas, avec ma femme et mes chiens, c’est super.

Merci beaucoup Clément. Bonne chance à toi dans tous ces nouveaux projets et félicitations !

WSOP 2024 : tous nos articles

Event #81 : MAIN EVENT World Championship 10 000 $

- 18 juillet 2024 - Par Flegmatic

Jonathan Tamayo / Reportage WSOP
Jonathan Tamayo (USA) 10 000 000 $

10 112 joueurs (freezeout, obv !)

62 Français ITM
9ᵉ : Malo Latinois 1 000 000 $
11ᵉ : Malcolm Franchi 800 000 $
23ᵉ : Eliott Kessas 350 000 $
38ᵉ : Jean Lhuillier 250 000 $
74ᵉ : Sami Bechahed 120 000 $
80ᵉ : Dimitri Joubert 120 000 $
85ᵉ : Nicolas Vayssières 100 000 $
91ᵉ : Sean Marshall 100 000 $
104ᵉ : Olivier Chaume 100 000 $
131ᵉ : Valentin Oberhauser 85 000 $

140ᵉ : Clément Van Driessche 70 000 $
148ᵉ : Émilien Pitavy 70 000 $
163ᵉ : Samuel Anclevic 60 000 $
241ᵉ : Frédéric Delval 50 000 $
272ᵉ : Jérôme Zerbib 50 000 $
307ᵉ : Adel Naoun 45 000 $
311ᵉ : Antoine Saout 45 000 $
353ᵉ : Grégory Fournier 40 000 $
355ᵉ : Joseph Sabe 40 000 $
373ᵉ : Rayane Bouibeb 40 000 $

391ᵉ : François Pirault 40 000 $
423ᵉ : Alexis Mtalssi 37 500 $
430ᵉ : Alexis André 37 500 $
496ᵉ : Cédric Schwaederle 35 000 $
518ᵉ : Damien Robert 35 000 $
535ᵉ : Renaud Gonon (Team Pro Experience) 35 000 $
582ᵉ : Florian Ribouchon 32 500 $
589ᵉ : Teddy Tuil 32 500 $
622ᵉ : Victor Fryda 30 000 $
676ᵉ : Cécile Ticherfatine 27 500 $

684ᵉ : Léo Curial (Vainqueur KING5) 27 500 $
686ᵉ : Romain Lewis (Team Winamax) 27 500 $

695ᵉ : Vincent Robert 27 500 $
748ᵉ : Stéphane Revelly 27 500 $
783ᵉ : Simon Prud'homme 25 000 $
820ᵉ : Ludovic Uzan 25 000 $
824ᵉ : Hugues Girard 25 000 $
869ᵉ : Meddi Ferrah 22 500 $
902ᵉ : William Reymond 22 500 $
904ᵉ : Fabien Gun 22 500 $

1 017ᵉ : Yohan Rascar 17 500 $
1 051ᵉ : Clement Lescanff 17 500 $
1 055ᵉ : Quentin Guivarch 17 500 $
1 065ᵉ : Olivier Theze 17 500 $
1 074ᵉ : Paul-Francois Tedeschi 17 500 $
1 090ᵉ : Christopher Marcadet 17 500 $
1 114ᵉ : Jérôme Bacouel 17 500 $
1 128ᵉ : Édouard Mignot 17 500 $
1 162ᵉ : Théo Devidal 17 500 $
1 187ᵉ : Karim Lehoussine 17 500 $

1 208ᵉ : Romain Bremond 17 500 $
1 223ᵉ : Jacques Mayer 17 500 $
1 224ᵉ : Robin Gérard 17 500 $
1 287ᵉ : Maxence Carbonneaux 15 000 $
1 323ᵉ : Jonathan Fhima 15 000 $
1 334ᵉ : Emilio Ulisse 15 000 $
1350ᵉ : Paul Amsellem 15 000 $
1 352ᵉ : Alain Elhajj 15 000 $
1 368ᵉ : Arnaud Antoine 15 000 $
1 413ᵉ : Paul Patouilliart 15 000 $

1 467ᵉ : Benjamin Pollak 15 000 $
1 488ᵉ : Pierre Tassin 15 000 $

Mais aussi...
318ᵉ : Adrián Mateos (Espagne) 45 000 $

Photo : WSOP.com

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