Winamax

Un field pas si random

- 12 juillet 2023 - Par Benjo DiMeo

Il y a plus de pointures que vous ne le pensez parmi les 149 derniers joueurs du Main Event
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Masato
Comment ça, vous ne reconnaissez personne parmi les 149 joueurs du Day 6 ? Certes, les stars les plus brillantes sont parties, les Moneymaker, Hachem, Koon et autres Kornuth. Mais en cherchant un tout petit peu, les profils intéressants sont légion.

WSOP
Le chipleader de ce Day 6, ce sera lui : Zachary Hall, 16,31 millions de jetons, une sublime chemise, des lunettes de soleil à 2,5 $ (hors taxe) et une confortable avance sur ses poursuivants. Il ne lui reste plus que quelques paliers à franchir avant de battre sa meilleure perf' en tournoi live, une 7e place sur un 1 500 $ des WSOP 2011.

WSOP
Bryan Obregon attaquera demain le Day 6 avec 153 blindes. Plutôt agréable pour ce jeune homme de 26 ans, qui joue là son premier Main Event WSOP. « Si je suis pro ? Je ne sais pas, mais j’aimerais me considérer comme tel » blague le grinder de San Antonio, qui est passé sur ce Day 5 de 3,4 à 12,3 millions, soit le 2e plus gros stack du tournoi.

WSOP
Son poteau Niall Farrell a rendu les armes aujourd'hui, mais Ludovic Geilich reste en course pour défendre l'honneur de l'Écosse, avec près de 5 millions. Régulier des festivals européens, habitué à se faufiler au milieu de fields gargantuesques, il est aussi l'un des mecs les plus sympas du circuit. L'avoir dans la dernière ligne droite ferait pour sûr monter le niveau d'alcoolémie moyen et les décibels dans le rail.

WSOP
Un peu moins déconneur, mais tout aussi talentueux (et avec un stack de 6 millions), Andrey Pateychuk ne vise rien d'autre que la Triple Crown sur ce Main Event. Entre octobre et décembre 2011, le Russe enchaînait deux victoires sur l'EPT San Remo et le WPT Prague.

WSOP
Recordman de bagues WSOP-Circuit (15) mais toujours aucun bracelet au compteur : imaginez un peu si Maurice Hawkins (6,1 m.) rectifiait cette anomalie sur le plus beau tournoi du monde.

WSOP
From 25 € to... ? Notre qualifié Expresso espagnol Rene Lazaro n'en finit plus de faire durer son one time. Présent dans les hauteurs du chipcount depuis trois jours, il signe cette fois une petite journée de grind, bouclée avec un tapis légèrement inférieur à la moyenne.

Nikita Luther
Avec plus de 50 BB, Nikitha Luther tentera de disputer à Estelle Cohuet le titre honorifique de "Last Woman Standing".

Toby Lewis
Une dizaine de représentants de la couronne britannique seront au Day 6, dont Toby Lewis (vainqueur EPT et Aussie Millions) avec 4,2 millions...

Duthie
... et le légendaire John Duthie (short-stack avec 1,5 m.), fondateur de l'European Poker Tour en 2004.

Dunst
La tête de gondole du World Poker Tour Tony Dunst (2 bracelets dont un online) n'est pas trop mal avec ses 3,3 m. (40 BB).

Nicholas Rigby
Avec ses ranges larges comme le Gran Canyon et des calls défiant les cotes, Nicholas Rigby a fait bouillir les haters du chat de PokerGo. Il sera au Day 6 avec un stack de moins de 20 BB, ne lui laissant que peu de place pour 3-bet sa main fétiche : 3 et 2 dépareillés !

Harder
Attention, légende du poker online première époque : Christian Harder a tout gagné sur Internet... mais aussi en live : la PCA en 2017, un WPT en 2011, pour ne citer que les plus gros. Avec ses 15 BB, il cherchera à améliorer son high-score de 2011 : 92e.

WSOP
On ne saurait vous dire précisément combien d'anciens finalistes du Main Event sont encore en course à 149 restants, mais on a au moins reconnu John Racener, runner-up en 2010.

Rendez-vous à midi, heure locale (21h en France) pour le coup d'envoi du Day 6. Il ne reste plus que 149 joueurs : on devrait tomber sous la barre des 50 joueurs sur les coups de minuit...

Benjo, Flegmatic & Fausto

Un dernier carré à fort potentiel

- 12 juillet 2023 - Par Benjo DiMeo

WSOP
C'est finalement assez rare sur le Main Event des WSOP : les quatre derniers représentants français encore en course après cinq jours sont tous bien connus de nos services. Et tous nous ont fait sacrément vibrer au cours d'un Day 5 où les retournements de situation n'ont pas manqué. Ils nous racontent pour vous.

Jonathan Therme : l'homme qu'on ne voudra plus bluffer
7 900 000 (99 BB)

WSOP
Dix heures de jeu, de grind, de tension, un hero-call légendaire et l’envolée vers les sommets du tournoi. « Et pourtant, je ne sens même pas la fatigue. C’est normal, j’ai eu tellement d’adrénaline » commente Jonathan Therme, juste après avoir bag son stack colossal de 7 900 000.

Le Français a remporté beaucoup de coups pour monter un stack si imposant. Mais pour pouvoir les jouer, il fallait passer le premier, le plus beau et l’un des plus "ballsy" coups de poker qu’il ait jamais joué. Un hero-call qui fera jaser toute la communauté pokeristique française. Si hier, les réseaux s’enflammaient sur le fold de Clément Richez, que diront-ils de ce hero-call de mutant ?

Les lecteurs assidus que vous êtes ont certainement déjà lu l’article consacré, mais rappelons quand même la magie qu’a produit Jonathan Therme. Open AQ en début de parole, payé MP. 249 sur le flop.

Check Johnny, 150 000 vilain, payé. Turn 6, check Johnny, 260 000 vilain, payé (oui, oui, avec rien du tout). River 3, check Johnny, tapis vilain, qui nous couvre. On nous demande nos 750 000, représentant encore 25 blindes, au Day 5 d’un Main Event WSOP, vous avez hauteur As dans ce spot. Que faites-vous ? Vous vous demandez surtout ce que vous faites encore là. Et bien Jonathan Therme, lui, a décidé de payer. Son adversaire a retourné AJ et le grinder français prenait son envol.

« C’est peut-être le hero call le plus important de ma carrière, admet Jonathan lorsqu’on lui pose la question. Sur le moment, j’étais en euphorie, c’est pour ça que j’ai dû me lever. Je suis content de mon read et surtout d’avoir suivi mon instinct. J’avais trop d’indices qui me disaient de payer. J’avais vu les "lines" qu’il avait choisi dans des spots similaires, ces "sizings" étaient vraiment étranges, je l’ai observé pendant longtemps... Ce n’est pas théorique, puisque je n’ai même pas de bloqueurs ».

Après ce hero-call, Therme passait à 2,6 millions. Six heures de poker plus tard, il est à presque 8 millions. « Ça c’est bien passé. J’ai remporté beaucoup de coups, j’ai passé des 3-bet, des 4-bet light, je me sentais bien, et j’ai quand même beaucoup touché » résume le joueur, qui a notamment fait très mal à son voisin Masato Yokosawa.

WSOP
« C’est la première main que je gagne contre toi, s’enflammait le youtubeur japonais sur l’un des derniers duels du jour. Il m’a battu tout le temps, alors qu’on a joué au moins cinq gros affrontements ».

Rien de personnel, Jonathan a globalement siphonné toute sa table, dans l'ensemble plutôt docile. Il en découvrira une nouvelle demain, pour un Day 6 de Main Event WSOP. Après plus de dix ans de présence sur le circuit, le grinder tient en réalité l’une des plus grosses opportunités de sa carrière.

« Je me définis plus comme un joueur de live. Je joue beaucoup online, mais le live, c’est ce que je préfère. C’est là où j’aime être. J’aime cet aspect direct avec les joueurs, ça me passionne vraiment. Certes, je n’ai jamais eu de gros scores, mais j’ai eu pas mal de continuité. J’ai eu des opportunités online, en arrivant proche de grosses finales, avec un million à la gagne, mais en Live, je n’ai jamais été si loin dans un si gros tournoi ».

Respecté des meilleurs, apprécié de tous, Jonathan tient son occasion d’aller chercher un gros score. Et peut-être plus encore. - Fausto

Clément Richez : heureux comme Buddha
5 000 000 (62,5 BB)

WSOP
Après une démo de grind, de hero-fold et de run good, Clément Richez nous partageait son kiff de traverser les jours du plus beau tournoi du monde. Aujourd'hui encore, le taulier de la Team ATM a montré la voie, en patron, avec la même recette mêlant le talent, l'expérience et la réussite. Il sort de son Day 5 avec la même banane, la même confiance et la même joie de l'instant qu'hier.

« Je suis ultra zen, même encore plus qu’avant » confesse le joueur dans les allées du Horseshoe, où il marche épaulé de ses collègues de la Team ATM. « Je me sens tellement chanceux d’être là, d’avoir le run que j’ai eu. On ne se rend pas compte, mais le coup qui me propulse, le K-K qui tient contre A-9, c’est de la chance aussi ». Le joueur n’oublie pas ce coup avec AQ, pris dans un tapis 3-way contre KK et AK

« J’ai calculé, sur le flop 1067, j’ai 0,89% » s’amuse Clément. Mais cette semaine, l’homme aux mille tatouages semblent être protégé par une bonne étoile. Une Q turn et un A river plus tard, Richez était remonté à plus des 5,5 millions.

Un tapis plus que confortable pour aborder le Day 6 d’un Main Event WSOP, le plus grand tournoi du monde, avec 12 millions de dollars à la gagne. De quoi peut-être altérer la légèreté de Richez et se dire qu’on joue pour un pactole sérieux ?

WSOP
« Je vais te dire : si je prends 12 millions, ça ne changera pas ma vie. Évidemment que ça changera, dans le sens où je pourrais arrêter de bosser, que ça change évidemment tout d’un point de vue de la notoriété… Mais j’ai déjà tout ce que je veux dans ma vie. Ce n’est pas l’argent le problème. Tu me mets sur un tournoi à 10 €, je le joue à fond. C’est juste que je suis heureux avec ce que j’ai, ma vie est déjà incroyable » déclare Clément.

Ces déclarations ne sont en rien prétentieuses. Elles témoignent seulement de l’enthousiasme, de la sincérité et de la gratitude d’un garçon en phase avec lui-même. Un homme qui joue pour l’amour du poker, pour les émotions qu’il procure et bien sûr, pour gagner. Ça tombe bien, c’est avec cet état d’esprit qu’on peut aller loin, et pas seulement dans un tournoi de poker. - Fausto

Estelle Cohuet : la Nouvelle Star
3 380 000 (42 BB)

WSOP
Elle ne voulait absolument pas se retrouver en table TV. Elle y a passé quatre des cinq niveaux de la journée, dont une bonne partie sur celle que l'on appelle la Main Feature Table, observée par une armée de caméras. Résultat des courses ? Un tapis multiplié par dix, de 350 000 (soit 14 blindes), à 3 380 000. Estelle Cohuet a attiré la lumière à elle aujourd'hui, éclipsant presque ses voisins de table Nicholas 'Dirty Diaper' Rigby, Bill Klein et même Chance Kornuth. "Je l'adore, je suis à fond derrière elle !," nous a même lâché Kara Scott après l'avoir interviewée pour le compte de PokerGO. Qu'en a pensé la principale intéressée de cette première journée sous le feu des projecteurs mondiaux ? "Ce n'est pas quelque chose avec lequel je suis super à l'aise, et je n'ai pas exorcisé tous mes démons d'un coup, mais dans l'ensemble, je me suis sentie bien. Par contre, qu'est-ce que j'avais chaud. Et la lumière me fatiguait les yeux. Une fois revenue sur le floor, c'était beaucoup plus frais, mais j'étais contente d'avoir froid !"

Une acclimatation loin d'être évidente donc, mais paradoxalement facilitée par son voisin de gauche, LA star de ce début de Main Event, dont les éminences grises derrière le casting télévisé ne semblent pas vouloir se passer, grâce à des moves que l'on qualifiera de facétieux calibrés pour les réseaux sociaux : Nicholas Rigby. "Il n'est pas facile à jouer, mais en théorie il finit par te donner ses jetons," glisse Estelle. C'est justement ce qu'il a fait. "J'ai gagné les premiers pots contre lui, et il avait l'air un peu tilté, même s'il fait tellement de cinéma que je ne sais pas ce qui est vrai. Il faut dire qu'il a fait des calls incompréhensibles contre moi. Comme cette main où il me paie alors que je suis en train de bluffer avec hauteur Roi. Il a muck ! Je ne pensais quand même pas que j'avais une aussi mauvaise image."

WSOP
Mais n'allez pas croire que la progression observée par la Top Shark 2023 fut linéaire. Bien au contraire. Dans la foulée d'un triple up rapide, elle est redescendue à force de bluffs manqués, a de nouveau doublé, grignoté des pots sur sa nouvelle table, avant de subir un nouveau coup d'arrêt. "UTG open et le joueur en MP [Stephen Friedrich, NDLR] 3-bet alors qu'il est très tight. On est tous très profonds donc je décide de just call As-Roi au bouton." Sur un flop hauteur neuf rainbow, le 3-betteur c-bet petit et se fait payer par notre pro. Deuxième barrel sur le Roi turn, payé de nouveau. La river est une brique. "Le reste de son tapis est plus petit que le pot, précise Estelle. Je réfléchis, et j'ai autant de mal à lui trouver des combos de value que de bluffs. Je bloque les paires d'As et de Rois, je ne pense pas qu'il 3-bet deux 9, et on a souvent la même main." Dourbie finit par payer, pour se voir montrer... une paire de 9. Retombée à 750 000, elle reprend des pots à Rigby puis repasse la barre des trois millions grâce à un cold 4-bet avec une paire d'As, avant de valoriser un brelan sur sa nouvelle table. Que d'émotions ! "Oui, et je suis assez fatiguée, je ne dors pas beaucoup. J'ai mon avion de retour dans deux jours, je ne sais pas encore ce que je fais..." Pour traduire littéralement une expression bien d'ici : nous franchirons ce pont quand nous y arriverons. En attendant, la dernière W rouge de ce tournoi continue de faire le travail et de nous impressionner ! - Flegmatic

Mikael Berrio alias ShiShi : le converti
2 875 000 (36 BB)

WSOP
"Mais quelle journée de malade mental !" Mikael Berrio vient de vivre un Day 5 propre à faire virer la cuti du grand défenseur du cash-game qu'il est. Souvent moqueur envers l'écosystème MTT et ses stacks peu profonds lors de sa Club Poker Radio hebdomadaire aux côtés de Comanche, ShiShi avance dans la seconde moitié du plus long tournoi du monde. ShiShi : on te pardonne de nous avoir si longtemps dédaigné. Au contraire, on est ravis que tu goûtes enfin aux sensations uniques d'un deep run sur un tournoi. Sur LE tournoi, qui plus est. Avec un stack tombé aussi bas que 2 blindes avant le dîner (oui : deux), puis un possible coup de main d'origine divine, des retournements de situations improbables, et une belle session de grind finale pour te replacer en queue de peloton, tu pouvais difficilement demander mieux, question émotions.

Mikael est resté à la même table durant les dix heures du Day 5. À la fin de la journée, ses adversaires lui sont tous tombés dans les bras les uns après les autres pour rendre hommage à sa ténacité. "Ouais, je leur ai fait un sacré numéro d'équilibriste !" Sur la corde raide après avoir dû jeter pas moins de trois paires de Rois sur des boards épineux, ShiShi a cru entrevoir une porte de sortie avec une paire de Dames. Non : en face, il y a eu... les Rois. Pas éliminé mais à l'article de la mort, le coach Kill Tilt chute alors à 5 BB. Après le passage des blindes - avec des mains injouables - le voilà au bouton avec tout juste 2 BB. Pas un stack de joueur de cash-game, c'est certain. "2 BB, plus trois jetons de 5 000, c'est important pour la suite. Car quelqu'un relance, j'ai As-Roi, je fais tapis pour 2 BB et 15 000 de plus, et là le joueur à côté demande si mon all-in constitue une relance ou un call. La croupière dit que c'est une relance... alors que c'est faux ! Pour rouvrir l'action, j'aurais dû avoir 25 000 de plus. Du coup, mon voisin a peur de payer avec 66, car ça peut faire tapis derrière lui. Il passe sa paire, je gagne à la hauteur contre Roi-Dame. Si la croupière ne se trompe pas dans le règlement et que la paire de 6 est dans le coup, je suis éliminé ! Derrière, j'ai grindé pour remonter à 35 blindes..."

WSOP
Un scénario incroyable, mais vrai. Et, peut-être, dicté par des forces surnaturelles. "Faut que tu racontes ça. Je pars en pause-dîner très short-stack. La copine de Flavien Guenan me trouve et me tend un caillou, une pierre précieuse comme on en trouve dans les boutiques de souvenirs ici. Elle me dit 'Je sais pas si tu crois à ces trucs, mais ça pourrait t'aider'. Je le mets dans ma poche. Et derrière, il m'arrive tout ça..."

Classé 92e parmi les 149 qualifiés pour le Day 6, ShiShi explique avoir tenu durant les moments difficiles grâce au mental. "J'avais visualisé tous les scénarios en amont : les situations super où je triple mon stack, celle où je perds des jetons... Donc quand c'est arrivé, j'étais prêt, j'ai tenu. J'ai attendu mon heure. Je me disais : au pire, tu regardes les paliers de gains, un truc que je n'avais pas prévu de faire." Après cinq jours sur le Big One, peut-il maintenant en parler en fin connaisseur ? "Le truc, c'est que ça fait des années que les joueurs me parlent de ce tournoi. Via ces discussions avec des centaines de joueurs, j'avais déjà toute une expérience par procuration, elle m'a bien servi." Autre facteur clé : le soutien d'une large communauté de potes et de fans. "C'est dingue, les centaines de messages que j'ai reçus ! C'est très important. Quand j'étais au plus bas, j'ai demandé dans le groupe Whatsapp plein de bonnes ondes. En quelques secondes, il y avait 50 messages qui apparaissaient !"

Arrivé à ce stade, ShiShi ne va pas modifier ses habitudes pré et post-game. "Ce soir, je vais appeler ma copine. Je ne vais pas lui raconter les mains ni rien, mais faire une sorte de débrief émotionnel. Ca va me permettre de reconstruire le déroulé de la journée. Derrière, debrief poker avec quelques potes qui n'attendent que ça. Après, un podcast, je sais pas lequel, l'After Foot sûrement. Puis une douche chaude, et dodo. Demain : réveil vers 9h30, petit-dej et 30 mn de sport." Avant une sixième journée de poker que l'on espère aussi longue que les précédentes... - Benjo

Lorenzo Santos Rodriguez : le Savoyard embusqué
720 000 (9 BB)

WSOP
Il est né de parents galiciens, doté d'un passeport espagnol mais parle mieux la langue de Molière que celle de Cervantes. Il a vécu toute sa vie entre la France et la Suisse, habite actuellement en Haute-Savoie, tout proche de la frontière mais enseigne les mathématiques à Genève. Lorenzo Santos Rodriguez est un homme multi-cartes. Et du genre discret. Aussi bien à la table, où son combo casquette/hoodie/short pourrait le faire passer pour un grinder américain, qu'en dehors. "Ah tiens, j'avais presque oublié que tu étais encore dans le tournoi !," lui a carrément lancé l'un de ses voisins avec qui il a passé toute la journée, après avoir fold sur le 3-bet shove du Franco-Espagnol. "J'ai joué là-dessus, avoue Lorenzo, je me doutais qu'il n'allait pas payer." Joueur serré par nature, pas forcément très bien servi par les croupiers, il n'a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent aujourd'hui. "Mais on est toujours là," avec neuf blindes tout pile pour tenter l'opération remontada. - Flegmatic

149 joueurs franchissent le Day 5

- 12 juillet 2023 - Par Rootsah

Day 5 : 440 joueurs / 149 restants (dont 4 Français)

CLIQUEZ ICI POUR LE CLASSEMENT COMPLET ET DÉFINITIF DU DAY 5

Top 10

Dunst
Zachary Hall (USA) 16 310 000
Bryan Obregon (USA) 12 295 000
Liran Betito (USA) 11 140 000
Andrew Hulme (UK) 11 065 000
Joshua Payne (USA) 9 850 000
Anirban Das (Inde) 9 230 000
Tony Dunst (USA) 8 285 000
Glenn Fishbein (USA) 8 265 000
Alejandro Perez (USA) 8 075 000
Jonathan Therme (France) 7 900 000

4 Français

Estelle Cohuet
10. Jonathan Therme 7 900 000
42. Clément Richez 4 955 000
79. Estelle Cohuet (Team Winamax) 3 380 000
92. Mickael Berrio Busto "Shishi" 2 875 000

Reste du field (sélection)

Juan Maceiras
13. John Racener (USA) 7 670 000
15. Ryan Tosoc (USA) 7 625 000
24. Maurice Hawkins West (USA) 6 145 000
26. Amit Makhija (USA) 6 045 000
27. Andrey Pateychuk (Russie) 5 965 000
34. Gabi Livshitz (USA) 5 680 000
37. Jan-Peter Jachtmann (Pays-Bas) 5 465 000
39. Daniel Weinman (USA) 5 340 000
42. Ludovic Geilich (UK) 4 955 000 
47. Juan Maceiras (Espagne) 4 790 000

Lewis
63. Toby Lewis (UK) 4 275 000 
70. Artem Metalidi (Ukraine) 3 805 000
76. Alec Torelli (USA) 3 600 000
77. Rene Lazaro (Espagne, Qualifié Winamax) 3 480 000
105. Mark Teltscher (UK) 2 320 000
119. Nicholas Rigby (USA) 1 650 000
123. John Duthie (UK) 1 510 000
128. Roman Hrabec (Rép. tchèque) 1 415 000 
130. Christian Harder (USA) 1 295 000

Rigby


​143. Lorenzo Santos Rodriguez (Espagne) 720 000

Day 1A : 1 038 joueurs (officiel) / 720 restants (dont 32 Français)
Chipleader : Yehuda Dayan (Israël) 389 900

Day 1B : 1 118 joueurs (officiel) / 819 restants (dont 32 Français)
Chipleader : Jean-Pierre van der Spuy (Afrique du Sud) 287 000

Day 1C : 3 077 joueurs (officiel) / 2 326 restants (dont 93 Français)
Chipleader : Christopher Brammer (Royaume-Uni) 386 100

Day 1D : Environ 4 100 joueurs / 3 202 restants (dont 65 Français)
Chipleader : Nicholas Rigby (USA) 408 800

Day 2ABC : Environ 4 100 joueurs / 1 877 restants (dont 85 Français)
Chipleader : Christopher Brammer (Royaume-Uni) 879 000

Day 2D : Environ 4 100 joueurs / 1 661 restants (dont 38 Français)
Chipleader : Maurice Hawkins (USA) 941 000

Day 3 : 3 542 joueurs / 1 517 restants (dont 59 Français)
Chipleader : ​Antonio Mallol Heredia (Espagne) 1 899 000

Day 4 : 1 517 joueurs / 440 restants (dont 15 Français)
Chipleader : ​Ryan Tosoc (USA) 5 120 000

Les déçus du Day 5

- 12 juillet 2023 - Par Benjo DiMeo

Retour sur les éliminés du jour
Main Event 10 000 $ (Fin du Day 5)


De 441 joueurs à 149 en l'espace de dix heures : le cinquième jour du Main Event a été fatal à deux tiers des joueurs qui étaient sur la ligne de départ à midi. La casse atteint des proportions similaires au sein des forces tricolores : de 14 ce matin, ils ne seront plus que 4 à revenir mercredi. Avant de vous les présenter, un dernier hommage à ceux pour qui cette édition se conjugue désormais au passé.

Jérôme Finck
Dès midi, l'Alsacien et chip-leader français du Day 1D Jérôme Finck a lancé le mouvement en tirant sa révérence le premier, en 441e place.

Omar Lakhdari
Il passé quatre jours à apprendre à des Américains médusés sa vision extraterrestre du No-Limit. Entamé short-stack, le Day 5 d'Omar Lakhdari fut bref : une confrontation 55 vs 77, et une autre avec Roi-Dame contre... 77 aussi.

Maxime Parys
En 2022, c'est en spectateur que Maxime Parys avait assisté au Main Event : de terribles douleurs au dos l'avaient contraint à annuler sa participation tout juste quelques heures avant le coup d'envoi. Cette 410e place acquise après un flip perdu représente une sympathique séance de ratrappage pour le pro.

SImon Wiciak
Il a attendu, attendu, attendu le meilleur spot pour mettre le peu qu'il lui restait... et il l'a trouvé : paire d'As contre paire de 2. Au lieu du double-up promis, un 2 a envoyé Simon Wiciak bouler en 343e place.

Leo Soma
Pas de miracle pour Léo Soma. Un an après le bracelet en 6-max, son deuxième deep run consécutif sur le Big One s'achève short-stack et en 335e place, avec une top-paire battue au kicker.

Grégory Fournier
Même si son parcours s'arrête pile à une décevante 300e place, Grégory Fournier peut être fier de son premier Vegas : par deux fois, il a traversé des épreuves marathon, avec un Day 4 sur le Millionnaire Maker, et donc un Day 5 sur le Main Event.

Samuel Anclevic
Journée sans pour le grinder révélé en 2022 lors du WPO Madrid. Quelques semaines après une victoire en Omaha au Venetian, Samuel Anclevic quitte le Day 5 en 283e position après une succession de petits coups perdus.

Jérémy Palvini
Un brelan de Rois abandonné à regret sur une rivière dangereuse, un As-Roi qui explose contre les As, puis un Roi-Valet pas au niveau contre As-Valet : rien n'est allé dans le sens de Jérémy Palvini aujourd'hui : très en forme depuis le début de l'année, le Marseillais doit se contenter de la 274e place sur le plus gros Main Event de l'histoire.

Grégory Caubet
Représentant attitré du poker champagne au sein du clan français, Grégory « Truiton31 » Caubet a poussé le bouchon jusqu'en 167e place, sans jamais dévier de sa stratégie : un coup une bière, un coup un bluff !

Davidi Kitai
C'est LE tournoi qui guide sa vie, celui qu'il poursuivra jusqu'au crépuscule de sa carrière. Pour sa 17e participation au Main Event, Davidi Kitai doit une nouvelle fois se contenter d'un ITM. Son sixième... mais son meilleur rang ever : 170e. En attendant mieux, personne n'en doute.

Jason Sommerville On les a perdus aussi lors du Day 5 : Jason Koon, Dario Sammartino, Chris Moneymaker, Joe Hachem (terminés, les anciens vainqueurs !), Chance Kornuth (As-Roi contre deux As pour 200 BB), Jonathan Abdellatif, Jason Sommerville (photo)...

Les sortants FR du Day 5
167e : Grégory « Truiton31 » Caubet 58 500 $
247e : Jules Dickerson 50 900 $
274e : Jérémy Palvini 50 900 $
283e : Samuel Anclevic 50 900 $
300e : Grégory Fournier 44 700 $
334e : Léo Soma 44 700 $
343e : Simon Wiciak 44 700 $
410e : Maxime Parys 40 000 $
425e : Omar Lakhdari 37 500 $
441e : Jerôme Finck 37 500 $

Pour en savoir un peu plus plus sur le parcours de (la plupart) ces joueurs, vous n'avez qu'à scroller !

Les chouchous chutent

- 12 juillet 2023 - Par Benjo DiMeo

158 joueurs restants
Level 25 : 30 000 / 60 000, BB ante 60 000
Main Event 10 000 $ (Day 5)

Écrit dans sa destinée 

On a beau être trois champion du monde, détenteur de la Triple Crown WPT/EPT/WSOP, être une légende du jeu avec vingt ans de poker live et online au compteur, la douleur du bust nous affecte toujours. Elle est particulièrement vive sur le Main Event des WSOP. Ce tournoi unique fait rêver tous les amateurs de poker, mais même les plus grands peuvent se faire surprendre par les émotions qu'il procure.

Kitai

Sur le Day 4, on avait vu Davidi Kitai trembloter au moment d’envoyer un gros bluff, réaction physique dont il s'était servi pour retourner le métagame à son avantage. Short stack pendant de longues heures, Davidi a fait preuve d’une concentration et d’une détermination hors normes, trouvant à chaque fois les ressources pour sortir la tête de l’eau.

Porté par de bons courants, le Génie a mêlé son talent à la réussite pour se remettre à flot. On pense à cette flush backdoor pour éviter la noyade dès le Day 1, à ce set-up au Day 3 avec 7-4 pour éclabousser deux Barbus, ou encore à cette doublette rivière qui a permis à Kitai de doubler sur l’une des dernières mains du Day 4.

Ces sauvetages, ces swings ont provoqué des émotions fortes chez le Génie. Elles l’étaient tout autant au moment de voir son stack s’évaporer tout le long du Day 5. « Je ne veux pas bust. Je ne veux pas bust. Je n’ai pas envie de bust de ce tournoi » répétait tout bas Davidi, juste après avoir passé un premier flip pour sa survie avec 9-9 contre K-10. Évidemment, personne n’a envie de bust d’un MTT. Mais, quand un grand champion comme Davidi Kitai vous partage ce sentiment en direct de la table, c’est qu’il se passe quelque chose de particulier. 

Kitai

Le Génie oscille pendant une petite heure entre les dix et les vingt blindes, puis voilà une nouvelle occasion de mettre les pions au milieu. Avec 10 blindes, il open 225 000 (4,5 BB) en début de parole, pour ne pas donner une cote à la grosse blinde et se commit. Inattentive, la BB ne voit pas bien le changement de sizing et call en pensant payer 125 000.

Le flop vient A95, un flop a priori favorable à la range de l’OR. Malheureusement, c’est la BB qui a frappé avec son A7, tandis que Kitai a annoncé le c-bet tapis, avec J10. Un mince espoir sur la river K. 9 river, c’est fini. Davidi Kitai est éliminé du Main Event.

Le Génie se lève de sa chaise et s’en va vers le bureau des payouts sans dire mot, escorté par l’hôtesse qui lui apporte son ticket. Il est marqué du chiffre 170, une place honorable, bonne pour 58 500 $, son record sur ce même tournoi. Mais ce gain ne consolera pas Davidi, du moins pas tout de suite. Le joueur s’en va retrouver sa femme Caroline, avant de disparaître dans les couloirs du Horseshoe. Il va lui falloir digérer cette élimination, plus dure que n'importe quelle autre dans sa saison.

C’est que le Génie a toujours noué une relation particulière avec le Main Event WSOP, le but ultime de sa carrière de joueur. Son jeu exploitant, la qualité de ses lectures, sa capacité à changer de vitesse et son expérience font du Main Event un tournoi sur mesure pour le style Kitai.

Les cartes ne lui ont cependant jamais donné la chance d’aller plus loin que le Day 5. Aujourd’hui, il détenait cette opportunité rare. Elle s’envole finalement à un niveau et un flip près. Collègue de longue dav de Dav', Mustapha Kanit connait mieux que personne ce lien si unique que Davidi entretient avec le Main Event. Quelques minutes après sa sortie, il concluait cet épisode dans le chat du Team avec ces mots : « Ce n’est pas pour cette fois, mais ce tournoi est écrit dans ta destinée. On essaiera encore l’année prochaine ». Comme il a dit. - Fausto

Caubet s'est marré comme un boeuf

Grégory Caubet
Le Grégory Caubet éliminé en 167e position du Main Event est en tous points identique au Grégory Caubet assis à table au cours des cinq derniers jours : sourire XXL, francs éclats de rire, et la glotte qui réclame sa prochaine bière. Nous n'en sommes aucunement surpris : dès le début, il était écrit que rien ne pourrait gâcher les vacances de Truiton31. Pas même une élimination sur le plus beau tournoi du monde après plus de 45 heures de poker. À partir du moment où les mots "shuffle up and deal" ont été prononcés la semaine dernière, tout ce qui allait suivre était déjà du bonus pour cet archétype du bon vivant à la française.

Ayant un temps franchi la barre des 2,5 millions de jetons durant le Day 5, Greg a ensuite perdu un gros showdown avec un As-Dame ayant trouvé un tirage couleur et quinte sur le turn. La brique rivière a permis à la pocket paire de 6 de rafler la mise... Sa dernière main, il l'a jouée avec AJ et 12 blindes envoyées UTG. C'est payé par un énorme stack de 7 millions, qui retourne deux Dames. Aucun suspense : une troisième Dame apparaît sur le turn.

"On va enfin pouvoir se faire une vraie session au piano bar", rigole Greg. "Parce que leurs pauses-dîner d'une heure, là..." Au micro de Winamax TV, Greg n'oublie pas de souhaiter bonne chance à tous les compatriotes en course - ils ne sont désormais plus que cinq. "On reviendra plus fort l'année prochaine !" Après avoir étudié les solvers pendant un an ? Il se prend la tête entre les mains : "Oh mon Dieu, surtout pas !"

Grégory Caubet
Côté finances, Greg doit se contenter de 58 500 $. Une belle somme... mais très éloignée des 12 millions promis au vainqueur. Pour le reste, il sera assurément l'un de ceux ayant le plus rentabilisé leur kiff equity sur le plus beau tournoi du monde. Cinq jours d'arrivées à la bourre, de pauses-dîner à la bière dans le rade d'à côté, de fins de Day fêtées trop tard. Tout au long de son tournoi, Greg n'a jamais oublié qu'il était en vacances. Mais, il n'a pas oublié non plus de se faire plaisir cartes et jetons en main, construisant de grosses piles de jetons et s'en servant pour passer de délicieux bluffs, y compris dans le vortex de la bulle.

Bref, une prestation de nature à inspirer tous les amateurs rêvant de disputer un jour le Main Event. Le tournoi le plus important de l'année peut très bien se vivre comme une grosse teuf ! - Benjo