440 joueurs, dont 15 Français, avancent au Day 5
Main Event 10 000 $ (Fin du Day 4)
Richez premier de la classe
Dans les commentaires du streaming, sur les réseaux pokeristiques ou dans les couloirs du Horseshoe, on a beaucoup parlé de Clément Richez. L’Amérique ne connaissait pas ce nom hier matin, mais en seul un Day 4 de Main Event, les WSOP ont découvert le grinder aux mille tatouages. Ses moves affutés, son fold full contre full et son rush de mutant ont régalé les spectateurs. Même Phil Hellmuth y est allé de son commentaire. C’est bien simple : Richez a cassé la télé.
Dans un pot 3-bet en 3-way Richez envoyait la sauce avec KQ sur un flop avec deux cœurs et frappait la flush turn pour abattre les deux Valets de Felipe Ketzer. Dans la foulée, il s’offrait le scalp de Dominik Nitsche, sur un énorme flip avec As-Dame contre le deux Valets du quadruple champion du monde.Clément s’envolait alors dans les hauteurs du chipcount, qu’il n’a ensuite plus quitté. Mais si le taulier de la Team AimTheMillions fait parler de lui, c’est surtout pour ce fold plus tôt dans la journée, face ce même Felipe Ketzer.
Sur un board KK4Q9, Richez est assis sur un full avec son 44 et envoie un bet bien gras à 200 000, en quête de value. Mais quand son opposant brésilien réplique avec un raise tapis pour 512 000, Clément comprend l’entourloupe. Quelques minutes de tank et Richez envoie son underfull dans le muck. Qu’est-ce qu’il y avait en face ? KQ, pour un full bien meilleur.
« Ce n’est pas un fold si compliqué en vérité, se défend l’intéressé. Si c’est un papy qui me fait ce move, je fold immédiatement. Le problème, c’est que là, c’est un Brésilien, un joueur compétent. Pour parler technique, ici, il a 11 combos de value, pour 4 combo de bluffs. Il suffit qu’il prenne un A-Q 25% du temps, ou même un Q-J et ça devient un call obligatoire. Je pense que c’est le joueur qui était capable de le faire. Donc théoriquement, c’est un mauvais fold ».
L’analyse suffit à comprendre le joueur qu’est Clément Richez. Un gars qui étudié le jeux dans ses plus profonds recoins, un bosseur acharné, qui a monté avec son acolyte de toujours Benjamin Chalot une équipe de grinders redoutables et redoutés.
Les Samy Dubonnet, Adrien Delmas, Lucarini et bien d’autres fines lames des MTT ont été aiguisées dans l’école hongroise. Pourtant, Clément est loin d’être le spécialiste du poker de tournoi.
« Ça fait trois ans que je n’ai pas fait un MTT, affirme Richez. Je ne me lance même jamais de session. Mon domaine, c’est le cash-game online » restitue celui qui sévit sous le nom de bibibiatchEZ.Si Clément est plus du côté online de la force, il est loin d’être perdu sur une table avec de vrais jetons. « J’ai fait un an de live à Macau, et ça doit mon 4e Vegas où je grind pendant deux mois à fond. J’ai quand même quelques restes de MTT live ».
Cette semaine, il s’offre l’une de ses plus belles vibrations sur un deep run Live, six ans après sa 20e place sur un autre Main Event WSOP, du côté de Rozvadov. « Seul les tournois peuvent t’offrir ce genre de sensations. Et puis, je ne suis plus du tout stressé. Je m’en fous de gagner ou de perdre. Ou plutôt, je m’en fous de perdre, je ne suis que content de gagner. Je vais sur un Day 5 du Main, j’en profite à fond ». - Fausto
Kitbul nous sort un nouveau coup spécial
Même après presque 20 ans de carrière, il continue de se renouveler. Jamais à court d'idées, il est encore capable de nous émerveiller. En fin de Day 4, j'ai été au premier rang pour assister, médusé, à une improvisation proprement géniale de Davidi Kitai.
Il faut réagir, immédiatement. Le plus naturellement du monde, Davidi regarde sa main, puis Lazaro, et lâche « Tiens, c'est bizarre, je tremble, je me demande pourquoi. » Lazaro étudie Davidi un instant... mais préfère sagement abandonner, sans doute interloqué par le comportement du Belge.
« J'ai pas eu le choix », me dira ensuite Davidi, mort de rire. « Il fallait que je dise un truc ! En assumant le tremblement, je donne l'impression que j'ai une main super strong ! »
Quelques minutes plus tard, Davidi va jouer le coup le plus important d'une journée déjà riche en up and downs. Relance depuis le hi-jack, c'est payé par la BB. Flop 634, Davidi c-bet, check/call en face. Turn : 8. Check encore, Davidi dit « all-in ». Snap-call de la BB qui vient de trouver une deuxième paire avec 86. Davidi n'est pas au mieux avec ses 99... mais le 4 vient le sauver ! Un petit miracle qui lui permet de se qualifier pour le Day 5 avec 1,2 million au lieu de chuter à 10 BB. « Il était pas content... 'You played this hand so bad', qu'il me dit. Mais pour moi ce 8 est la meilleure brique. Je sais qu'il a souvent un 5-6, un 6-7 en main. Je veux pas voir tomber de 2, de 5, de 7... »
« 80 % de chatte, 20 % de skill » : voilà comment Arnaud Mattern résumait le Main Event après son élimination cet après-midi. Sur ces deux dernières mains de la journée, Davidi nous a offert une jolie démonstration de cet aphorisme. - Benjo
Estelle dans la cohue
Encore une marche de franchie pour Estelle Cohuet sur ce Main Event. "Short stack mais le rêve se poursuit !," a-t-elle annoncé à ses compères du Team Winamax. Avec 350 000, soit 14 blindes pour le Day 5, dourbie aura un stack de combat à la reprise. "Ne soyez pas trop en retard demain, parce que ça pourra partir à tout moment," nous a-t-elle lâché avant de regagner ses pénates. La Française a beau disputer son tout premier Big One, elle se sent comme à la maison dans la Ballroom du Horseshoe. "Le niveau est quand même beaucoup plus faible ici qu'à l'EPT Paris par exemple. Par moments, j'avais l'impression d'être à Palma !" Aucune pression, vraiment ? "Je sais que ce n'est pas un tournoi comme les autres, mais j'essaie de le jouer comme un tournoi normal." Comprenez par là, de jouer son jeu, qui lui a notamment permis d'écraser la concurrence lors de la finale de la Top Shark Academy espagnole. "J'ai passé deux beaux bluffs, poursuit-elle. C'est l'avantage quand on a l'air sage." Le live n'est pas son terrain de prédilection, mais elle sait jouer de son image. "En plus, je ne suis pas aussi à l'aise qu'eux avec les jetons, donc je dois vraiment avoir l'air d'une débutante."Ce qu'elle n'est bien sûr pas, avec une quinzaine d'années d'expérience aux tables online, à envoyer un volume dément. En conséquence, Estelle sait gérer les temps forts et les temps faibles qui rythment immanquablement une journée. Après avoir tranquillement passé la bulle, la Top Shark se prenait dans les dents un vilain bad beat avec une paire de 10 contre deux 8. "J'ai essayé de ne pas être trop affectée, mais je tombe quand même à vingt blindes là-dessus." Qu'à cela ne tienne, notre Pro enfile de nouveau le bleu de chauffe, grimpant à la force du poignet jusqu'à 800 000. Tout en restant "assez calme. Puis j'ai changé une deuxième fois de table, où il y avait beaucoup plus de jetons. Je me suis bien plus fait 3-bet, donc j'ai fini par resserrer." Simple, efficace. Avec un soupçon de réussite supplémentaire demain, on a envie de croire qu'Estelle peut encore faire durer le plaisir pendant des heures. - Flegmatic
De bonnes têtes bien faites
De gauche à droite, de haut en bas : Estelle Cohuet, Simon Wiciak, Grégory Fournier, Maxime Parys, Clément Richez, Jonathan Therme, ShiShi, et Davidi Kitai
Ça été difficile de tous les réunir sur la photo de classe. Forcément : à Main Event record, affluence record de joueurs français au Day 5. Ils sont 15 au total à monter de classe ce soir. Le meilleur élève ? Un Clément Richez particulièrement inspiré aujourd'hui, notamment en table TV. On vous en a déjà parlé. Derrière, deux joueurs nous montrent que les récréatifs ont toute leur place sur le plus gros tournoi du monde. Tout à fait dans le thème du jour, le prof de maths savoyard Lorenzo Santos Rodriguez continue de squatter les hauteurs du classement en toute discrétion. Aussi fourni en jetons mais dans un style beaucoup plus volubile, Grégory « Truiton31 » Caubet pouvait être croisé à la pause-dîner au Piano Bar, son rade favori de Las Vegas. Pour manger ? Quelle question : pour boire un coup avant la reprise, bien sûr.
Dans le cours d'EPS, le meilleur en escalade c'est Samuel Anclevic : 15 blindes à la bulle, et 1,4 million dix heures plus tard. Du côté des élèves turbulents, il y a ceux qui s'assoient tout de même au premier rang (Jules Dickerson, 1,295 m., Jérémy Palvini, 930K), tandis que d'autres sont plus près du radiateur (Omar Lakhdari, 650 000).
Le conseil de classe est formel : il n'y a que des élèves à fort potentiel dans cette promo FR 2024 du Main Event des WSOP. Ceux qu'on à l'habitude de voir collectionner les bons points : Jonathan Therme, Léo Soma, Maxime Parys. Ceux qui sont en cours d'année scolaire et dont on fait à peine la connaissance, comme Jérôme Finck. Et ceux qui ont changé d'orientation sur un coup de tête : ShiShi, désormais un joueur de MTT, ou Estelle notre Top Shark, en train de réussir sa conversion en joueuse de live. - Benjo
Clément Richez 1 970 000
Lorenzo Santos Rodriguez 1 950 000
Grégory « Truiton31 » Caubet 1 450 000
Samuel Anclevic 1 400 000
Jules Dickerson 1 295 000
Mikael Berrio Busto « Shishi » 1 175 000
Jonathan Therme 1 200 000
Grégory Fournier 1 050 000
Jérémy Palvini 930 000
Omar Lakhdari 650 000
Leo Soma 670 000
Jérôme Finck 355 000
Simon Wiciak 350 000
Estelle Cohuet (Team Winamax) 350 000
Maxime Parys 220 000
Blindes au départ du Day 5 : 10 000 / 25 000 BB ante 25 000
Les éliminés du jour
44 éliminés sur un total de 59 partants : sur le papier, le Day 4 n'a pas été tendre pour nos joueurs. Mais au global, le field s'est réduit dans la même proportion, de 1 518 à 440 joueurs.Parmi les sortants, pas mal de short-stacks, évidemment mais aussi quelques-uns dont on espérait mieux. On pense à Kalidou Sow, dont les piles ont chuté trop vite, ou Julien Martini, victime de quelques rencontres violentes. Tristan Forge est le seul joueur du clan ayant manqué les places payées. Notre plus gros regret ? Ne pas avoir pu inviter Bertrand Grospellier pour notre photo de classe finale : très short toute la journée, ElkY a fini par rendre les armes durant la dernière heure.
Le listing complet :
448e : Théo Devidal 37 500 $
470e : Bertrand Grospellier 37 500 $
515e : Hayg Badem 35 000 $
524e : Corentin Quertelet (Vainqueur KING5) 35 000 $
531e : Damien Le Goff 35 000 $
640e : Bruno Soutavong 30 000 $
647e : Adrien Guyon 30 000 $
663e : Mohamed Aissani 30 000 $
678e Anthony Cierco 27 500 $
707e : Florian Ribouchon 27 500 $
739e : Thomas Eychenne 27 500
771e : Corentin Ropert 25 000 $
779e : Mesbah Guerfi 25 000 $
791e : Giuseppe Zarbo 25 000 $
812e : Loïc Debregeas 25 000 $
816e : Arnaud Mattern 25 000 $
842e : Baptiste Carteau 25 000 $
848e : Hicham Mahmouki 25 000 $
871e : Tom Dupuy (Vainqueur KING5) 22 500 $
937e : Julien Martini 22 500 $
952e : Kenny Deffrasnes 22 500 $
963e : Antoine Delorme 20 000 $
969e : Paul Guichard 20 000 $
991e : Sonny Franco 20 000 $
1006e : Sylvain Loosli 17 500 $
1053e : Kool Shen (Team Winamax) 17 500 $
1086e : Quentin Guivarch 17 500 $
1095e : Dimitri Joubert 17 500 $
1154e : David Susigan 17 500 $
1176e : Lionel Lesur 17 500 $
1202e : Jean Lhuillier 17 500 $
1234e : Paul Amsellem 17 500 $
1213e : Selim Oulmekki 17 500 $
1290e : Kalidou Sow 15 000 $
1302e : Elie Nakache 15 000 $
1348e : Yannick Cardot 15 000 $
1359e : Abel Ben Messaoud 15 000 $
1378e : Rabat Ait Abdelmalek 15 000 $
1435e : Clément Cure 15 000 $
1453e : Martin Vialla de Soleyrol 15 000 $
1454e : Erwann Pecheux 15 000 $
1494e : Christopher Marcadet 15 000 $
1499e : Bastien Joly 15 000 $
Sorti avant la bulle : Tristan Forge
Brèves de fin de Day
Ils auront transpiré jusqu'à bout. Pour plusieurs Français aujourd'hui, les dernières minutes, voire les dernières mains, auront été cruciales. "Je n'ai absolument rien touché pendant deux heures, nous raconte Grégory Fournier. Et quand j'ai fini par recevoir une paire de 10 en grosse blinde... j'ai pris un walk. J'étais au beau de ma vie, et alors que ma table va casser, à dix minutes de la fin du Day, je retourne deux Rois. J'open, je me fait 3-bet et je pars à tapis contre As-Roi." Voilà comment greygoose a placé 1 050 000 jetons dans son sac. "Je n'ai jamais été aussi haut depuis le début du tournoi !" À l'inverse, Maxime Parys a perdu gros sur l'ultime main de ce Day 4. Nous avons vu Dabou envoyer une grosse sacoche sur la rivière d'un board T8485, pour mettre à tapis son voisin espagnol, à qui il reste 410 000 pions. Il faut moins d'une seconde à ce dernier pour payer et retourner une paire de 4, loin devant les deux Valets du Français. "Il a fait brelan contre moi toute la journée ! Je ne suis pas sûr de moi sur ce shove river..." confiaitv Maxime après avoir vu son tapis chuter à 220 000 sur la corde. Il ne fallait pas être cardiaque pour suivre le parcours de Léo Soma sur ce Day 4. Le Team Pro Nutsr s’est offert une journée de Roller Coaster, tombant de 1,5 million à 250 000, pour remonter jusqu’à 1,6, tout reperdre, revenir à 900 000 puis perdre un énorme pot sur l’avant-dernière main du jour. Au moment de la dernière donne, le stack de Soma est en ruines. Comme un signe du destin, il trouve alors deux Dames, qui doubleront contre les deux 10 de Maurice Hawkins. 600 000 jetons récupérés sur le gong, le champion WSOP est loin d’avoir dit son dernier mot.Question run cet été, Chance Kornuth aussi en connait un rayon. On vous renvoie vers sa fiche Hendon Mob plutôt que de vous lister une énième fois tous ses résultats. Son Main Event se poursuivra mardi avec un tapis de champion : 3,2 millions.
Stack identique pour notre qualifié Expresso espagnol Rene Lazaro, qui risque fort de s'endormir avec la musique de la roue du jackpot dans la tête.
Il reste encore près d'une dizaine de joueuses dans ce Main Event, mais aucune n'a plus de jetons que Nikita Luther. La Championne WSOP (c'était en 2018 sur le Tag Team) a bag 3,55 millions.
On voulait vous mettre une photo de Chris Moneymaker, toujours en lice pour le doublé aux côtés de Joe Hachem, mais notre photographe Caroline Darcourt a esquivé notre requête. À la place, voici un cliché de Juan Maceiras 'ancien Team Pro PS broke depuis dix ans qui est en train de monter des piles de conn***' dixit Benjo. À savoir quatre millions de pions. Quand même.
Ah si, quand même, on a un runner-up : Dario Sammartino, presque vainqueur en 2019, n°1 de la All Time Money List transalpine et passé maître dans l'art de la coupe "coiffé-décoiffé".
Le Day 5 débutera mardi à midi, heure locale (21h en France). Au cours d'une nouvelle journée de dix heures, le field de 440 joueurs devrait chuter à 150 joueurs. On va tout vous racontez, vous venez ?
Benjo, Flegmatic & Fausto