Il s’est mangé une horreur sur un pot à monstrueux à 78 left du plus beau tournoi du monde. Pour son premier Main Event, Shishi a vu son parcours féérique s’arrêter brutalement, sur une river qui restera peut-être à jamais son plus gros bad beat. « J’ai le droit de whine pour toujours », réagissait l'animateur du CP Radio, à chaud. Une petite balade le temps de “tuer le tilt”, puis Mikael revenait nous voir à la table des journalistes. Non pas pour "whine", mais pour partager son ressenti sur sa semaine irréelle, qui a fait vibrer le joueur, ses amis, ses followers et toute la communauté du poker français.
« Ça m’a détruit, pose le joueur au moment de revenir sur le fameux bad-beat. D’abord, j’ai pleuré. Puis on a marché sur le Strip avec Timothé (son collègue vidéaste). J’avais envie de manger un truc gras et dégueulasse, confesse franchement le joueur, qui semble avoir digéré le busto en même temps que la malbouffe. On s’est baladé et j’avais l’impression de découvrir la ville. Avec ce deep run, je n’ai eu le temps de rien faire d’autres ».
Pendant le séjour, on n’a vu beaucoup de grinders nous dire qu’il passait plus de temps au bord de la piscine qu’aux tables de poker. Shishi, lui, n’a connu de Vegas que le bruit des jetons, les niveaux de deux heures et l’atmosphère unique du Main Event. « C’est vraiment un tournoi qui a une âme. Beaucoup de grinders m’en avaient parlé. Avec tous les CP Radios, il y avait beaucoup de choses que j’avais anticipé au sujet de ce tournoi. Le fait de ne pas se projeter, le côté survie, marathon, l’importance de prendre son temps… C’est comme si j’en avais fait l’expérience par procuration » déclare l'animateur, reprenant la formule que Benjo lui avait trouvée lors de son débrief de fin de Day 5.
Shishi avait visualisé le tournoi, mais il l’avait surtout très bien préparé. Depuis le début de l’année, le joueur de cash-game a entamé sa reconversion vers les MTT. Évidemment, c’est plus facile quand certains de vos amis figurent parmi les meilleurs joueurs du monde dans ce format. « J’ai vraiment bossé avec Sylvain (Loosli) et Flavien (Guénan). C’était aussi un prétexte pour créer du contenu sur la chaîne, mais grâce à ça, j’ai énormément progressé. Je me sentais à l’aise à table et j’ai vraiment pu mettre en pratique les choses que j’avais apprises ». Shishi a joué des lines subtils, remporté des pots énormes, tenu tête à Jason Koon… Cette performance n’aurait pas existé sans ces six mois de boulot.
Le destin s’en est aussi mêlé. Comme lorsqu’en début de Day 2, Shishi créait un pot à 3 averages avec deux Rois contre deux As et frappait le Roi au flop. Deux jours plus tard, il vivait à son tour le cauchemar du poker en se faisant craquer deux As par deux Rois. Au Day 5, il prenait encore deux Rois contre deux Dames pour tomber à deux blindes… Le reste appartient à l’histoire.
Une histoire qui a fait vibrer le poker français, depuis les bords du rail de l’Event Center jusqu’en France. Dans les studios du Club Poker Radio, sur les écrans des abonnés Kill Tilt et dans des chambres de Paris ou du 95, combien de nuits blanches a causé Shishi ? Des dizaines, des centaines d’amis, followers, ou simple amateur de poker étaient derrière les coverages, Instagram, streaming pour pouvoir trouver la moindre information sur celui que les chipcounts appellent Mikael Berrio.
« J’avais aussi tous mes potes hors poker. Ils ne comprennent rien au jeu mais ils ne dormaient pas non plus. Ils m’envoyaient des messages par rapport au coup, au coverage, pour savoir “qu’est-ce que ça veut dire ce truc” » rapporte Shishi, qui a également provoqué des émules dans la maison mère du Club Poker.
L’animateur de la meilleure émission de radio pokeristique inspirait à chaque nouvelle journée un billet d’humeur de son collègue et ami SuperCaddy. Des articles aussi mémorables que le parcours du joueur français, témoignant de la résonance de sa performance à travers notre communauté. C'est que Shishi est un fédérateur, un homme apprécié de tous les gens du métier, tous les passionnés des cartes, qu'on l'ait vu sur ses vidéos, entendu à la radio ou rencontré en chair et en os.
Cette épopée restera gravée dans sa mémoire… Mais aussi sur Youtube puisque chaque chapitre de son aventure a été capté par la caméra de Timothé. À la manière d’une série mythique de Winamax, le vidéaste a suivi Shishi et ses collègues de Kill Tilt tout le long de ce Main Event. « Le Vlog va être énorme » s’enthousiasme le protagoniste, qui n’aurait jamais imaginé proposer autant de matière.
Le dérushage risque de prendre quelque temps mais on a déjà hâte de voir le futur « Dans la tête d’un Shishi ». Et de revoir le nouveau crack du MTT sur d’autres grandes étapes. N’oublions pas que ce n’était qu’une première.