Winamax

J'ai testé pour vous... un des tournois les moins chers de Vegas

- 16 juin 2023 - Par Rootsah

South Point

Le poker à Las Vegas, ce n'est pas que les Championnats du Monde et les High Rollers à sept chiffres. Le poker à Vegas, c'est aussi des petits tournois bien plus accessibles, où tout un chacun peut tâter du jeton sans avoir besoin d'une bankroll à plusieurs zéros. Et ce, même s'il faut parfois quitter le nerf central de la ville, le Strip et ses paillettes, pour se rendre dans des casinos moins huppés. Au South Point, par exemple, qui organise quelques-uns des tournois les plus cheaps de Sin City. Et comme on aime bien gamble pour pas cher à la rédaction, on a décidé d'aller tester ce que les mauvaises langues appelleraient un tournoi de brokes. Alors installez-vous dans le rail : on vous raconte comment ça se passe sur un MTT live à 60 balles dans la ville du vice.

Soixante dollars. 60 $, une somme à deux chiffres seulement. Une broutille à l'échelle de Las Vegas, la ville où des centaines de milliers de dollars passent quotidiennement de main en main, une phrase un peu cliché mais tellement vraie dans la Mecque du gambling. Soixante dollars, c'est peanuts à Sin City, alors qu'a débuté ce vendredi au Horseshoe le tournoi de poker le plus cher de l'été, le Super High Roller WSOP : pour le jouer, il faut débourser 250 000 $, soit plus de 4 000 fois ce montant. 

Pourtant, avec 60 $, on peut s'offrir un bon moment de poker dans la ville de la démesure. Sans surprise, ce n'est pas dans les luxueux établissements du Strip que l'on peut gamble un tournoi à ce tarif, en tout cas pas à notre connaissance : pas la peine de vous rendre à l'Aria, au Venetian ou encore au Bellagio. Pour trouver des MTT où on vous rendra la monnaie sur votre billet de 100 dollars quand vous irez vous inscrire au desk, il faut explorer un peu. Partir à la découverte d'un Vegas moins bling-bling. Et pour cela, il faut rouler quelques miles, en descendant sur Las Vegas Boulevard par exemple.

Depuis le Horseshoe, commencez donc par prendre à gauche en direction du Sud sur la plus célèbre avenue de la ville (à moins que vous ne préfériez l'autoroute pour voir l'Allegiant Stadium, où les Golden Knights de Vegas ont gagné la Stanley Cup il y a trois jours - on parle de hockey sur glace). Ensuite, c'est tout droit : longez le Planet Hollywood, le Luxor et le Mandala Bay, passez le fameux panneau indiquant l'entrée de Sin City, évitez les balles blanches du Las Vegas Golf Center, résistez à la tentation des outlets, et vous avez fait le plus dur. Au loin, vous pouvez déjà entrevoir un établissement qui s'élève plus haut que les nombreux hôtels/motels du bord de la route. Plus qu'à avancer encore d'un carrefour ou deux, et il sera sur votre droite : le South Point Hotel Casino & Spa. 

South Point 2
Quand on le voit depuis l'autoroute ou en entrant sur le parking, on a l'impression que le South Point est un établissement en carton-pâte, qu'on peut faire tomber d'un claquement de doigts (évitez d'essayer quand même, ça peut faire mal). Un peu comme certains grands casinos du Strip certes, mais sans commune mesure proportionnellement parlant. Le South Point, c'est aussi un design simple et épuré de l'extérieur, mais un bâtiment suffisamment massif pour qu'on devine que la frénésie vegassienne bat son plein à l'intérieur.

Une fois franchie la porte du casino, on se retrouve dans une ambiance qui nous rappelle furieusement l'Orleans, cet autre établissement à échelle humaine situé en dehors du Strip, et qu'on vous avait fait visiter il y a quelques années. Au "South" aussi, il est possible de jouer sur une table d'Ultimate à tarif réduit, de trouver plusieurs tables de cash-game aux blindes 1$/2$... et en bonus donc, de register un tournoi de poker pour un prix équivalent à un morceau de barbaque dans un bon steakhouse de la ville.

Ce tournoi, il avait un peu intrigué l'auteur de ces lignes, quand il s'est rendu pour la première fois la semaine dernière au South Point pour taper le carton, le jour de son arrivée à Vegas. Comment, un 60 balles ? Qui débute à 22 heures ? Et avec 1 000 dollars à la win ? En fait, ne tiendrait-on pas là le tournoi de brokes ultime (oui, on s'est dit ça aussi), une sorte de version vegassienne des Déglingos de Winamax, où le seul but est de pousser le plus vite possible ses jetons au milieu ? Car malgré son rythme quotidien, ce tournoi ne figure même pas dans le fameux guide de Salette... Alors hop, ni une ni deux, d'un Mega Stack à 400 $ bien deep mais terminé hors des places payées dans l'aprèm à l'Orleans, votre serviteur est allé donner trois billets de 20 $ sur un crapshot pour se la croustiller sans pression sur son day off.

Poker 1
Car vous vous en doutez : si vous voulez pratiquer un poker high level, ce n'est pas ce tournoi qu'il faut jouer. La structure ? 15 000 jetons de départ, et des niveaux de 15 minutes. À titre de comparaison, ça ressemble aux events "presse" qu'on organise lors des festivals Winamax par exemple... Mais bon, avec un shuffle up and deal programmé en milieu de soirée, on n'a pas le temps de niaiser. Et oui, une fois assis en table, on se rend tout de suite compte qu'on n'a pas affaire au field le plus strong de Las Vegas. Dès la seconde main, ça part à tapis sans arrières-pensées. Le ton est donné : on est là pour gamble, et tant pis pour les ranges d'open, de push ou que sais-je encore. Ici, on joue loose, on surrelance avec des merguez (boujour 7-2 !), et on check dans le noir. Pourquoi se priver, on est là pour s'amuser. Au pire, on ira rebuy : ça ne coûte "que" 60 dollars, hein.

C'est un peu ce qu'à dû se dire ce joueur, qui joue sa première main contre votre serviteur, après s'être inscrit en late reg. Une relance chez lui. Un 3-bet avec deux As pour l'auteur de ces lignes. "Tu aimes ta main ?", demande cet adversaire un peu trop excité, avant de faire tapis. Bah payé, hein... "Ouais, je l'aime bien." En face ? K-Q. Roi au flop, Dame au turn, et on perd un tiers de notre stack. Et le mieux, c'est qu'on n'a même pas envie de tilter. Même quand on se prend un : "Et maintenant, tu l'aimes toujours ta main ?" sous les "Oooh" d'une table visiblement pas habituée au trash-talk. Il est vrai que dans cette situation, chez les joueurs bien élevés, on ramasse le pot sans en faire une tonne... "Tu devrais penser au karma, mec." Et puis bon, vu ce move, il y aura certainement moyen de reprendre nos jetons plus tard, s'ils ne sont pas déjà partis chez quelqu'un d'autre.

South Point 4
Pas grave, donc : car ce qui importe surtout ici, c'est de jouer dans une ambiance conviviale (enfin, pour 99% du field). Sur ce tournoi, on ne se prend pas la tête : les joueurs se connaissent entre eux, ils connaissent les croupiers et inversement, tout le monde connait les serveuses... On joue en famille. Un constat à prendre au premier degré : on observe ainsi un père et son fils tenter leur chance aux tables, pendant que maman est sagement assise dans le rail en les attendant. Plutôt courageux de sa part, pour un tournoi qui ne paiera clairement pas les vacances aux Caraïbes. Mais peut-être qu'elle savait que ça n'allait pas durer longtemps, le fils ayant tenté de bluffer votre serviteur sans fold equity alors que ce dernier détenait un joli brelan... Des coups un peu douteux, il va y en avoir un paquet : comme quand un voisin de table sympathique, ne détenant plus que six blindes devant lui, choisit de vous montrer AJ après une relance d'un "papy', avant de jeter ses cartes dans le muck. "Je le connais, il joue tight," se justifiera notre compère. On pourrait vous en raconter pas mal des comme ça, mais vous risquez de passer trois heures à lire cet article. 

Dealer
Ce moment où tu te dis que même sur un home game à 10 €, tu joues avec du meilleur matos

Finalement, ce field est celui de presque n'importe quel tournoi de poker au buy-in raisonnable : toutes les générations sont représentées et le niveau global est plutôt hétérogène. Bref, 98 joueurs de cartes qui veulent simplement occuper leur soirée en disputant quelques mains et annoncer all-in. Le genre d'épreuve où ça commande verre d'alcool sur verre d'alcool, parce qu'on sait que de toute façon, on n'aura pas trop à réfléchir. Et tiens, notre trashtalker n'est déjà plus de ce monde.

La bulle ? Tout le monde s'en fout. Il faut dire qu'avec un min-cash à 93 $, on ne va pas stall toutes les mains si on a un petit tapis. De toute façon, pas sûr que la majorité des joueurs restants connaissent la notion de stalling... Une fois dans l'argent, on se dit que quand même, on va essayer d'aller en table finale, histoire de pouvoir ensuite chercher la win, et pourquoi pas de jouer sur le podium de la salle de tournoi.

Podium
Car oui, on ne vous a pas dit : malgré des buy-ins dérisoires, le poker est bien installé au South Point. Il existe en effet deux espaces distincts pour le pratiquer. Un premier assez classique, derrière des barrières en bois, où tournent de nombreuses tables de cash-game. Et un autre, réservé aux tournois, planqué derrière un bar, et dont très peu de casinos du Strip peuvent se prévaloir. Il y a même un podium ou trônent deux tables, comme si on s'apprêtait à lancer une partie télévisée. Mais on n'aura pas la chance d'y évoluer : les floors managers ont autre chose à faire. Tant pis : franchement, on se sent bien mieux au South Point qu'au Resorts World par exemple, le dernier casino de luxe sorti de terre il y a deux ans à Las Vegas, où la pokerroom est exigue et sans âme.

Du coup, on n'a pas envie de partir. Et qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse : tout le monde a envie de le gagner, ce tournoi. Alors quand votre serviteur est éliminé en 8e place sur un call adverse un peu douteux (payer 11 blindes avec A5, est-ce vraiment EV+ ?), la sensation ne fait pas plaisir, tournoi à 60 balles ou pas. Au final ? Un gain mirifique de 139 $, qui a au moins le mérite d'exister, et un résultat qui permettra de dire aux potes : "J'ai fait une table finale à Las Vegas. Comment ça, sur quel buy-in ? T'inquiètes, t'inquiètes..." Puis de toute façon, on sait où partiront ces billets verts : c'est quand, le prochain tournoi au South Point ?

Le soleil se lève au Sud

South Point 3
Parce que le poker au South Point, justement, c'est quand même un bon plan. En tournoi, pour ceux qui veulent jouer pas cher : outre ce 60 $ à 1 500 $ garantis organisé chaque soir, d'autres MTT à la structure plus décente ont lieu chaque semaine. On pense notamment à ce 150 $ proposé les jeudis, samedis et dimanches, avec 15 000 $ garantis (25 000 jetons, niveaux de 20 minutes) et noté trois étoiles dans le susdit guide de Salette : pas mal du tout à ce niveau de buy-in. Et de ce qu'on a vu, c'est 200 joueurs par soir et 5 000 $ à la win. Sinon, il y a des tournois bounty à 100 $, un "Chip Chop Survivor"... Le plus beau ? Si vous gagnez un tournoi ici avant le 3 juillet et que vous avez prévu de séjourner au moins jusqu'au 4 juillet à Sin City, vous avez été inspiré : vous allez pouvoir participer à un Tournament of Champions, comme les pros aux WSOP. Il s'agit d'un freeroll à 30 000 $ garantis réservé aux lauréats des tournois du mois précédent ! Le grand vainqueur encaisse 10 000 $... Intéressant, non ?

En cash game, l'offre fera également le bonheur des petites bankrolls : en Texas Hold'em, on commence en 1/2 $, et les amateurs de Mixed Games pourront également trouver chaussure à leur pied avec des parties de PLO, d'Omaha Hi-Lo (jusqu'à 8$/16$) ou de HORSE. On n'attend pas trop longtemps avant de jouer, même le week-end, et les tables sont bien remplies. Cerise sur le gâteau, on retrouve les bons phénomènes de casinos : des papys bien nit, des mecs avec 3 grammes dans le sang qui gamblent un peu plus que d'habitude, mais aussi, évidemment, des joueurs plus sérieux. Pour les purs gambleurs, le South Point propose aussi tout ce qu'on demande à un casino : coeur sur l'Ultimate Poker à 5 $ la mise minimum. Sans oublier un énorme bowling d'environ soixante pistes, et un centre équestre où des rodéos sont organisés !

South Point 4
Bref, si vous voulez kiffer le poker ou autre à Las Vegas pour pas trop cher, le South Point est un spot à ne pas rater. Selon nos sources, il est possible de trouver des tournois encore moins chers à Sin City, du côté du Westgate par exemple, où des floors managers un peu barrés organiseraient quotidiennement un MTT à... 35 $. Mais si ça vous intéresse, on vous laisse chercher. Nous, on va aller jouer nos dollars au Sud de Las Vegas Boulevard.

Un jour, je ferai comme Shaun Deeb

- 15 juin 2023 - Par Fausto

Il y a deux jours, je troquais mon costume de couvreur contre celui de joueur, pour vivre mon tout premier tournoi WSOP. Puisque je raffole des variantes, c’est sur le tout nouveau 8-Game 6-max que je me lançais dans le grand bain, sur le terrain des Shaun Deeb, Robert Mizrachi…. Mais si le légendaire Deeb profitait de ce tournoi pour agrandir sa collection de bracelets, mon dépucelage, lui, fut cataclysmique. Récit d’un premier tournoi WSOP, vu de l’intérieur.

Event #27 : 8-game Mix 1 500 $

Fausto Deeb

J’attendais ce jour depuis des mois. Au moment de découvrir le programme des WSOP, que j’allais bientôt rejoindre pour une troisième campagne de coverage avec Winamax, je vois ce magnifique 8-game, disputé en 6-max et placé en début de festival.

Quel amateur de poker n’a pas rêvé de jouer un jour un tournoi des World Series ? Je me revois il y a dix ans dans mon lit de lycéen, tard dans la nuit, à enchaîner les épisodes Youtube du coverage ESPN. Je fantasmais devant l’immensité de l’Amazon Room, en écoutant les jeux de mots vaseux de Norman Chad, et répétant à voix haute le jingle de « Jack Link’s Beef Jerky », sponsor de l’époque. Cette année, l’heure était venue. Comme dit le générique d’un autre jeu de cartes ayant bercé mon enfance : « A toi de jouer ! ».

J’ai donc conjugué ce rêve d’enfant avec ma passion pour les variantes. En France, impossible de trouver une partie Live de Stud, de Deuce to Seven ou Omaha Hi-Lo. Pour goûter à ces variantes exotiques, je m’entraînais sur le seul tournoi 8-game de la grille Winamax, le fameux 10 balles de 20h, qui ne démarre qu’une fois sur deux par manque de joueurs.

Cette fois, c’était un 1 500 $ de 789 entrées et récompensant le vainqueur d’un bracelet de champion du monde.

Hormis les quelques zéros de plus au buy-in, le cadre, le field, la pression et le fait que ce tournoi peut changer ma vie, aucune différence avec le 10 € de Wina. Et puis, j’ai quand même réussi à le gagner 20 fois (contre des joueurs ne connaissant pas toutes les règles). Pourquoi pas faire de même sur un WSOP (contre Shaun Deeb, Robert Mizrachi, Nick Schulman et consorts) ?

Bref, le jour-J arrive. Comme je suis sérieux, j’ai pris mon ticket la veille. Un petit frisson au moment de voir la caissière recompter tous ces billets de 100 $. Jamais de ma vie, je n’ai mis autant d’argent dans une partie de cartes !

Comme je ne suis pas si sérieux, je me laisse embarquer par Michael Rodrigues, tout juste sacré sur le 1 500 $ Badugi et qui m’a proposé après l’interview d’aller voir Rick Ross au Drai’s, l’immense discothèque du Link’s pour fêter sa victoire. Une proposition qui ne se refuse pas, surtout avec un autre passionné de “mixed-games”, qui me transmettra certainement la chance du champion.

Après une nuit de show à l’américaine, de hip-hop et d’after avec des Mexicains dont on préfère ne pas connaître la provenance de la richesse, je trouverai tout de même la force de refuser une énième tournée de Greygoose pour rentrer à la maison sous les coups 5h. 

Une petite nuit de sommeil, un tour à la piscine pour se rincer le cerveau et j’ai rendez-vous avec mon histoire, à 14h, pour débuter le plus gros tournoi de ma vie.

From chipleader to busto en deux heures

La sève monte au moment de trouver ma table, en section Black de la grande salle du Paris. Six joueurs seulement par table, quel plaisir ! Sur le tapis, une petite pile de plaques noires gravées des huit jeux auquel on jouera, un par orbite (Deuce to Seven, Razz, Stud, Stud8, PL Omaha, Omaha8, No Limit Hold’em et Limit Hold’em). 

pions

La fameuse photo du joueur arrivant à table pour signifier à ses potes le départ de son premier tournoi WSOP.

Pour commencer, ça sera le Stud ! Une variante à l'anceinne, beaucoup joué par les Américains, où il faut constituer la meilleure combinaison avec les sept cartes devant nous, trois cachées et quatre ouvertes.

Ce sont des jeux de “Limit”, les montants des mises sont définis sur chaque “street” et dès le premier coup, on se retrouve à quatre dans le pot. J’ai payé avec trois petits cœurs, j’en recevrais un quatrième, puis un cinquième et tout le monde paie jusqu’au bout ! « On a de l’action d’entrée » s’exclame mon voisin américain, qui call mon dernier bet avec brelan de valets et je prends un gros coup dès la toute première main : après deux minutes, me voilà chipleader du tournoi ! Mazette !

Un départ rêvé mais qui ne signifie évidemment pas grand-chose. J’ai gagné 4 000 jetons sur les 25 000 de départ, et la partie continue en Razz, Deuce to Seven, Stud 8… Pour bien appliquer le système des Ante et les ordres de mises, je regarde mes voisins, qui ont l’air bien plus rodé à l’exercice des variantes en Live. Sur Wina, tout se fait tout seul. Je me retrouve par exemple à fixer un joueur pendant deux minutes, jusqu’à ce qu’ils me disent “it’s on you”, puisque l’ordre de mise change au fur et à mesure des tirages sur les jeux de Stud. 

Pas de visages connus à ma table, mais tout le monde a l’air de tenir les cartes. Difficile cependant d’être excellents dans les huit variantes. En 8-game, il faut vite repérer les lacunes de ses adversaires, afin de les prendre pour cible dans leurs jeux faibles. Je vois qu’un joueur est légèrement perdu en Deuce to Seven (un jeu où il faut faire la pire main possible, à savoir hauteur 7). Il oublie de valoriser un combo évident, hésite longtemps sur les cartes qu’il doit redonner au croupier… Deux coups plus tard, j’ai une main pour l’attaquer ! 

Après une série de tirages fâcheux, le joueur en question trouve un Low hauteur “8-6”, tandis que je n’ai pu trouver mieux qu’un ”9-6”. Me revoilà au stack de départ.

Une vingtaine de minutes plus tard vient le “NL Texas Hold’em”. Un jeu que les amateurs de variantes n’apprécient pas forcément, pour son côté trop répandu et puisque contrairement aux autres jeux, il se joue en “No-Limit”. Les stacks peuvent donc valser en un seul coup. Et c’est d’ailleurs ce jeu qui va broyer mon stack. Un 3-bet avec As-Dame en SB, payé par UTG. Un barrel petit sur 24K, un second un peu plus gros sur la turn 8, avec l’idée de 3-barrel bluff à tapis sur beaucoup de river. Pas le temps d’appuyer sur la détente, le joueur rebondit sur mon “second bar” avec un "all-in". J’ai perdu la moitié de mon stack. 10 000 jetons seulement alors qu’arrive la première pause.

Légèrement sonné mais pas résigné. En “mixed-games”, l’expression “one chip, one chair” est encore plus vraie, et puis, les blindes ne sont pas encore trop élevées. Je reviens plein de bonnes intentions, prêt à remonter la pente. Une demi-heure plus tard, j’avais déjà sauté.

C’est bien simple, je n’ai gagné aucun coup après le retour de pause. Une bonne main de départ en Razz où je ne tire que des cartes hautes. Un nouveau coup de Deuce to Seven raté et les blindes me grignotent jusqu’à tomber à 6 000 puis 3 500 jetons. Avec 7 blindes, je trouve A3 au bouton en “Limit Hold’em”. Bien obligé d’open 1 000. La grosse blinde s’arrête un temps, regarde mon stack miséreux et annonce le raise. Impossible de se coucher pour se garder cinq blindes. Tout part au milieu, le joueur montrera A-8. “Domination nation”, comme disait Norman Chad. Un 8 dès le flop, c’est fini. Mon premier tournoi WSOP a duré 2 h 30.

Adieu veau, vache, cochon, bracelet

Je sors du tournoi abattu et traine mes jambes dans les couloirs bondés du Bally’s. Je cherche la sortie la plus proche, m’affale de tout mon poids sur le mur du casino et allume la clope de la défaite. Je rumine ce tournoi en enfer, mon rêve brisé en à peine trois niveaux, mon run affreux, mes espoirs déçus… Je check mon portable. Je reçois encore des messages Instagram de la communauté française qui m’encourage pour mon premier tournoi. Comment leur dire que c’est déjà fini ?

Pour ne rien arranger, un joueur français me croise devant la sortie et commence à me raconter les bad beats qu’il vient de souffrir sur le 800 $ Deepstack. J’essaie de lui faire comprendre gentiment que j’en ai rien à cirer et repart vers la salle télévisée. Quelques amis joueurs et confrères sauront me remonter le moral. Deux heures de digestion, un tour à la piscine, un rack de Ribs sauce barbecue quelques bières avec les collègues et ça y est, on peut passer à autre chose et repartir de l'avant. Aujourd’hui, le plaisir fut de courte durée mais une chose est sûre, je reviendrai... après avoir été chercher assistance auprès de ce vrai joueur tout terrain qu'est Shaun Deeb. Découvrez son interview post-victoire.
 

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