Winamax

Au Day 1 il n'y a pas de bons calls, il n'y a que des bons folds

- 6 juillet 2023 - Par Benjo DiMeo

Main Event 10 000 $ (Fin du Day 1C)

Day 1C
C'est à Espen Jorstad qu'est revenu l'honneur de donner le coup d'envoi de la troisième et dernière journée de départ du Main Event. En guise de conseil, le champion en titre s'est contenté d'un mot-clé simple : patience. "La structure est très belle, vous avez le temps." Pierre Calamusa n'a pas entendu ce discours frappé au coin du bon sens. Peut-être qu'il aurait dû. Prenant place quine minutes après le coup d'envoi, Pierre s'est immédiatement engagé dans un gros pot avec en main une paire de Rois. Sur la rivière, confronté à une mise all-in, il ne pouvait battre qu'un bluff. Son adversaire n'était pas en bluff, transformant le marathon de neuf jours de Pierre en un crash fatal, au bout de seulement deux minutes.

Probablement sans le vouloir, les autres joueurs du Team Winamax allaient passer le reste de la journée à prendre le contre-exemple de Pierre. Tel Kool Shen jouant une paire de Dames le plus doucement possible, tant le risque d'une paire de Rois ou d'As en face était grand. Tel Romain Lewis abandonnant tranquillement une paire de Rois dès le flop devant une grosse mise adverse. Tel Joao Vieira se retrouvant deux fois dans une confrontation overpaire versus brelan, et perdant à chaque fois le minimum. Tel Mustapha Kanit retenant ses coups. Tous ont été récompensés de leur prudence : ils seront au Day 2. Ce qui nous inspire une réflexion : sur le Day 1 du Main Event, les plus beaux coups de poker que l'on peut jouer impliqueront plus souvent un bon fold qu'un bon call. - Benjo

Le Team W a tout de même bien bossé

Joao Vieira
À l’autre bout du casino, Joao Vieira a passé la journée à grinder dans la vaste Paris Ballroom. Pour un résultat positif : 89 600 jetons mis dans le sac, soit près d’un tapis de départ et demi.

« C’est pas mal... Mais bon, j’avais quand même 93 000 après la deuxième main du jour », rappelle le Portugais, qui avait connu un très beau début de journée. Aurait-il passé le reste de la soirée à fold et à attendre ? Ce n’est pas le genre de la maison. « J’ai passé un Day 1 super actif, reprend le double bracelet WSOP. Je grindais bien, j’étais monté jusqu’à 147 000 après trois niveaux. Puis je me suis pris une succession de coups très compliqués. J’ai down plus de 80 000 en un niveau. Et encore : j’aurais pu tout perdre. J’ai eu deux configurations d’overpairs contre brelan. Heureusement, j’ai vite vu que les joueurs ne préféraient pas me jouer. Donc s’il revenait sur moi, c’est qu’ils avaient du jeu ». - Fausto

Romain Lewis
Pour Romain Lewis en revanche, cette journée est à ranger dans le classeur "pénible". Après quatre niveaux entiers sans grands frissons, et un stack ayant légèrement fondu à 50 000, le dernier niveau lui a coûté cher, au point d'empaqueter seulement 15 900 jetons. C'est toujours 15 900 de plus que son pote Mehdi Chaoui, dont le premier Main Event a tourné court. Pour son baptême du feu, le Marocain n'a pas passé la première pause dîner. Heureusement que Mustapha Kanit était là pour défendre l'honneur des lions de l'Atlas. Avec 142 400 pions, l'Italo-Marocain du Team mène le quatuor au W rouge du jour, devant les 112 700 jetons de Kool Shen. Les quatre d'hier ajoutés aux quatre d'aujourd'hui qui font huit : on espère désormais que Davidi Kitai, Alexane Najchaus et Leo Margets vont tirer leur épingle du jeu demain lors du Day 1D pour former un onze de rêve ! - Flegmatic

Pour le meilleur et pour le Kill

Kill Tilt
Une autre équipe s'est fait remarquer aujourd'hui : le trio des coachs Kill Tilt, qui disputaient pour la première fois le Main Event en bande organisée. Honneur au doyen, celui qui connaît le chemin : avec 110 000 "in the bag", le finaliste de l'édition 2013 Sylvain Loosli était satisfait de sa journée. "Il y avait pas mal de profils intéressants à ma table, c'était sympa d'essayer de trouver les stratégies pour les exploiter." Un exemple de ces profils atypiques ? "Un monsieur de 80 ans qui jouait une main sur deux, et ne foldait sur aucun 3-bet. Bonjour la dynamique ! Il m'a hero-call avec cinquième paire quand je bluffais avec l'As en bloqueur... Un peu plus tard, il a snap-call son tapis avec Q-10 sur J-10-8, j'ai fait all-in avec deux As, il fait le 10 turn !"

Flavien Guenan, lui, est un dilettante du Main Event. "C'est mon cinquième... et le premier depuis 2016." Journée sympa ? Plutôt honnête, avec 97 000 jetons ensachés. "C'est OK, de terminer avec autant. Surtout que j'ai perdu plein de gros coups tout à la fin." L'objectif est clair pour le Grenoblois : quitter Las Vegas dans le vert pour la première fois.

Au milieu de ces vieux routards de Vegas, un petit nouveau : ShiShi. Cette première expérience sur le Main Event est conforme à ce qu'imaginait l'animateur de Club Poker Radio. "Je n'ai pas été surpris. J'avais compris que ce tournoi à une âme, et c'est comme ça que je l'ai vécu. La musique western quand tu arrives, le discours avant le coup d'envoi... Du coup, quand j'ai fait mon premier bluff, j'étais comme stressé. C'est à dire, je me suis vu en train de faire le bluff, dans ma tête je me suis dis, "woah, t'es en train de bluffer au Main Event." Bon, je me suis fait snap call donc j'ai pas trippé très longtemps [rires]." S'étant remis d'une confrontation full vs carré qui ne lui a finalement pas coûté beaucoup, ShiShi termine en tête du clan Kill Tilt, avec 144 000. "J'avais un seul top reg à ma table, Calvin Anderson, au final c'est uniquement contre lui que j'ai gagné des jetons !" Le Français a aussi pu goûter au poker à l'américaine, plus sucré qu'en Europe. "L'ambiance est ultra-bonne ! Tout le monde discute, c'est léger, pas de prise de tête du tout... Et quand ils se prennent un bad beat, c'est pas grave ! Personne ne se plaint. Vraiment, une super expérience."

Concernant sa façon d'aborder un tournoi tentaculaire tel que le Main Event, ShiShi offre un point de vue subtil... et qui nous ramène à ce qu'on écrivait en début d'article, à propos de la patience, des coups que l'on joue, des coups que l'on ne joue pas. "En fait, ta technique importe moins que ta stratégie. Il faut éviter le danger. Le Main Event, c'est un paquebot que tu manoeuvres tout doucement..." - Benjo

Pas d'inspi, plein de jetons

KING5
Trois sur quatre pour les vainqueurs du KING5, c'est ce qui s'appelle un joli score. Pendant que Vincent voyait ses rêves de deep run s'écourter - tout comme Hadrien 'zChance44' Gallois, au terme d'une journée très compliquée - ses compères Corentin et Tom montaient de joyeuses pilasses. "J'étais card dead toute la dernière heure," arrivait tout de même à se lamenter le premier, pointé autour de 190 000, vite rattrapé au bond par ses deux potes. "T'as pas le droit de dire ça !, le reprend Maxime, qui ferme la marche avec 27 000. J'étais monté à 90 000, redescendu à 60 000, remonté à 95 000 et je n'ai pas gagné un coup après le dinner break. Aucun de mes draws ne sont rentrés et je n'ai rien touché pendant le dernier niveau." Entre les deux, c'est Tom (photo) qui semble le plus content de sa journée. "Mon début de tournoi était extraordinaire, sourit-il. J'ai commencé par faire brelan dans un pot 3-bet, ce qui aide pas mal pour monter des jetons. Après ça, je me suis senti vraiment en confiance, j'ai montré à chaque fois les papiers, ce qui m'a permis de faire plusieurs bluffs par la suite." Maintenant, place au repos, avant de revenir de plus belle pour le Day 2. - Flegmatic

KING5

À la table d'à côté, un autre qualifié, Expresso cette fois, a trouvé un sac. Ça fera 30 100 jetons pour Peter Fossey. "Mais bon, il parait que le champion de l'an dernier était passé avec 17 000 alors..."

Winamax
Un brin frigorifiée après avoir passé la journée à côté de l'une des gigantesques bouches d'aération de l'Event Center du Horseshoe - pour l'anecdote, certaines tables sont carrément laissées vacantes car bien trop exposées à la soufflerie délirante de l'engin - Marie-Laure se contente elle aussi d'un tapis de 62 200. "J'aurais pu avoir plus, mais la table était très sérieuse. L'essentiel, c'était de passer la journée."

Un Français sauvage apparaît !

Ludovic Heude
Ce qu'il y a de bien lors des fins de journées, c'est que les langues se délient. C'est ainsi que nous avons fait la connaissance in extremis avant le bagging de Ludovic Heude. "Je suis venu exprès pour le Main Event, explique celui qui se présente comme un ami de Michael Rodrigues. On est voisins, on habite tous les deux à L'Isle-Adam, dans le 95." Mais si le Franco-Portugais est en plein rush cet été - quatre tables finales, rappelons-le - Ludo dispute quant à lui son tout premier tournoi WSOP. Après trois campagnes EPT manquées à Prague, Paris et Monaco, cet habitué du Club Barrière, où il a signé deux victoires en live, est cette fois bien mieux rentré dans son match. "J'ai bien touché, j'ai fait les bons sizings, quelques arrachages, et j'ai aussi craqué les As avec une paire de 6 dans un pot 3-bet. Enfin, je fais brelan turn et full river, mais mon adversaire n'a pas payé mon value bet." Cela fera donc un joli tapis de 135 000 pour poursuivre sa route au Day 2. "Je suis un peu crevé là, confie-t-il, encore victime du jetlag. Mais on se prendra un petit verre après le Day 5." Avec grand plaisir Ludo ! - Flegmatic

Brèves de fin de Day

Samy Dubonnet
« J’ai 5-bet tapis 100 blindes avec As-Roi et mon adversaire à folder deux Rois » - Sonny Franco, qui n’en revient toujours pas - 115 000 jetons.

« Les Day 1 c’est tranquille ? Y'a pas de tranquille : quand tu te sens bien, tu accélères et c’est tout. » - Omar Lakhdari, fidèle à sa philosophie - 184 000 jetons.

« C’est quand même mieux que si j’étais pas venu » - Tom Jarry, auteur d’une belle plue-value de 1 900 jetons par rapport aux 60 000 qu’on lui avait donné au départ. Il n’y a pas de petit profit.

« Le Blue Martini, c’est le meilleur plan. Une boîte qui passe du gros hip-hop, un peu “ghettoish” et ça twerk dans tous les sens » - Samy Dubonnet (photo) avait préparé son Main Event en faisant la bringue dans les coins underground de Vegas - 89 600 jetons.

Un aperçu approximatif du chip-count français... (la version complète et précise sera mise en ligne cet aprem) :

Omar Lakhdari 184 000
Shi Shi 144 000
Samuel Anclevic 135 000
Corentin Ropert 126 200
Eric Sfez 120 000
Sylvain Loosli 110 000
Flavien Guenan 97 000
Alex Réard 91 800
Pierre de Almeida 88 000
Baptiste Carteau 88 000
Samy Dubonnet 86 900
Robin Guillaumot 83 000
Slimane Mameche 81 800
Maxime Parys 76 200
Ivan Deyra 73 000
Tom Jarry 61 900
François Pirault 57 800
Alexandre Coutant (Qualifié Winamax) 49 000
Hayg Badem (Qualifié Winamaxà 46 000
Arnaud Enselme 30 000
Jean-Robert Autran 21 000

Ils retenteront leur chance l'an prochain : Pierre Calamusa, Mehdi Chaoui, Hadrien “zChance44” Gallois, Rémi De Rossi, Nico Dumont, Victor Choupeaux, Pierre Merlin, Rémi Castaignon, Maria Ho, Andreas Kniep, Vanessa Selbst, Koray Aldemir...

Stephen Chidwick
Le regard de tueur de Stephen Chidwick, qui passe sereinement la barre des 100 000 au bout de ce Day 1

Ori Hasson
Un Israélien qui aime la France. Enfin, qui aime surtout raser les tournois français, comme l’an dernier lors de l’APO 2500. Ori Hasson monte un beau tapis et sera du Day 2 avec 94 500 jetons

Vivian Saliba
Une nouvelle qui donne envie de mettre fin au coverage dès ce soir: Vivian Saliba est déjà éliminée de ce Main Event WSOP

Inigoat
Il nous avait fait vibrer sur la table télé du Sismix. Nous n’aurons malheureusement pas le plaisir de revoir les moves diaboliques d’'Inigoat” Naveiro, éliminé dès le premier jour de son premier Main Event

Day 1D : demandez le raz de marée !

WSOP
Comme depuis le début de ce Main Event, nous manquons de données officielles à vous donner au niveau de l'affluence de cette journée. Mais à en croire nos confrères de PokerNews, ce Day 1C a attiré plus de 3 000 joueurs, ce qui représente une augmentation colossale de 66% par rapport à l'an dernier. 1 000 + 1 000 + 3 000 (pour simplifier) : le compte est bon Bertrand, et on ne devrait avoir aucun mal à dépasser ces fameuses 8 773 entrées de 2006. Le record va tomber, ce n'est plus qu'une question d'heures. Reste maintenant à connaître la hauteur de la vague qui va s'abattre sur les salles du Horseshoe et du Paris. On veut les cinq chiffres !

Benjo, Flegmatic & Fausto