Winamax

Une tragédie en trois actes

- 1 juillet 2023 - Par Flegmatic

La France se contente une nouvelle fois de places d'honneur
Pas de bracelet pour Gaëtan Balleur (6e, 54 186 $), Romain Kowalczyk (5e, 71 002 $) ou Jonathan Fhima (4e, 93 773 $)

Event #64 : NLHE Deepstack Championship 600 $ (Finale)

Table Finale 5

Pour la deuxième fois de l'histoire, trois joueurs français avaient réussi à se faufiler en table finale d'un tournoi des World Series of Poker. Mais de la même manière que Michel Leibgorin, Maxime Parys et Samuel Anclevic étaient repartis bredouille du 1 500 $ Freezeout l'an dernier, aucun de nos compatriotes n'enfilera autour de son poignet aujourd'hui le bracelet du Deepstack Championship à 600 $. À la place, Gaëtan Balleur, Romain Kowalczyk et Jonathan Fhima ont signé un tir groupé entre la sixième et la quatrième place, dans cet ordre. Pas même une médaille à ramener à la maison pour nos trois mousquetaires, sortis les uns après les autres, dans une succession d'événements qui nous a laissé un peu hagard. Comme si l'on regardait impuissant un train de marchandises dérailler au ralenti.

John Taylor

Pourtant, à la reprise post dinner break, les choses s'étaient plutôt bien enchaîné. Là où la table finale avait mis pas loin de deux heures à se mettre en place, une fois celle-ci installée, le nombre de prétendants a rapidement diminué de dix à six. À tel point que la direction du tournoi a décidé de supprimer le Day 4 initialement prévu au programme pour en terminer ce soir. 50% de Français à six joueurs restants : la situation était inédite sur un tournoi WSOP disputé à Las Vegas. Surtout, Romain Kowalczyk se replaçait dans le haut du classement suite à un 3-bet shove avec une paire de Rois, payé par le AJ de John Taylor (photo). Ce dernier allait cependant se refaire la cerise sur un autre tricolore, le nouveau short stack de cette TF, Gaëtan Balleur. Tombé sous les dix blindes, le résident de Saint-Martin tente sa chance avec K9 et voit finalement l'Américain s'acquitter de la somme après mûre réflexion et retourner KJ. Un de chute pour le clan français, qui perd au passage un rail riche en énergie et en palmarès (Florian Ribouchon, Alexandre Réard, Pierre Merlin, Nicolas Dumont, etc.). Davantage habitué des tables de cash game que de tournoi, le Picard profite de sa première finale WSOP pour signer son meilleur gain en carrière, à hauteur de 51 186 $.

Romain Kowalczyk

C'est alors que les floors se décident de bouger nos finalistes de l'anonymat de la zone gold de l'Event Center du Horseshoe à l'une des tables annexes du plateau télévisé. Malheureusement, nos deux derniers représentants n'auront pas l'occasion d'en profiter bien longtemps. Placé avantageusement à la gauche de l'écrasant chipleader Steven Stolzenfeld, Romain Kowalczyk se fend d'un 3-bet à 3,75 millions depuis la small blind suite à une ouverture à 1,1 million de l'Américain au bouton. Puis sur un board Q9573, le Nordiste, qui jouait quarante blindes effectives au départ du coup, envoie trois banderilles à 2,25 millions, 4,5 millions puis tapis. Pas même le temps de compter cette dernière mise que l'ami Steven jette un jeton au milieu en guise de call : son 86 a trouvé les noisettes au turn, pour finir loin devant le AK du Français, pris en flagrant délit de bluff. La tête et les épaules basses, le menuisier de Douai s'en va collecter son gain de 71 002 $. Une somme enviable pour laquelle il aurait probablement signé en début de tournoi, pour une sortie qui lui laissera sûrement longtemps un goût amer.

Jonathan Fhima

À peine le temps de se remettre de cette déception que les jetons volent de nouveau en tous sens. Premier de parole, David Guay envoie la sauce pour un peu moins de 20 BB. Dernier à parler en grosse blinde, Jonathan Fhima jette un regard insistant à son voisin de gauche avant d'annoncer "call". Les jeux sont retournés : 66 pour le Canadien et A7 chez le Français, qui se retrouve donc à jouer un lancer de pièce pour sa survie. Cette dernière tombe du mauvais côté, à l'issue d'un board 2293Q. Pas de réaction ou presque du côté de Jonathan, qui salue ses ultimes adversaires avant de filer au bureau des payouts récupérer son chèque de 93 773 $. Là encore, il s'agit d'un nouveau high score en carrière pour le Franco-Israëlien, que l'on reverra tout aussi sinon encore plus déterminé sur le Main Event.

Sixième, cinquième et quatrième : dire que cette table finale ne s'est pas exactement passée comme prévu relèverait de l'euphémisme. Une fois de plus, la communauté de joueurs français a montré qu'elle était capable de s'illustrer sur n'importe quel tournoi de No-Limit Hold'em, impressionnant bon nombre d'observateurs pas forcément habitués à nous voir à pareille fête. Mais de nouveau cet été, nos représentants ont échoué à transformer l'essai, ne collectant qu'un chapelet de places d'honneur, et pas mal de regrets. La fenêtre se réduit de plus en plus pour espérer célébrer une victoire qui serait plus que jamais libératrice. Arrivera-t-elle à temps ? Telle sera l'interrogation principale de ces trois dernières semaines de festival.

David Guay

Nettement derrière au lancement de la phase à trois, David Guay est, à l'heure où ces lignes sont tapées, le nouveau chipleader de ce Deepstack Championship. Mais avec des écarts en tapis extrêmement réduits, tout reste encore possible.