Winamax

L'été où tout le monde est passé tout près

- 12 juillet 2023 - Par Benjo DiMeo

Comme nombre de ses compatriotes avant lui, Julien Montois a manqué le bracelet d'un cheveu
L'ancien ingénieur termine runner-up de l'Event #77 (Lucky 7's NLHE 777 $)
Il sort de sa première finale WSOP avec 400 777 $


Julien Montois
Ils ont beau être tapis dans l'ombre du mastodonte Main Event, ils se font entendre. Eux, ce sont les tricolores dans les gradins du plateau télé secondaire, en train de crier et d'applaudir pour encourager leur poulain du jour, sur la finale du jour, celle du Lucky 7's. Un tournoi gimmick autour du chiffre universellement considéré comme porte-bonheur : 777 $ l'entrée, 7 joueurs par table, et 777 777 $ pour le vainqueur.

De Sarah Herzali sur le 6-max à 1 500 $ à Jérémy Oléon sur le Mini Main Event, en passant par Alexandre Réard, Axel Hallay, Jean Lhuillier, Julien Sitbon, Julien Martini et bien d'autres, les occasions de vibrer furent presque quotidiennes pour la diaspora française de Vegas depuis le lancement des WSOP il y a six semaines. Sur l'une des épreuves les plus populaires de l'été, un Deepstack à 600 $, on en a même eu trois à supporter en simultané. Parmi ceux qui crient le plus fort aujourd'hui : Florian Ribouchon. Comme une forme de renvoi d'ascenseur pour tous ceux qui ont crié pour lui jusqu'au bout du Millionaire Maker.

Toutes ces perfs ont eu droit à la couverture qu'ils méritent dans les colonnes de votre coverage préféré, tout en haut de la section "A la une". Mais jusqu'à présent, aucune ne s'est achevée avec une photo montrant le bracelet et des dizaines de visages rigolards. La fin des World Series of Poker est devant nous : dans huit jours très exactement, les salles de bal du Horseshoe et du Paris seront intégralement vidées de leurs occupants et de leur équipement. Les remplaceront aussitôt une armée de shampouineuses, prêtes à laver la moquette des foulées de dizaines de milliers de joueurs ayant tenté 50 jours et 50 nuits durant de remporter l'un des 95 bracelets mis en jeu sur cette 54e édition.

Julien Montois
Huit jours et une petite vingtaine de tournois : c'est peu, pour tenter d'enfin faire résonner la Marseillaise à Vegas cet été. En tout cas, ce n'est pas demain que les couplets de Rouget de Lisle seront hurlés au Horseshoe : Julien Montois, le héros du jour, a obtenu le même résultat que Sitbon et Ribouchon : la dernière avant le bracelet. On dit souvent que lorsqu'on termine deuxième d'un tournoi de poker, on ressent la même chose qu'en terminant deuxième d'un combat de boxe. Malgré les dollars qui se comptent en centaines de milliers, malgré la satisfaction d'avoir fait mieux que 99,9 % des inscrits (7 300 ici), cet adage n'a jamais été démenti.

"Comment je me sens ? Je me sens comme le mec qui n'est pas sur la photo !", lâche l'ancien ingénieur, que l'on avait rencontré pour la première fois sur l'édition 2019 du WPO Dublin, un peu plus d'un an après sa transition vers le poker pro. Mais, derrière la déception de circonstance pointait déjà la satisfaction d'avoir signé la meilleure performance de sa carrière en live : un colossal cash à 400 000 $ envoyant aux oubliettes son high score (un titre à 31 100 € sur une étape lilloise du Barrière Poker Tour, qui remontait à 2014). "En début de finale, je visais le Top 4, donc c'est déjà ça. Aller aussi loin, c'est une aventure de ouf. C'est un luxe, le rêve de tous les joueurs."

Julien Montois
Le heads-up final contre l'Américain Shawn Daniels n'a pas duré longtemps... "On a tous les deux joué super agressivement." Dans les conversations entre potes d'après finale, un sujet fâcheux monopolisait les débats : la taxation à la source des gains qui menaçait Montois sur le sol américain, le pro n'ayant pas eu la possibilité de se mettre d'équerre avec le Fisc local. Il n'est pas le seul parmi les Français perfant à Vegas, loin de là : depuis un an, le sujet est un véritable sparadrap du Capitaine Haddock pour la communauté tricolore, pour des raisons ubuesques que nous avons eu l'occasion d'évoquer lors de l'édition 2022 des WSOP. Depuis maintenant deux éditions, nombreux sont les joueurs français, amateurs et pros mélangés, qui ont vu leur quart de gloire en partie gâché par ce maelstrom administratif.

En attendant de trouver une solution et récupérer l'intégralité de son dû, Julien Montois avait tout de même envie de se projeter vers l'avenir. Que va-t-il faire de ses gains ? Il va falloir payer les stakeurs dans un premier temps... "Mais pour le reste, je ne vais pas faire de folies : je vais me payer une baraque !"

Julien Montois

Julien Montois

Julien Montois