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Brian Rast : « Sur le PPC , il n’y a aucun endroit où se cacher »

- 23 juin 2023 - Par Fausto

C’est un Brian Rast bien enthousiaste qui apparait sur l’estrade télévisée. Après avoir remporté un sixième bracelet WSOP, son troisième sur le Poker Players Championship, le plus prestigieux tournoi du monde, pour un peu plus de 1,3 million de dollars, Brian a effectivement des raisons d’être heureux. Mais sur la scène High Roller, rares sont les joueurs aussi démonstratifs. Quelques minutes après sa victoire, le champion revient sur ce tournoi unique qu’est le PPC, le triplé qu’il vient d’accomplir, et sur cette émotion, qu’il savoure pleinement.

Event #43 : 50 000 $ Poker Players Championship (Fin)

Rast

Brian, on te voit aujourd’hui très expressif, très heureux, très ému, presque plus que lors des autres titres…

Ce troisième titre, il signifie beaucoup. Jusqu'en 2018, je jouais tout, tout le temps. J’allais régulièrement dans la Bobby’s room. Maintenant, je joue les WSOP tous les jours, je ne fais plus de cash game. J’ai peut-être une perspective différente, parce que je vois ma carrière de joueur de manière différente. Depuis l’année dernière, mon focus est sur les tournois. Et voir que cela paie, c’est très gratifiant. 

Tous les titres sont satisfaisants, mais peut-être qu’en vieillissant, on apprend à savourer davantage quand les choses se passent bien. Aujourd’hui, ça s’est bien passé, mais ce n’est pas comme ça tous les jours. Les quinze derniers tournois que j’ai joués, j’ai du faire deux ITM. Le poker peut être dur dans ces moments-là. C’est beaucoup d’échecs pour des succès modérés. Et très rarement, il y a des grands succès. Je suis arrivé à un point dans ma vie où quand ça marche, il faut que j’en profite à fond.

Comment décrirais-tu cette émotion que tu exprimais au moment de remporter la main finale ?

C’est un mélange : du bonheur, du soulagement, de la fierté… Aussi, je pense à ma femme. Elle est au Brésil actuellement, mais la connexion que j’ai eu avec elle durant ce tournoi était très forte. Je lui envoyais un message à chaque break, je sentais cette confiance qu’elle avait en moi. 

Déjà, lors du Super High Roller Bowl (qu’il a gagné pour 7 525 000), ma femme avait été primordiale . Elle était venu au Day 1, ce qui n’arrive jamais et m’avalait fait écouter ce chant appelé “Sara e Kali”, une sainte portugaise. C’est un Mantra de trois minutes que j’écoutais à chaque pause. Normalement, je ne fais jamais ça. C’est étrange mais les moments où j’ai eu le plus de succès dans ma vie sont ceux où j’ai été le plus connecté avec ma femme. Cela procure énormément d’émotions.

Tu viens d'être nommé pour entrer au Poker Hall of Fame. Tu n’as jamais caché que c’était un de tes objectifs ultimes. Est-ce que tu penses y avoir ta place ? 

Entrer dans le Poker Hall of Fame me motive, et c’est aussi pour ça que je joue autant de tournois WSOP. J’ai joué les plus grosses parties de Cash Game, au Bellagio ou sur Full Tilt, j’ai joué les plus grands tournois du monde. Peut-être que je ne le fais plus aussi assidument aujourd’hui, mais j’ai eu ma période où je faisais ça. Et je gagnais. Pas autant que les Phil Galfond, Tom Dwan, mais je gagnais. Je pense juste que ce que j’ai fait parle de lui-même. Aujourd’hui, je continue de venir aux tables de poker et de faire ce que j’ai à faire du mieux possible. On verra ce que les gens du Hall of Fame pensent.

Rast 2
Tu as joué pendant cinq jours contre les meilleurs joueurs du monde. Quelle était ta stratégie pour faire la différence face à ce field ?

Vous savez, contre les meilleurs du monde, il n’y a pas vraiment de stratégie d’exploitation que vous pouvez vraiment faire. Quand vous jouez des adversaires qui font plus d’erreurs, oui, mais au plus haut niveau, ce n’est pas comme ça que l’on peut faire la différence. Ils jouent un poker trop solide pour ça. Ce que j’essayais de faire, c’est de me concentrer au maximum, de regarder toutes les mains, même quand je ne suis pas impliqué et prendre le maximum de reads que je pouvais. Je me suis senti confiant dans la plupart de mes reads aujourd’hui, même contre les meilleurs du monde, et je pense que cela a joué.

Tu as gagné six bracelets, dont trois PPC, tu as joué les plus grosses parties, tu vas peut-êtree intégrer le Hall of Fame… Qu’est-ce qui vient après ça ?

Je vais jouer au poker pendant le reste de ma vie. J’adore ce jeu. Il y a quelques années je me disais que j’allais peut être devenir trader… Mais ce style de vie ne m’attirait pas. Je ne jouerai pas un poker aussi hardcore qu’il y a quelques années, quand j’étais un monstre, mais je jouerai toujours. Je ne veux pas d’un job où je dois être à fond tout le temps. Le poker a ça d’unique. : si tu t’en vas pendant deux semaines sans jouer, ce n’est pas grave. Tu es off puis tu es on et c’est ce que j’aime.

C’est pour ça que je ne veux pas gérer une entreprise où gérer quelque chose au quotidien. J’ai peut-être la chance d’être assez bon au poker pour pouvoir gagner ma vie avec ça, d’investir cet argent et j’espère que cela va continuer. Donc je vais continuer à jouer. Et les WSOP sont devenus mon moment préféré. Parce que je joue tous les jeux. 

C’est vrai que le poker, et je dirais malheureusement pour moi, a commencé à être “solvé”. Je dis ça parce qu’avant, j’étais relativement meilleur avant que les gens n’aient des réponses des solvers. J’ai continué de travailler, mais je n’aurais plus jamais cet avantage que j’avais il y a huit ou neuf ans. Pour autant, j’adore les World Series. Des tournois comme le "PPC" ou le Dealers Choice sont mes plus belles opportunités, parce qu’il n’y a aucun endroit où se cacher. Je pense que je peux jouer n’importe quelle variante à un très haut niveau. Évidemment, certains sont meilleurs dans certains jeux. Mais avec l’expérience que j’ai, je pense avoir une compréhension globale du jeu et de toutes les variantes, notamment en Big Bet. Et on ne trouve ces tournois qu'ici, pendant les WSOP.