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Le prof de tennis smash son 'one-time'

- 22 juin 2023 - Par Fausto

Le reg parisien réalise la perf d’une vie. Loïc Dobrigna a parfaitement géré l’ICM colossal de cette table finale pour gratter un à un les paliers. Le Français rend finalement les armes en 4e position, pour un gain stratosphérique de 410 493 $

Event #39 : 1 500 $ Monster Stack (Final Day)

Dobrigna

« Je ne sais même pas combien j’ai gagné, j’ai arrêté de regarder les paliers » confesse Loïc Dobrigna, juste après avoir retiré le petit ticket bleu lui permettant d’aller chercher son gain. Un coup d’œil au pay-out, tandis que nous cherchons une table pour débriefer cette perf.

« 410 mille ? Woahhh… 410 mille » répète Loïc, presque ébété par le chiffre. Le joueur est tout juste en train de sortir de la partie. Il reste quelques instants debout, sans dire mot, le temps de revenir à la réalité. « Ah là, ça change tout… Au niveau bankroll, au niveau de tout. Oh la vache ! ».

ICM et jeu de fond de court

Ce gain colossal est la récompense d’une table finale négociée avec patience et intelligence. Et lorsqu’on arrive sur l’ultime table d’un tournoi de plus de 8 000 joueurs, il s’agit surtout de répondre à un exercice d’ICM.

Dobrigna

« Honnêtement, à table, j’étais assez à la cool, retranscrit Loïc. Je jouais vraiment un poker basique. Il y a peut-être un ou deux spots où j’ai mal joué, ou j’ai été un peu trop tight. Je jouais purement l’ICM. Le mec qui était en dessous, il fallait qu’il bust avant moi. Quand le short passait, j’ai du folder beaucoup de mains intermédiaires, en sachant que les chipleaders allaient pouvoir me mettre la pression. Du coup, je laissais le jeu se faire ». 

Une stratégie payante et parfaitement appliquée. Le prof de tennis a pratiqué un jeu de fond de court, sans prendre de risque, pour pousser ses adversaires à la faute. Il a ainsi assisté aux éliminations successives de Joe Cada (sur une petite horreur A-K craqué par A-J) puis de Joshua Adcock (sur une petite horreur A-K craqué par A-Q). En trente minutes, Dobrigna vient de s’assurer 130 000 $ de plus que ce qu’il avait sécurisé. Mais le tournoi ne s’arrête pas là.

Dernier en stack, le joueur sait pertinemment que la stratégie Björn Borg ne suffira plus. Loïc lâche ses coups, prend le filet et coupe les offensives adverses par des 3-bet claqués. Et par deux fois, Dobrigna fait le break.

Un premier double-up avec KQ contre le K10 de Jesse Rockowitz. Loïc revient à 45 millions. Vingt minutes plus tard, nouveau double up avec AK contre le AQ de Colin Robinson. L’Américain tombe à huit blindes et se retrouve sur la corde raide. Il se sauve in extremis sur un call bien hasardeux de Braxton Dunaway, chipleader et profil le plus récréatif de la table. 

Open Dobrigna bouton, 3-bet shove Robinson et en grosse blinde, Dunaway décide de cold-call avec son K9. Un move qui fera fuir le A4 de Loïc, tandis que Colin doublait avec son A10 sur un board K423A.

Chipleader du début de journée, Nicholas Gerrity enchaine les coups perdus et se retrouve à son tour près des dix blindes après un gros affrontement contre Jesse Rockowitz. Vainqueur d’un WSOP 1 500 $ il y a douze ans pour 721 briques, ce même Jesse achèvera lui-même son compatriote sur un flip avec 22 contre A6. Loïc intègre le Final Four.

Monster Stack

Au coude à coude avec Colin Robinson, le Français parvient à placer deux re-steals pour grignoter quelques blindes et fait même un petit hero-call avec quinte sur un board avec quatre cœurs contre Rockowitz. Malheureusement, il voit son concurrent direct doubler sur un nouveau call audacieux de Dunaway, avec A2 contre le A10 de Robinson, qui termine en full.

Bon dernier, Dobrigna prend le spot de 3-bet bourton A2 avec ses 13,5 blindes sur un énième open CO de Rockowitz. En grosse blinde, Dunaway annonce le re-shove. Ça ne sent pas bon. En effet, cette fois, le chipleader a les papiers. Deux Dames qui trouveront le brelan sur le flop KQ8. Turn 3, drawing-dead, Loïc prend la 4e place, pour 410 493 $.

« J’espérais faire une belle perf’ comme ça depuis longtemps, affirme Dobrigna. Ça fait quand même pas mal d’années que je joue, et je n’ai jamais eu trop de réussite en tournois. Et puis, là, j’ai eu le droit un peu au bonheur. Malgré la souffrance pendant tout le tournoi, puisqu’hier en demi-finale j’étais quand même à deux doigts d’aller à l’hosto. Ça m’a peut-être servi d’ailleurs, puisque j’étais dans les vapes, j’attendais les bonnes mains et ça a suffi ».

« Je ne mange pas de solver au petit-dej »

Et maintenant, qu’est-ce qu’on va faire de tout cette oseille ? « Je vais voir. Je pense que je vais mettre une bonne partie de côté en mode investissement, pour avoir un truc régulier qui tombe tous les mois. Puis je vais mettre un peu sur la bankroll, pour faire des tournois un peu plus cher, mais pas beaucoup plus non plus ». Loïc ne compte pas s’installer tout de suite sur le plateau high roller. En revanche, un petit kiff sur le plus grand tournoi du monde est à l'ordre du jour.

Dobrigna

« A la base, je devais jouer un sat pour le Main Event et c’est tout. Je vais peut-être le jouer d’ailleurs ce sat. Mais si ça passe pas, je ferais peut être le Main. Le Vegas ne fait que commencer, c’est ça qu’est marrant », analyse Loïc, qui jouait, on le rappelle, le tout premier tournoi de sa campagne américaine. « À la base, je me suis dit 1 500 $, c’est un peu cher, je vais pas me cagouler direct… Mais la structure était tellement belle, je me suis dit bon vas-y, plutôt que de faire trois 500 turbo ».

Bien lui en a pris, Loïc vient de vivre une finale WSOP sur un tournoi mythique, avec tout ce qu’il va avec. Les caméras PokerGo, l’interview, les rails qui hurlent autour de l’estrade télévisée, avec d’ailleurs, un petit clan français venu encourager le copain. « Il y avait des anciennes connaissances de Paris, d’autres Français que je ne connaissais pas mais qui sont venus. C’est hyper cool, et ça donne un peu de force. Quand je faisais un play, je pouvais en discuter avec eux, puisque je suis pas pro. Je mange pas de solvers au petit dej, j’ai pas un niveau de fou. Donc je demandais des conseils, et ça me réconfortait ». 

Dobrigna

Les copains l’attendent d’ailleurs après l’interview. Et quand on demande à Loïc s’il y aura célébration, l’amateur répond sobrement « je pense qu’on va faire un p’tit truc ouais. J’attends aussi pour appeler mes proches. Je sais qu’il y en a certains qui regardaient le streaming, je vais attendre une petite heure avant de voir leurs réactions ».

Monster Stack

1 500 $ Monster Stack - 8 317 entrées :

1er : Braxton Dunaway : 1 162 681 $
2e : Colin Robinson : 718 649 $
3e : Jesse Rockowitz : 541 376 $
4e : Loïc Dobrigna : 410 493 $
5e : Nicholas Gerrity : 313 297 $
6e : Joshua Adcock : 240 695 $
7e : Joe Cada : 186 149 $
8e : Julien Loire : 144 928 $
9e : Yulian Bogdanov : 113 597 $