On tient le premier champion français de ces WSOP ! Enfin, plutôt le premier champion franco-portugais. Pour son premier vrai tournoi de Badugi, Michael Rodrigues remporte le bracelet WSOP. Une fierté et un soulagement énorme pour cet autodidacte du jeu, formé à la dure et qui prend son premier bracelet... Le jour de la fête du Portugal.
Event #20 : 1 500 $ Badugi
Il marche tranquillement dans les allées du Bally’s, épaulé de ses potes Raouf et Massissa. Un visage connu de certains regs mais rien de plus, Michael Rodrigues avance tranquillement dans l’indifférence de la foule, en direction du bureau des inscriptions pour aller s'inscire à un nouveau tournoi, comme des milliers de joueurs aujourd’hui au Horseshoe. La seule différence, c’est que dix minutes plus tôt, il venait d’être sacré champion du monde de poker.
Pour nous autres couvreurs français, Michael Rodrigues est loin d’être un inconnu. Habitué des gros tournois de l’Hexagone et du circuit EPT, le Portugais fait partie de ces joueurs qu’on salue à chaque fois qu’on le croise, souvent doté d'un beau paquet de jetons.
Tout à l’heure, il avait même tous les pions du tournoi réuni devant lui, pour la photo du vainqueur du 1 500 $ Badugi. Son tout premier bracelet WSOP, sur le tout premier Badugi de l’histoire des World Series.
« Soulagement » est le premier mot qui lui vient pour décrire ce qu’il ressent, à chaud, assis au bar faisant l’intersection entre le Bally’s et le Paris. « Ça fait tant d’années que je cravache dans ce jeu, et je parle du poker en général. Je me mets beaucoup, peut-être trop de pression tous les jours dans ma vie. Là, je passe sur un autre niveau mental. Le bracelet, c’est fait, maintenant, on peut passer à autre chose ».
Attends un peu Mika, on va quand même en parler un peu de ce bracelet. Qu’est-ce que tu faisais déjà sur ce tournoi de Badugi ? « Les mixed games, j’adore ça, lance Rodrigues. Je suis un joueur de Hold’em, mais pour moi, c’est trop lent. Il faut vraiment être super fort mentalement et faire preuve de patience. La vraie histoire, c’est que c’est la deuxième fois de ma vie que je joue au Badugi. J’ai joué une fois sur un Scoop à 1 000 $. Je m’étais trompé en m’inscrivant et j’ai fini 3e. Là, c’est mon premier tournoi Live de cette variante, et je finis premier. Je n'ai jamais joué ailleurs. Il n'y a pas de Badugi nulle part en fait, je ne peux pas y jouer ».
Deux tournois, deux podiums et un bracelet WSOP. Plutôt un bon bilan pour un néophyte de cette variante. Quel est donc le secret de cette réussite indécente ? Le travail du jeu ? Les études théoriques ? Pas vraiment le genre de la maison. « Il faut savoir que j’ai jamais ouvert aucun livre de ma vie sur le poker, déclare le champion. Je ne me définis pas comme un joueur de poker, je suis un joueur de cartes. J’apprends tout seul, sur le tas, sur le terrain, comme dans ma vie de tous les jours ».
Désormais installé sur les gros tournois du circuit international, Mika a monté les échelons pas à pas. Né en France, il s’est passionné pour le jeu, a poncé les cercles un peu partout en Europe. Navigant entre Porto et Dubai, il a toujours opté pour le Portugal lorsqu’il s’agissait de mettre un drapeau à côté de son nom dans les chipcounts. C’est donc “A Potuguesa” qui résonnera pour la première fois cette année, un an après le titre d’un certain Joao Vieira sur le 50 000 $ NLHE. Un premier bracelet lusitanien remporté... Le jour de la fête du Portugal, le 10 juin, et le fameux "Dia de Camoes". « Une fierté incroyable » pour cet autodidacte, venu ici avec ces deux acolytes.
« Ils me suivent partout, mais ils ne connaissent pas les règles du poker. A table, quand je fais “ouais” en levant le pouce, ils savent que j’ai gagné le coup. Ils sont là tous les jours, ils me soutiennent. C’est bien aussi d’avoir des copains hors du poker, au moins on parle pas de cartes toute la journée ». Raouf et Massissa seront également de la fête ce soir, puisque Mika a repéré la soirée parfaite pour célébrer sa victoire. « Ça tombe bien y’a Rick Ross ce soir au Drai’s. Un samedi soir en plus, ça va être incroyable ! Si tu veux venir t’es le bienvenu ! ».
Voilà une proposition alléchante, avant de tout de même se remettre au boulot. « Là, je vais m’inscrire au 10 000$ LO8, on va charbonner jusqu’au bout ! Cette saison, je suis venu pour 50 Jours, avec un objectif personnel bien particulier en tête, et assez élevé. Je le dirais pas maintenant, mais pour te donner un indice, cet objectif s’achève le dernier jour du festival ». Michael Rodrigues est loin d’en avoir fini avec ces WSOP.