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Today was a bad day

- 13 juillet 2023 - Par Flegmatic

Au bout d’une journée calamiteuse, tant d’un point de vue de l’organisation que du run de nos Français, Clément Richez, notre dernier représentant, sort sur l’ultime main de ce Day 6. Le point final, d’une belle journée de m*****.

Rail

Il était notre dernier espoir. Toute la journée, nous avons observé l’hécatombe du clan français. Le premier sortait dès la première minute, sur la première main du jour, dans une indifférence relative, puisque Lorenzo Santos préférait la discrétion aux lumières du coverage. Avant le dinner break, nous pleurions le départ de notre Shishi national, assommé par une river effroyable. Au retour du dîner, nous digérions celle de Jonathan Therme, sali par une river toute aussi odieuse. Dans la foulée, la belle histoire d’Estelle Cohuet prenait fin en table extérieure et à deux heures de la fin du Day 6, il ne restait déjà plus qu’un joueur pour sauver l’honneur français (voir le détail de cette journée noire plus bas).

Nous avions cependant toute confiance en cet homme. Clément Richez, boss de la Team ATM, joueur de cash game accompli, redouté, expérimenté, ayant joué sur tous les continents, pour des montants parfois affolants. Disposant d'un stack conséquent et béni par les Dieux du Poker depuis le début de la semaine, Clément avait tous les atouts pour aller loin, même seul contre tous. Deux heures plus tard, l’homme aux mille tatouages était éliminé du tournoi, sur l’ultime main du jour, en 50e position, pour 188 400 $.

Clément Richez OUT

La main en question est un flip des plus banals. Open-shove As-9 au hi-jack pour 12 blindes, payé par deux 5 en BB et la pocket paire tient. Cependant, le tournoi ne s’est pas joué sur ce flip, mais bien deux heures plus tôt, sur un coup de mutant, que Richez ruminera certainement pendant quelque temps.

Open CO de Richez sur la blinde de Christopher Kimmel. L’Américain défend et le flop vient 456. Check-check et doublette du 6 sur la turn. Kimmel envoie 150 000 (1BB), payé. River triplette du 6, l’Américain balance négligemment 8 jetons de 100 000 au milieu. Richez prend une petite minute, met ses mains derrière son tapis et l’avance au milieu. All-in, pour les 4 millions restant à Christopher.

L’amateur américain, qui fêtait son 41e anniversaire aujourd’hui, va s’offrir un beau cadeau. Après cinq bonnes minutes de tank, Kimmel décide de payer. Richez montre son A10. Hauteur As, tandis que Chris a trouvé le call avec 53, pour un full. Un coup de haute voltige, que Richez regrettait amèrement. 

« Je pense que c’est une catastrophe ce que j’ai fait, estime le grinder. Évidemment, j’ai toutes les over paires dans ma range, mais je n’ai pas suivi le plan que je m’étais fixé. Le but, c’était de me créer une image dégueulasse et d’en profiter » lâchait Clément, documentant en direct son tournoi via ses stories instagram. À froid, le joueur revient sur ce plan de jeu dont il a dévié.

Clément Richez

« Par rapport à mon look et à mon style de jeu, ma stratégie, c’était d’ouvrir beaucoup de mains, d’autant que les gens sont très passifs préflop. Ça gagne beaucoup d’argent de faire ça, tu voles plein de petits pots. En revanche, je vais très rarement bluffer river, parce que j’ai une image horrible. C’est ce que j’ai fait pendant tout mon Vegas. C’est d’ailleurs un des premiers bluffs river que je fais du séjour », confesse Richez, qui pense avoir été perturbé par les mains qu’il a vues ces derniers jours autour du Main Event.

« Honnêtement, la fatigue a joué. Mais aussi le fait de voir des gens faire des folds incroyables dans le Main Event. On a vu Toby Lewis fold nut-flush, moi je fold full. J’ai pris que ça en compte, j’en ai oublié mon image. Si j’avais été quelqu’un d’autre, je pense qu’il aurait fold. Mais puisque c’est moi, il a payé ».

En un coup, Clément Richez voyait son stack réduit en cendres. Mais au poker, il suffit d’un jeton et d’une chaise. Bibibiatch en faisait une nouvelle démonstration en renaissant tel un phénix, sur un numéro qui réchauffait notre cœur meurtri. Un stop & Go réussi avec J9, qui trouvait le J au flop pour abattre le A9 adverse. Puis une orbite plus tard, un superbe 30-70 avec A8 qui trouvait avec le 8 au flop pour salir le AJ de son opposant. En quinze minutes, Clément remonte de 700 000 à 4,5 millions.

« Comme j’ai eu de la chance tout le tournoi, il y a comme un sentiment d’invincibilité. D’ailleurs, c’est drôle, le seul moment où je ne l’ai plus eu, où je sentais que j’allais perdre, c’était le dernier. C’est comme si tu pouvais sentir les choses. Évidemment c’est des conneries, mais sur les autres, j’étais chill, et celui là, j’avais un mauvais pressentiment ».

Clément Richez payouts

La remontée fantastique permettait à Richez de prendre quelques paliers, mais rien de plus. Ne trouvant aucun spot sur la dernière heure, Clément dégrindait gentiment vers les quinze, puis les douze blindes, jusqu’à ce flip ultime. 

Notre dernier soldat tombe dans ce dernier affrontement, mais n’oublie pas toutes les batailles remportées durant ce tournoi, d’autant que Clément avait commencé la guerre avec une jambe en moins, emballant seulement 10 000 jetons en fin de Day 1. Une remontée supersonique au Day 2, un one-man-show en table télé au Day 3, une envolée superbe au Day 4. Clément a vécu une épopée mémorable, avec sa philosophie caractéristique. 

Loin du stress qui peut habiter les deep runners du Main Event, le joueur apparaissait plein de gratitude, cherchant à vivre pleinement chaque instant de son Odyssée pour en apprécier toutes les saveurs.

« J’ai pris le tournoi main par main et j’essayais de faire de mon mieux. Je ne me suis jamais dit “Ah, je suis au Day 5, ah je suis au Day 6, il y a tant de millions…” Mais ce qui est fou, c’est qu’il suffit d’une erreur et t’es out ».

Impressionnant dans ses décisions, comme sur ce full qui a fait le tour des réseaux, exemplaire dans son attitude, agréable avec les couvreurs, à l’aise devant la caméra, Clément Richez a montré cette semaine le beau et grand joueur qu’il est. On connaissait son talent, son équipe, la redoutable Team ATM, on savait la terreur de cash game online qu’il était, mais cette semaine, nous avons appris à le découvrir un peu plus. Et ça nous donne envie de le voir plus souvent. D’ailleurs, on te revoit quand Clément ? 

Clément Richez jetons

« Je vais faire Vegas tous les ans, comme d’habitude, promet le joueur, qui a également d’autres projets en tête. On a sorti une chaine Youtube avec Ben (Chalot, son acolyte de la Team ATM), on va poster des mains du Main Event, notamment celle où je fold le full, les duels contre Tom Dwan… Ça va être des bons souvenirs aussi pour moi. C’était quand même un rêve ! Quand j’ai vu Tom Dwan à la table, je me suis dit c’est bon, je m’en fiche de bust. C’est lui qui m’a fait commencer le jeu. Je regardais toutes ses mains, je décortiquais toutes ses mains à l’époque. Jouer contre lui, c’était vraiment génial ». - Fausto

Quelle journée de merde !

Marton Czuczor

Ce Day 6 ne nous a offert aucun répit. Un clan français décimé ; des bad beats venus d'un autre monde valant des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars ; des conditions de travail rendues inutilement compliquées ; un Espagnol qui ship un bracelet (on plaisante Álex) : retour en images sur un 12 juillet qui restera dans le livre noir du poker tricolore.

Lorenzo Santos Rodriguez

Une main : telle fut la durée de ce Day 6 pour Lorenzo Santos Rodriguez. Né de parents espagnols mais ayant vécu toute sa vie entre la France et la Suisse, il a perdu le flip de la survie pour ses huit dernières blindes. 149e place et 67 700 $ pour le prof' de maths venu de Haute-Savoie.

ShiShi
Le premier gros coup de massue sur la tête du clan français est intervenu juste avant le dinner break. Une river cruelle pour ShiShi, qui avait réussi à faire en sorte que son adversaire mette tous ses jetons au milieu avec une main dominée, pour un pot de 100 blindes. Après être tombé à deux blindes lors du Day 5, Mikael Berrio achève son incroyable run sur une 78e place, pour 109 400 $.

Jonathan Therme
Une pause dîner plus tard, le scénario cauchemar se reproduisait pour Jonathan Therme. Un nouveau hero call pour éventer le semi-bluff de l'Espagnol Juan Maceiras, et une rivière sans pitié, éjectant Johnny un rang plus loin (77e, 109 400 $).

Estelle Cohuet
Elle a été notre éclaircie au milieu de la tempête. Rapidement proclamée Last Woman Standing, Estelle Cohuet a poussé le bouchon jusqu'en 68e place, malgré une journée difficile. Nouvelle coqueluche de la télévision américaine, Dourbie repart de son premier Big One avec des souvenirs plein la tête et un chèque de 130 300 $.

Clément Richez OUT
Tout un symbole : le dernier clou sur le cercueil tricolore a été planté sur l'ultime main de la journée. Histoire de boucler la boucle, c'est sur un flip qu'a pris fin le tournoi de Clément Richez, au terme d'une journée ponctuée par autant de hauts que de bas aujourd'hui. Pour l'une de ses rares sorties en tournoi, le cofondateur de la Team ATM termine 50e pour 188 400 $.

Et à part ça ?

Rail

En temps normal, nous aurions conclu cet article et cette journée par une série de brèves mettant en scène les derniers protagonistes de ce tournoi. Ceux qui ont monté des jetons, ceux qu'on connait déjà et qu'il faudra surveiller de près, ceux que l'on a appris à connaître, ceux que l'on ne connait toujours pas après six jours de Main Event... Mais sans accès à la zone de tournoi aujourd'hui, difficile de suivre les évolutions des tapis de chacun et de vous raconter de belles histoires. Parce qu'on ne va quand même pas se quitter comme ça, voici donc une galerie photos d'hommes politiques de la Quatrième République.

Vincent Auriol

Rare image de l'énorme call de Vincent Auriol lors de son heads-up contre Auguste Champetier de Ribes, qui lui permettra notamment de rafler le titre de Player of the Year 1947.

Georges Bidault
Georges Bidault (à gauche) restera comme le grand perdant du deal à trois avec Anthony Eden (au milieu) et John Foster, conclu en finale du BPT Bruxelles 1948.

Pierre Pflimlin
Pierre Pflimlin, en train de ratifier les accords de Rozvadov 1950, entérinant la création du New York Back Raise.

Maurice Thorez
Longtemps chipleader du parlement, le PCF de Maurice Thorez bust finalement en 1951 sur un joli gamble de la Troisième Force menée par Henri Queuille.

René Coty
René Coty chantant la Marseillaise après son bracelet en poker chinois remporté en 1953 contre Konrad Adenauer.

Heureusement, demain est un nouveau jour. Et en plus, c'est mon anniversaire. - Flegmatic