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Rebei nous a ébahis

- 14 juillet 2022 - Par Fausto

Après un long numéro d’acrobate, Karim Rebei chute à quelques encablures de la finale. Inconnu il y a encore quelques jours, l’amateur aura régalé les spectateurs par son jeu imprévisible et ses bluffs venus d’ailleurs, au point de devenir l'une des attractions du tournoi. Mais la réussite l’a quitté sur cette fin de Day 7. Il ne reste plus de Français dans ce Main Event.

Level 35 : 300 000 / 600 000 BB ante 600 000
Main Event 10 000 $ (Day 7 - 15 joueurs restants)

Rebei

Pendant une semaine, Karim Rebei a tracé sa route avec un style bien à lui. Des moves déroutants, des bluffs stupéfiants, des sizings écrasants. Pendant plus de six jours, le Franco-Algérien voltigeait dans les hauteurs du chipcount tel un trapéziste évoluant sans filet. Ses figures aléatoires auraient pu mal tourné, mais à chaque fois l'amateur trouvait les cartes pour retomber sur ses pieds et repartir pour de nouvelles envolées, dans des hauteurs plus vertigineuses encore.

Des jetons, du champagne et des bad beats

Rebei

Du Day 3 jusqu’au Day 7, il menait la délégation française, avec un tapis toujours plus imposant. Même lorsqu’il perdait la moitié de son stack suite à ce coup d’anthologie face à Alejandro Lococo, il reconstruisait ses pilasses en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, pour réintégrer dès le niveau suivant la locomotive du tournoi.

Porté par une réussite indécente, il s’envolait en milieu de Day 6 sur un 30-70, avant de prendre le commandement du tournoi, suite à ce coup de poignard mémorable contre Antoine Labat.

Chaque journée, l’entrepreneur rendait une copie époustouflante, chanceuse, où il apposait sa signature avec des bluffs légendaires, comme personne n’ose en faire si loin dans un Main Event. Celui passé par exemple en début d’après midi contre Brian Kim dans un pot 5-bet restera comme l’un des temps-fort de ce Main Event, intégrant directement la collection des plus beaux coups du tournoi.

Rebei

Du poker champagne, des bluffs, des bad beats. C’est ainsi que Karim a forgé sa réputation au point de devenir la coqueluche des médias américains. Ses moves imprévisibles ont régalé les caméras de PokerGo. Dans les couloirs du Paris, les gens se demandent qui est donc cet inconnu français qui écrase le Main Event avec ces bluffs de folie ? Au grand galop, il se dirigeait tout droit vers la table finale du plus grand tournoi du monde. Avec 55 millions de jetons, il a même l'équivalent de ce que sera le tapis moyen à 9 left. Puis en trois heures, Karim a trébuché. En deux gros bluffs, le tapis du Français s’est effondré et malgré une dernière pirouette, Rebei ponctue son numéro en 16e positon pour 410 000 $.

La pirouette de trop

Rebei

Le premier stop survient peu après le diner break et illustre à lui seul la folie furieuse qui caractérise le style Rebei. Sur les blindes 250 000 - 500 000, Karim open 1 400 en SB, payé par John Eames en BB.

Le Français check sur le flop KK3 et reçoit un bet 850 000 du Britannique. C’est là que ça s’enflamme. Check-raise 2 000 000 de Karim, re-raise 3 500 000 de Eames, re-reraise 5 500 000 et call de l’Anglais. Sur la turn 4, le Français poursuit l’attaque avec un bet à 3 280 000, payé encore et 4 500 000 sur la river A. Eames possède 5 300 000 devant lui et annoncera le tapis. Karim n’a que 800 000 à rajouter dans un pot de 20 millions, mais foldera quasi instantanément. Et pour cause. Dans ce coup, le Français tient 96, pour un bluff total, qui s’empalle contre le full floppé de John Eames, qui tient 33.

Après ce premier coup de marteau, Karim serre la vis. Il maintient son stack, toujours confortable, autour des 30 millions de jetons pendant près de deux heures. Puis en quinze minutes, tout s’effondre.

Rebei

Engagé dans un duel contre David Diaz, Karim prend l’initiative sur le board KQ829 et envoie 3-barrels à 2 700 000, 3 700 000, puis 12 millions. Avec son J9, on comprend que le Français ait envie de mettre des jetons au milieu, mais après réflexion, David trouvera un superbe call, pour remporter la main avec son QJ. Le Franco-Algérien prend un coup de massue et descend sous les 20 blindes. 

Un nouveau petit pot perdu le fera même tomber sous la zone rouge. Dès la main suivante, un sursaut d’espoir puisque le Français trouve deux As pour doubler contre le 77 de Matthew Su. Une main plus tard encore, Karim joue le tout pour le tout et ré-envoie le tapis avec 66. Cette fois, ça sera un flip contre le AQ de Matija Dobric. Le flop J1010 offrira du suspens, presque éteint dès la turn K, avant que la river 9 ne mette définitivement fin au magnifique parcours de Karim Rebei.

"On a fait un truc magnifique"

Rebei

« C’était pas mal quand même ! » réagit de lui-même le Français, qui se fait retirer son micro par les techniciens avant de revenir quelques minutes sur son épopée. « Je me suis bien éclaté, j’ai pris énormément de plaisir, on a fait un truc magnifique ! » retient le joueur, presque moins déçu que ses copains qui l’encourageaient dans le rail. « J’ai joué mon jeu du début à la fin, mais j’ai été card-dead sur les dernières heures, analyse le héros français, qui s’est pourtant parfois contenté de belles merguez pour actionner ses bluffs. Le joueur qui n’a qu’un bras (David Diaz) fait un bon call. Il était amoureux de sa main, il n’a pas voulu la lâcher.. Et l’Asiatique m’a bien éclaté, il touchait tout, j’aurais aimé lui rendre la monnaie de sa pièce, et avec les intérêts » réagit Rebei, pas du genre à trembler que ce soit en bluff, en value, ou en interview. « Même aux portes d’une finale WSOP, je n’ai absolument rien senti en termes de palpitations. Je suis un excité, je suis tout le temps à fond, mais mon cœur ne s’accélère jamais ».

Rebei

Pour un premier Main Event, une 16e place à 410 000 $ demeure une performance respectable. Mais plus que le chiffre, on retiendra la manière. Le numéro de Karim a fait vibrer les spectateurs, couvreurs et caméras et on espère vite revoir ce personnage unique sur d’autres tournois de poker. « Il y a peu de chance que vous me voyiez à Paris. Mais je referais surement d’autres beaux évènements, peut être à Barcelone par exemple. Et pour finir le séjour, il reste encore le 5 000 $ demain au Venetian ». Une dernière étape sympathique pour ponctuer cette formidable épopée. Un énorme GG à Karim Rebei. Merci pour ces moments.

Top 5 : les coups de folie de Rebei

Rebei

7 jours de jeu, des dizaines d’heures, des centaines de mains jouées… Difficile de faire une compilation de tous les coups de folie de Karim Rebei, surtout avec un tel Vpip. Malgré tout, certaines mains jouées par le Franco-Algérien peuvent directement entrer au panthéon de ce Main Event WSOP. Petit florilège, garantie 0% GTO, 100% Veuve Cliquot.

1. Papo MC VS Rebei : duel de "locos"

Nous sommes au Day 6 et personne n’arrive à arrêter le phénomène Rebei. Le joueur roule sur le tournoi et vient de monter un stack colossal, au point de prendre le chiplead. Pour calmer les ardeurs de Karim, il faut trouver un joueur aussi fou que lui. Et il n’y en a pas mille. Papo MC se charge donc de tenir en respect le Franco-Algérien en lui mettant le bluff du tournoi.

Lococo

Open Lococo, bouton, défense Rebei en grosse blinde et les deux joueurs voient un flop 987. Check-check de ces messieurs, jusqu’ici tout va bien. Mais il suffit d’une turn K et rien ne va plus. Lead Karim 140 000, raise 485 000 Papo MC, relance 1 135 000 du Français, 4-bet "miss click" chez Papo à 1 785 000, riposte à 4 000 000 chez Rebei et tank-5bet tapis 5 710 000 chez Lococo. Sacrebleu, mais que tiennent donc les deux joueurs ? Visiblement, pas grand chose chez Karim, puisque malgré le faible montant à compléter, le Français décide de fold. Alejandro Lococo, qui s’était planqué dans son hoodie pendant quinze minutes en attendant la décision du Français, se lève d’un coup d’un seul, lève ses deux cartes puis les claque violemment sur le tapis, pour monter un superbe AJ. « Let’s goooooo ! Fucking Poker ! Fucking Poker ! This for what you did to me last time ! » hurlera “La Bestia Del Hardcore”, qui avait visiblement un petit historique avec Monsieur Rebei. (Pour l'anecdote, le Franco-Algérien assurera ensuite avoir bluffé avec 4-5 dépareillés. Si tel était le cas, alors Lococo bluffait avec le meilleur jeu ! Ce qui n'enlève rien à son mérite bien sûr.)

Ici, notre article dedié

2. Antoine Labat, le coup de poignard 

A 50 left du plus beau tournoi du monde, il ne reste que deux Français. Antoine Labat, pro chevronné, sympathique, discret et aussi finaliste malheureux en 2018. Et Karim Rebei, le livetard insaisissable, sans peur et sans vergogne. Le premier résiste tant bien que mal autour de 30 blindes, le deuxième a tous les jetons. Alors qu’il vient d’arriver à la table de Labat, Karim fonce sur son compatriote, pour une explication fratricide.

Rebei Labat

Open 600 000 UTG Rebei, 3-bet SB 1 650 000 Labat et « All-in ! » chez Karim pour mettre à tapis Antoine. Le joueur n’a pas attendu l’annonce de son adversaire mais se presse d’engager ses jetons une fois avoir compris le move. En effet, il tient la meilleure main du poker, pour se relancer complètement dans le tournoi, à un moment plus que crucial. En face, il y a KQ. « Une dame va tomber au flop » prévient Rebei.

Sur ce coup, le bluffeur incontrôlable ne ment pas : Q96 sur le flop. Une petite brise parcourt la salle, puis se transforme en un éclair, sur la turn Q. La river 10s validera le craquage. Antoine s'est fait doufroyé. « C’est sale ! » concède Karim, qui vient d’infliger l’un des bad beats les plus horrifiants qu’un joueur de poker puisse endurer. Labat quittera la salle, brutalisé, sans partager d’autres mots qu’un « sans commentaire ». Karim, lui, s’envole dans la stratosphère du tournoi.

Ici, notre article dedié

3. La pression, c’est de l’eau

Rebei

Day 7 de Main Event, l’un des jours les plus importants de la carrière des 35 combattants qui reviennent dans l’arène. Les stacks sont encore profonds, surtout celui de Karim Rebei. Ce n’est pas le moment de s’envoyer en l’air. Pourtant, après dix minutes de jeu, il va engager les deux tiers de ses jetons dans un coup surréaliste.

Open 600 000 de Mermelstein, 3-bet 1 600 000 de Karim Rebei au bouton et depuis la SB, Brian Kim place le 4-bet, pour 5 225 000. Pas du genre à faiblir, Rebei prend une masse de jetons, puis envoie le 5-bet pour 9 250 000. Kim n’avait pas prévu ça mais paie la mise du Français pour voir le flop 1096. Le Français poursuit son histoire avec un bet à 6 600 000. Un move puissant qui liquéfie littéralement Brian Kim. L’Américain tremblote, tente de se rassurer en discutant avec son opposant, toujours aussi serein et Brian finira par coucher… QQ. Tout à fait. La main de Rebei ? A5. Le meilleure reste à venir avec cette enfilades de punchlines signées Rebei : "Tu veux voir mes cartes ? Tu veux voir mes cartes ? Alors paie ! Ou sinon tu peux prendre un abonnement à PokerGO !"

Ici, notre article dedié

4. Le bluff qui a mal tourné

Dans la palette technique de Karim Rebei, on retrouve beaucoup de “clic-back”. Plutôt que de payer une relance, Rebei n’hésite pas à augmenter les enchères, même d’un faible montant, même avec une main marginale. Il l’avait fait avec son As-5, il le refera ici avec son 96. Nous sommes alors en demi-finale de Main Event et Karim relance 3 blindes en BvB. Payé par Eames. Le flop vient KK3. Pas grand chose à voir avec la main de Rebei, mais là n’est pas le problème : le Français envoie un enchainement check-raise 2 million sur 800 000, le Britannique clique à 3 500 000 et Karim re-clique à 5 million. Il enverra deux autres banderilles sur la turn 4 puis la river A tandis que son adversaire… Avait trouvé le full floppé avec 33. Eames finira par avancer le tapis pour 800 000 de plus que la dernière relance. Le pot fait alors 20 millions de jetons, mais avec hauteur neuf, Karim n’aura d’autres choix que d’abandonner cet énorme pot.

5. Le dernier flip

Rebei

Une dernière acrobatie pour clore le numéro. Quelques précieuses blindes perdues sur un move regrettable, un double up sur la main suivante avec deux As contre deux sept et juste après encore, Rebei remet le couvert. Tapis payé avec 66 contre le AQ de Matija Dobric. Cette fois, pas de bluff, pas de craquage, juste un lancer de pièce classique. Mais cette fois la chance a quitté Rebei. Le board J1010K9 sera le dernier de Karim qui boucle son odyssée homérique en 16e position.

Note de la rédaction : 03h53 à Las Vegas, il reste encore 14 joueurs dans le Main Event. On a perdu la dernière joueuse en course Efthymia Litsou en 18e place. Philippe Souki se bat avec moins de dix blindes. Le Norvégien Espen Jorstad est chip-leader. Une chose est sûre : la partie va encore durer un moment. Nous, on en profite pour mettre en pause notre reportage, le temps de récupérer quelques heures de sommeil et prendre l'air dans le désert. On vous donne rendez-vous vendredi soir pour la table finale du Main Event, qui sera racontée de A à Z dans ces colonnes. A très vite !

De 27 à 18 : trombinoscope des exclus des demi-finales

- 14 juillet 2022 - Par Benjo DiMeo

Level 35 : 300 000 / 600 000 BB ante 600 000
Main Event 10 000 $ (Day 7 - 18 joueurs restants)


Damian Salas
Fausto vous l'a déjà raconté : le troisième mega deep run de Damian Salas sur le Main Event des WSOP s'est arrêté en 27e place. Après une finale en 2017 et une victoire sur la bizarre édition "spéciale COVID" en 2020 (tout s'était joué en ligne, sauf la finale), l'Argentin collecte 262 300 $ après que son Roi-10 se soit crashé contre le Roi-Dame d'Aaron Mermelstein.

Kamal Bittar
Un coin-flip oui, mais riche en rebondissements celui-là : à tapis avec Roi-Dame contre la paire de 7 d'Aaron Mermelstein (encore lui), Kamal Bittar le joueur du Paraguay a trouvé une Dame au flop... mais sa remise en selle n'aura duré que quelques secondes, le temps qu'un 7 sur la rivière le refasse tomber aussitôt de son cheval. Le joueur du Paraguay, qui n'avait jusque-là collecté que quelques résultats en Amérique du Sud, collecte 323 100 $.

Andy Taylor
Vous reprendriez bien un 50/50 ? Andy Taylor a poussé son tapis de 25 BB avec une paire de 8, après un open d'Adrian Attenborough. De grosse blinde, Tom Kunze est revenu par-dessus avec AK, faisant sortir Attenborough du coup. Le croupier a directement retourné un A en guise de door card. A son impressionnante collection de résultats sur les tournois les plus low-stakes d'Angleterre (de 10 à 200 pounds l'entrée), Taylor ajoute une ligne de poids : une 25e place bonne pour 323 100 $.

Mayank Madan
Quelques minutes après avoir perdu la majorité de ses jetons sur une confrontation 88/AA contre Asher Conniff, Mayank Madan engage le peu qu'il lui reste avec As-Dame. Le même Connif paie avec Roi-Valet et trouve un Roi sur le turn, puis un Valet sur la rivière pour éliminer l'Américain en 24e place. Ce dernier n'affichait que trois lignes Hendon Mob avant de signer ce deep-run à 323 100 $.

Brian Kim
Tombé à moins de 15 BB après plusieurs pots perdus, Brian Kim trouve un A4 largement suffisant pour tenter le tout pour le tout. Il est payé deux fois et s'inclinera au showdown face à un As-Dame resté en tête sur un board 10957Q. Comme pour la majorité des joueurs éliminés aujourd'hui, il s'agit de la plus grosse perf de la carrière live de l'Américain, qui n'avait collecté qu'une poignée de résultats sur des tournois à 500 balles ou moins au cours des dix dernières années.

Evan Krentzman
Un flip entre short-stacks, un de plus ! Evan Krentzman et Tzur Levy jouaient chacun une dizaine de blindes, qui se sont rencontrées au milieu du tapis avec As-10 pour le premier, une paire de 9 pour le second. Le board 2-3-4-3-2 a laissé les positions en l'état, scellant l'élimination de Krentzman en 22e place. Habitué du circuit américain depuis dix ans, il récole lui aussi son high score de carrière.

Andres Jeckeln
Wow, enfin un coup joué autrement qu'à tapis avant le flop ! Matija Dobric ouvre en début de parole : c'est payé par Andres Jeckeln (SB) et Tom Kunze (BB). Le flop tombe 42A : les blindes checkent, Dobric c-bet, mais se prend un check/raise de Jeckeln. Fold de Kunze, mais pas de Dobric qui relance assez pour mettre Jeckeln à tapis. L'Argentin paie, révélant un As-Dame joué calmement préflop. Avec son A3, Dobric a des tonnes de portes de sortie : il trouvera l'une d'entre elles dès le turn, un 9. Avec cette 21e place, Andres Jeckeln ajoute 323 100 $ à un palmarès live qui en comportait déjà 800 000, et améliore son meilleur score sur le Main Event (32e en 2018).

Aaron Mermelstein
Responsable de deux éliminations lors de la phase à trois tables, Aaron Mermelstein a ensuite traversé une phase compliquée, avec notamment une paire de Rois qui lui coutera très cher dans un pot 4-bet préflop où un As est apparu au flop. C'est avec 12 blindes et 87 qu'il a joué son va-tout depuis la SB : à sa gauche, Adrian Attenborough a tenté le coup avec une paire de 2. C'est ce que Kinshu aurait appelé un "flip moustache". L'apparition d'un 2 sur le flop mettra fin aux espoirs de Mermelstein, l'un des joueurs au palmarès le plus fourni par les derniers prétendants au Main Event, avec deux titres WPT sur ses étagères et 3,6 millions de dollars de gains accumulés depuis 2010.

Tzur Levy
Le beau run de Tzur Levy, notre faux-Français préféré (il possède le passeport mais n'a jamais parlé notre langue et vit en Israël), s'est arrêté en 19e place après un cold 4-bet shove pour 20 BB depuis la grosse blinde. Matthew Su, qui avait 3-bet, snap call avec deux Dames et reste en tête contre As-Dame. Les 323 100 $ collectés au bureau des payouts représentent le plus gros gain d'une jeune carrière en live entamée en 2018.

Comme un Su neuf

- 14 juillet 2022 - Par Fausto

Tandis que Karim Rebei perd de sa superbe, Matthew Su prend le pouvoir en table télévisée, alors que s'apprêtent à débuter les demi-finales.

Level 34 : 250 000 / 500 000 BB ante 500 000
Main Event 10 000 $ (Day 7 - 18 joueurs restants)

Si j'avais Su (dans ma Fantasy League)

Matthew Su

C’est un jeune reg américain inconnu de nos services. Un joueur qu’on pourrait même prendre pour un amateur au regard de sa fiche Hendon Mob. Une ligne en 2014, deux min-cashs en 2021. Pas le plus intimidant des palmarès. Mais méfiez-vous, Matthew Su a largement les skills et l’expérience nécessaire pour aller chercher un titre Main Event. « Je suis joueur pro depuis 8 ans, surtout spécialiste de Cash Game » explique Matthew, qui a quitté ses études de droit pour se consacrer pleinement au jeu.

Jusqu’en milieu de journée, le natif de Washington se faisait discret, se contentent de maintenir son stack au flot. Parti avec 24 blindes en début de journée, l’Américain a remonté son stack blinde par blinde sur le premier niveau. Quelques resteals et C-bet non payé lui permettent de réintégrer le peloton, jusqu’à cette accélération, qui a laissé toute la table télé sur place. En deux heures, il vient de passer de stack moyen à super-stack, en entaillant notamment une partie du stack de Rebei.

Il faut dire que Matthew a touché. Sur un board 7744K, Karim paie une première mise flop, avant de check-raise son tirage couleur trouvé sur la turn avec J9hh. Sur la river, il fera un sizing de 800 000 dans un pot de 9 millions, sur lequel Su envoie la sauce : Tapis pour 13 100 000 jetons. Le Français parviendra à coucher sa couleur, à raison, puisque Su tenait deux beaux 44.

Su

Un nouveau duel face au Français accouchera d’un nouveau run-out chanceux pour l’Américain. Open 1 000 000 Su, 3 bet 2 700 000 Rebei et check check sur le flop 355. Rebei envoie 2 500 000 sur la turn K puis check-back river As, avant de muck ses cartes après que Su dévoile son A8cc.

Les bras de fer à répétition ont fait naître une amitié entre les deux hommes.

« J’aime beaucoup ce style de joueur, confie Matthew au moment du redraw. Déjà, c’est très bon pour l’action, il n’a pas peur, il trash-talk, les télés adorent. Et puis, quand un joueur comme lui run-hot, c’est très difficile de les arrêter. Ils sont capables d’aller au bout. Mais je pense que je prendrai ces jetons avant ».

Levy devant lui

Levy

Matthew Su ne fait aucune fixette sur Karim Rebei. En ce moment, il prend les jetons de tous les joueurs qui se frottent à lui. Il y a quelques minutes, c'est le malheureux Tzur Levy qui a vu son stack filer chez l'Américain. Open 1 200 000 Asher Conniff, 3-bet de Matthew Su au CO, puis l'Israélien découvre AQ en grosse blinde. Avec 12 000 000 de jetons devant lui, Tzur opte pour le 4-bet shove. Cela fera fuir Coniff, mais pas Su qui paie avec sa paire de dames. Un board J8452, et le parcours de notre “faux français” s'arrête en 19e position. 323 100 € tout de même pour récompenser le parcours de ce jeune grinder, qui signe la meilleure perf de sa jeune carrière.

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Anniversaire
 Après Flegmatic, on souhaite un très bon anniversaire à Asher Coniff. Le pro américain compte le plus gros kop de supporters présents dans les gradins aujourd'hui et beaucoup d'entre eux n'ont pas obligé ce jour spécial. Certains revêtent des T-shirt à son effigie, d'autres ont ramené des bonbons et même des ballons pour célébrer ses 34 ans. Une qualif en finale de Main Event, ça t'irait comme cadeau d'anniversaire ?

Coniff

La classe à Salas

- 14 juillet 2022 - Par Fausto

Level 33 : 200 000 / 400 000 BB ante 400 000
Main Event 10 000 $ (Day 7 - 27 joueurs restants)

Il n’y aura pas de troisième finale de Main Event pour Damian Salas. Après sa finale. 7e en 2017, vainqueur en 2020, l’Argentin stoppe cette fois son superbe parcours en 27e position, pour un gain de 262 300 $.

Le champion tire sa révérence

Salas

Shortstack pendant de longs niveaux, Damian a fait preuve d’une résistance héroïque depuis le Day 4, jusqu’à cet ultime vol de blindes tenté pour 11 blindes avec K10, qui se crash contre le KQ de Mermelstein, qui a payé depuis la grosse blinde. 

« Évidemment, je suis un peu triste sur le moment. Quand on est dans la partie, on a tous des objectifs plus élevés. Mais je suis surtout très fier de cette performance et de mon jeu pendant ce tournoi, où j’ai pris énormément de plaisir » déclare le joueur au sortir de son élimination.

Un sentime qui s'explique par combativité et de la résilience dont Salas a fait preuve cette semaine.  « Durant une grande partie du tournoi, j’ai été shortstack. En voyant les autres joueurs, il y a eu plusieurs moments où je me suis dit “il faut que je double ou que je m’en aille”. Je me suis retrouvé dans de nombreux spots compliqués, souvent avec des mains fortes, j’ai su prendre les bonnes décisions pour survivre et aller le plus loin possible ». 

La fierté argentine

Salas

L’Argentin a su trouver les ressources mentales pour s’accrocher et franchir les différentes épreuves, en trouvant plusieurs folds de mutants, lors de combats pré-flop ou encore de set-ups, que le joueur a su esquiver grâce à une lecture hors-pair. Un numéro de champion, le tout à côté de sa photo, placardée à l’extrémité de l’aile gauche de l’Event Center. 

« Jouer à côté de cette affiche, c’est quelque chose de très fort, confesse Damian. Cela me donne une énergie très particulière. En voyant le drapeau argentin, je me sens extrêmement fier d’être le premier Latino à avoir remporté ce tournoi ». Et puisque deux compatriotes sont encore en course, pourquoi ne pas espérer un deuxième dans les prochains jours.

« Les performances des joueurs argentins sur le Main Event ne me surprennent pas, commente Salas. Il n’y a peu de joueurs argentins à Vegas, mais ceux qui viennent sont très bons. La plupart font partie des meilleurs joueurs online, et ensemble, nous partageons beaucoup de connaissance. Il y a d’autres personnages comme Alejandro Lococo, un joueur très agressif, très versatile, qui dégage une énergie très forte. Je connais les deux autres qui sont encore en lice, et ils sont aussi redoutables ». 

Salas

Damian clôt avec la manière son séjour à Vegas. Demain, il rentrera dans son Argentine natale pour prendre soin de sa femme et de ses enfants. Et en Europe, quand est-ce qu’on te voit Damian ? « C’est vrai que j’ai du venir une fois en quinze ans de carrière, remarque Salas. Mais c’est qu’en Live, je m’ennuie. Il n’y a que les World Series que j’aime vraiment jouer. Mon truc, c’est de jouer six ou sept tables en même temps, j’adore ça. Je ne viendrais pas en Europe pour jouer des tournois Live ou faire le circuit. Mais peut être que je viendrais pour un voyage. Et dans ce cas, il est possible que je m’arrête pour un tournoi ».

Rebei tient le ryhtme  

Rebei

Pendant ce temps, Karim Rebei continue de mener la danse. Le Français a pris quelques jolis pots en table télévisée, en tapant à plusieurs reprises sur la tête de Matthew Su. A l’instant, il vient encore de placer deux gros barrels turn et river dans un pot 3-way sur un board 642KQ pour arracher un joli pot à l’Américain ainsi qu’à Kenny Tran. 55 millions pour le Français, qui part au diner-break en chipleader, suivi de près par Aaron Mermelstein. Les deux hommes disposent d’un petit matelas sur le trio Matija Dobric, Philippe Souki et Espen Jorstad, entre 30 et 40 millions.

Anecdotes, statistiques et citations à la con

 4 mn 22 : C'est le temps qu'il a fallu à Kamal Bittar pour passer de 15 millions de jetons à zéro. Un premier duel As-Dame contre As-Roi. Puis main suivante, un nouvel As-Dame face à la paire de 7 d'Aaron Mermelstein. Cette fois le Paraguayen trouve sa dame au flop, mais un joli 2-outer river mettra fin brutalement au Main Event de Kamel.

 :"Non, je n'ai pas de stacking. En revanche, je mange gratuit à chaque dinner break. Et plus Aaron avance dans le tournoi, plus les restaurants sont de qualité" - Un ami d'Aaron Mermelstein.

De 35 à 27 : trombinoscope des premiers éliminés

- 14 juillet 2022 - Par Benjo DiMeo

Level 33 : 200 000 / 400 000 BB ante 400 000
Main Event 10 000 $ (Day 7 - 27 joueurs restants)


Marco Johnson
Arrivé au Day 7 avec 12 BB, c'est plutôt logiquement que Marco Johnson a ouvert le bal des sortants de la journée. Sa paire de 5 n'a pas trouvé de miracle face à la pointure du dessus (66) détenue par Aaron Mermelstein. Le double détenteur de bracelets, qui s'est intéressé au poker très jeune à cause de son voisin (un certain Chip Reese) remporte 262 300 $ pour sa 35e place, de loin son meilleur score sur le Main Event.

Jonathan Rosa
En huit ans de présence sur le circuit, Jonathan Rosa n'affichait de résultats que dans la catégorie "very low stakes" du circuit live. Sa 34e place, acquise après s'être fait salir par Espen Jorstad (sa deuxième paire plus tirage couleur jouée à fond sur le turn s'est améliorée sur la rivière pour battre 1010), le rend plus riche de 262 300 $.


Imran Bhojani
Battu à la pointure avec les 10 contre les Valets de Kamal Bittard, Imran Bhojani n'avait jusque-là signé des perfs qu'en ses terres. Éliminé en 33e place, il ne deviendra pas le deuxième joueur Sud Africain de l'histoire à atteindre la finale du Main Event après Raymon Rahme, c'était en 2008.

Cameron Blazevich
Cameron Blazevich, lui, a joué sa dernière main avec un A10 n'e s'améliorant pas contre le As-Roi de Brian Kim. Après une première ligne Hendon Mob à 1 680 $, cette 32e place lui en rapporte 262 300.

Joseph Altman
Un coin-flip ultra classique entre ses Valets et le As-Roi de Kamal Bittar : voilà comment s'est achevé le Main Event de Joseph Altman. L'amateur a gardé le sourire au moment de collecter les 262 300 $ de la 31e place. Comme pour tous les joueurs déjà cités, il s'agit d'un record de carrière pour celui qui avait déjà fait l'argent sur le Big One en 2018, et est semble-t-il quelqu'un de très, très généreux :  si l'on en croit le t-shirt humoristique qu'il portait aujourd'hui, Altman a fait don de l'un de ses reins pour sauver la vie d'un proche.

Adam Demersseman
En 30e place : Adam Demersseman, dont le As-10 n'est pas resté en tête contre le Roi-Dame de Matthew Su. On reste dans le bracket de payout à 262 300 $, et il s'agit là encore d'un record de carrière pour l'Américain, qui a tout de même disputé deux finales WSOP en 2019 puis 2022.

Matthew Shepsky
Matthew Shepsky a envoyé ses dernières blindes avec une paire de 4 et Kenny Tran n'a eu aucun mal à payer avec cette paire de 7 trouvée en BB. L'habitué des grosses perfs sur le circuit mid-stakes américain quitte le Main Event en 29e place, plus riche du même montant que ses prédécesseurs.

Mack Khan
Mack Khan n'a pas eu de bol avec sa paire de Dames joué à fond pour 11 blindes : Aaron Mermelstein a tenté sa chance avec son K9, et a été récompensé par l'apparition d'un Roi au flop. Avec l'élimination de Mack en 28e place, les superviseurs pouvaient procéder au tirage des positions sur les trois dernières tables. Plus que 18 sortants avant la TF ! Cela risque de prendre un bon moment...