Winamax

Rêver plus grand

- 13 juillet 2022 - Par Rootsah

Un coup de poignard pour achever cette journée. Nos deux derniers représentants tricolores se sont expliqués en un contre un au cours d’une main critique, accouchant d'un craquage effroyable. Il ne restera qu’un Français pour le Day 7 du Main Event 2022. Un joueur atypique, insaisissable qui n'a pas quitté le groupe des chipleaders depuis une semaine. Et Karim Rebei en fera encore partie demain, à 35 left de 10 millions de dollars.

Main Event 10 000 $ (Fin du Day 6 - 35 joueurs restants)

Rebei

Fratricide

À chaque éditon, le Main Event produit des histoires magnifiques. Des qualifiés parachutés à Vegas qui transforment un satellite de quelques centaines d’euros en des sommes affolantes, après une épopée héroïque. Pierre De Almeida nous en a encore fourni l’exemple aujourd’hui.

Des livetards qui vivent le run de leur vie comme Serge Chechin ou Mikaël Guenni, des premières fois subjuguantes comme celle de David Rotschild ou Matteo Cavelier. Mais le Main Event comporte également son versant sombre, son chapitre noir. Des histoires qui font mal et laissent à jamais des cicatrices sur ceux qui les endurent. Celle à laquelle nous venons d’assister nous rappelle que parfois, ce jeu peut être brutal, infâme, cruel.

Labat

Il est alors 2 heures du matin à Vegas. Trente-sept joueurs bataillent dans l’Event Center, pour se faire une place au Day 7 du Main Event WSOP. Ils combattent depuis plus d’une semaine et attaquent la neuvième heure de jeu de la journée. Parmi les survivants, deux Français. D’un côté Karim Rebei, le livetard impétueux, imprévisible qui roule sur le tournoi avec une insolente réussite, et un stack toujours plus démentiel. De l’autre Antoine Labat, joueur pro chevronné, respecté, discret. Depuis de nombreuses orbites, celui qui termina 9e du Main Event 2018 résiste aux assauts des gros stacks, et fait parler sa science du jeu pour gratter les précieuses blindes nécessaires à sa survie.

Lors de l’ultime redraw, Karim Rebei rejoint la table de son compatriote. Avec son style caractéristique, il ouvre de nombreuses mains, met la pression sur la table, et n’hésite pas à construire de gros pots. Antoine, lui, attend le spot qui lui permettra de reprendre de la hauteur. Le voilà qui arrive.

Rebei

Open de Karim UTG à 675 000 sur les blindes 125 000 / 250 000. Tout le monde fold jusqu’à Labat. En SB, Antoine découvre deux As rouges et place le 3-bet à 1 750 000. La big blind se couche et presqu’aussi rapidement, Karim annonce « All-in ». Antoine ne l’entend pas tout de suite mais comprend la chose quand la croupière pose le jeton associé devant le stack de Rebei. Labat avance alors son tapis, de près de 7 millions de jetons, tout de même, et dévoile ses deux As sur le tapis. En face, il y a KQ.

« Bien joué » commente Karim, tout en prévenant qu’une Dame viendra sur le flop. Tous les joueurs se lèvent, les caméras courent vers la table, on va voir un flop à 14 millions de jetons.

Karim avait raison. Un flop Q96 lui donne une paire. Premier soupir, quelques sueurs et puis soudain, l’effroi. Une deuxième Q sur le turn offre le brelan à Rebei. Antoine ne bronche pas. Et ne bouge pas plus lors que le 10 river met fin à son aventure. Sur les visages des observateurs, de l’ahurissement, du dégoût.

Labat

Pour ne rien arranger, un ami de Karim hurle un énorme « YEEEAAHHH » aussi incontrôlé qu’inapproprié. Labat ne dit mot et rejoint le bureau des paiements, complètement sonné. 214 200 $ l'attendent, mais pour l'heure, aucun chèque ne pourra le consoler.

Il vient de subir l’une des sorties les plus infâmes que l’on peut vivre, sur le plus grand des tournois de poker. « Tu n’imagines pas à quel point » confirme à demi-mot Antoine avant de récupérer son ticket. Il reste stoïque puis s’en va en lâchant une dernière phrase aussi courte que parlante : « Sans commentaire ». 

Insaisissable Rebei

Rebei

L’horreur de cette sortie n’enlève rien à la performance de Karim Rebei. Le livetard continue de surfer sur la vague, avec toujours autant d’insouciance et de réussite. Depuis sept jours, il n’a pas quitté le haut du chipcount, malgré son style acrobatique. Insaissisable, il ouvre toujours autant de mains et fracasse toujours les adversaires qui essaient d’entraver sa marche victorieuse.

« Il y en a qui pensent que je joue n’importe comment, que j’entre dans trop de mains. Je leur réponds alors que s’ils veulent jouer au short-deck, ils peuvent. Moi, je joue au poker avec 52 cartes » ironise Karim pour évoquer son style de jeu. « Pendant dix ans, j’ai perdu. J’ai beaucoup payé, j’ai beaucoup donné, mais tout ça m’a permis d’emmagasiner de l’information et de la classifier, explique l’entrepreneur en développement informatique. Je pense avoir un style déroutant, une bonne capacité à lire les adversaires. J’ai eu de la chance, j’ai “badé” quelques adversaires, comme ce coup contre Antoine Labat, mais cela fait partie du jeu »

Rebei

Ce mercredi, il sera le dernier représentant français sur ce Main Event, avec un stack conséquent de 31,5 millions de jetons, à 35 left de 10 millions de dollars. « Pour me faire monter les palpitations, c’est très difficile. C’est juste beau d’arriver jusque-là. C’est le rêve de tous les joueurs de poker. Je ne sais pas si c’était mon rêve à moi mais avec tous les messages que je reçois et l’engouement, je réalise que c’est magnifique ».

Un dangereux nid de guêpes

Si Karim abordera le Day 7 parmi les gros tapis, il devra cependant veiller à ne pas se faire piquer par un essaim certes dénué de reines-mères internationales, mais infesté d'excellentes ouvrières qui abattront à n'en pas douter un boulot de qualité pour tenter de faire grossir leur ruche. 

Farnes
On commence avec le chipleader Jeffrey Farnes, en pleine bourre avec 37,825 millions (photo ci-dessus), suivi par son dauphin Brian Kim (33,875 millions, ci-dessous). Constamment dans le haut du chipcount toute la journée, il sera certainement un adversaire redoutable : il dispute rien de moins que son 11e Main Event consécutif ! "Ce Day 6 s'est déroulé bien mieux que je n'aurai pu l'imaginer, nous a expliqué l'Américain, exténué à l'issue de cette longue journée, comme il nous l'a avoué. 

Kim
"J'ai gagné presque tous les coups à tapis que j'ai joués, sauf le dernier. Mais n'importe quel joueur aurait fait aussi bien que moi avec les cartes qui m'ont été distribuées aujourd'hui. Je me sens très chanceux de revenir avec un tel stack, en espérant continuer sur ma lancée demain."

Eames
Derrière les deux meneurs, on retrouve également une nuée de profils menaçants, comme le prouvent leurs pedigrees : on pense au solide Philippe Souki (3e), qui s'est envolé en fin de journée, au finaliste EPT John Eames (10e, photo), au double vainqueur WPT Aaron Merleinstein (12e), à l'expérimenté Kenny Tran (20e), au champion du monde Damian Salas (29e) ou encore au top reg WSOP Marco Johnson, 35e et shortstack officiel. 

Le Top 10 pour le Day 7

Jeffrey Farnes (USA) 37 825 000
Brian Kim (USA) 33 875 000
Philippe Souki (UK) 32 475 000
Karim Rebei (France) 31 475 000
Espen Jorstad (Norvège) 31 175 000
Matija Dobric (Croatie) 29 550 000
Adrian Attenborough (Australie) 28 625 000
Andy Taylor (UK) 23 900 000
Michael Duek (USA) 22 575 000
John Eames (UK)

Litsou
Efthymia Litsou, last woman standing de ce Main Event

Le chipcount complet pour le Day 7

Le seat-draw pour le Day 7

Des bleus aux corps

Rothshild
Si Karim Rebei représentera fièrement les chances françaises ce jeudi, ce serait mentir de dire qu'on n'espérait pas une plus grande colonie bleue au moment de bagguer les jetons : à 123 joueurs restants en début de Day 7, ils étaient tout de même sept joueurs en course ! Outre Antoine Labat (38e, voir ci-dessus), c'est David Rotschild (photo) qui s'en est le mieux sorti, résistant jusqu'au retour du dinner-break pour échouer en 65e place à l'issue d'une journée où il n'aura pas pu faire grand-chose, voyant son tapis fondre inexorablement. Pierre de Almeida (70e), qui marchait sur l'eau depuis quelques jours, a vécu un scénario similaire dans un Day 6 cauchemardesque.

Chechin
Cela s'est en revanche plutôt bien passé pour Serge Chechin (80e), qui a gagné quelques coups de cartes décisifs pour gratter quelques paliers avec un tapis souvent réduit. Plus inattendue fut la sortie de Matteo Cavelier (110e) après même pas quatre heures de jeu, tant le petit Français avait donné l'impression de maîtriser son sujet depuis plusieurs jours. Il remporte tout de même 62 500 $ pour fêter son anniversaire, lui qui a eu 21 ans il y a deux semaines à peine. Quant à Mikaël Guenni (113e), il aura livré une véritable démonstration de jeu shortstack durant la majorité du tournoi, pour terminer à une très belle 113e place dont sera certainement très fier son frère Jacques. Alors, bravo messieurs, et merci : vous avez fait vibrer tout le clan tricolore. 

Les éliminés français du Day 6
38e : Antoine Labat 214 200 $
65e : David De Rothshild 121 500  $
70e : Pierre de Almeida (Qualifié Winamax) 121 500 $
80e : Serge Chechin 101 700 $
110e : Matteo Cavelier 62 500 $
113e : Mikael Guenni 62 500 $

Lococo
Alejandro Lococo (photo), auteur du coup du tournoi hier, n'aura pas réussi à surfer jusqu'au bout de la vague : il coule en 37e position, pour un gain de 214 200 $. Parmi les autres noyés du jour, on retrouve aussi le reg américain Eddie Sabat (59e), le dernier Espagnol en lice Lander Lijo (64e), le désormais ex-tenant du titre Koray Aldemir (75e), le protégé de Michael Gathy Johan Schumacher (90e) ou encore la star Dan Smith (121e).

Retrouvez la liste complète des éliminés sur le site des WSOP

Dernier rush avant le Jour J

Fin
Ce Day 6 a fini tard, sous les coups de 3 heures du matin. Du coup, les organisateurs ont décidé de repousser à 14h (23h en France) le coup d'envoi du Day 7. Au bout d'une journée qui devrait là aussi se prolonger tard dans la nuit, 26 joueurs auront été éliminés et nous connaitrons l'identité des neuf finalistes de ce Main Event des WSOP 2022. Les 35 candidats au titre suprême sont déjà assurés d'une très belle somme : 262 300 $, avec un prochain palier à 323 100 $ distribué à partir de la 27e place. Des gains de finalistes pour n'importe quel tournoi au buy-in similaire... Sauf qu'au Big One, ce seront des millions de dollars qui seront en jeu lors de la TF. On se retrouve dans quelques heures pour découvrir qui seront les nouveaux July Nine !

Fausto et Rootsah

Des requins de toutes les mers

- 13 juillet 2022 - Par Fausto

Level 30 : 125 000 / 250 000 BB ante 250 000
Main Event 10 000 $ (Day 6)

Beaucoup d’observateurs s’étonnent de voir un field si “randomish” à 40 left du plus beau tournoi du monde. Il est vrai que le casting manque d’une superstar, d’un nom clinquant, d’un visage (très) connu. Pour autant, le field restant ne manque pas de requins, venu de mers nordiques, britanniques ou des côtes australiennes. En guise de repérage, présentons quelques-uns de ces squales plein de dents et de jetons, à l'entame de la dernière chasse du jour.

Super Jorstad 

Espen Jorstad

Les Scandinaves sont peu représentés en cette fin de Main Event. Depuis le début de cette journée, Espen Jorstad est même seul pour défendre l’honneur viking. Il le fait plutôt bien puisqu'il vient même de faire son entrée dans le gratin du chipcount. Mais qui est donc ce grinder norvégien au stack aussi large que ses épaules ?

Le natif de Steinker, petite commune située dans le comté de Trøndelag, au milieu du pays, a mené son parcours de grinder online jusqu’aux hautes limites. En août dernier, il atteignait la finale du Main Event GG Poker WSOP Online, pour un gain de 603 058 $. En Live, il n’avait pas encore trouvé de perf notoire… jusqu’à ces WSOP où Espen a remporté son premier bracelet sur le Tag Team Event, associé à Patrick Leonard. Un ami de longue date ?

Espen Jorstad

« Pas vraiment. On se joue online sur le même genre de tournois, aux mêmes limites. On avait déjà discuté de temps à autre, mais on ne faisait même pas partie des mêmes groupes WhatsApp ou ce genre de chose, explique Pads. J’avais posté un message Twitter deux heures avant le début du tournoi pour savoir qui voulait être mon partenaire, et je l’ai choisi, parce que c’était le meilleur de tous les postulants ». 

Après avoir porté son partenaire jusqu’à la victoire, Patrick s’est mêlé au rail norvégien pour encourager son partenaire… qui se débrouille plus que bien.

À l’instant, il vient même de prendre une belle masse de jetons à son voisin Andres Jecklen. Open de l’Argentin 500 000, 3-bet du Norvégien 2 millions, payé et les deux joueurs voient le flop 1084. Check-check et sur la turn 3, Jorstad envoie 1 625 000... relancé par Jecklen à 3 500 000. Espen paie, puis check sur la river 7. Andres préfère check back, puis abandonne le pot après que le Norvégien a retourné J10 pour une top paire.

Le petit Super Mario qui trône sur son stack depuis plus d’une semaine peut donc prendre de la hauteur. 

« J’ai un ami qui collectionne les figurines de Mario, explique l’intéressé. Il me l’a donné en me disant que ça me porterait chance. Jusque-là, ça ne marchait pas trop, mais sur celui-là, Mario a fait du bon travail ». 28 millions pour Espen, qui prend place dans le trio de tête du tournoi. - Fausto

L’autre Adrian

Adrian Attenborough

Un colosse portant le nom d’Adrian, chipleader de sa table à 50 left d’un des plus grands tournois du monde ? Hélas, on ne parle pas de notre Team Pro espagnol. Cette fois, cet Adrian nous vient d’Australie. Grinder de longue date, Adrian Attenborough a fait ses classes Live au casino de Melbourne, où il remportait notamment les Hall of Fame Classic des Aussie Millions Championship en 2014. Mais c'est surtout en ligne que le natif de Brisbane a monté sa roll. Sur les tables de cash games High Stakes plus précisément, même si le joueur se plaît à jouer quelques tournois sur les rooms comme lors de ses voyages poker.

Lors de son premier séjour à Vegas, Adrian ponctuait son voyage par une 3e place sur la Bellagio Cup pour 361 patates, le plus gros score de sa carrière.

Le deuxième séjour d’Adrian se passait nettement moins bien. Un seul ITM en plus d’un mois, pour un min-cash sur un Freezout 1 000 $… jusqu’à ce deep run sur le Main Event. Assuré de plus de 200 briques, Attenborough est en bonne position avec plus de 19 millions de jetons, soit une moyenne et demi. - Fausto

Citoyen du monde

Souki
Nous sommes au Day 6 du Main Event, mais on peut toujours avoir des surprises. "Il se pourrait que Philippe Souki soit Français", nous informe ainsi Benjo dans le tchat de la rédaction. Quoi, un joueur tricolore qu'on n'aurait pas encore repéré en déjà six jours de tournoi ? Après vérification, Philippe, un prénom orthographié à la française, en effet, nous explique qu'il détient bien la nationalité : "Mes parents sont Français, mais je joue sous passeport britannique. J'ai aussi des ascendances libanaises." Il nous raconte qu'il pratique "un petit peu" la langue de Molière, "mais pas assez pour une interview." 

Après avoir vécu à Paris durant un an, il réside en ce moment à Londres, et informe être joueur professionnel depuis cinq ans, après avoir commencé le poker il y a quinze ans. "D'ailleurs, je connais bien Antoine Labat, avec qui je joue parfois à Londres, et aussi Julien Sitbon." Mais il fait aussi des tournois, avec réussite : 4e d'un tournoi des Wynn Summer Classic il y a trois semaines pour 102 000 $, il deeprun avec brio son 4e Main Event, où il a atteint l'argent l'an passé. Philippe fait actuellement partie du clan des chipleaders, avec 17 millions en sa possession à une heure de la fin de la journée. - Rootsah

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Lievano

Lorsqu’ils reniflent l’odeur des jetons, les requins n’hésitent pas à s’attaquer entre eux. Les plus gros prédateurs n’ont pas hésité à dévorer les plus faibles, ou les moins chanceux. Dans le dernier niveau, on a ainsi perdu l'Américain Antonio Lievano (photo), Jorge Hou, Frank Funaro ou encore David Levine.

En phase ascendante

- 13 juillet 2022 - Par Rootsah

Level 31 : 125 000 / 250 000 BB ante 250 000
Main Event 10 000 $ (Day 6)

Le Main Event, c'est souvent un tournoi de phases. Des périodes où vous ne voyez rien pendant des heures, et d'autres où vous vous mettez à gagner des gros coups, comme par magie. Pour nos deux Français encore en course dans le tournoi, on est récemment passé dans la deuxième catégorie.

Antoine reprend des couleurs

Labat
Antoine Labat, tout d'abord. Depuis plusieurs heures, le Parisien ne parvenait pas à faire décoller son tapis. Jusqu'à ce qu'il défende sa big blind après un open UTG d'un joueur autrichien. Le flop vient J56, et Antoine check, laissant son adversaire placer son c-bet à 350 000. "Mpiyavv" décide alors de check/raise à 1 million. C'est payé. Le turn est un 10, et après réflexion, Antoine ralentit et tapote la table. Son opposant décide de reprendre le lead, en envoyant 1,4 million. Le Français réfléchit, et avance la somme demandée. La river est un 8. Antoine fait alors un move plutôt inattendu : tapis pour ses 2,8 millions restants ! Son opposant jette ses cartes... "Je n'ai jamais tanké aussi longtemps de ma vie sur une turn. Mais je ne peux pas révéler ma main ici", nous explique Antoine. Nous, on parie sur 97... En tout cas, Antoine remonte à 8,5 millions après ce coup et se rapproche de la moyenne, d'environ 11 millions. - Rootsah

Esprit Rebei

Rebei
27 millions de jetons. Quand on découvre le chipcount actuel de Karim Rebei, on ne peut s'empêcher de penser à ce qu'il nous disait tout à l'heure : "Je serai content de terminer entre 14 et 20 millions." Mais Karim n'est pas homme à attendre tranquillement que les jetons se montent tout seuls. Sur une première main, il avait ainsi grimpé à 21 millions. "J'ai fait une horreur à un mec." Avec A-3, Karim explique avoir relancé à 2,5 millions préflop, et avoir envoyé 3 barrels sur un tableau K-J-4-3-3, à chaque fois pour un montant de 2,7 millions, avec le dernier à tapis."C'était calculé comme ça, justifie Karim. Je pensais qu'il avait les Dames ou les Dix, et il a montré les Dames."

Et sur la première main au retour de la pause, le voilà qui relance à 625 000, provoquant un all-in chez Rudy Cervantes en BB, pour 4,2 millions. Le Français paye immédiatemment avec Q10, et va jouer un coinflip contre 66 : il le remporte à l'issue d'un board où il frappe une Dame en door card. Karim, tout récemment débarqué à une nouvelle table, se repositionne parmi les chipleaders de ce tournoi. Où s'arrêtera t-il ? - Rootsah

Poker plaisir

- 13 juillet 2022 - Par Rootsah

Level 30 : 100 000 / 200 000 BB ante 200 000
Main Event 10 000 $ (Day 6)

Ansi va Levy

Levy
Il y a quatre ans, je croisais Tzur Levy à l’occasion de mon premier coverage sur un 200 € à Rozvadov. Avec 10 000 $ de gains, le jeune grinder n’attirait pas (encore) les lumières et les couvreurs. Mais dans cet océan de randoms slovaques, tchèques et biélorusses, il était le seul drapeau français flottant dans le chipcount. Au moment de lui parler à la pause du tournoi, je m’en vais donc prendre des nouvelles de Tzur… Qui ne comprend rien à ce que je lui dis. Et pour cause, ce supposé joueur français ne parle absolument pas la langue de Molière.

Il n’est tricolore que de papier, ayant acquis la nationalité par son père, mais à part ça, Tzur a toujours vécu en Israël. Pour converser avec lui, c’est donc dans la langue de Moïse, ou de Shakespeare.

Les années ont passé depuis ce GP Germany à 200 €. Quatre ans plus tard, c’est sur le plus gros tournoi du monde que je recroise le jeune Israélien. « Je suis devenu pro à plein temps » m’informe ce fan du Real Madrid, qui en quatre ans, a eu le temps de gonfler sa bankroll ainsi que ses épaules. 

En 2019, il a notamment remporté le High Roller CEP de Barcelone, pour son premier gain à six chiffres. L’année suivante, il prenait une jolie win au King’s Casino pour 40 patates sur un massif 600 € et une 2e place à 40 briques lors des WSOP Online.

Pour son deuxième Vegas, Tzur a enchaîné les ITMs entre le Venetian, le Paris ou le Golden Nugget. Mais sur ce Main Event, le tournoi le plus cher de sa carrière, Levy entre dans une autre dimension. D'ores et déjà assuré de battre son record de gains, il vient même de s’emparer du chiplead, à 60 left de ce Day 6.

Rail 2

Déjà bien stacké, Tzur s’engage dans une bataille de raise pré-flop face à Seungmook Jung. Open du Coréen, 3-bet de Levy, 4-bet de Jung et l’Israélien entre dans le tank. Pendant de longues minutes, il ne saura pas quoi faire de sa paire de 9, mais finit par payer le tapis adverse. Mauvaise nouvelle : Jung tient deux Barbus.

Rail

On parle beaucoup du rail brésilien, français... Mais en termes de nombre et de décibels, le rail israélien n'est pas mal non plus.

Le kop israélien pousse derrière les barrières… Et explose sur le flop 974. Tzur vient de trouver le brelan pour éjecter Seungmook et trouver un presque double up massif après les turn 2 et river 3. Avec 22 500 000 jetons, le jeune grinder prend les commandes du tournoi. - Fausto

Le réveil de Salas

Salas
Koray Aldemir est sorti, mais il reste toujours un vainqueur Main Event dans ce tournoi. Shortstack depuis deux jours, Damian Salas survit malgré la montée des blindes, et vient même de se relancer avec un double-up. Open 300 000 de Karim Rebei, 3-bet shove de Danny Hannawa pour 1 475 000 et l’Argentin paie avec un tapis quasi équivalent. Rebei laisse les deux hommes s’expliquer entre eux.

K9 chez l’Américain, AQ pour l’Argentin qui trouve la top paire tout de suite sur le flop A7K. Le rail argentin exultera une première fois, soufflera sur la turn J puis explosera sur la river 5. En plus de Lococo, un autre héros de Main Event poursuit son numéro.

"Qu’est-ce qu’il est chat... ! commente Karim RebeiLe mec joue une main par heure et double. Ça devrait être interdit de jouer comme ça" poursuit l’amateur, plutôt adepte d’un VPIP plus élevé.

- C’est peut-être comme ça qu’il a gagné la première fois, souffle-je à Karim.

"Comment ça ? Il a gagné un Main Event lui ?" demande le Franco-Algérien, avant que je ne lui montre la photo de Damian placardé à l’autre bout de la salle. - Fausto

Player just wanna have fun

Li
"Il y a un mec à ma table, là, il est complètement fou." Si Antoine Labat ne peut pas trop faire bouger les masses en ce moment, ce rôle revient à Victor Le, pour qui le titre de champion du monde n'est visiblement pas quelque chose de très sérieux. "L'autre fois, il a raise blind UTG à 400 000. [comprenez : avant de recevoir ses cartes] La grosse blinde a dit : 'On joue blind ? Ok, j'y vais', sauf qu'en fait, elle avait vu ses cartes. Le mec lui a proposé de checker blind sur un flop 732, elle a accepté. Et elle a envoyé trois millions dans un million sur le turn 2 ! Et là, le mec lui fait tapis pour 5,6 millions ! Elle avait J10, et lui, 53. Il perd une tonne dans ce coup. Après, il a dit : 'Il faut du fun de temps en temps !'" Nous sommes quand même à 50 joueurs restants du titre le plus prestigieux du poker mondial, et Victor ne semble pas avoir eu de résultats probants sur le circuit... En voilà un qui aura pris du plaisir, quoi qu'il arrive. - Rootsah

Rosa bonheur

Rosa
Un petit carré au level 30 du Main Event des WSOP, ça fait plaisir ou pas ? C'est le moment de kiff qu'à vécu Jonathan Rosa, qui semble être un joueur amateur. Nous arrivons à la river d'un tableau 1010A94, où un certain Cameron Blazevich vient de miser 700 000. Jonathan place une relance à 2 400 000, et Cameron envoie la couscoussière.

"Tu as bien dit all-in ?" demande Cameron, qui paye dans l'instant avec 1010 et gagne facilement contre A4, devenant par la même l'un des gros tapis de ce tournoi avec 15,5 millions, alors que son adversaire tombe à 1,4 million, soit 7 maigres blindes. "Tu as perdu, mais tu as gagné mon respect," conclut un autre joueur de la table, Dingxiang Ong. Et surtout, un gros moment de kiff. - Rootsah

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Sabat
Eddie Sabat, gros régulier du circuit américain comptant moult tables finales WSOP à son actif, signe son plus beau deep run dans le Main Event pour sa 4e place payée de l'été : il termine 59e pour 145 800 $, avec un sourire qui ne l'a (presque) pas quitté de la journée.

"Mais qu'est-ce que c'est que ces coinflips ?" Signé : notre reporter Fausto après avoir assisté à l'élimination de Robert Minor par John Eames. A tapis préflop avec K10 contre 99, l'Américain voit le croupier dérouler un terrible board 2210K... 9. John Eames passe à 12 500 000 : voilà un finaliste EPT à surveiller de près.

"Ça va mieux quand ça monte que quand ça descend". Signé : Antoine Labat, peu avant de perdre un coinflip à 4 millions, pour chuter à 4,5 millions.

À chacun son style

- 13 juillet 2022 - Par Rootsah

Level 28 : 100 000 / 150 000 BB ante 150 000
Main Event 10 000 $ (Day 6)

Tranquille comme Karim

KarimBon, même si les quatre mousquetaires français ont perdu deux de leurs membres, deux sabreurs luttent encore vaillament pour aller décrocher le Graal : Karim Rebei et Antoine Labat. Et visiblement, les deux ne vivent pas tout à fait le même tournoi depuis le dinner-break. Karim, comme à son habitude, affiche une totale confiance. En même temps, il pointe derrière un tapis de 17 millions qui en fait le chipleader de sa table, qu'il aime plutôt bien : "C'est ma table ! Je voudrais dormir ici, elle est magnifique. Depuis le dinner-break, j'ai bien grind." On parle tout de même d'une table comportant Damian Salas notamment et un joueur possédant un stack d'environ 16 millions. Mais Karim affirme qu'il est déjà satisfait de son tapis, alors qu'il reste encore plus de 4 heures de jeu dans ce Day 6 : "Moi, entre 14 et 20 millions pour demain, ça me va !" Mais quand on connait les tendances gamble du bonhomme, soutenu par quelques amis dans le rail, on sait que tout peut encore arriver. - Rootsah

Labat est dans son match

LabatConcernant Antoine Labat en revanche, plus question de nous abreuver de bons mots quand nous allons l'interroger. L'ancien finaliste du Main Event semble ultra-concentré avec ses écouteurs, complètement dans son tournoi. Il faut dire que tout ne semble pas se passer comme prévu depuis le retour du dinner-break, puisque le tapis d'Antoine a chuté à 5 200 000. On l'a cependant vu passer un squeeze pour près d'un million de jetons il y a quelques minutes... Antoine est toujours bien dans le game. - Rootsah

France 2, Espagne 0

SpaniardOn dit adios au dernier représentant du poker espagnol : Lander Lijo, qui termine à la 64e place de ce Main Event pour 121 500 $ et n'imitera donc pas Fernando Pons, dernier finaliste ibérique de ce tournoi en 2016 (9e). Tua133 a relancé en milieu de parole, et voit sa big blind défendue par Austin Wilson. Ce dernier va check-call une première mise sur un tableau Q93, avant de check-raise all-in sur la mise adverse, un turn 4 Lander décide de payer avec AQ, mais est crush par Q-9. Aucun As ne tombe ou coeur à la river et nos collègues espagnols vont donc devoir se contenter de suivre des joueurs étrangers dans cette fin de Main Event. Et pourquoi pas les Français, tiens ? - Rootsah

CaméraSi vous voyez ce type à côté de vous, faites gaffe : de nombreux crânes ont déjà été brisés par cette caméra XXL, notamment pendant la bulle de ce tournoi. Notre photographe Caroline en sait quelque chose

Couple
Un couple, brisé lui aussi : Chris Da Silva (à droite) a été éliminé il y a longtemps

Espen
Rester assis toute la journée pendant des jours, ce n'est pas spécialement bon pour l'organisme. Alors n'hésitez pas à faire quelques étirements !

Etirement 2

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Cedrric Trevino, le chipleader du Day 1A, aura poussé le bouchon jusqu'à la 66e place de ce Main Event, pour 120 500 $. De quoi lui permettre de doubler ses gains en tournois live, et même plus. Et confirmer le dicton qui dit que le chipleader d'un Day 1 ne gagne jamais le tournoi...