Amertume et fierté

- 18 juillet 2022 - Par Fausto

Il n’y aura pas de nouvelle table finale. Nos deux derniers Team Pro se font éjecter en 15e et 12e position. Davidi sur un flip standard, Romain sur deux coups de marteaux. Le Français repart avec une dernière perf' pour ponctuer sa belle fin de Vegas, même si cette élimination, avant une ultime vibration, laisse un goût amer. 

Event #85 - 6-max Championship 10 000 $ (Day 3)

Kitai Lewis

Retour de break fatal. À peine digérées les spaghettis du restaurant italien où Davidi Kitai et Romain Lewis ont profité du dinner-break, les deux hommes voient leur rêve de finale s’écraser rapidement, brutalement.

Le Belge n’a pas vraiment eu le temps d’espérer. Shortstack parmi les quinze survivants, il engage son tapis après quelques minutes. Scott Bohlman demande le tout en SB et Davidi paie avec son 33. Elle devra tenir face au QJ de l’Américain : deux Valets sur le flop, deux briques et le Belge rend les armes en 15e position, pour 39 529 $. Un deuxième deep run avorté à quelles encablures d’une table finale, pour ponctuer un Vegas, qu’il avait commencé de la même manière, avec une 18e place sur le 3 000 $ 6-max.

Lewis Kolonias

Il reste encore Romain Lewis pour défendre l’honneur du Team. Le champion WSOP livre une bataille acharnée à la table de Pavel Plesuv, Alexandros Kolonias et Scott Bohlman. Les quatre hommes se rendent coups pour coups, en proposant un poker de très haut niveau, avec une agressivité maximum.

Lors d’un nouveau bras de fer avec le Grec, Romain envoie le 2-barrels tapis sur un board 4K93. Alexandros prendra plus de trois minutes avant de coucher sa main, et Lewis revient au-dessus des trente blindes… jusqu’à cet énième affrontement face à Pavel Plesuv. Le Moldave est le plus agressif de la table. Il met sans cesse ses adversaires dans des spots compliqués, et n’hésite pas à placer de gros bluffs avec des mains marginales.

Lewis

Romain défend sa blinde face à un open bouton de Pavel et les deux joueurs voient le flop 349. C-bet petit chez Plesuv, payé par Romain et voilà la turn Q. 2-barrel envoyé, pour 185 000, payé encore et river 5. Nouveau check de Romain, et Plesuv compte ses jetons avant de poser le troisième barrel : 450 000 pour suivre. Une seconde plus tard, Romain pose le jeton du call et retourne son 33. Brelan ! Romain pense avoir attrapé son opposant, qui retourne alors… QQ ! Set over set. Terrible.

Ce cœur river permet à rLewis de ne pas tout perdre. Il lui reste 9 blindes alors que les floors annoncent le redraw à 12. Le premier shove passe pour Romain, qui doit affronter un nouvel open de Plesuv sur sa grosse blinde. Le Français tient 77, parfait pour envoyer le tapis et c’est payé en face par… 66. Le spot de la remontée ! Le croupier envoie les cartes : 6 en "door-card", accompagné de deux Dames. Aucun 7 ni aucune dame ne viendront sauver Romain, qui se prend le bad beat après avoir encaissé le set-up et quitte le tournoi juste avant le pay-jump, en 12e position.

Board Lewis

« Elle est dure celle là », marmone le joueur en se dirigeant vers le pay-out. La sortie et la manière laissent évidemment un goût amer, à 12 places d’un deuxième bracelet et de 824 649 $, pour son dernier tournoi des WSOP. Mais très vite, l’amertume laissera place à la fierté.

Parti avec un déficit notable après un premier mois très compliqué en termes de résultat, Romain est revenu de San Diego, il y a trois semaines, avec plein d’ambitions et de positivité. Il s’était promis de se battre jusqu’au bout sur cette deuxième partie de festival. Il a lié les paroles aux actes.

Quatre ITMs dont un gros deep run sur le 3 000 $ Freezeout, un Day 4 de Main Event et enfin, cette demi-finale sur l’un des plus gros tournois du programme. Patience, résilience et combativité lui permettent de repasser dans le vert, en passant même à un cheveu de la grosse perf’ de fin de festoche, à laquelle il nous avait habitué.

« Cette sortie fait mal. A part ma 60e place au Main Event (2019), j’ai rarement connu des coups de marteaux comme ça sur la fin. C’est comme ça, c’est le poker, mais je suis très content de la manière dont j’ai géré cette fin de Vegas et de mon évolution sur le festival, affirme Romain. C’est très difficile de tenir dans la longueur et je suis heureux de mon jeu sur la fin, plus encore que sur mon début de séjour ».

Après ce marathon dans le Nevada, place au repos en Californie. Romain s’envolera de nouveau pour San Diego pour profiter de quelques moments en famille avant de prendre quelques vacances en Europe. Dans son fief londonien, et pourquoi pas dans d’autres destinations européennes, tel Amsterdam ou Berlin. L’occasion de recharger les batteries, de couper avec la bulle de Vegas, avec les cartes, avant d’y revenir dans quelques semaines déjà, pour un nouveau grand rendez-vous, du côté de Barcelone.