Les places payées du Main Event s'ouvrent dans une atmosphère festive et détendue
Le clan tricolore bat son record de joueurs ITM sur le Big One
Il en est ainsi à chaque nouvelle salve. Toutes les cinq minutes, le tableau de bord affiche 35 puis, 12, puis 5, puis 4 joueurs de trop pour atteindre l’ITM. Il est 23 heures 40, Jack Effel prend le micro : le "main-par-main" peut commencer.
La chorégraphie habituelle se met en place. Les spectateurs se ruent autour des barrières. Les copains encouragent, les conjoints envoient leur amour, un baiser à leur moitié pour surmonter l’épreuve fatidique. Au micro, les floors leur répètent incessamment de ne pas pénétrer dans l’espace de jeu, mais toute cette effervescence devient difficile à contrôler.
Dans l’arène, le temps s’étire pour les shortstacks, qui calcule le nombre de coups qu’il leurs reste avant de se retrouver sans jetons. Ils voient les blindes arriver dangereusement vers eux, sont prêts à tout folder pour survivre. « Même si je touche deux As, je couche, affirme Nicolas Torrossian, qui compte moins d’un stack de départ au début du main par main. Ironie du sort, le Français est assis deux places à droite de Kevin Campbell, le bubble-boy de l’année dernière, et qui était sortie… Avec les As (contre As-9).
Du côté des gros stacks, c’est la détente. Ils abusent de leur tapis, mettent la pression, ramassent les blindes puis se lèvent pour aller discuter avec le pote de la table d’à côté, généralement armé d’une bière, que le staff amène sur de larges plateaux. Toutes les trente secondes, un nouveau serveur apparaît des cuisines pour se diriger vers la salle, puis se fait dévaliser aussitôt par une armée de joueurs qui se ruent sur lui, puis mettent les dollars directement dans sa poche, en échange des précieuses pintes. L’attente donne soif. C’est que les minutes sont longues entre les différents all-in & call. Il faut attendre que toutes les 115 tables aient fini, que l’on sache le nombre de joueurs à tapis, que les caméras et Jack Effel soient informés de leur localisation et de l’ordre de retransmission. À chaque nouvelle donne, les joueurs doivent attendre en cinq et dix minutes. Pour tuer l’ennui, ils font connaissance avec leur voisin de table, se lèvent ou appellent carrément un pote, ou leur famille par Skype pour partager le moment. J’ai vu par exemple des bébés et des enfants en bas âge regarder en direct un bulle de ce Main Event par iPhone interposé.Des téléphones et tablettes connectés qui d’un coup, se font bousculer par une batterie de caméra PokerGO. Le floor Nate ouvre la voie avec autorité pour laisser passer l’escadron : Jack Effel arrive pour raconter le coup à tout le monde, via les haut-parleurs. Lui et sa meute iront de tables en tables pendant 80 minutes, pour trouver les quatre derniers bustos.
Deux salles, trois bubble-boys, une bulle
Le premier est mis à tapis directement sur sa grosse blinde. À vrai dire, le pauvre Seyed Nabavi n’a même pas de quoi payer l’ante. Le chipelader de la table Phuoc Nguyen lui a tout demandé avec K








Les survivants sont donc répartis entre l’Event Center et la Paris Ballroom. Évidemment, les joueurs situés dans l’un, ne peuvent pas assister aux all-in & call situés dans l’autre et c’est donc par le son que les joueurs peuvent vivre la bulle, sur les enceintes diffusant les commentaires de Jack Effel qui va de tables en tables pour raconter l’action… Qui se termine quatre fois sur cinq par « We’ve got a double-up !».
Après vingt minutes sans élimination, une nouvelle annonce de Jack Effet provoque les clameurs. « We’v got five all-ins and calls (nous avons cinq tapis payés) ». Un joyeux frémissement parcourt la salle. Ça pourrait être pour maintenant. Si deux des cinq mains causent une élimination, c’en est fini !
Mis à tapis de blinde, Robert Lipkin espère une main pour pouvoir défier le 9

















Enfin, peut-être pas Tom Mc Cormick qui lui aussi est à tapis dans le Paris Ballroom. S’il bust, il devra splitter le premier palier de 15 000 $ avec ces deux compagnons d’infortune. En attendant que Jack Effel et son arsenal de caméras fassent le voyage jusqu’à la salle, le grand-père a sorti sa Bible bleue sur la table, en parfaite harmonie avec sa casquette « I Love Jesus ». Il a l’air tellement gentil que pour une fois, les autres joueurs réclament le double-up du possible bubble-boy. « A King ! », scande la foule, puisque Tom a mis sa dernière blinde avec K3
, contre le 7
6
de Vladimir Geshkenbein.
Quelques sueurs sur le flop 84
4
. Puis un cri de déception sur le 5
turn. Jésus n'a pas su éviter la quinte ventrale, la rivière sera retournée par pure forme : Tom rejoint ces deux prédécesseurs tandis que le Russe met définitivement fin à la bulle de ce Main Event 2022.
Excursion en terres françaises
Profitant d'un tournoi virtuellement mis à l'arrêt pendant une bonne heure et demie, nous avons eu largement le temps de faire trois fois le tour de la salle et prendre des nouvelles d'un maximum de joueurs. Parmi ceux qui attendaient la bulle patiemment, sans stresser mais sans aucun intérêt à tenter un move, il y avait Timothée Scotti (120 000, "c'est mon premier Main Event depuis 2019, je ne le joue que quand je gagne un sat"), Sarah Herzali (218 000), Ludovic Sultan (108 000), Mickael Guenni (250 000), Rosalie Petit (150 000, photo), ou encore Jérôme Zerbib (220 000). Avec ses 500 000, David Susigan pouvait afficher un grand sourire : short-stack douze heures plus tôt, il avait réussi à passer le premier flip, celui de la survie, lui permettant de rejouter au poker et monter des jetons. Du côté des joueurs en position dominante, qui avaient tout loisir d'endosser le rôle de capitaine de la table, il y avait le décidément incontournable Julian Milliard, Igor D'Ursel, Maxime Chilaud, Adrien Guyon, Serge Chechin, Thi Nguyen et Karim Rebei, tous planant au-dessus de la stratosphère du million : ce Day 3, ils ne l'ont pas vécu à la place du mort, mais au volant.Ayant semble-t-il souscrit un abonnement à vie aux ITM sur le Main Event, Giuseppe Zarbo a eu tout loisir de se foutre de nous lorsque l'on a suggéré que les organisateurs allaient peut-être arrêter le Day 3 avant la bulle. "Mais Benjo tu es fou ! Évidemment qu'ils vont faire la bulle ce soir ! Y a les caméras et tout. Tu devrais le savoir, après quinze Main Event !" C'est pas faux... et c'est avec l'assurance d'un vieux routard que Zarbo a enregistré son 282e ITM sur le plus beau tournoi du monde avec un stack de 400 000, un peu plus que celui de [joueur inconnu], le banquier d'affaires qui lui n'en était qu'à son premier, de Main Event.


Malgré l'heure tardive et la proximité du dénouement, il était encore l'heure pour faire des découvertes, comme Samy Bechahed, découvert par hasard par notre confrère Florence Mazet : avec son drapeau américain sur chip-count, le supporter du PSG qualifié via un satellite sur Winamax nous échappait depuis trois jours. Muni du tapis de départ en début de Day 3, une succession de paires d'As le tirera des profondeurs du classement : c'est avec presque un demi-million et donc en total détente qu'il vivra la bulle.
Thomas Eychenne, Matteo Cavelier, Samuel Dray, Simon Wiciak, Cyril Peralez, Florian Ribouchon, Gaëlle Baumann, Antoine Labat, David Rotschild, Alexandre Réard, Pierre De Almdeira : la liste des Français qui attendaient la délivrance aux alentours de une heure du matin s'étire semble-t-il à l'infini. Elle est ici incomplète, mais il est déjà assuré que le fichier officiel que nous relaierons d'ici peu contiendra un nombre record de tricolores ITM. Année après année, nos rangs grossissent sur le plus beau tournoi de poker du monde. En quantité comme en qualité.
Une mention pour ceux qui n'ont pas vécu la bulle du Main Event 2021 : Bruno 'Kool Shen' Lopes, Benjamin Ane, Antonin Teisseire, Ugo Faggioli, Cédric Angosto, Thomas Deleiris, Matthieu Teffaud, François Pirault, Loïc Debregeas, Benjamin Hammann, Laury Vanlerberghe, Quentin Roussey, Ahmed Sylla, Adrien Allain, Virgile Turchi... Liste non exhaustive, bien entendu. Jeremy Saderne a passé une bonne partie de la journée sur le plateau télévisé, à une table qui comportait notamment Talal Shakerchi. Le détenteur d’un bracelet WSOP signe aussi son premier ITM sur le Main Event et reviendra avec 310 000 Thomas Eychenne réussit son 2e ITM en trois participations et disposera de 484 000 jetons pour le Day 4, après une journée qui l’a vu tomber très bas : “La patience a payé !” Pour Flo Ribouchon, il n’y aura pas 36 solutions demain, avec un tapis de 140 000 qui représentera 17 BB
Pour son premier Main Event, celui qui est passé sous nos radars toute la journée (mais pas celui de notre collègue Flo) malgré son survet' du PSG termine avec 484 000. Bravo Samy Bechahed ! “Maintenant, ce n’est que du bonus. On va pouvoir prendre des risques demain !”
Mickael Guenni a fait ce qu’il sait le mieux faire : résister. Il termine avec environ 250 000 Sarah Herzali réussit sa troisième place payée sur ce tournoi
JC Tran, l’une des légendes de ce jeu, signe rien de moins que sa 7e place payée sur le Big One ! La première, c’était en 2004
Fausto, Benjo & Rootsah