Pourtant loin d'être un spécialiste des mixed games, Koray Aldemir est toujours bien placé pour un improbable doublé Main Event/PPC
Event #56 : Poker Players Championship 50 000 $ (Day 4)
Le monde du poker pouvait-il trouver un meilleur ambassadeur de Koray Aldemir ? On peut même regretter que le règne de l'Allemand en tant que Champion du Monde fut le plus court de l'histoire des World Series of Poker, tant il sait se montrer disponible, avenant, simple... mais toujours aussi talentueux et redoutable à une table de poker, quel que soit le buy-in ou la variante. Car avant de remettre son titre en jeu sur le Main Event à partir de dimanche, celui que l'on connaissait principalement comme une terreur des high stakes en No-Limit Hold'em est venu s'offrir un petit plaisir : se frotter pour la toute première fois à la crème des joueurs de variantes du monde entier.
Et ce, avec succès : non content de faire partie des treize joueurs payés, Koray est solidement installé dans le Top 4 à onze joueurs restants du Chip Reese Trophy, à la surprise d'absolument tout le monde... et surtout lui ! "Je ne m'attendais pas du tout à aller aussi loin, nous a avoué le Champion, plus humble que jamais. Pour être honnête, j'ai même un peu honte d'être encore là et de m'en sortir aussi bien, alors que je ne connais pas si bien que ça tous ces jeux. Bien moins en tout cas que la majorité des joueurs de ce tournoi."
Koray Aldemir serait-il donc le fish de ce PPC, l'énorme baleine ayant aligné 50 000 $ sur la table pour surfer sur sa réussite aux World Series ? N'exagérons rien. "J'ai toujours aimé alterner entre les variantes, je jouais notamment les épreuves de mixed games des SCOOP il y a quelque temps. Et puis autour de début 2020, je me suis dit que je devrais m'y mettre un peu plus sérieusement. Mais le Covid est arrivé et les tables de No-Limit Hold'em étaient tellement belles que j'ai laissé de côté les variantes." Il faut attendre le retour du poker live pour le voir s'y mettre véritablement. "J'ai joué tous les tournois mixed games low stakes l'an dernier," avec deux places payées en 8-Game et en H.O.R.S.E. en guise d'échauffement. "Alors cette année, pourquoi pas le PPC."
À tournoi hors du commun, qui plus est pour un rookie, préparation spéciale ? "Non, lâche-t-il en souriant. J'ai plusieurs amis qui jouent régulièrement les mixed games, donc je leur pose des questions, on discute de mains, mais en dehors de ça, rien de particulier." Et quand dans le groupe d'amis en question figure un certain Johannes Becker, lui aussi toujours en course et actuellement assis juste à sa gauche, on imagine que les conseils sont du genre avisés. "Il fait partie des meilleurs, abonde Koray, en écho aux propos tenus plus tôt dans le tournoi par Julien Martini. Parmi ceux qui restent, je mettrais aussi Matthew Ashton et Daniel Cates parmi les plus dangereux."
À l'inverse, si l'on suppose avec raison que le No-Limit est son meilleur jeu au sein des neuf alternant sur ce tournoi, où se sent-il le plus vulnérable ? "Probablement sur les jeux de Stud. Les mises sont si petites, c'est beaucoup plus difficile pour moi d'évaluer mon équité." Voilà qui a le mérite d'être franc, et qui n'impacte en rien ses bonnes sensations à table. "Je me sentais déjà très bien avant le tournoi, et je m'amuse beaucoup depuis le début. Et maintenant, j'ai de bonnes chances d'atteindre la finale." En toute décontraction, sans se poser de questions. "Je dirais que je ressens même moins de pression cette année que les précédentes. Bien sûr, des gens viennent me parler, me demander des photos, ce qui n'arrivait pas avant, mais ça ne me distrait pas." Cette sérénité, cette aisance, pourraient bien être les clés pour l'emmener vers ce que seul Scotty Nguyen a réalisé, entre 1998 et 2008 : remporter le Main Event et le Poker Players Championship. Nul doute que ce doublé-là, signé en moins de sept mois, ferait entrer Koray Aldemir dans le cercle des très grands.