Pour son premier tournoi WSOP, Safwane Bahri est en demi-finale avec le deuxième plus gros tapis
Derrière lui, c'est aussi toute sa troupe de regs de Rozvadov qui est en train de vibrer
Event #49 : NLHE 2 000 $ (Day 3)
Un jeune joueur français inconnu de nos services assis devant un gros tapis en demi-finales d'un tournoi estampillé World Series offrant près de 530 000 $ à son futur vainqueur ? Voilà qui avait déjà de quoi aiguiser notre curiosité. Mais quand le joueur en question abordait la journée en 39e et dernière position, et qu'il est en plus soutenu par une joyeuse bande de grinders découvrant ensemble la folie de Las Vegas et des WSOP, on se dit que l'on tient une belle, voire potentiellement très belle histoire. Du haut de ses 55 blindes, Safwane Bahri occupe la deuxième place au classement provisoire au moment d'observer la deuxième pause de la journée, alors qu'ils ne sont plus que 17 en piste pour le bracelet.
"J'ai 27 ans, ça fait cinq ans que je joue, dont un an en live de façon régulière, se présente-t-il. J'adore ça le live, justement. Je suis quelqu'un qui parle beaucoup," ajoute-t-il en saluant chaleureusement une connaissance croisée dans la zone de pause extérieure jouxtant le Bally's. Une rencontre d'ici ? "Non, on s'est joué à Rozvadov." Car oui, si Safwane est en terre inconnue ici à Sin City, il fait partie des nombreux français qui vont (très) souvent taper le carton dans la campagne tchèque. "Je suis toujours basé en France, développe Saf', mais je fais beaucoup d'allers-retours," comme le prouvent ses trente lignes collectées là-bas depuis octobre 2020, la dernière étant la plus belle : une victoire à 15 000 € sur un High Roller à 660 €.
Des séjours poker répétés dans l'antre de Leon Tsoukernik que Safwane entreprend avec trois très bons amis, tous également de la partie à Vegas cette année : Clément Cure (44e de ce même 2 000 $, Dijonnais comme lui et qu'il connait depuis quinze ans), Fabien Baldelli (qui lui vit carrément en République Tchèque avec sa copine) et Dorian Melchers. Un gang connu comme le loup blanc au King's Casino. "Je suis allée une fois à Rozvadov récemment, tout le monde ne parlait que de Dorian !, lâche même Rosalie Petit, aussi présente dans le rail. Les gens s'écartaient sur son passage. C'est vraiment le Prince." Et il l'est aussi sur nos tables online, où il domine régulièrement le bas peuple sous le pseudo... PrinzOfRozva. Lui-même. "C'est notre ourson," plaisante Clément, en référence à l'ancien alias de Dorian, -OURS BRUN- avec lequel il avait posé sa grosse patte sur un démentiel Main Event KO 500K. Rien que cette année, l'ursidé a décroché trois victoires à "Rozva", raflant même une bague WSOP-Circuit en janvier. De quoi lui ouvrir les portes du Tournament of Champions, prévu à partir du 18 juillet. Un tournoi où il pourrait retrouver à table... Clément Cure, sacré lui sur un Mixed NLHE/PLO à 550 € en avril. Vous l'avez compris : ils ont beau aimé les températures polaires du centre de l'Europe, nous avons affaire à tout sauf des manchots.
Qui plus est, cette bande de rookies de Vegas est ici sous la houlette d'un "ancien" du circuit, habitué du désert du Nevada depuis près de quinze ans, Philippe Culot. "Je les héberge dans ma villa, présente celui qui leur fait un peu office de père spirituel. Ça leur permet d'être dans de bonnes conditions et de se concentrer à 100% sur le poker." Malgré toute son expérience sur et en dehors des tables, Philippe avoue être impressionné par ces nouveaux venus prêts à braquer Sin City. "J'ai rarement vu une aussi bonne énergie positive émaner d'un groupe comme le leur. Il y a un esprit sain, ils se soutiennent, font des swaps, se vendent des parts entre eux. L'ambiance est vraiment bonne, ils s'entendent super bien et, comme pour une équipe de foot, je pense que ça peut les amener très loin. Vu le volume qu'ils ont prévu d'envoyer, le bracelet pourrait tomber très vite."
Et pourquoi pas dès aujourd'hui - même si l'on doute que cet Event #49 se termine en trois jours comme prévu sur le programme - tant Safwane a l'air de dérouler. Un scénario difficile à imaginer quelques heures plus tôt, au moment de sortir 470 000 jetons du sac, soit à peine dix blindes. Pourtant, tout s'est déroulé à merveille. "J'ai gagné tout de suite avec As-Valet suité contre Roi-Dame, en le mettant drawing dead au turn. C'est le seul coup pour ma survie que j'ai joué de tout le tournoi. Après ça, j'ai grind," résume sommairement celui que l'on a effectivement vu impliqué dans une majorité de mains. "J'ai eu un gros coup quand même pas longtemps après, contre un joueur régulier qui m'a 3-barrel avec As-10 sur As-7-8-4-Roi. J'ai payé avec As-Valet." Sur ces demi-finales, Saf' peut désormais faire usage de son stack dominant d'autant plus facilement que "les bons joueurs sont à [s]a droite." Peut-il devenir le premier Prince de Rozva à être couronné Roi de Vegas ?