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Fantasy, la grande foire aux grinders

- 16 juin 2022 - Par Fausto

Comme chaque année depuis 2011, la 25K Fantasy League fait vibrer les gamblers fous de WSOP et anime les passions dans les casinos comme sur les réseaux sociaux. Faisons le point sur cette grande foire aux grinders auxquels participent les grosses bankrolls comme les petits porteurs.

Les adeptes de MonPetitGazon, TTFL et autres FantasyLeague comprendront vite les enjeux et l’agitation que suscitent la fameuse 25k Fantasy League. Ceux qui sont étrangers à ces compétitions virtuelles doivent se dire « qu’est-ce que c’est que ce binz » ?

Draft
La bourse aux joueurs ;de poker : le tableau des transactions de la Draft 2022 (Twitter Donnie Peters)

Pour faire simple, il s’agit d’une compétition où les participants endossent le rôle de managers, de propriétaires d’une équipe. Ils composent leur effectif à la suite d’une grande "Draft" pour ensuite défier les autres joueurs. Chaque joueur enrôlé leur rapportera des points, sur la base des résultats réels de ces joueurs dans la compétition associée à cette Fantasy League.

Dans le cas des WSOP, c’est Daniel Negreanu qui est à l’initiative du projet. Depuis 2011, il propose aux participants de parier sur les joueurs qui vont crusher sur les WSOP. Pour jouer, il faut poser 25 000 $, et participer à une grande mise aux enchères qui permettra de constituer, pour chaque équipe, une liste de huit joueurs.

Daniel Negreanu

Crédits : PokerGo

Chaque deep run, chaque table finale, et évidemment chaque bracelet conquis par l’un de vos poulains vous permet d’accumuler des points, selon un barème savamment concocté, que les plus curieux peuvent étudier en détail sur le site officiel de la Fantasy League. Cette année, 14 participants, principalement des joueurs High Stakes, se sont prêtés au jeu.

Si vous trouvez le buy-in, un peu cher, David "ODB" Baker a mis sur pied une autre Fantasy League calquée sur celle de Negreanu, avec un droit d’entrée plus abordable de 500 $, humblement appelé, "ODB Fantasy" qui a rassemblé cette année plus de 400 équipes.

À défaut de deep-run vous-même un tournoi des World Series of Poker, les deep runs des autres, en l’occurrence, des poulains que vous avez sélectionnés, peuvent vous rapporter gros.

La Draft, le D-Day

Étape fondatrice de chaque Fantasy League, la Draft est un des moments les plus importants et les plus délectables de la compétition. C’est là qu’on dessine son équipe, qu’on fait son petit marché, en s’arrachant les meilleurs produits au nez et à la barbe de ses concurrents. Dans les faits, il s’agit d’une grande mise aux enchères, que vous pouviez même observer cette année en streaming et en direct sur la chaîne de PokerGo.

Comment ça fonctionne ? Toutes les équipes sont réunis dans une salle. Dispersés sur différentes tables, elles font face à un grand écran projetant le tableau de la Draft. Daniel Negreanu dans le rôle du maître de cérémonie, épaulé d’un assesseur qui collecte et organise les enchères.

Screen Draft
L'assesseur récolte les enchères auprès de toutes les tables pour savoir qui s'offrira les services de John Racener, qui part ici dans l'équipe d'Andrew Kelsall pour 37$ (Youtube Poker Go)

Tour à tour, chaque équipe nomme un joueur, pour lequel toutes les équipes s’apprêtent à se battre. Elles disposent chacune d’un portefeuille de 200$ pour s’offrir un total de huit joueurs.

« Shaun Deeb » est appelé en premier par l’équipe Dan Shak. Les enchères commencent. « 50 bucks » en prix de départ, « 75 » chez Jeff Platt, « 80 ! » sur la table de derrière, « 90 » et ainsi de suite jusqu’à ce que l’enchère soit adjugée.

Shaun Deeb
Entre sa course au POY et ses multiples bracelets, Shaun Deeb a su gagner la confiance des Drafteurs

L’éventail de prix peut aller de 1 $ à plus de 100 $, soit la moitié du capital d’une équipe misée sur un seul joueur. Évidemment, pour faire de si gros « all-in », il faut être sûr de son coup. On parie alors sur des bourrins des WSOP, des joueurs qui ont prévu de jouer tous les Events, du No-Limit jusqu’au Badugi, sans se reposer un seul jour. On évoque ici des Shaun Deeb, Daniel Negreanu, Phil Hellmuth, des hommes qui font tomber les bracelets comme des mouches et qui, dans leur course au « Player Of the Year », devraient ramener de précieux points à leur équipe Fantasy League.

Comme chaque année depuis 2017, le Canadien termine en tout haut du classement des transferts, avec 111 $ sur sa tête. Mais plus que les têtes d’affiche à prix délirants, ce qu’on recherche dans une Fantasy League, ce sont les bonnes affaires.

João Vieira courtisé, Romain Lewis bradé à 1 $

Lewis

Pour briller dans la société des parieurs, il est bon de trouver le cheval gagnant, mais plus encore, de trouver celui que personne n’attendait. Avec un portefeuille de 200$, on ne peut pas former une Dream Team rassemblant uniquement des légendes du circuit. Il faut avoir le nez creux, le flair, l’intuition pour trouver, pour un investissement dérisoire, un futur vainqueur de bracelet.

Loin des habituels Nick Schulmann (parti à 79 $), Benny Glaser (74 $) Stephen Chidwick (54 $) ou Anthony Zinno (62 $), pourquoi ne pas miser sur une jeune pousse, moins en lumière, mais tout aussi capable d’exploits que les mastodontes du circuit.

C’est le pli pris par l’équipe de Pocket Fives, qui a raflé quatre joueurs pour un dollar seulement, parmi lesquels un certain Romain Lewis, accompagné de Daniel Ospina ou Eddie Blumenthal.

Dan Fleyshman préfère faire confiance à l’expérience. L’entrepreneur a enrôlé de vieux briscards, moins en vogue ces dernières années, mais largement capable de compléter leur collection de bracelets, à l’instar de Michael Mizrachi, acheté 2 $ , Daren Elias pour le même prix, ou encore Joe Cada pour un petit dollar.

En filou, Dan Shak a misé sur un joueur honni, dont l’actualité ou la réputation rendrait sa présence dans une équipe moins évidente. Ali Imsirovic en sixième choix, pour 1 $ d'investissement, semblait un bon pari. En revanche, personne n’a eu l’audace, ou le courage, de prendre un Jake Schindler, déjà vainqueur et runner-up sur cette édition.

Diebold
Avec sa victoire sur le Dealers Choice, Ben Diebold a remporté 299 488 $. Mais surtout, David Baker a gagné 161 points.

À n’en pas douter, le plus gros coup de ce début de WSOP revient à David « ODB » Baker. L’un des plus grands fans de ces Poker Fantasy League a pris en dernier choix un certain Ben Diebold. Aucun bracelet au compteur à l’époque, tout juste 700 000 $ de gains en carrière et ça fait mouche ! Après six jours de festival, le jeune grinder prend son premier bracelet sur le Dealers Choice Championship.

Le Team Winamax bien représenté

Si Winamax n’est pas accessible depuis les États-Unis, les drafteurs américains connaissent bien le W Rouge. Les Daniel Negreanu, Chad Eveslage, et autres Shaun Deeb ont croisé le fer de nombreuses fois avec les membres du Team, parfois lors de tables finales, parfois pour la conquête d’un bracelet.

Joao
João Vieira dans la visière de Shaun Deeb sur le dernier Dealers Choice Championship

Malgré une très faible représentation des joueurs européens dans cette Draft (seulement 13 joueurs sur les 112 sélectionnés), un nombre flatteur de trois joueurs sponsorisés Winamax figure dans les 14 équipes dessinées.

Évidemment, la présence de João Vieira n’est pas une surprise. Le Portugais fait partie des meilleurs joueurs mondiaux en Hold’em comme en variantes, envoie chaque année un volume monstre, rafle des dizaines d’ITMs et son talent comme sa détermination sont connus bien au-delà du Vieux Continent.

Naza fut même l’une des enchères les plus disputées. Lancé à 3 $ par Daniel Negreanu, le prix escalade toutes les dizaines jusqu’à cette dernière annonce de la Team Koray Aldemir - Maria Ho, pour 93 $. Seul Shaun Deeb (110 $) et Daniel Negreanu (111 $) ont été achetés plus cher.

Le deuxième membre du Team arrivera deux heures plus tard, encore une fois nommé par le Canadien. Dnegs demande 1 $ pour Adrián Mateos, dont le prix montera… à 6 $, toujours pour Negreanu. La bonne affaire, même si la máquina se concentre uniquement sur les tournois de No-Limit Hold'em.

Enfin, Romain Lewis sera donc acheté 1 $ par l’équipe de Pocket Fives. Avant-dernier nom cité dans la Draft, il arrive à un moment où les équipes en manque de joueurs complètent leurs effectifs avec des montants insignifiants, sur qui les autres équipes, déjà complètes, ne peuvent renchérir.

Prédictions, troll et Covid

Évidemment, les perfs de chaque joueur animent les débats entre les différents participants. David Baker n’a pas vraiment crushé les WSOP ces dernières années, mais à défaut de connaître les joies d’une table finale, il s’extasie allègrement de ces prédictions gagnantes. « Déjà 23 bracelets remportés par la Team ODB sur la 25k Fantasy League » rappelait Baker, juste après la victoire de Jeremy Ausmus, qu’il avait acheté pour 67 $.

« Merci à toi ODB, rendre heureux les drafters de la 25k Fantasy League et ma priorité numéro 1 dans la vie » répondait d’ailleurs Ausmus, visiblement aussi adroit en troll qu’en No-Limit Hold’em short-handed.

Trois vainqueurs de bracelet déjà pour la Team ODB. « Je suis meilleur en Fantasy League qu’en poker réel » finissait par résumer la semaine dernière le double bracelet WSOP, ponctuant sa sentence du Hashtag #Rincé.

À défaut de monter des jetons, ses prédictions devraient a priori lui assurer la première place du classement provisoire. C’était sans compter sur Daniel Negreanu. Le créateur de la Fantasy League a repris le chiplead suite aux exploits répétés de Dario Sammartino, acheté à bon prix (16$). Troisième du 25 000 $ Omaha et du 25 000 $ No-Limit Hold’em, Josh Arieh rapporte également 164 points. Additionnés aux deep runs de Nick Schulman et Shannon Shorr, cette équipe compacte et performante accumule pour l’instant 505 points.

Classement Fantasy
La Team Negreanu domine pour l'instant le classement après deux semaines de festival

En bas de tableau, on retrouve la Team Rester avec 118 points seulement. En même temps, quand on mise la moitié de son budget sur un Phil Hellmuth que le Covid a éloigné des tables, difficile de se mêler à la tête de course.

« Peut-on annuler l’édition en raison du Covid ? » priait Donnie Peters, senior manager de PokerGO, lui aussi privé de plusieurs forces vives par raison médicale, ce à quoi le premier du classement répondait : « C'est la vie ».