Event #11 : Deepstack 600 $ No-Limit Hold'em
Un amateur français perce un field de 5 000 joueurs pour valider la première finale tricolore de cette édition. Venu en solo à Vegas, Renaud Cellini termine 9e du Deepstack 600 $ pour plus de 31 briques. Douze ans après ses premières Series, huit après sa demande en mariage, le Mosellan ramène cette fois du Nevada la plus belle perf de sa carrière, et une table finale WSOP.
Après la sortie de Guillaume Diaz, je vous avais annoncé qu’il restait un Français pour représenter la patrie dans le massif Deepstack 600 $. C’était il y a quelques heures, et à ce stade du tournoi, Renaud Cellini n’était pas frais. Avec une grosse dizaine de blindes, il fallait manier l’art du tapis avec dextérité. Vous pouviez compter sur Renaud. Quelques heures plus tard, le Mosellan signe la première table finale française sur ces WSOP.
Certes, le plaisir fut de courte durée. Arrivé avec le plus petit stack, Renaud profitera du moment une petite heure avant d’envoyer ses quatre dernières blindes, envolées dans un duel A7 contre 99 face à Stanislav Snitsar. Mais l’essentiel est ailleurs. Pour les deuxièmes World Series de sa carrière, l’amateur perce un field monstre de 5 720 joueurs pour décrocher la plus belle perf de sa vie. Et dire que tout est parti d’une cuite au bar du Bally’s.
Biture, tripot et demande en mariage
« La veille, j’étais sur le 500 $. Je saute avec les as et je vais me poser au bar pour évacuer. J’ai un peu exagéré, je me suis couché à pas d’heure et au moment de reg le 600$, j’étais complètement dans le brouillard. J’étais en sueur, j’avais chaud toute le temps, j’étais vraiment dans le dur » raconte Renaud.
Malgré les conditions, Cellini passe entre les balles et parvient à baguer un stack avoisinant la moyenne pour le Day 2. « J’ai eu un gros coup de chance en milieu de journée pour mon seul coup à tapis couvert. J’ai As-8 sur un flop 6-7-8, le mec relance, je pousse le tapis, il me paye avec paire de neuf et je fais le 8 turn », se remémore le joueur.
Sur le Day 2, Renaud joue de patience, attendant sagement les spots tandis que son stack maigrit peu à peu. Il les trouvera face à cet Asiatique fou qui avait éliminé Guillaume Diaz. « Il faisait un peu n’importe quoi, il relançait tout le temps et je double deux fois contre lui en dix minutes. Sur la première, j’ai deux rois, il me 3-bet tapis T7. Sur la deuxième j’ai deux as, et il m’envoie tapis KQ ».
A 40 left, Renaud intègre le bon wagon de ce Deepstack. Ses dix millions de jetons lui permettent de voir venir, même si le joueur trouve peu de mains à se mettre sous la dent. « Je me suis maintenu un moment, puis à partir des demi-finales, j’étais vraiment card-dead », explique le Messin.
Toujours à distance du gang des chipeladers, Cellini se contente de faire le dos rond tandis que les éliminations se succèdent. Depuis la France, la famille et les copains veillent pour suivre le parcours de leur héros. « Mon père n'a pas dormi de la nuit pour vibrer avec moi. Lui aussi joue au poker. Chez moi, c’était un véritable tripot. Il y a quinze-vingt ans, on se faisait des parties de cash games, trois ou quatre fois par semaine » se rappelle Cellini.
Avec ses potes, ou en solo comme sur ce Vegas, ce mordu de poker s’est offert des virées un peu partout sur la planète lors de quelques semaines ou week-ends hors du boulot. « Je suis allé à Macau, à Rozvadov plusieurs fois, mais avec ma femme, c’est compliqué le poker. J’ai eu parfois peur qu’elle me jette l’alliance à la figure ».
Le Golden Nuggets, joaillier pour fiançailles pressées
Cette alliance est d’ailleurs étrangement liée avec Las Vegas. Il y a huit ans, Renaud demandait sa femme en mariage ici même. « On se faisait un road trip sur la côte ouest et arrivé à Vegas, j’ai fait ma demande dans le désert. Le problème, c’est que j’avais pas de bague. Et les road-trip en Californie, ça coute cher. Elle me l’a réclamé, alors je lui ai dit attends, je vais faire un tournoi à Vegas et je reviens avec une bague ».
Renaud file alors vers le Golden Nuggets, s’inscrit sur un tournoi random à 100 $, termine 4e, et enchaîne par un détour chez le joaillier. « J’ai pas vu la couleur du pognon, mais au moins, j’ai pu être crédible auprès de ma femme ».
Ce soir, c’est une table finale d’un autre standing que Cellini a pu expérimenter. Une finale WSOP, sur un tournoi de plus de 5 000 joueurs, avec 335 briques à la gagne. « Avec mon stack, j’essayais surtout de gratter un ou deux paliers. Mais quand j’ai vu les autres shorts doubler, je savais que c’était à moi d’y aller ». Malheureusement, son as boiteux ne fera pas de miracle contre la paire adverse.
Cellini conclut son superbe parcours en 9e position, pour un gain de 31 574 $. « Je vais pouvoir ramener un joli cadeau à ma femme, mais ça va pas changer mon programme. Je vais jouer les tournois jusqu’à 2 500 $ en Hold’em, Omaha et Stud, comme prévu. Mais là, ça sera que du bonus. Avant ça, on va quand même aller se faire un verre au Bally’s ! ». On ne change pas une routine qui gagne.