Main Event (Day 4) - Level 20 (10 000 / 20 000 BB ante 20 000)
Plus que 90 minutes à jouer dans ce Day 4, et 336 joueurs encore autour des tables. Ils semblent bien loin, les gros Day 1 et Day 2, les salles Amazon et Pavilion remplies à craquer de milliers de joueurs, l'océan de corps et visages entremêlés, le brouaha à bas bruit et le cliquetis incessant des jetons. Après quatre journées (dix en réalité si l'on additionne chaque flight), le Main Event a atteint une taille humaine, celle d'un tournoi dont on peut observer toutes les tables sans y passer une heure, celle d'une épreuve dont on entrevoit enfin le bout. Enfin, ne nous pressons pas trop : ce n'est que dans cinq jours que sera connu le vainqueur. En attendant, les dernières nouvelles du front.
"Mon plaisir, c'est de faire des châteaux"
Comme un grand enfant sur la plage,
Nicolas Dumont s'éclate au milieu du désert du Nevada à construire de grosses pyramides... de jetons. Tremblez, le vainqueur EPT Monte Carlo est en très grande forme. Un petit passage sur sa table a permis de remarquer qu'il possédait plus de 1,6 million de jetons. Oui, à cette heure-ci, ça fait beaucoup, plus de 100 blindes. On l'avait laissé avec un demi million de jetons, et derrière :
"J'ai passé un flip As-Roi contre une paire de cinq pour monter à un million, entre autres. D'ailleurs, si le tournoi était en Knockout, je serai déjà riche."
Il semblerait que Nicolas Dumont n'offre aucune marge de manœuvre à ses adversaires, ni à Barry Greenstrein deux crans sur sa gauche, "une barre de fer, il a joué AA vs QQ et AK vs AQ" [Barry a sauté peu après, NDLR], ni à son voisin, contre qui Nicolas a déjà joué plusieurs coups sympas. "C'est un peu grâce à lui que j'ai repris quelques centaines de milliers supplémentaires". Il nous a notamment glissé une petite hand history tout mignonne, avec 6 et 4 en main : "J'open depuis le cutoff, et le joueur en BB me call. Vient alors un flop 644 ! Il check, je fais tout petit 12 000 pour qu'il s'excite... et il me relance à 41 000." On paie tranquillement du côté du Français, pour voir un sublime 2 sur la turn. "Il check encore, et je fais 15 000, un peu plus cher. Il snap call". La ligne est lancée, l'hameçon commence à sérieusement bouger... maintenant il faut tirer : "La river est un Roi je crois, et là derrière son check, je fais le bourrin et je mise 150 000." Son adversaire va faire ce que l'on adore voir au poker, le fameux call/muck. "Ça et puis tu rajoutes le fait que j'ai bust deux types ensuite, avec A-Q contre A-7 et A-K contre T-8, et voilà, on est pas mal". - Veunstyle
Astima rend les armes
Encore un tricolore obligé de dire au revoir à son rêve un peu trop tôt à notre goût !
José Astima fut l'un des premiers éliminés depuis la reprise du dinner break. Combatif, solide, il a fini par disputer un coup à tapis préflop qu'il est toujours difficile de contrôler, le fameux A
K
contre 6
6
. Il y aura cru jusque sur la rivière d'un tableau 10
8
6
A
10
Celui qui s'était fait remarquer en finale du WPT Deepstacks de Bruxelles en 2018 (runner-up) remporte 26 700 dollars.
- Veunstyle
Au bout mesdames
Comme chaque année, plus on avance dans le tournoi, et plus on se demande combien et quelle femme arrivera le plus loin possible dans ce tournoi, qui sera la "Last GaelleBaumann Standing". Cette année, à 400 joueurs restants, on a la chance d'avoir encore huit femmes en course. Certaines dont on vous parle depuis hier, d'autres qu'il faudra apprendre à découvrir.
JJ Liu est une figure des WSOP (3e cash cette année sur le ME),
Marle Cordeiro illumine les plateaux télévisés de poker depuis quelques années... mais va-t-on réussir à enfin en voir une aller au bout de ce tournoi ?! Il est encore bien trop tôt pour faire ce genre de pari un peu fou, mais le rêve existe encore pour une poignée d'entre elles.
- Veunstyle
Même les plus grands ont leurs failles
Cette hand history, racontée par
Arnaud Mattern au sortie d'une pause-dîner au In-N-Out, pourra servir à rassurer ceux d'entre vous souffrant de complexes quant à leur niveau au poker. On y découvrira que même un génie comme
Chris Moorman, assurément l'un des plus grands joueurs de MTT en ligne de l'histoire du poker (et absolument pas le dernier venu en live), peut parfois se faire avoir comme un bleu.
"Raise UTG à 26 000 d'un joueur avec 800 000 ou 900 000 de tapis. Profil amateur mais qui tient les cartes, il fait des calls hors position pas terribles, un peu trop pop loose, bref pas très bon mais sans être mauvais non plus. Dangereux dans tous les cas. UTG+1, Moorman fait 72 000. Tout le monde passe. Le mec tank, demande combien Moorman a, il répond 700 ou 800 000, au-dessus de la moyenne aussi. C'est payé, hors position. Flop A
10
7
, que des carreaux. Check du premier mec, Moorman mise 48 000. Payé. Turn : encore un carreau, 4
. Check encore, check de Moorman. Rivière : K
! Que des carreaux au board. Le premier mec décide de lead le coup. Il fait 75 000. Évidemment, il ne représente quasiment que la Q
. Donc Moorman se dit que l'autre ne l'a pas, mais s'il call ça va être pour split le pot, et Moorman il veut le gagner, le pot. Donc Moorman essaie de représenter la Dame de carreau : il raise à 225 000 en se laissant juste 240 000 derrière. Et c'est là le problème. L'autre se dit : attends, Moorman ne peut faire ça qu'avec deux Dames dont la Q
, c'est la seule main qu'il représente, et il aurait pas bet le flop avec ça. Il représente une range trop petite, Moorman est trop capable de faire un move. Donc l'autre mec fait quoi ? Il lui met tout dans la bouche. Et maintenant Moorman tank, car l'autre représente la même chose, et maintenant il se demande s'il doit faire un hero call juste pour split pot. Moorman se demande : est-ce que je dois call pour récuperer mes jetons ? Si j'ai tort, je perds, si je fold je garde 15/16 blindes pour continuer, si je call je peux juste splitter et c'est un peu honteux. Il se dit : je fais quoi dans cette galère ? C'est un move pas horrible mais pour le faire il vaut mieux 1/ couvrir son adversaire et 2/ être celui qui fait tapis pour pas que l'autre ait l'option de reshove."
On meurt d'envie de savoir la fin ! "
Après une éternité, Moorman a passé... Et l'autre a montré... A9. Il avait transformé sa main en bluff. Cette main était énorme." On est bien d'accord.
A noter que Moorman ne se remettra jamais de cette faute de carre : il a quitté le Main Event en 432e place, tandis qu'Arnaud vient de tranquillement franchir la barre du million
("100% turn, tout ce qu'on aime"). - Benjo
Le capitaine Van Driessche mène la flotte bleue
En tête de régate, Kortex garde le cap dans ce Main Event. Malgré quelques belles bourrasques en début de journée,
Clément Van Driessche maintient sa caravelle de jetons à flot, et vient même de hisser la voile des deux millions de jetons.
Van Driessche a du pour cela résister à plusieurs assauts. Les coups de canons adverses ont endommagé quelque peu son tapis, descendu à 600 000 jetons il y a deux niveaux de cela. Pas de quoi altérer le mental du matelot de l’équipe Nutsr qui est reparti à l’abordage après le dinner break pour revenir sur la tête de course.
Il s’est notamment engagé dans un gros combat face au corsaire américain Andrew Yakubovich. Ce random américain s’est montré un poil téméraire et s’est empallé en bon et due forme sur la proue du capitaine Van Driessche.
Open d’Andrew 35 000, 3bet à 100 000 chez le Français, 4-bet 300 000 en face et tapis de Clément pour 900 000 jetons. L’Américain se sent bien avec son AJ et décide de payer. Sans surprise, c’est derrière la premium du Français qui tient deux dames. Punition pour l’Américain : Une Q dès le flop et drawing dead sur la turn. Ce sabordage en règle permet à Clément de s'approcher des deux millions de jetons, qu’il atteindra rapidement après deux orbites de grind.
A l’autre bout de la salle, Johan Martinet a connu de petites galères mais navigue à quelques miles de son homologue de chez Nutsr. - Fausto
Deyra gotta feelin
« Il faut que je continue de me fier à mon instinct » lâche Ivan Deyra après m’avoir raconté ses dernières passes d’arme. Depuis le début de journée, l’ex Team Pro Winamax a trouvé son tempo, entre dans les bons coups, choisit les bons moves, même s’ils semblent parfois s’écarter des standards. Après avoir très justement folder double paire face à son voisin américain, Ivan vient cette fois de placer un semi-bluff audacieux pour continuer sa marche en avant.
Open 35 000 en milieu de parole, défendue par Ivan en grosse blinde avec K10. Le flop vient Q53 et le Bordelais paye une première mise à 32 000. La turn J ouvre un tirage suite et Ivan fait face à un deuxième barrel, pour 64 000 jetons. Deyra riposte et met son adversaire à tapis pour les 230 000 jetons qu’il a devant lui. Son adversaire abandonnera rapidement. « Je ne sais pas si c’est bon dans la théorie, mais j’ai senti qu’avec son sizing 40% turn, je pouvais lui faire folder beaucoup de mains » explique le Français, qui compte désormais 1,3 millions de jetons.
Ivan Deyra prend pour l’instant la mesure de sa table, mais la dynamique pourrait être modifié par le nouvel invité qui vient de s’asseoir à sa droite. Cet homme répond au nom de Jonathan Dwek, un Canadien qui a déjà deep run le Main Event, en terminant 35e il y a quatre ans. Mais surtout, il a amené avec lui des pilasses colossales de jetons verts. Avec 4 millions de jetons devant lui, Ivan Deyra a tout simplement pour voisin le nouveau chipleader de ce Main Event. - Fausto
Jensen, la belle histoire
Il y approximativement 24 heures, l'Américain Mickael Jensen vivait un moment bien particulier : il s'est retrouvé à tapis payé devant les caméras de télévision et un parterre de curieux désireux de le voir quitter le tournoi à la pire place, la 1001e. Au lieu de cela, il a trouvé un double up salvateur, marqué par le signe d'Usain Bolt dans la foulée, bras pointé vers le ciel. Un type semble-t-il généreux dans l'effort, le genre de mec avec qui tu pourrais la fête, mais que tu aurais du mal à coucher. Une sorte de bon vivant en soi. A-t-il la tête du futur vainqueur de ce Main Event ? Doucement ma bonne dame, on ne pose pas la river avant la turn, mais en observant bien, on se dit que les dieux du poker semblent lui vouloir du bien.
Un double up à la bulle hier, un double up tout à l'heure sur un one outer (J-J vs A-K... K flop... J river après qu'un joueur ait annoncé en avoir un) et tout récemment, on l'a vu remporter un énorme pot, avec K-K contre A-K et J-J. Le croupier a sorti un board ne faisait évoluer les mains d'aucun des trois joueurs, mais avec pour conséquence de le faire passer à 2,1 millions de jetons !
Les américains sont férus de belle histoire, et ça tombe bien, nous aussi. Disparaitra-t-il dans l'anonymat le plus complet ou aura-t-on la chance de l'entendre encore hurler après chaque double up ? Même pas besoin de rester dans le coin, toute la salle le saura de toute façon. - Veunstyle
336 joueurs restants - Tapis moyen 1,16 million
Prochain payout 33 900 $