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Good Morning Vegas : Kevin Gerhart, qui peut te battre ?

- 4 novembre 2021 - Par Rootsah

Un doublé (et un quatrième bracelet au total) pour Kevin Gehrart, cinq joueurs en quête de la reconnaissance ultime dans le Poker Players Championship, un Français qui brille au Wynn... Récit d'un mercredi encore bien rempli.

Le doublé du jour

 Kevin GerhartIl est signé Kevin Gerhart, second joueur du festival (le premier, c’était Anthony Zinno) à remporter deux bracelets d’affilée. Nous avons affaire à un véritable spécialiste des variantes : seulement dix jours après son sacre sur le H.O.R.S.E label Championship, c’est en Pot-Limit Omaha High-Low qu’il a de nouveau frappé, devançant 724 inscrits sur une épreuve tarifée un peu plus bas (1 500 balles). « C’est complètement dingue », a lâché Gerhart au micro de PokerNews peu après un duel final victorieux face à Dustin Dirksen. « C’est irréel et c’est plus que tout ce que j’aurais pu imaginer. Tous ces formats différents sont bien plus fun à jouer que le No-Limit Hold’em. » Mais le PLO joué en haut et en bas, qu’a-t-il de particulier ? « C’est un jeu de pression, il faut en mettre un maximum sur ses adversaires, les pousser à jeter leurs mains. Les pourcentages sont toujours très serrés, donc si jouer à fond te donne ne serait-ce qu’un soupçon d’edge, il ne faut pas hésiter. » Prenons par exemple cette dernière main, ou Gerhat engagea le tapis de Dirksen avec K10108 sur un board 926JK : il n’était pas en value ! « Je pouvais représenter Dame-10 et lui faire jeter une main moins bonne, mais en fait j’ai transformé ma top paire en bluff et il m’a snap-call [avec QJ75, NDLR]. Évidemment, en le voyant payer aussi vite, je pensais être mort. Je n’ai pas retourné mes cartes avec un air triomphal, c’est certain. »

Si vous aussi vous souhaitez tout casser dans les formats exotiques, Gerhart a en tête une bonne école : la partie à 80$/160$, anciennement jouée au Wynn et désormais organisée au tout nouveau Resorts World. « C’est là que je peux tester des idées et affronter quotidiennement quelques-uns des meilleurs joueurs de Vegas, ce qui m’a définitivement aidé. »

Crédit photo : WSOP.com

Le Français du jour de la veille

EychenneOn vous en a déjà parlé au début de ces WSOP (et on l'a un peu zappé hier en raison du bracelet gagné par Jean-Luc Adam) : Thomas Eychenne est l'un des Français à suivre sur les tournois vegassiens. S'il lui manque encore LA grosse perf' live qui ferait passer sa carrière dans une autre dimension, il vient cependant de s'en rapprocher ce mardi : le résident maltais, qui avait récemment raconté sur sa chaine Youtube qu'il avait échoué près de l'argent sur ses trois derniers tournois, a terminé ce week-end 6e du Championship à 3 500 $ (le Main Event, quoi) des Wynn Fall Classic dans le casino éponyme, l'un des plus gros tournois annexes aux WSOP, hors High Rollers. Jugez plutôt : 1 775 entrées, un prizepool de 5 724 375 $ (presque deux fois le garanti) et environ 800 000 $ réservés au vainqueur ! Thomas, 2e en jetons à 33 joueurs restants, a malheureusement subi un sale coup en finale qui l'a empéché de faire mieux... Il encaisse tout de même 153 127 $ en récompense de ses efforts, ce qui est tout simplement la meilleure perf' française à Vegas hors WSOP depuis la fin septembre et aussi le plus gros cash en live de sa carrière, de très loin, pour sa 5e place payées de l'automne à Sin City. À noter qu'un autre Français, Hassan Fares, termine 11e de ce tournoi pour 73 518 $, quatre places derrière Chris Moorman (7e), mais devant Brian Hastings (18e), Matt Waxman (20e), Michael Gathy (32e), Thomas Boivin (66e), Alex Reard (76e), Sonny Franco (107e), Arnaud Enselme (109e), Arthur Conan (162e) ou encore Samy Dubonnet (177e) et qu'un certain Jeremy Kottler s'est imposé pour 643 267 $ après un deal à trois.

La très grosse finale du jour
 

Chip Reese triophy
Crédit photo - PokerGO

Cela fait déjà quatre jours que les meilleurs joueurs s'écharpent sur dix variantes pour remporter l'un des titres les plus prestigieux de l'année, celui qui sacre le joueur le plus complet : celui du Poker Players Championship à 50 000 $, qui a enfin livré le casting de sa finale à cinq. Avant de vous le présenter, il faut savoir que Mike Wattel (10e), Daniel Negreanu (9e), Nick Schulman (8e), Matt Glantz (7e, qui a bust... 4 heures après la sortir de Schulman) et Josh Arieh (6e) ont été les cinq joueurs éliminés lors du Day 4 (qui avait commencé avec dix joueurs, oui), tous ITM pour un minimum de 82 623 $. Ils ne peuvent plus convoiter le trophée Chip Reese, au contraire des cinq finalistes.
 


Évidemment, il y aura du lourd pour aller chercher les 954 020 $ promis au vainqueur, alors que tous sont assurés de 211 235 $  : le chipleader Eli Elezra, déjà en tête au début du Day 4, suivi au classement par Paul Volpe, enfin à la fête après des WSOP discrets, Chris Brewer, Dan "Jungleman" Cates et le très en forme Ryan Leng, plutôt shortstack : il disposera tout de même de 17 blindes sur les jeux de No Limit et de Pot Limit, et d'environ 14 Big Bets sur les autres jeux. Un line-up qui pèse tout de même dix bracelets WSOP dont quatre pour Eli Elezra, un de plus que Leng et Volpe.  Alors que les écarts de tapis sont resserrés entre les quatre premiers du classement, bien malin qui pourrait prédire le futur vainqueur de ce tournoi... À suivre vendredi dès 1h du mat' en France et sur PokerGO.

Les tweets du jour
 

Vous voulez savoir comment Dan Smith a grimpé les marches menant vers le sommet des parties High-Stakes ? Voici un récap express et intense.
10 000 balles, ça fait cher la sieste...
T'inquiète Matt, ça finira par passer...
Vous comptez jouer le Main Event qui débute ce vendredi ? Déroulez ce thread pour une liste des choses à ne PAS faire.

Jeudi 4 novembre : demandez le Main Event !

Main Event
Une longue attente prend fin aujourd’hui. Après plus de deux ans d’absence, la plus belle, la plus ancienne et la plus grosse compétition de poker de la planète est de retour. C’est donc forcément un Main Event particulier qui nous attend, et pas seulement parce qu’il proposera un record de six journées de départ, dont deux ajoutées en dernière minute afin de pouvoir accueillir le contingent de joueurs étrangers pour qui les frontières des USA vont enfin s’ouvrir à partir du lundi 8 novembre.

Quelle affluence pour le premier Main Event WSOP de l’ère Covid ? Bien malin sera celui qui pourra le prédire : tout est possible. Les pronostiqueurs pessimistes tableront sur une baisse allant de « légère » à « forte » par rapport à 2019 (8 569 joueurs, le record de 2006 avait failli être battu), en se basant à la fois sur les chiffres enregistrés sur les épreuves qui se sont tenues jusqu’ici et le fait que pas mal d’étrangers vont passer leur tour, échaudés par l’idée de démarrer un tournoi à 10 000 $ avec un massif décalage horaire dans la tronche. Mais on en connaît aussi qui ont envie de croire qu’après une si longue période à ronger leur frein, l’excitation et l’impatience auront raison des doutes de milliers de joueurs : eux en sont convaincus, cette édition 2021 sera la plus belle de l’histoire des WSOP. Cette grande question de l’affluence, elle va trouver un début de réponse ce soir avec la tenue du Day 1A, dont le coup d’envoi sera donné à 11 heures (20 heures en France). Les joueurs du Team Winamax les plus pressés de retrouver le Big One ? Ils se nomment Pierre Calamusa et Mustapha Kanit. Ils seront les premiers à profiter d’une structure unique au monde : un tapis presque infini de 60 000 jetons, des niveaux XXL de 120 minutes, et un level plancher de 100/200, ante 200 pour démarrer le marathon. Miam !

Le dernier des Top Sharks François Pirault aurait bien voulu jouer le Day 1A lui aussi, mais il aura une très bonne raison de retarder son entrée : On_the_Road sera retenu par le Day 2 du Mini Main Event à 1 000 $, qu’il entamera déjà ITM et avec un tapis de 17 BB. Parmi les 282 survivants (sur un total de 3 823 inscrits), on repère aussi Martin Jacobson, Matthieu Rodriguez, Julien Perouse, Florian Guimond et, tout en bas de tableau, Freddy Caisson. Il y a près d’un demi-million de dollars à aller chercher sur cette version low-cost du Main Event.

Le Salute to Warrios à 500 $ et sa finale assez random nous intéresseront moins. Du côté du PLO High-Low au format Championship, c’est sans surprise un très beau casting qui se pressera sur la ligne de départ du Day 2, avec 101 joueurs dont Brian Hastings (chip-leader s’il vous plaît), Nick Schulman, Felipe Ramos, Anthony Zinno, Erik Seidel, Josh Arieh, Shaun Deeb, mais pas David Benyamine et Joao Vieira, tous deux éliminés dès le premier tour. Vendredi, la grosse affaire sera bien entendu la finale du Poker Players Championship, dont on vous a déjà causé plus haut

Benjo et Rootsah

Good Morning Vegas : un week-end de récidives

- 2 novembre 2021 - Par Flegmatic

En ce week-end d'Halloween, les bracelets ont été capturés par des sorciers expérimentés, dont les armoires étaient déjà remplies de trophées WSOP. Quelques Français ont tiré leur épingle du jeu dans l'épreuve Seniors, tandis que LA plus grande légende du poker encore en activité nous a fait l'honneur de sa première apparition au Rio depuis le lancement du festival.

Le nouveau membre du Club des 5 du jour

Club des 5
C’est un cinquième bracelet qu’a remporté Shaun Deeb samedi soir, le troisième dans ce qui semble être sa variante de prédilection sur les WSOP, le Pot-Limit Omaha. Ce qui ne l’a pas empêché de reconnaître qu’il n’était pas le joueur le plus expérimenté autour d’une table finale où étaient assis David Benyamine, Ben Lamb, Maxx Coleman ou encore Ka Kwan Lau, huitième de cette épreuve en 2018 et qui fut le dernier adversaire de Deeb ce week-end.

Avec ce cinquième bracelet, le pro de Troy (état de New York) ajoute 1,25 million de dollars de gains à un palmarès qui dépasse désormais les 9 millions. Pas mal pour celui qui annonçait en novembre 2009 vouloir arrêter définitivement les tournois, précisant que les MTT live lui avaient coûté entre 750 000 et un million de dollars ! Tiens, une petite question Trivial Pursuit : combien de membres compte le club des détenteurs de 5 bracelets ou plus ? Ils sont désormais 28, Deeb ayant égalé le score de Stu Ungar, Brian Rast, Scotty Nguyen, Michael Mizrachi, Jason Mercier, John Juanda, Berry Johnston, Allen Cunningham, Gary Berland, Daniel Alaei et David Chiu. Pour dépasser Phil Hellmuth et ses 16 trophées WSOP, Shaun devra encore bosser un peu. Mais comme on vous l’explique dans la fiche de résultats de ce PLO à 25 000 $ l’entrée, le pro de 35 ans jamais parti à la retraite est confiant dans ce qu’il va accomplir au cours des deux prochaines décennies…

Les deux quadruplés du week-end : Ben Yu et Brian Yoon

Ça commence à devenir une habitude depuis le début de ces WSOP 2021 : les joueurs y ayant remporté leur quatrième bracelet sont légion, entre Farzad Bonyadi, Adam Friedman, Anthony Zinno ou John Monnette. Et la stat a encore pris du relief ce week-end, puisque Ben Yu et Brian Yoon intègrent à leur tour le cercle fermé des joueurs comptant quatre breloques à leur poignet.

Ben YuPour Ben Yu, on est à peine surpris : le stackhanoviste américain enchaînait comme il sait si bien le faire les tournois depuis le début du festival, compilant déjà 8 places payées au bout de 53 Events. Mais il n'avait aucune finale à se mettre sous la dent... jusqu'à atteindre celle du 10 000 $ 6-Handed Championship, le tournoi dont rêvent tous les grinders. Short stack (mais avec tout de même 50 BB à sa disposition), et alors que les tapis étaient plutôt équilibrés au début de la finale, Yu a été aidé par Dame Chance pour remonter et tracer sa route jusqu'au titre, comme il l'a avoué lui-même à l'issue du dernier acte. Mais si l'homme aux 122 (!) cashs WSOP compte bien tenter d'ajouter un cinquième bracelet à sa collection d'ici la fin des WSOP, la machine commence malgré tout à rouiller : "Je me sens un peu épuisé par le poker, a avoué l'Américain. Je n'ai pas beaucoup joué pendant la pandémie, et j'ai réalisé que cela faisait environ dix ans que je n'avais jamais pris de vraie pause. Alors peut-être que je vais m'accorder un mois de congé, je ne me sens pas obligé de jouer plutôt que de voir mes amis ou aller à des mariages." Ben compte notamment se consacrer davantage à son autre grande passion, la musique.

YoonBrian Yoon, en revanche, ne montre aucun signe de fatigue : la preuve, il remporte le tournoi de Deuce to Seven à 10 000 $ après être notamment sorti gagnant d'une phase de 3-Handed longue de près de sept heures ! Il lui a ensuite fallu dominer l'expérimenté Danny Wong en heads-up, alors qu'il avait déjà dû écarter de son chemin de redoutables joueurs de variantes comme João Vieira (5e, voir plus bas) et Brandon Shack-Harris. Auparavant spécialiste de No-Limit Hold'em, celui qui a atteint la finale du Mixed Triple Draw Lowball en début de festival (5e) affirme avoir trouvé dans le Deuce to Seven un jeu plus fun qu'il étudie davantage : on veut bien le croire, lui qui a cash trois des quatre épreuves de 2-7 organisées depuis le début des WSOP ! Il succède à Luke Schwartz au palmarès de cette épreuve et ajoute donc un 4e bracelet à son hall of fame personnel : "Cela fait plaisir d'en gagner un autre, mais je ne pense pas à mon héritage. Je ne vais pas grinder pendant les 40 prochaines années. Je serai là et jouerai le Main Event pendant un certain temps, mais je ne suis pas un chasseur de bracelets, je n'essaie pas de rattraper le record de Phil Hellmuth."  Il est vrai qu'un 5e, ce serait déjà pas mal...

Crédit photos : Melissa Haereiti - Pokernews

La finale de João Vieira du week-end

João VieiraTroisième de l'épreuve de Deuce to Seven Triple Draw à 2 500 $ le 10 octobre, cinquième du Short Deck à 10 000 $ six jours plus tard et de nouveau cinquième ce lundi, de nouveau en Deuce to Seven Triple Draw mais cette fois en version Championship à 10 000 $ : les tables finales se suivent sans forcément se ressembler pour João Vieira, qui continue de se rapprocher d'un deuxième bracelet. En cette journée de Toussaint, le Portugais, qui en est par ailleurs à sa huitième place payée cet automne, a commencé par régler son compte à Mike Thorpe pour faire se constituer la TF à sept, qu'il aborde avec le troisième plus petit tapis, loin du quatuor de tête. Un Top 4 qu'il n'arrivera jamais à rattraper, laissant Danny Wong se charger des short stacks Jordan Siegel et Brandon Shack-Harris, avant de se faire sortir par le futur vainqueur Brian Yoon. Un deep run de plus qui se solde par un chèque de 54 993 $... immédiatement réinvesti sur le Poker Players Championship, sur lequel Naza114 a quelques projets (voir ci-dessous). On ne dirait évidemment pas non à une quatrième finale...

L'apparition divine du week-end

DoyleIl l'avait annoncé en juin dernier : Doyle Brunson avait prévu de jouer quelques events aux WSOP, après plus de trois ans d'absence sur le festival. Et ce n'était pas des paroles en l'air, puisque les joueurs tranquillement occupés à jouer QQ+ dans le Super Seniors ont eu la chance de voir Texas Dolly s'asseoir au milieu d'eux durant le niveau 6 du tournoi ! Ils n'ont pas pu en profiter bien longtemps, l'homme aux 11 bracelets WSOP étant rapidement éliminé après avoir perdu tous les coups ou presque, alors qu'il avait atteint la finale lors de son dernier event joué en 2018 aux WSOP. Une chose est sûre, certains s'en rappelleront longtemps :

La légende, suivie par une équipe TV, a presque fait oublier que c'était le jour d'Halloween et le monde du poker dans son ensemble s'est réjoui de revoir Doyle sous le feu des projecteurs, lui qui ne fréquente quasiment plus que les grosses parties de cash-game de Las Vegas, moins médiatiques. Cerise sur le gâteau, le Super Seniors a d'ailleurs été l'occasion de retrouver également l'une des grandes figures des joutes High-Stakes vegassiennes et des shows télévisés durant les années post-Moneymaker, l'inimitable Sam Farah, runner-up du Main Event des WSOP 2003 derrière ce même Chris M. Alors, on se revoit quand ?

Crédit photo : Hayley Hochstetler - Pokernews

Les Seniors du week-end : Kool Shen et Jean-Luc Adam

Kool ShenLes vétérans du poker étaient de sortie ce week-end avec d'un côté la fin de l'épreuve Seniors, réservée aux joueurs âgés d'au moins 50 ans, et de l'autre le début du tournoi Super Seniors, dédiée aux soixantenaires et plus. Prenons les choses dans l'ordre avec le premier, qui a bien failli nous offrir un nouvel exploit signé Kool Shen. Face à plus de 5 400 adversaires, KS s'est hissé jusqu'en 24e place pour un gain on ne peut plus enviable de 20 016 $, mais aurait pu imaginer les choses en encore plus grand. "J'ai perdu avec As-Roi contre As-3 puis paire de 10 contre paire de 9...", a ainsi écrit le rappeur dans le WhatsApp du Team Winamax, avant de faire part de sa fatigue. "J'ai pris dix ans en trois jours, je crois que je peux faire le Super Seniors !"

Un Super Seniors justement qui sourit pour l'instant à Jean-Luc Adam. Habitué des tables de Las Vegas, où il se rend chaque été depuis une dizaine d'années, le voici d'ores et déjà en position de signer son plus gros cash sur une épreuve WSOP. Il fait partie des 65 super papis qui seront au départ du Day 3, assurés de 3 678 $ tout en gardant dans le viseur les 255 623 $ à la gagne. D'ailleurs gagner, Jean-Luc ça le connait puisqu'il compte à son palmarès deux bagues WSOP-Circuit remportées entre 2016 et 2019 sur l'île de Saint-Martin. Pour compléter la boîte à bijoux avec un bracelet, il faudra viser le Top 5 ce mardi, avant de revenir pour le Day 4 mercredi. C'est pour ta pomme Adam !

Le tournoi du jour

Il s’agit bien entendu du Poker Players Championship à 50 000 $, épreuve totem des WSOP depuis sa création en 2006. Le tournoi a débuté dimanche soir et les inscriptions ont fermé lundi : ce mardi, ce sont 35 joueurs (sur un total de 63 inscrits, un peu moins que les 74 de 2019) qui seront au départ du Day 3. On ne s’attend pas à voir éclater la bulle ce soir puisque la structure ne prévoit que dix places payées, avec un magot de presque un million de dollars pour le top spot.

Après les deux longues journées d’introduction, le costaud pro Paul Volpe trône en tête du chip-count, suivi par les non moins terrifiants Daniel Cates et Alex Livingston. Le Top 10 comprend deux joueurs déjà titrés au Rio cet automne : Adam Friedman, Yuval Bronshtein et Brian Rast. On ne va pas citer tous les autres (vous les connaissez tous ou presque), mais mentionnons tout de même Nick Shulman, Eli Elezra, Daniel Negreanu, Josh Arieh, ou encore Ben Lamb. João Vieira pointe en 18e place – pas mal pour quelqu’un qui est arrivé très tard dans le tournoi, en milieu de Day 2, aussitôt après son élimination en 5e place sur le Deuce to Seven Limit Championship. Pour trouver un drapeau bleu-blanc-rouge dans la liste, il faut aller tout en bas : il figure à côté de Julien Martini et son tapis de 156 000, soit environ 30 BB dans les variantes Pot-Limit et No-Limit au programme, et une douzaine de big bets dans les formats Limit. Un peu juste mais pas catastrophique non plus.

Parmi les éliminés : David Benyamine, Phil Hellmuth, Stephen Chidwick, ElkY, ou encore Shaun Deeb.

La photo du week-end

Halloween
Déception : la journée d’Halloween n’a pas motivé beaucoup de joueurs à se pointer costumés au Rio, malgré un tournoi qui s’y prêtait merveilleusement, programmé pile pour le 31 octobre : le Tag Team à 1 000 $. On saluera tout de même l’effort de Sarah et Jeremy Wien (photo ci-dessus, chipée sur WSOP.com), grimés comme Harley Quinn et le Joker de Jared Leto dans Suicide Squad. De leur côté, les pros Jeff Platt et Brent Hanks nous ont fait sourire en imitant Daniel Negreanu et Phil Hellmuth, respectivement :

Le chiffre du jour : les 101 coups des Bleus

101 : c'est le nombre de joueurs Français ayant atteint au moins une fois les places payées depuis le début de ces World Series of Poker 2021. Une stat exclusive Winamax, puisqu'on actualise chaque jour un fichier recensant toutes les perfs bleues aux World Series. Au moins un Tricolore a fait l'argent sur plus de la moitié des 57 Events bouclés jusqu'à maintenant, la palme revenant pour l'instant à Jonathan Therme (8 ITM) tandis que David Benyamine est le joueur ayant ramassé le plus de pépettes (485 437 $). Une preuve que, finalement, le travel ban n'a pas découragé tant que ça nos vaillants soldats... Cette centaine pourrait d'ailleurs augmenter de manière assez significative la semaine prochaine avec la fin dudit travel ban le 8 novembre, alors que le Main Event débute dans deux jours.

WSOP : tous les résultats français

Mardi 2 novembre : demandez le programme !

Plaque Stud

Crédit photo - PokerGO.com

Paul Volpe, Dan 'Jungleman' Cates, Adam Friedman, Brian Rast, Nick Schulman, Eli Elezra, Daniel NegreanuJosh Arieh, Anthony Zinno, Dario Sammartino, Ben Yu, on en passe et des meilleurs : le plateau des 35 derniers joueurs du Poker Players Championship à 50 000 $ a tout de la piste aux étoiles, où brillent encore deux lumières chères à notre cœur, celles de João Vieira (18e) et Julien Martini (34e). Objectif de ce Day 3 : jouer six niveaux de plus pour se rapprocher des dix places payées, qui ne seront atteintes que le lendemain.

On jouait aussi pour beaucoup moins cher ce lundi au Rio, sur un Deepstack à 600 $ qui a de nouveau donné lieu à un bel écrémage : près de 90% des 3 916 entrants ont disparu. Alors que Sonny Franco (503e), Matthieu Rodriguez (488e) et Sébastien Grax (452e) ont baissé pavillon en fin de Day 1, nous suivrons les progrès de Antony Darmani (171e sur 447), Samy Dubonnet (206e), Samy Boujmala (220e), Florian Dietrich (251e), Ange Besnainou (301e), Cédric Danneker (351e) et Arnaud Enselme (397e) sur cette épreuve estampillée Championship et donc à la structure plus lente, qui ne s'achèvera que mercredi. Nous n'avons en revanche repéré aucun Tricolore au Day 2 du tournoi de PLO8 à 1 500 $, qui ne devrait donc que peu attirer notre attention.

Terminons avec les nouveautés de ce mardi, au rayon desquelles une alléchante épreuve à 5 000 $ mélangeant No-Limit Hold'em et Pot-Limit Omaha, accompagnée du tournoi Salute to Warriors, reversant 40 $ sur chaque ticket d'entrée de 500 $ à des associations d'accompagnement et d'aide aux vétérans de l'armée américaine.

Benjo, Rootsah & Flegmatic

Good Morning Vegas : à l'aube d'un terrifiant week-end

- 29 octobre 2021 - Par Benjo DiMeo

Journée de transition sur les World Series of Poker : aucun vainqueur n'a été couronné jeudi (mais une belle Marseillaise a résonné au Rio) et la majorité des pros ont profité d'une journée de repos avant les très grosses échéances qui les attendent au cours d'un long et effrayant week-end d'Halloween.

Le chiffre du jour : 5 404

Kool Shen
Pour de funestes raisons que personne n'ignore, le tournoi réservé aux joueurs âgés de 50 ans et plus aurait pu voir son affluence chuter considérablement. Il n'en sera rien : avec 5 404 inscrits (re-entries inclus) le Seniors Championship à 1 000 $ continue de péter la forme, enregistrant des chiffres similaires à ceux du monde d'avant le Covid (5 917 inscrits en 2019). Pas un mince exploit si l'on se rappelle que certaines épreuves au buy-in similaire organisées depuis fin septembre ont enregistré des baisses dépassant parfois les 30 %.

Le Day 2 de cette épreuve connue pour créer des embouteillages monstres aux toilettes se tiendra ce vendredi soir avec 1 107 joueurs sur la ligne de départ pour 811 places payées. On l'a vu hier, trois Français étaient sortis indemnes du Day 1A (Antonin Teisseire, Jean-Luc Adam et Ange Besnainou). On peut ajouter deux noms à cette liste au terme du Day 1B : ceux de notre Kool Shen national (163e au classement) et de Philippe Culot (426e).

Le tournoi du jour : João et David, jamais deux sans trois ?

Joao Vieira
Les meilleurs joueurs de Pot Limit Omaha (et les autres veinards bien rollés) l’attendaient la bave aux lèvres : ça y est, le plus gros tournoi de poker à quatre cartes des WSOP 2021 est sous le feu des projecteurs depuis deux jours. Ils sont finalement 170 joueurs à avoir déboursé les 25 000 $ nécessaires pour jouer ce High Roller 8-Handed, soit 35 entrées de plus que la version en NLHE au début du festival (il faut dire que le programme des Highrollers de l'Aria est moins dense ces jours-ci). On y retrouve évidemment la crème de la crème dont deux joueurs que nous suivrons particulièrement, et pour cause : l’un est Français, David Benyamine, l’autre est membre du Team W, João Vieira, et tous deux débuteront le Day 3 dans le Top 10 !

À 25 joueurs restants, le Madérois est actuellement 6e en jetons avec 60 blindes à sa disposition, tandis que David termine la seconde journée sur le podium provisoire, avec un stack équivalent à 78 BB à la reprise. La bulle a éclaté en fin de Day 2 (32 places payées, premier palier de gain à 40 966 $), Ian Bradley étant sorti en 33e place par un Ben Lamb qui débutera ce vendredi en tant qu'énorme chipleader, devant Nathan Zimnik (2e) mais aussi Bryce Yockey (8e), Jeremy Ausmus (10e), le stackhanoviste Maxx Coleman (déjà 8 places payées sur ces WSOP, en comptant les events online), Shaun Deeb, Jerry Wong, Tommy Le, ou encore Ka Kwan Lo. D’autres ont eu moins de succès…
 


Des survivants de haut niveau qui seront autant d’obstacles à franchir pour João, qui s’est bien régalé ce jeudi, et David, qui comptent chacun deux finales au compteur dans ces WSOP 2021 (sans oublier une 10e place pour le Portugais) : ils viseront évidemment la passe de trois dans ce tournoi qui a dépassé les 5 millions de dollars de prizepool, la 8e place leur garantissant déjà un joli gain de 121 816 $. Il sera ensuite temps de penser à aller chercher leur deuxième bracelet WSOP lors du Day 4 (David a d’ailleurs gagné son premier en Omaha Hi/Lo en 2008) et l’énorme chèque de 1 257 860 $ promis au vainqueur, le plus gros distribué depuis le début de ces Series, et qui serait aussi le plus rémunérateur de leurs carrières respectives. Vous l'aurez compris, la motivation ne sera pas difficile à trouver ce week-end...

La vidéo du jour : et une Marseillaise, une !
 

On peut le dire, les supporters français forment l’un des meilleurs kops des World Series, emmené par leur fer de lance Anthony Picault : ils l’ont encore prouvé ce jeudi à l’occasion de la remise du bracelet à Alexandre Reard suite à son titre dans le 5k 8-Handed. Un moment magique dans l'Amazon Room immortalisé par sa compagne Aurélie via un Facebook Live... C’est parti pour 20 minutes historiques (le lancement de la cérémonie, c’est à 5’30), en espérant que cette Marseillaise ne soit pas la dernière des WSOP 2021 !

L'article du jour : la communauté se mobilise (encore)

Michael Graydon
On vous parlait hier de l'incroyable geste de Gershon Distenfeld : reverser l'intégralité des gains de sa victoire sur le Shootout - plus de 200 000 dollars - à des œuvres caritatives. Aujourd'hui nous parvient l'écho d'un nouvel élan de générosité au sein de la communauté poker. C'est PokerNews qui nous raconte l'histoire de Michael Graydon : sept mois après avoir été diagnostiqué d'un cancer du cerveau en phase terminale à l'âge de 40 ans, le joueur originaire de l'Alabama s'est tourné vers Twitter avec une requête en forme de dernier vœu : il souhaitait jouer le Main Event... et était prêt pour cela à vendre 70 % de son action. Une demande somme toute modeste : ce qu'il obtiendra en retour dépassera toutes ses attentes.

Car moins de 48 heures après ce tweet, partagé dans tout le milieu high stakes, Graydon croulait sous les propositions. MJ Gonzales (le coach de Negreanu lors de son challenge contre Doug Polk) avait aussitôt dégainé une offre de stacking à 100 % : un freeroll complet permettant à Graydon de garder l'intégralité de ses gains éventuels. Gonzales fut immédiatement suivi par Jonathan Depa : les deux pros se partageront donc le buy-in. Derrière, Maria Ho proposait de se charger du billet d'avion, tandis que All American Dave, le food truck emblématique des WSOP, promettait de le nourrir à l'œil pendant l'intégralité de son séjour.

"Je suis complètement scié, a confié Graydon à PokerNews. Mais je ne devrais pas être surpris car j'ai déjà vu la communauté se mobiliser à maintes reprises dans le passé. Les joueurs ont un cœur en or et soutiennent toujours ceux qui en ont besoin." Encore mieux : les joueurs qui avaient investi sur Graydon avant que Gonzales et Depa ne proposent le freeroll lui ont dit qu'il pouvait garder l'argent, afin de financer son séjour !

Aujourd'hui, à une semaine de son entrée sur le Day 1D du Main Event, Michael Graydon ne sait pas combien de temps il lui reste à vivre. Cela pourrait être un an, deux ans, voire dix ans s'il se soumettait au traitement le plus contraignant : radiations et chimio. Mais grâce au soutien d'une communauté pas si centrée sur elle-même qu'on ne le pense, il pourra oublier, le temps de quelques jours, l'horloge qui tourne, pour se concentrer sur l'expérience ultime pour tout joueur de poker.

Photo : PokerNews
 

Les tweets du jour


Alice au Pays des Merveilles ou The Greatest Showman ? Concernant son costume d'Halloween, Phil Hellmuth semble être encore en phase d'essais.
 
S'accorder quelques moments de répit, cela fait aussi partie de la bonne stratégie d'un pro.
Dans la catégorie "Trucs qu'on ne savait pas avant aujourd'hui" : Charlie Carrel a pris sa retraite du poker.
  Au chapitre des arrivées tardives : celle de Brandon Adams, confiant dans l'efficacité du "vaccine mandate" aux WSOP. Une dame manque de se faire écraser par un camion… pile au moment où une activiste locale passe à la télé pour sensibiliser le public aux dangers de la circulation à Las Vegas. Only in America !

Week-end d’Halloween : demandez le (gros) programme !


Vegas Halloween
Crédit photo : LasVegasHostel.net

Absolument tous les profils de joueurs de poker trouveront un tournoi à leur mesure au cours de ce week-end de trois jours où se tiendront quelques-unes des épreuves les plus emblématiques des WSOP. Chamboulement du calendrier oblige, c’est la toute première fois que l’on va jouer au Rio le jour d’Halloween : on imagine que cela va apporter un grain de folie supplémentaire à la journée de dimanche, avec des hordes de joueurs costumés envahissant les salles Amazon, Pavilion et Brasilia.

Mais faisons les choses dans l’ordre. Ce vendredi, on a le choix entre le fameux Colossus, qui devrait faire le plein avec son prix d’entrée plancher (400 $) et ses deux Day 1 où les places payées sont atteintes dès la fin de la journée. En parallèle, une épreuve de prestige sur laquelle le Team Winamax devrait se précipiter : le 6-max à 10 000 $. En quelque sorte le Main Event de la génération online. On surveillera aussi le Day 2 du Seniors avec le tandem de choc Kool Shen / Antonin Teisseire, ainsi que celui du tournoi à neuf variantes, qui s'est achevé avec 136 joueurs : on n'a trouvé aucun tricolore dans le chip-count. Le gros PLO à 25K, lui, en est déjà au Day 3, avec João Vieira et David Benyamine parmi les 25 derniers joueurs (voir plus haut).

Samedi, le Colossus se poursuivra avec le Day 1B, tandis que les amateurs de Deuce to Seven en Limit pourront jouer cette variante dans son Label « Championship », à 10 000 $ l’entrée donc.

Dimanche, on attend donc avec impatience de pouvoir élire le plus beau duo de déguisements sur le tournoi par équipes à 1 000 $. Duo ? Oui : alors que les années précédentes il était possible de former une team de trois joueurs, cette année le concept d’équipe a été réduit à son expression la plus minimale. On suppose aussi que les membres de la communauté high stakes vont jouer le jeu et enfiler un costume pour prendre le départ du Poker Players Championship à 50 000 $, suivant l’exemple de Phil Hellmuth qui nous a déjà spoil son accoutrement (voir ci-dessus). Enfin, les joueurs âgés de 60 ans et plus, eux, se dirigeront vers les tables du Super Seniors.

La journée de lundi s’annonce plus classique, ce qui ne sera pas un mal pour se remettre des émotions de la veille. Au programme : un Deepstack à 600 dollars, et du PLO version High-Low à 1 500 dollars.

Rootsah & Benjo

Good Morning Vegas : 11e finale bleue, la passe de 5 pour Rast

- 28 octobre 2021 - Par Flegmatic

Pendant que Julien Martini retrouvait les frissons d'une finale WSOP en Deuce to Seven, Sébastien Grax passait lui tout près de sa grande première sur un "3K 6-max" théâtre du cinquième bracelet de Brian Rast.

La doublette bleue du jour : Julien Martini et Sébastien Grax

Julien MartiniLes deux sont copains "à la ville", le second ayant approché le premier il y a bientôt deux ans pour profiter de ses lumières. Dans la nuit de mercredi à jeudi à Las Vegas, Julien Martini et Sébastien Grax sont passés à quelques marches de décrocher un bracelet WSOP, sur deux tournois radicalement différents. Vainqueur en Omaha Hi-Lo en ouverture du festival 2018 avant de s'inviter sur le podium du Razz Championship quelques semaines plus tard, le Corse signe sa cinquième table finale WSOP - après s'être approché par deux fois du titre à Rozvadov il y a deux ans, en Mixed Games et sur le Main Event - et dans une cinquième variante différente s'il vous plait ! Cette fois, c'est en Deuce to Seven que le runner-up du PSPC a fait parler la poudre, sur le Championship à 10 000 $ de sa version Lowball Single Draw. Dans le clan des short stacks dès les demi-finales, il a tout de même réussi à glaner l'un des huit sièges autour de la dernière table, en position de lanterne rouge. Un petit tapis qu'il parvient à porter jusqu'en sixième place pour 54 359 $ de gains, devant Daniel Negreanu (8e) mais derrière d'autres pointures comme Jake Schwartz, Benny Glaser, Johannes Becker et Farzad Bonyadi, lauréat de son quatrième bracelet, le second dans cette variante. Après une première moitié de WSOP compliquée, Julien Martini signe enfin une première perf' probante sur cette campagne 2021, qui on l'espère le portera pour le reste de l'automne.

En parallèle, le tournoi de 6-max à 3 000 $ poursuivait sa course effréné vers une conclusion express (deux jours seulement pour passer de 1 000 joueurs à un vainqueur). Après les sorties de route de Sylvain Loosli (37e) et Romain Lewis (23e), tous les espoirs français reposaient sur les épaules de Sébastien Grax. Troisième tapis des 12 demi-finalistes, l'avant-centre de la sélection tricolore a rapidement perdu des plumes avant de subir la loi du futur vainqueur Brian Rast (voir plus bas), son As-Valet joué à fond préflop s'inclinant contre le Roi-Dame de l'Américain. Troisième d'un Bracelet Event Online l'été dernier, l'ancien attaquant reconverti professionnel de poker signe son premier gros deep run sur un tournoi WSOP live, avec une dixième place bonne pour 31 002 $. À n'en pas douter le premier d'une longue série.

Crédit photo - PokerGO.com

Le vainqueur du jour : Brian Rast

Brian Rast Winner PhotoCela fait bien longtemps que Brian Rast n'a plus rien à prouver dans le monde du poker. Double lauréat du Poker Players Championship entre 2011 et 2016 et donc expert dans toutes les variantes possibles et imaginables, à la fois en MTT et en cash game, vainqueur du Super High Roller Bowl à 500 000 $ en 2015, finaliste du Big One for One Drop à un million en 2012 pour un total de gains live dépassant les 22 millions de dollars, il fait partie des tauliers de notre jeu depuis près de quinze ans. Après sa victoire à 474 102 $ sur un "3K 6-max" ultra relevé, la première en No-Limit Hold'em sur les WSOP, le voici désormais dans un club très fermé, celui des quintuples détenteurs de bracelet. Il rejoint ainsi des légendes telles que Stu Ungar, Scotty Nguyen, Allen Cunningham, Daniel Alaei, Michael Mizrachi, John Juanda ou encore Jason Mercier.

Net chipleader à l'entame de la finale à sept, Rast n'a laissé aucune chance à ses derniers adversaires, profitant notamment du soupçon de réussite nécessaire à quatre joueurs restants, lorsque son A4 est passé devant le A5 de l'un de ses principaux poursuivants Nick Yunis - malgré un tirage quinte flush trouvé turn par ce dernier. Joueur de live quasi exclusif, l'Américain a d'abord exprimé "du soulagement" au moment de poser pour les photographes, après presque un an et demi sans toucher de cartes. "J'ai pris ça comme un challenge, explique-t-il, et c'est vraiment l'aspect compétitif bien plus que l'argent qui m'a boosté." À quelques semaines de la quarantaine, il a désormais la tête tournée vers un nouvel objectif : le Poker Hall of Fame. "Je pense que ma candidature est plutôt bonne ! J'ai joué les plus grosses parties de cash game du monde depuis plus de dix ans ainsi qu'en tournois. (...) Je voulais revenir sur les WSOP cette année et me prouver que je peux encore jouer un bon poker, prendre du plaisir, voire plus." Alors, nouveau favori pour la promotion 2022 Brian Rast ?

Crédit photo - PokerGO.com

Le philanthrope du jour : Gershon Distenfeld

Gershon DistenfeldGershon Distenfeld l'avait annoncé d'entrée de jeu : comme il l'avait fait après avoir atteint la table finale du Main Event Online réservé aux joueurs américains de décembre dernier, et dans la foulée de son min-cash sur un Deepstack à 800 $ dimanche dernier, il comptait reverser à une œuvre de charité l'intégralité des gains remportés à l'issue de sa table finale sur le tournoi Shootout à 1 500 $. Le voici désormais en possession de 204 063 billets verts à offrir à l'association de son choix après avoir... remporté le tournoi !

Expert financier à Wall Street dans le civil et visiblement pas en manque de pépettes, Gershon ne visait de toute façon qu'une seule chose : le bracelet. "Ma femme et moi avons la chance de ne pas avoir à nous soucier de problèmes financiers, a-t-il confié avant la finale à nos confrères de PokerNews, et c'est une de nos valeurs prépondérantes que de donner de notre argent et de notre temps pour essayer de faire du monde un meilleur endroit." Une intention on ne peut plus louable, qui va même au-delà de sa propre personne. "Je n'ai pas besoin de cet argent, et j'ai pensé qu'en rendant mes actions publiques, cela encouragerait les autres joueurs à faire de même. Cela ne me regarde pas ce que les gens font dans leur vie privée. Mais j'adorerais que cela devienne une tendance, lorsque quelqu'un gagne un tournoi, de donner 1% de ses gains à une œuvre de charité."

Un philanthrope, un vrai, qui tient également plutôt bien les cartes, puisque sur cette finale du Shootout, il a notamment devancé le Belge Thomas Boivin (8e), le double vainqueur de bracelet et toujours redoutable Ari Engel (7e) et enfin un autre de nos voisins d'outre-Quiévrain, Johan Schumacher, au terme d'un heads-up de plus de trois heures fait de multiples rebondissements. "J'ai toujours rêvé de gagner un bracelet, au point que cela faisait partie des choses dont vous finissez par penser qu'elles ne se produiront jamais. Je ne sais pas quoi dire... J'ai même versé quelques larmes, ce qui ne me ressemble pas du tout." L'exemple de Gershon Distenfled fera-t-il date ? Quoi qu'il advienne, nous tenons sans nul doute là l'une des victoires les plus fortes de ces WSOP 2021.

Crédit photo : WSOP.com

Les tweets du jour

Keep up the good grind Romain!

Quand on vous dit que les joueurs du Team W se jouent toujours à fond entre eux. Lâche rien François !

Le Seniors Event des WSOP, encore et toujours un monde à part.

Non, pas ça, pas le mulet !

Dit que tu es un énorme balla sans dire que tu es un énorme balla. "Je suis encore en train de décider si je veux gagner le Main Event des WSOP ou non. Ça ressemble à beaucoup d'heures de travail pour gagner 10 millions." C'est signé du fondateur de l'un des plus gros sites d'actualité sportive aux USA.

Une auto-évaluation à faire chez vous : sur une échelle de 1 à 10, à quel niveau vous sentez-vous (mal)chanceux ? Et pensez-vous que la chance a joué un rôle significatif sur votre succès à long terme ?

Il semblerait que le Roma Deli, l'une de nos cantines italiennes préférées pour des dinner breaks de qualité, tenue qui plus est par Todd Brunson et Max Pescatori, se soit doté d'un petit cousin nommé le Roma Coffee. Pour le plus grand plaisir de papa Doyle (qui n'a d'ailleurs pas encore mis les pieds au Rio).

Jeudi 28 octobre : demandez le programme !

In N Out
Au lendemain d’une journée qui a vu pas moins de quatre nouveaux vainqueurs couronnés, ce jeudi semblera bien calme en comparaison. Le Seniors Event (réservé aux 50 ans et plus) va repartir de zéro avec la tenue du Day 1B. Profitons-en pour jeter un œil au listing du Day 1A, composé de 486 survivants sur un total 2 432 participants. Oh tiens, deux légendes dans le Top 10 : « Miami » John Cernuto et l’un des plus beaux fleurons de notre patrimoine poker national, Antonin Teisseire. En scrollant un peu plus bas, on repère Jean-Luc Adam (89e) et le vétéran parisien Ange Besnainou (14e du Main Event en 2000 et actuellement short-stack en 400e place).

En parallèle, la grosse affaire PLO du festival (25K l’entrée) va reprendre avec 107 joueurs restants sur les 170 ayant joué le Day 1, mais il est encore possible de s’inscrire. Eric Kurtzman mène le bal, suivi par Joseph Cheong, Yuval Bronshtein, Shaun Deeb et Chance Kornuth. Des Frenchies ? Juste un, l'inévitable David Benyamine, dans le peloton (62e), devancé notamment par le Marocain et vainqueur WSOP William Kakon (42e).

Les joueurs n’ayant pas encore atteint la cinquantaine auront le choix entre prendre une bonne journée de break (avec un détour au In-N-Out bien sûr) ou se rabattre sur un tournoi 6-max offrant neuf variantes au programme : Hold’em et Deuce to Seven en Limit et No-Limit, les trois formats Stud, Omaha High-Low en Limit et PLO. Le tarif : 2 500 balles.

Flegmatic & Benjo

Good Morning Vegas : Alex Réard a rendez-vous avec l'histoire

- 26 octobre 2021 - Par Flegmatic

Les gradins du podium télévisé de l'Amazon Room seront remplis de visages familiers ce soir : l'un des joueurs les plus appréciés et expérimentés de notre communauté va disputer sa première finale WSOP en live.

Le Français du jour : Alexandre Réard

Alexandre Réard
Au sein de la communauté des pros de poker français, Alexandre Réard appartient à une espèce rare : celle des joueurs à la fois adulés par la jeune génération Internet, et respectés des vieux briscards du live. Cette quadrature du cercle, le Francilien l’a réalisée en se formant à la dure école des cercles parisiens au début des années 2010, avant de petit à petit se faire un nom sur le circuit européen tout en faisant régulièrement trembler les tables des plus gros MTT online. Aujourd’hui, avec un palmarès pesant plus de 3 millions de dollars, Réard faire figure de placement sûr, du genre de ceux que personne n’ose remettre en question, ni les jeunes loups si prompts à décrier les « livetards » et leurs stratégies anti-GTO, ni les anciens raillant régulièrement les « gamins en pyjama » tout juste bons à cliquer sur les boutons de leur souris.

Régulièrement placé et maintes fois gagnant sur de grosses épreuves organisées en France, en Europe et à Marrakech, Alexandre Réard reste cependant en quête de son premier vrai succès en « Terre Sainte », là où les légendes se font et défont chaque année : Las Vegas. Ses supporters n’ont pas oublié cette incroyable édition 2017 des WSOP, où il avait bien failli sécuriser un siège en finale du Main Event : éliminé si près du but en 16e place, c’est en spectateur qu’il avait observé les copains et confrères Benjamin Pollak et Antoine Saout s’ébattre sur la TF la plus convoitée de l’année.

Quatre ans plus tard, Réard est de retour aux avant-postes à Sin City. C'est dans une position plus qu’enviable qu’il va attaquer ce soir sa première finale WSOP en live, celle de l’Event 47, un NLHE à 5 000 $ ayant rassemblé 421 inscrits : écrasant chip-leader et faisant face à seulement quatre joueurs, le mari d’Aurélie fait figure de favori pour décrocher le premier bracelet tricolore des WSOP 2021. Qui pour lui barrer la route, à lui et son stack de 73 BB ? En premier lieu il y a Daniel Strelitz (44 BB), hors de position sur le Français mais sans nul doute le plus dangereux de ses opposants avec 4,7 millions de dollars de gains sur ses tablettes, dont un gros titre WPT en 2017 puis un bracelet glané en 2019. Un gros WPT, Qing Liu (28 BB) en a déjà gagné un aussi, c’était au Venetian en mars dernier, pour la bagatelle de 750 000 dollars. Pour compléter le casting, deux joueurs qui devraient poser un peu moins de problèmes à Alex, avec des stacks moindres et des palmarès ne dépassant pas les 100K de gains : Conrad Simpson (20 BB) et Ren Lin (13 BB). Évidemment, un tournoi n'est jamais fini avant que les jetons ne soient tous arrivés dans l'escarcelle d'un seul joueur, mais en l'état, on nous pardonnera notre enthousiasme : grâce à son expérience et avec une telle configuration sur la ligne d'arrivée, notre Français du jour dispose de la plus belle carte à jouer au sein du clan tricolore depuis le lancement des WSOP.

C’est à 15 heures (minuit en France) qu’Alexandre Réard a rendez-vous avec 1/ l’histoire 2/ un premier prix de 428 694 dollars, et 3/ l’opportunité de rejoindre un club très select où sa carte de membre semble l’attendre depuis si longtemps : celle des détenteurs français de bracelets WSOP.

La stat du jour : 9

Tommy Le Finales PLO
Il y a ceux qui empilent les finales en No-Limit Hold'em, les autres qui se spécialisent dans les variantes pour pouvoir jouer la quasi intégralité du programme des World Series, du plus petit tournoi de Razz aux grands-messes des mixed games. Et puis il y a Tommy Le, qui a fait du Pot-Limit Omaha sa chasse gardée, et ce depuis plus de dix ans. Chip-leader du "Final Five" du PLO Championship, l'Américain est non seulement favori pour décrocher son deuxième bracelet mais s'est invité sur sa neuvième table finale WSOP à quatre cartes. Vainqueur de ce même tournoi en 2017, il était monté sur le podium un an plus tôt, quelques semaines avant de terminer runner-up du 25K. Cette année, il s'agit déjà de sa deuxième TF, puisqu'il a terminé deuxième du 1 500 $ le week-end dernier, derrière Josh Arieh et devant Ivan Deyra. Ajoutez à cela quatre autres finishs entre cinquième et huitième de 2010 à 2018 et le compte est bon. Ce mardi, sa plus grande menace se nomme Artem Maksimov, second en jetons mais novice à ce stade de la compétition, tandis que l'expérimenté Jeremy Ausmus ferme la marche. Alors, lucky number nine pour Le ?

Les tweets du jour

Un thème qui revient souvent dans les tweets WSOP ces jours-ci, a fortiori lorsque l’on recroise des visages pas vus depuis 18 mois : l’inexorable progression du temps. Témoin le pro Eric Froehlich : « Oh tiens, on dirait le sosie vieux de untel, ha non en fait c’est bien lui et on est tous vieux maintenant. »

Il se fait de plus en plus rare dans le monde du poker, mais il finit toujours par se pointer à Vegas pour quelques grosses épreuves : Johnny Chan, double vainqueur du Main Event et ici accompagné de celui qui l’a privé d’un troisième titre consécutif en 1989.

Engagé sur le Double Stack, le tzar de la Twittosphère poker s’est refait la cerise avec une main pas vilaine :

Après 4 semaines de WSOP et des statistiques rassurantes à Las Vegas, l’analyste politique et récent runner-up WSOP Nate Silver en est maintenant convaincu : demander aux joueurs d’arriver au Rio vaccinés était un pari gagnant. « Arriver en gueule de bois à 20 heures, cramer deux fois 10 000 $ d’ici minuit et demie » : non, Dan Smith, ce n’était peut-être pas une bonne idée de se pointer sur l’épreuve de Deuce to Seven après un week-end passé à se mettre à l’envers à l’EDC, le mega-festival electro de Las Vegas. Quatrième ITM WSOP en trois semaines pour Romain Lewis, cette fois sur le 5K où l’on retrouvera en finale Alexandre Réard ce mardi soir (voir plus haut).

Mardi 26 octobre : demandez le programme !

Amazon Room

Crédit photo - PokerGO.com

Bien entendu, tous les regards tricolores seront fixés sur le Final Day du Freezeout à 5 000 $, où Alexandre Reard mène la danse devant notamment Daniel Strelitz. Assuré d'un joli chèque de 97 238 $, le Francilien ne vise rien d'autre que son premier bracelet et les 428 694 $ à la gagne. En parallèle, Tommy Le tentera lui de faire honneur à son statut de "King of PLO" en remportant pour la deuxième fois le Championship à 10 000 $ dont il est le grand favori.

Encore bien loin de telles considérations, ils seront 80 à reprendre le chemin du Shootout à 1 500 $, avec un seul objectif en tête : remporter un deuxième Sit & Go pour rallier la table finale qui aura lieu mercredi. Ils sont quatre Français à pouvoir y prétendre : Alan Goasdoue, Emrah Cakmak, Aurélien Debaillie (tous les deux réunis à la même table) et Gilles Lamy. Le Deuce to Seven Lowball Championship repartira lui avec 43 joueurs à son bord sur les 106 entrants au départ, soit 15 de plus qu'il y a deux ans, avec un bureau des inscriptions ouvert jusqu'au lancement du Day 2. Voilà qui est suffisamment rare cette année pour être souligné. Un tournoi sur lequel Julien Martini a pris un bon départ (3e au chipcount), au contraire de João Vieira, qui n'a pas réussi à bag plus que le stack de départ.

Enfin, on surveillera également cette nuit le départ du "3K 6-Max", qui, comme toutes les épreuves du genre, devrait attirer un contingent bleu-blanc-rouge bien fourni, au contraire sans doute du petit tournoi à 600 $ mélangeant No-Limit Hold'em et Pot-Limit Omaha.

Flegmatic & Benjo