Destins liés, rêves intacts

- 15 novembre 2021 - Par Benjo DiMeo

Vayssieres et Dumont, les deux Nicolas ont tenu bon : ils se qualifient pour les demi-finales
Leurs tapis ont chuté en deuxième moitié de journée, mais tous les espoirs sont permis
Il reste 36 joueurs et les deux Français seront à la même table lundi
Main Event (Fin du Day 6)


Nicolas Vayssieres et Nicolas Vayssieres
Grosso modo, il y a deux options. Soit vous découvrez cet article à la pause-café, vous n'avez rien suivi de la sixième journée du Main Event et vous vous dites : génial, Nico et Nico ont franchi une étape supplémentaire vers la table finale, ils ne sont plus très loin, trop cool ! Vous, vous voyez la vie en rose. L'autre option est que vous êtes resté éveillé assez tard, vous avez lu tous nos articles, et votre réaction, ça sera plutôt : fait chier, Nico et Nico sont en bas de tableau alors qu'ils étaient pas mal il y a quelques heures. Surtout le Chevre.Miel, il avait éliminé plein de monde, monté une tonne, et même accroché brièvement le totem de chip-leader. Vous, vous êtes un pessimiste.

Inutile de vous dire laquelle des deux catégories on préfère. Nicolas Vayssieres et Nicolas Dumont sont dans l'antichambre de la plus belle et la plus grosse table finale de l'année, celle du premier Main Event live organisé depuis deux ans, et c'est évidemment une nouvelle tout à fait réjouissante. Comme le disait un Antoine Goutard excité comme jaja à la conclusion de la journée : "30 blindes en demi-finales du Main Event, c'est magnifique !"

Nicolas Dumont
De nos deux Français, celui qui a le plus de raisons de voir le verre à moitié plein est Nicolas Dumont : à midi, il prenait place dans l'Amazon avec un stack de 11 blindes dégageant une forte odeur de roussi. Le champion EPT savait que quoi qu'il arrive, il allait devoir subir l'épreuve du showdown préflop. De fait, il en vivra une ribambelle. Un premier double up avec As-Valet contre Roi-10 le remettra debout. Un coin-flip favorable contre le même joueur - Raul Manzanares - le remettra sur son cheval. Derrière, Dumont repassera encore par la case coin-flip, dans un pot de 7 millions - plus que la moyenne à ce stade - qui finira encore une fois entre ses mains. S'ensuivra une période très dansante, sur le mode du swing : des hauts, des bas, encore des hauts, dont une confrontation deux As contre deux Dames juste avant de débarquer en table télé. Sa dernière main du Day 6 se révèlera couteuse : le call/muck d'une relance rivière du dominateur Ramon Collilas sur un board 4J579. L'Espagnol a montré un As-Valet correctement value betté.

Nicolas Vayssieres et Nicolas Vayssieres
"Oui, j'ai fait des swings aujourd'hui. D'habitude, j'ai une approche plus conservatrice, mais je peux aussi jouer comme ça. La table n'était pas facile. D'un côté, j'ai eu de la réussite sur les coups à tapis, mais de l'autre je n'ai pas fracassé les boards." En tout cas, 22 blindes au départ du Day 7, c'est mathématiquement deux fois mieux que 11 blindes vingt-quatre heures plus tôt. "Je saurai jouer ce stack, c'est ce que j'ai fait toute la journée. 22 BB, ce n'est pas juste un tapis pour tout mettre préflop. Je peux open, je peux 3-bet light... Je peux très bien monter à 30 ou 35 BB sans showdown." Dimanche, Nicolas Dumont est parvenu à éviter les assauts de son compatriote Nicolas Vayssieres. Lundi, les deux prendront encore place à la même table. Leurs rêves intacts, et leurs destins liés.  - Benjo

"Je réalise que ça part d'un freeroll, tout ça"

Nicolas Vayssieres
Quand on a été chipleader du Main Event, quand on a touché des millions de jetons, construit un mur de céramique pendant des heures, et qu'on finit avec un tapis qui nous classe parmi les joueurs les moins fringants du tournoi (24e sur 36 avec 28 BB), forcément, il y a de la déception dans l'air. C'est un peu le sentiment qui traversait Nicolas Vayssieres alias Chevre.Miel au moment de quitter la table TV : "Journée difficile, je suis quand même crevé. Les trois premiers niveaux, ça allait, mais les deux derniers niveaux, j'ai vraiment commencé à sentir la fatigue. Cumulé au fait que j'ai eu moins de cartes sur la fin, ça n'aide pas. C'est dur parce que quand j'avais 16 millions, j'avais deux fois la moyenne. Arrivé en table TV, j'étais vraiment card dead."

Si la première table de Nicolas était belle, ça s'est forcément un peu corsé par la suite : "Les joueurs moins bons ont été remplacés par de meilleurs joueurs, il y avait beaucoup moins de spots qu'en début de journée. Donc finalement, j'ai fait comme la veille en fin de journée, j'ai dû jouer beaucoup plus tight." C'est la grande spécificité du Main Event : le mélange des joueurs amateurs et professionnels. Chaque année y brillent des joueurs sortis de nulle part... mais en fin de course, c'est plus souvent que jamais l'expérience qui prévaut.

Même si le vainqueur du KING5 repartira quoi qu'il arrive avec 200 000 dollars minimum, la pression financière va se faire de plus en plus ressentir. "Pendant longtemps, je ne regardais pas les paliers, ou alors c'était pour mettre la pression aux autres. Sur la fin, c'était différent. Je réalise que ça part d'un freeroll tout ça, alors forcément chaque palier commence à avoir son importance. Pour demain, je sais qu'il n'y a pas d'écart de prix avant qu'on tombe à 27 joueurs, du coup je pense que j'hésiterai moins à prendre des risques. J'ai 28 blindes. Rien n'est fini."

Débarqué dans le rail en fin de soirée, Alexandre Reard, 16e en 2017 sur le Big One, avait également son avis et un petit conseil à glisser à Chèvre.Miel : "Demain est un autre jour, un jour qui vaut énormément d'argent. Le mental sera déterminant, ce sera une journée très difficile. Personne n'a l'habitude de naviguer avec autant de jetons, il faudra être vigilant, il faudra que Nico s'installe dans une bulle. Et il faudra bien dormir aussi pour être dans les meilleures conditions." - Veunstyle

La table de Nicolas et Nicolas

Siège 1 - Nicolas Vayssieres (France) 6 705 000 (28 BB)
Siège 2 - Demosthenes Kiriopoulos (USA) 24 905 000 (103 BB)
Siège 3 - Arkadi Onikoul (USA)13 450 000 (56 BB)
Siège 4 - Nicolas Dumont (France) 5 260 000 (22 BB)
Siège 5 - Alejandro Lococo (Argentine) 17 950 000 (75 BB)
Siège 6 - Philipe Pizzari Pinto (USA) 12 940 000 (54 BB)
Siège 7 - Jesse Lonis (USA) 6 259 000 (26 BB)
Siège 8 - Sean Ragozzini (UK) 13 435 000 (56 BB)
Siège 9 - Andreas Kniep (Allemagne) 11 185 000 (46 BB)

La partie débutera par le niveau 31 : blindes 120 000 / 240 000, BB ante 240 000.

Les 36 demi-finalistes

À la fin du Day 3, on avait râlé lorsque les organisateurs nous avaient embarqués dans une bulle de minuit et rallongé la journée de deux heures. Ce soir, on a été surpris qu'ils nous ne refassent pas le même coup. Cela aurait eu beaucoup plus de sens qu'il y a trois jours : 36 joueurs restants, c'est loin de l'objectif de 27 annoncé en début de journée. Vous l'avez compris : nous nous préparons à un lundi très, très long.

Jesse Lonis
24 heures après avoir entamé le Day 6 dans le haut du tableau parmi les 96 derniers joueurs, c'est dans une position moins confortable que Jesse Lonis abordera les demi-finales : 26e sur 36 avec 26 BB. 5e d'une étape WPT organisée en Floride en janvier, et presque Champion du Monde sur l'épreuve inaugurale "Covid Relief" fin septembre (runner-up), Lonis ne cherchera évidemment pas qu'à battre son meilleur score en carrière au cours du Day 7...

Norbert Koh
Son palmarès est une liste interminable de résultats dans des compétitions organisées à Macau, aux Philippines, à Singapour ou en Chine : pour ce qui semble être son premier trip à Vegas, Norbert Koh est déjà certain qu'il n'aura pas fait le voyage pour des prunes. Celui qui fut un moment chip-leader après la bulle disposera de 30 BB pour tenter de devenir le premier finaliste du Main Event originaire de Singapour.

Chase Bianchi
Avec sa barbe à la Action Brunson, Chase Bianchi a continué d'escalader le classement avec décontraction durant le Day 6. Assis derrière 86 blindes, le détenteur d'un bracelet WSOP (un 1 000 $ NLHE en 2016) est tout près du sommet.

Ramon Colillas & David Cabrera
Deux Espagnols au Day 7 : Alex de Winamax.es est aux anges, il va avoir encore plus de boulot que d'habitude (ceci n'est pas ironique : plus il bosse, plus il est content). "Cela faisait depuis 2016 qu'on avait pas eu deux joueurs en demi-finales", glisse-t-il en tapant son 37e article de la journée. Si le public francophone ne connaît probablement pas David Cabrera (350 000 $ de gains en 20 ITM), personne n'a oublié Ramon Colillas, devenu une sorte de Chris Moneymaker version espagnole en 2019 après une historique victoire à 5,1 millions de dollars sur le monumental PSPC. Célèbres ou pas, les deux ont vécu un Day 6 aussi succulent qu'une tortilla de patatas : leurs deux noms sont dans le Top 10.

Lewis Spencer
Un autre européen au départ du Day 7 : Lewis Spencer. Le Britannique se décrit sur Instagram comme joueur professionnel : dans ce cas, cela se passe probablement en ligne et/ou en cash-game puisque sa fiche Hendon Mob ne renseigne que 4 220 dollars de gains et sept résultats depuis 2016. Il entamera les demi-finales avec 40 confortables blindes.

Leur parcours s'est achevé lors du Day 6 : Stephen Chidwick (89e), Dragana Lim (64e), Jon Shoreman (54e), Nick Petrangelo (45e)

1 Hye Park (USA) 29 500 000
2 Demosthenes Kiriopolous (Canada) 24 905 000
3 Joshua Paige Remitio (USA) 21 490 000 
4 Chase Bianchi (USA) 20 765 000
5 Koray Aldemir (Autriche) 18 905 000
6 George Holmes (USA) 18 425 000
7 Ramon Colillas (Espagne) 18 200 000
8 Alejandre Lococo (Argentine) 17 950 000
9 Ugur Secilmis (Turquie) 14 700 000
10 David Cabrera (USA) 14 530 000
11 Chance Kornuth (USA) 13 654 000
12 Arkadi Onikoul (USA) 13 460 000
13 Sean Ragozzini (UK) 13 435 000
14 Jareth East (UK) 13 085 000
15 Philipe Pizzari Pinto (USA) 12 940 000
16 Andrea Kniep (Allemagne) 11 185 000
17 Matthew Jewett (USA) 10 550 000
18 Vasu Amarapu (USA) 10 290 000
19 Stephen Gerber (USA) 10 100 000
20 Jung Woo (USA) 10 029 000
21 Lewis Spencer (UK) 9 765 000
22 Robert Mitchell (USA) 7 380 000
23 Norbert Koh (Singapour) 7 265 000
24 Nicolas Vayssieres (France) 6 705 000
25 Mitchel Halverson (USA) 6 370 000
26 Jesse Lonis (USA) 6 259 000 
27 Jack Oliver (UK) 6 043 000
28 Jonathan Dwek (Canada) 5 945 000
29 Nicolas Dumont (France) 5 260 000
30 Glynn Beebe (USA) 4 415 000
31 Matthew Schulte (USA) 3 515 000
32 Denys Prydvor (Ukraine) 3 095 000
33 Matija Dobric (Croatie) 2 800 000
34 Ronnie Abro (USA) 2 490 000
35 Ruslan Dyshttein (USA) 2 200 000
36 Roogsak Griffeth (USA) 2 120 000

Les récompenses du Day 7

10e et 11e : 585 000 $
12e et 13e : 470 000 $
14e et 15e : 380 050 $
16e et 18e : 305 000 $
19e à 27e : 241 800 $ 
28e à 36e : 198 550 $