Alexandre Réard remporte l'Event 47 des WSOP
Un 21e titre en live pour le Parisien, et un 26e bracelet pour le poker français
Lorsque fut donné le coup d'envoi la troisième et dernière journée de l'Event 47, un No-Limit Hold'em à 5 000 dollars l'inscription ayant attiré 421 joueurs, Réard comme ses (nombreux) soutiens massés derrière les cordons de sécurité savaient que la balle était dans le camp tricolore. Il ne restait plus que cinq joueurs assis autour d'une table finale et avec un stack de 73 blindes, notre héros reprenait le combat largement en tête et avec l'avantage de la position face au dangereux Daniel Strelitz, 44 BB et 4,7 millions de dollars de gains au palmarès. Réard était favori, donc... mais ce statut était logiquement accompagné d'une certaine pression : c'était bien lui qui avait le plus à perdre au cours du sprint final.
Mais de chute sur la dernière haie, il ne sera point question pour celui qui est resté chip-leader durant l'intégralité de la finale. Réard appliquera d'entrée de jeu une stratégie offensive sur ses derniers adversaires et cimentera son avance en signant la première élimination, celle de Qing Liu, avec un A4 restant en tête contre 97. C'est en observateur passif qu'il assistera ensuite aux sorties de Conrad Simpson puis Ren Lin, des mains d'un Daniel Strelitz se positionnant dans le rôle que l'on pressentait de lui depuis la veille : celui d'ultime rempart entre Réard et le bracelet. Cet affrontement au sommet, entamé à armes égales, il aurait pu s'éterniser. Il aurait pu tester la patience du Français, peut-être même le faire vaciller, pour à la fin le reléguer dans l'histoire des WSOP à un rôle de second maintes fois endossé par ses compatriotes dans le passé. Mais Alexandre Réard ne manquera pas son rendez-vous avec l'histoire, assénant dès l'entame du duel un 3-barrel bulldozer sur un board 97410Q, forçant Strelitz à abandonner sans voir le showdown et après avoir lâché quantité de jetons. Déjà, l'écart était creusé. L'Américain n'allait pas réussir à le combler. Moins de trente minutes plus tard, son J9 ne s'améliorait pas contre le K8 de Réard. Le clan bleu-blanc-rouge pouvait savourer, et surtout hurler sa joie : la France venait de remporter le 26e bracelet WSOP de son histoire."Quand j'ai vu la rivière tomber, la sensation était indescriptible. Je voyais ma femme [l'ex Team Pro Aurélie, NDLR] et tous mes potes crier et exulter dans le rail. C'est un moment tellement fort et pur !" Lors de son interview à chaud, Réard saura mettre en perspective cette victoire avec le reste de sa carrière, et aussi des accomplissements tricolores dans l'histoire du poker. "Ce bracelet, je le voulais, j'en avais besoin. Ce n'est pas une finalité, mais plutôt une nouvelle étape, magnifique, dans ma carrière. J'espère en avoir beaucoup d'autres. Cela fait un moment que la communauté des joueurs français grandit et monte en puissance. Aujourd'hui la victoire est pour moi, mais aucun doute que d'autres vont suivre rapidement. C'est pour vivre ces moments et ressentir ces émotions que l'on vient ici." On n'aurait pas pu mieux le dire.