Fin du rêve en 60e place pour Romain Lewis
Pour son premier ITM sur le Big One, le Bordelais remporte 142 215 $
Main Event 10 000 $ (Day 6)
C'est un Romain Lewis au coeur gros qui est timidement venu au bureau des payouts pour récupérer un ticket cartonné de couleur orange valant 142 215 $. 60e place. Pour un fanboy absolu du Main Event comme le jeune Bordelais, qui a suivi par procuration depuis chez lui chacune des éditions du plus beau tournoi du monde depuis qu'il connaît les règles de ce jeu, avant d'être enfin en âge de le jouer lui-même, le goût d'inachevé est forcément prononcé. Surtout lorsqu'on entre au Day 6 avec un tapis valant plus de 130 blindes. "Je m'imaginais déjà beaucoup plus haut," nous a soufflé Romain d'une toute petite voix. Et nous avec lui.
Mais alors, que s'est-il passé ? À l'image d'Adrián Mateos la veille en finale du High Roller à 50 000 $, notre pro n'a pas grand-chose à se reprocher aujourd'hui. La réussite ne fut tout simplement pas de son côté. On vous a déjà relaté dans ces colonnes le premier coup d'arrêt subi par Romain en début de journée, lorsque sa flush floppée s'est fait craquée par le tirage couleur max. C'est une rencontre plus terrible encore au retour de la pause dîner qui l'a poussé sur la voix d'arrêt d'urgence du rêve américain. Deux Rois à tapis préflop qui rencontrent la paire d'As de Mario Navarro (photo ci-dessous, à gauche), son voisin espagnol avec qui il avait déjà pas mal fricoté, et alors qu'un troisième joueur s'était lui aussi engagé avec As-Roi. Tombé à moins de 20 blindes, qui diminueront peu après avec le passage au niveau suivant, Romain ne s'en relèvera jamais, perdant ensuite l'ultime flip de la survie avec Roi-Dame contre une paire de Valets.
Mario Navarro, l'homme par qui le setup est arrivé.
"J'avais réussi à éviter ce genre de confrontations pendant un peu plus de cinq jours, explique Romain. On est tellement profond dans ce tournoi que l'on peut se permettre de ne pas jouer de gros coups à tapis préflop. On en oublie que cela reste un tournoi "classique" et que ces coups existent bel et bien. C'est presque la meilleure façon pour moi de sortir, je ne me voyais pas du tout me faire éliminer sur un coup joué postflop. Deux As, deux Rois, ce sont vraiment les seules mains que j'ai envie de jouer dans ce genre de cas. D'ailleurs, les Dames dans ce spot, je pense que je les fold." De notre point de vue d'observateur également, rLewis semblait serein. "J'ai bien commencé le Day, en plus j'avais l'ascendant sur m table. J'ai beaucoup bluffé dans pas mal de petits pots, je prenais de plus en plus d'infos sur mes adversaires. Au final, c'est quand j'ai eu des bonnes cartes que j'ai perdu des jetons !"
Au-delà d'une nouvelle perf' à six chiffres (déjà la cinquième de sa carrière), que restera-t-il pour Romain de ce Main Event 2019 ? "C'était une expérience de fou ! J'ai énormément appris, sur le jeu et sur moi-même. C'était un véritable exercice d'essayer de contrôler mes émotions. C'était même de plus en plus dur, peut-être aussi à cause de la fatigue." Pourtant, et à supposer que l'on puisse l'être avant d'affronter ce marathon de poker à nul autre pareil, Romain se sentait prêt à gérer cette composante. "Je savais à peu près à quoi m'attendre oui. Je m'étais même habitué à dormir entre quatre et cinq heures et demi par nuit." Si peu ? "Après chaque fin de journée, il me fallait environ une heure pour faire retomber la pression. Et une fois au lit, j'avais encore le coeur qui battait à toute vitesse."
Une expérience physique et mentale d'une intensité rare, étalée sur toute une semaine et qui pourrait en traumatiser plus d'un. Pas Romain Lewis. "Ce qui me réconforte, c'est que je me dis que ce n'est que ma troisième participation, qu'il m'en reste donc énormément à jouer. Et clairement, deep run ce tournoi ne serait-ce qu'une fois doit te donner un edge énorme pour les années suivantes." En dehors du Big One, comment compte-t-il gérer l'après, pour tourner définitivement la page ? "Facile : mon prochain tournoi c'est le 10K 6-Max, qui démarre samedi. C'est comme un deuxième Main Event ! J'adore cet Evenrt je l'ai deep run les deux fois où je l'ai joué (avec notamment une superbe troisième place l'an passé). Donc non, repartir de l'avant ne sera pas un problème. En revanche, si Vegas durait encore un mois et demi de plus, là je prendrais sans doute un petit break !" Il serait bien mérité. Encore bravo Romain, et rendez-vous samedi.
Avant de le laisser repartir dans la nature, nous avons demandé à Romain son favori pour la suite du tournoi. En plus des immanquables Greenwood et Sammartino, notre pro nous a sorti de son chapeau Robert Heidorn, "un joueur allemand [qu'il] connaît depuis un peu plus d'un an et qui a toujours eu un gros stack depuis le début du tournoi." Vous savez maintenant sur quelle grosse cote placer vos billets.