Qui a dit que le Main Event était une histoire de spécialistes ? Pour nos trois représentants, cette accession en sixième journée du plus beau tournoi du monde représente une grande première. Tous sont en pleine découverte, contrairement à l'an passé où certains avaient déjà pas bourlingué sur ce Big One (Pollak, Reard, Loosli). Le thème de 2019, c'est un mélange entre le plaisir, l'inconnu et l'insouciance. Romain Lewis nous confiait qu'en 2018, après avoir réalisé ses nombreux deepruns qui lui avaient rapportés près de 900 000 $, il n'était pas le même au moment d'arriver sur le Main Event. C'est à peu près tout l'inverse cette année : pratiquement aucun résultat pendant un mois (à peine 6 000 $ de cash, mais combien dépensé en buy in ?) et le voilà frais, dispo et parfaitement motivé pour ce tournoi, et pour sauver un peu l'été. Gregoire Auzoux a quant lui été mobilisé professionnellement pendant des années, et peut enfin profiter des joies de Las Vegas et du Big One. Benjamin Souriau est plutôt un habitué des parties de cash game à Macao et commencerait presque à trouver ce tournoi un peu long. Il ne reste désormais "plus que" trois jours avant de pouvoir avoir des étoiles dans les yeux et quelques gros billets plein les poches.
Romain Lewis (Team Winamax) : 10 600 000 (133 BB)
Il nous avait prévenu il y a quelques jours : même s'il ne l'avait jamais cash jusque-là, Romain Lewis connaît ce Main Event sur le bout des ongles. Aujourd'hui, le Bordelais s'est livré à une véritable démonstration, enchaînant les gros pots avec une aisance et une décontraction qui frôlait l'irrespect. C'est bien simple, alors que la majorité de nos autres compatriotes semblaient se tenir à carreau, notre pro lui, semblait vouloir s'inviter dans tous les coups, plaçant des 3-bets et des "click-back" à tout va, pour mettre un maximum de pression sur des voisins de tables qui ont bien eu du mal à suivre. Et bien du mal à le croire, comme lorsqu'il récupéra ce qui s'apparente à une énorme livraison de 45 blindes de l'Espagnol Elias Gutierrez... alors qu'il tenait deux Rois en main. Romain l'a prouvé l'an passé en signant trois podiums en quelques semaines : sa marge de progression n'a d'égal que son talent à une table. Avec l'assurance et la confiance qui le caractérisent, rLewis est pour l'instant en pilotage automatique, et personne n'envisage pour l'instant un atterrissage en catastrophe, surtout pas lui.
Grégoire Auzoux : 5 595 000 (74 BB)
On vous l'annonçait en pleine forme encore au milieu de ce Day 5, mais Grégoire Auzoux a en fait terminé cette journée sur les rotules : "Je suis éclaté !", glissait-il en se frottant les yeux. Avec 5,595 millions, il va pouvoir tranquillement aller dormir quelques heures. "Ce fut très swinguy aujourd'hui. Mais j'ai quand même réussi un life achievement : j'ai fait fold un type avec brelan, en tout début de journée !" Derrière, Grégoire n'a jamais eu peur de mettre la pression, comme lorsqu'il a 4-bet shove 35 blindes avec paire de 6 (AK en face il a perdu le flip). "Je pense que 30 blindes, c'est un bloc intéressant qu'il faut arriver à garder. Personne ne bluffe avec cette taille de tapis." Vu son côté un peu high variance, on peut parier sur pas mal de scénarios pour le Day 6. Film catastrophe ou happy end à l'américaine ? Affaire à suivre.Benjamin Souriau : 2 015 000 (25 BB)
"Cette journée était interminable, je suis rincé." Vous l'avez compris, c'est la fatigue qui l'emportait chez Benjamin Souriau au moment de placer ses derniers jetons dans son sac. Discret, pas du genre à s'enflammer pour rien, ce grand joueur de cash game devant l'éternel a réussi à rester patient de la première à la dernière main. "Je n'ai pas trouvé de bonne opportunité de m'envoyer en l'air, plaisantait-il. De toute façon, je joue small ball depuis le Day 1." Comprenez par là que ce n'était pas aujourd'hui que cela allait changer. Une chose est sûre, Benjamin a souffert de plus en plus à mesure que l'heure avançait. "Ma première table (où il a pourtant retrouvé le chipleader Dean Morrone et Antonio Esfandiari NDLR) était bien meilleure que les autres. D'ailleurs, j'en ai changé deux fois aujourd'hui, c'est hyper handicapant en fait. Bon, ce n'est pas tout ça, mais j'ai quand même vachement envie d'une bière. Allez, à demain ! Enfin, si j'arrive à me réveiller..."
Olivier Chaume : 157e pour 59 295 $
Journée compliquée pour celui avec qui nous avons seulement fait connaissance aujourd'hui. Après deux gros coups perdus qui l'ont fait tomber dans la zone rouge, ses neufs dernières blindes sont parties au milieu avec une paire de 3, qui s'est fracassée contre deux Rois.David Pecheur : 284e pour 43 935 $
Le short stack français du jour a tenu bon quelques heures entre vingt et dix blindes, avant de tout envoyer à contrecoeur avec Roi-Valet. Pas de pêche miraculeuse sur le board face à As-Roi et paire de Dames.Julian Milliard-Feral : 334e pour 38 240 $
Il nous avait fait forte impression lors du Day 4, se maintenant longtemps parmi les chipleaders avant de connaître un dernier niveau compliqué. Aujourd'hui, le Français expatrié en Floride n'a mis que quelque minutes avant de dilapider un tapis de 60 blindes sur un bluff manqué.Comme sur la plupart des journées précédentes, tout ce beau monde devra être de retour au Rio à midi tapantes (21 heures en France). Nous serons bien évidemment au rendez-vous après une bien trop courte nuit. À tout à l'heure !
Veunstyle & Flegmatic