Main Event 10 000 $ (Fin du Day 2A / 2B)
Le Day 1 du Main Event, le coup d'envoi de la grand-messe, c'est invariablement un moment très excitant. Trois journées d'affilée, les salles de convention du Rio débordent de gens et d'enthousiasme. On croise des joueurs amateurs tout excités en train de réaliser le rêve de tout joueur de poker. Toutes les stars du jeu sont au rendez-vous, ou presque, et on aperçoit même quelques célébrités délaissant un moment leurs plateaux de cinéma ou leurs terrains de football. On scrute en permanence le nombre d'inscrits pour comparer l'affluence à celle des années précédentes, en se demandant si le record va être battu. Le mélange des joueurs et la structure giga deep-stack permettent d'observer aussi bien des mains très poussées stratégiquement que des coups farfelus sortis de nulle part. Quand un joueur est éliminé prématurément, on a mal pour lui. Il y a des joueurs déguisés, il y a des joueurs que l'on a pas vus depuis longtemps, il y a des freerolleurs. Il y a même des mecs
qui montrent leur bite ! Bref, le Day 1 du Main Event, c'est le
buzz ultime de l'année au sein de la planète poker.
Avance rapide quelques jours plus tard : voilà le Day 3. Une journée tout aussi excitante et passionnante que le Day 1. Enfin, après une série de tous préliminaires "flights", tous les survivants sont réunis, et progressent désormais ensemble. Les éliminations se succèdent, on plaint les joueurs qui ont joué trois journées entières sans recevoir la moindre récompense, et l'on fonce à toute vitesse vers la bulle, une bulle qui sera comme chaque année la plus grosse, la plus attendue, la plus fun de l'année.
Coincé entre ces deux journées clé, le Day 2 fait figure de parent pauvre... voire-même vilain de petit canard. Au Day 2, l'excitation des débuts est retombée, la bulle est encore très loin. Soyons francs : le Day 2 n'a rien pour lui, le Day 2 ne sert à rien. Qui se souvient d'un Day 2, franchement ? Le Day 2 c'est la face B d'un single de Britney Spears, c'est le dernier match d'une équipe classée 12ème, c'est une option du BAC notée coefficient 1. A la rigueur, en étant indulgent, le Day 2, c'est à peine un Day 1bis.
Oui, bon, d'accord : il y a de l'action dans ce putain de Day 2, ça on ne peut pas le nier. Des tapis préflop dans tous les sens, un beau buffet
all you can eat de bad beats, des confrontations juteuses en veux-tu en voilà. Mais toutes ces éliminations (plus de 1 200 en dix heures), cela finit par devenir indigeste, limite funeste. Et puis, à quoi bon s'exciter sur les joueurs qui montent des pions ? Finir le Day 2 avec 300 ou 400 000, c'est bien, bravo, mais cela ne garantit en aucun cas un deep run. C'est certain : il y en a parmi ceux en haut de la liste qui ne feront même pas l'argent. Non, vraiment : ce Day 2, c'est la cinquième roue du carosse.
Je sais ce que vous allez me dire : Benjo t'es frustré, Benjo t'es fatigué. Pas faux : trois Day 1 de 14 heures chacun, cela a de quoi mettre les nerfs à fleur de peau. Et puis... putain de tournois médias ! J'ai deep run mais me suis fait suck out dans tous les sens à quatre tables restantes. Dommage, le last longer était alléchant. Seule consolation, le titre du tournoi reservé aux journalistes repartira en France : l'hideuse ceinture type "champion de boxe" a été decerné à Hadrien, le mec qui filme les vidéos de Yoh_Viral. C'est donc officiel : le couvreur de Yoh_Viral a gagné plus de tournois que Yoh_Viral. Oui, je sais, elle était facile, mais je vous ai dit que j'étais limite nervousse breakdown.
Allez, j'ai fini mon glass of whine. Je laisse mes collègues - qui EUX sont rentrés dans la salle de poker aujourd'hui, bravo les gars - vous présenter quelques-uns des joueurs marquants de ce Day 2A/2B.
Hugo Pingray se fait remarquer
La bonne surprise du jour se nomme
Hugo Pingray. Le champion WSOP 2014 avait clairement disparu des radars du circuit professionnel, comme
il nous l'expliquait en interview, mais ne semble pas avoir complètement oublié les règles de ce jeu. Parti avec 73 000 jetons à 11h (la moyenne), Hugo termine la journée avec 543 300 ! Pour lui, tout s'est joué après deux longs niveaux sans rien voir :
"J’ai vraiment vécu une journée comme on les aime, je n’ai pas eu besoin de faire de bluffs, dans les gros pots j’avais toujours les nuts quand mes adversaires avec des mains, et je n’avais plus qu’à encaisser les jetons. Le coup le plus important finalement, c’est quand j’ai passé AK contre QQ, pour doubler et grimper à 150 000. A partir de là, j’ai vraiment décollé. Derrière, ce sont beaucoup de confrontations chanceuses : brelan contre deux paires max, une paire de valets qui se transforme en carré, contre un joueur qui a voulu me heroe call de façon assez ambitieuse avec Dix-Neuf, dans un pot 3-bet, en 3way, sur A93JJ…"
Quand on a remporté un tournoi avec 7 862 inscriptions au total, on connait parfaitement le chemin à suivre pour aller aussi loin. En soi, et malgré son énorme stack, Hugo n'envisage aucun plan sur la comète : "Je ne me pose pas de questions, je sais qu’on est qu’au Day 2, je prends les spots comme ils arrivent, et je n’ai pas établi d’autres stratégies à l’avance. Le tournoi ne se joue pas maintenant de toute façon, si je peux prendre des jetons maintenant, tant mieux, mais reparlons en plutôt dans une ou deux journées."
Romain Lewis, fan numéro 1 du Main Event
Romain Lewis en compagnie du vainqueur Français du jour : Hadrien, sacré sur le tournoi Médias
Après les éliminations de ses coéquipières
Gaelle Baumann et
Leo Margets,
Romain Lewis est le dernier team Pro en lice... pour aujourd'hui, bien sûr : ils sont encore pas mal de ses coéquipiers à attendre avec impatience leur Day 2C de dimanche. Romain termine avec 176 000 jetons. Après avoir perdu un premier pot qui l'aurait pourtant fait grimper à 200 000, avec KK contre AK, Romain a longtemps stagné entre 80 000 et 120 000, au point d'en être légèrement agacé :
"Il y a un moment dans la journée ou j’ai commencé à douter. Je me suis dit « mince, je ne fais pas de paire, je frappe aucun board etc. »
et il me fallait quelqu’un pour supporter un whine. C’est tombé sur Volatar ! Je lui dit que je ne gagnais pas un coup en 4h, lui me remet les idées en place… et la main d’après, je découvre AA au bouton. J’ai gagné plus sur cette main que ce que j’ai perdu en 4h avant, et c’est là qu’on se rappelle que ce tournoi est comme ça. Il faudra surement repasser par cette phase où il faut fold et perdre des coups pendant 5h, mais au final, ce n’est pas grave."
Du haut de ses 24 ans (enfin, c'est pour bientôt), Romain Lewis dispute son troisième Main Event... mais a pourtant bien plus d'expérience qu'on pourrait penser : "Mon premier amour et mes premières vidéos de poker, c’était le Main Event. Je crois que la première édition, je l’ai regardée quand j’avais 13 ou 14 ans. Ça peut me servir dans le sens ou je sais pertinemment qu’au jour 5, jour 6 et jour 7, il y a encore des livraisons dans tous les sens. Parce que ce sont des épisodes d’une heure, on voit énormément de coups. Le but c’est d’être encore là, pour pouvoir potentiellement bénéficier d’une livraison."
L'objectif pour Romain est très simple pour le Day 3 : chill, y aller tranquille, puis rendez-vous au Day 4 :
"Il faudra jouer low variance, je n’ai pas besoin de jouer de gros pots, de voler trop d’équité, de mettre trop de pression sur mes adversaires. Si jamais je monte à 150 blindes, je vais devenir beaucoup plus agressif, mais tant que je suis dans cette zone de 50 ou 100 blindes, je vais chill. Il faut se rendre compte qu’on est encore très très loin, il faut prendre niveau après niveau, et tenter d’être dans le moment présent. Et espérer aussi que les Dieux du poker soient avec nous…"
Au moins 19 Français déjà qualifiés pour le Day 3
En plus du Londonien Champion WSOP, d'autres Français ont bâti de belles piles, à commencer par son pote et associé Amary Mamou-Mani, pointé à 450 000. Derrière, Alexandre Reard pourra sereinement viser son quatrième ITM à la suite sur ce Big One, du haut de son tapis de 366 100. Les bonnes surprises tricolores du jour nous viennent de Paul Patouilliart, qui a terminé sa journée perdu dans un coin de l'Amazon, et de Jimmy Kebe, tous deux autour des 320 000. "Journée très fluide dans l'ensemble, précise 'Lapatouille', J'ai gagné plein de petits pots et j'ai run good, grâce à une première table assez soft."
À l'inverse, il y a ceux qui ont un peu plus tremblé, comme un
Quentin Roussey, adeptes des montagnes russes et qui termine avec 246 900... soit 20 000 pions de moins que pour démarrer ce Day 2. "
J'ai eu pas mal de setups dans les deux sens, c'était assez éprouvant à vivre. Mais en tout cas je les ai bien rendu fous."
Enfin, pour
Adrien Allain, tout s'est joué lors des derniers niveaux. "
Je suis passé de 120 000 à 30 000 en étant complètement card dead, rembobine le Zlatan de l'Île-et-Vilaine,
je suis d'abord remonté à 50 000 sans showdowns, puis à 80 000 grâce à un coup gagné turn avec une paire de Dames. Et là, je viens de chatter de malade, j'ai honte... J'ouvre au cut-off avec 87 de trèfle et le joueur à ma gauche, qui est très actif, 3-bet à 12 000. Après ça, j'ai deux solutions : ou je fold comme un lâche et je passe la journée pépère avec 75 000 jetons, ou je pose les balls
sur la table et j'y vais. T'inquiète pas qu'après deux minutes de tank j'ai fini par tout envoyer. Le mec m'a lu comme un livre ouvert il a snap call paire de 10. J'ai fait full floppé. On est comme ça ici." Des
hand histories pareilles, on avoue que cela nous aurait manqué au Day 3 !
La guerre des nerfs se poursuit aussi pour deux Français qui ont passé un bout de chemin ensemble aujourd'hui, Jimmy Guerrero et Kalidou Sow
Clément Tripodi termine en balle, avec plus de 260 000 sur la balance
États des lieux (très) partiel du clan français
Chipcount complet et détaillé à venir un peu plus tard
Hugo Pingray 540 000
Amaury Mamou-Mani 450 000
Alexandre Reard 366 100
Paul Patouilliart 322 000
Jimmy Kebe 320 000
Philippe Narboni 280 000
Quentin Roussey 246 900
Fabrice Maltez 230 000
Joffrey Lhote 197 000
Ugo Faggioli 182 200
Romain Lewis (Team Winamax) 176 200
Julien Loire 160 900
Adrien Allain 160 000
Sarah Herzali 156 000
Loïc Vaux 130 000
Édouard Mignot Bonnefous 89 000
Alexandre Amiel 87 700
Matthieu Rodriguez (Qualifié Winamax) 71 000
Ludovic Moryousef 50 000
Petite pensée également à ceux qui ne figurent pas dans cette liste, comme Jean Montury, Vincent Robert, Frédéric Delval, Gaëlle Baumann, Pierre Calamusa, Michel Abécassis, Julien Stropoli, Yoh_Viral, Thomas Cazayous, Grégory Benac, le bourreau de Daniel Negreanu Meddi Ferrah, Alexis Fleur, Jean Fabre, le qualifié Winamax Vincent Gourlaouen, Paul Pirès-Trigo, Valentin Messina, Moundir ou encore Mathieu Selides. Et ça, c'est uniquement pour ceux dont on est sûr. On en saura plus d'ici quelques heures, avec le listing détaillé concocté par les petites mains des WSOP, une fois que quelqu'un daignera rallumer les lumières en salle de presse. Oui, cette journée se termine pour nous in the dark.
Quelques bouts d'infos en vrac
Un total de 2 483 joueurs était au départ du Day 2A/2C, chiffre comprenant 100 joueurs "late reg" n'ayant pas joué le Day 1. On dirait bien qu'après dix heures de jeu, il en reste environ 1 100, à peine de quoi remplir l'Amazon Room. 56% d'éliminés : c'est le tarif classique pour un Day 2 de Main Event, et le Day 2C sera probablement identique.
D'après PokerNews, le chip-leader est américain et s'appelle Timothy Su. Derrière, un Européen : Anton Morgenstern. Le degen allemand (deux fois Top 25 sur ce tournoi en 2013 et 2015, sans faire de finale) a floppé une flush en fin de journée et a pris le maximum contre deux paires As-Roi.
Le Champion du Monde 2016
Qui Nguyen poursuit sur sa lancée, son tapis est toujours aussi gros. Ils sont bien placés aussi :
Galen Hall (photo), André Akkari, Kelly Minkin, Barny Boatman, Faraz Jaka...
Le vainqueur du PSC Monte-Carlo 2017
Raffaele Sorrentino et
Igor Kurganov ont terminé la journée côte à côte, avec un net avantage en jetons pour le Russe, qui continue donc de tracer sa route sur ce Main Event, après avoir sorti sa chérie Liv Boeree dès les premiers niveaux du Day 1.
Pour eux, en revanche, l'aventure est terminée : Daniel Negreanu, Chris Ferguson, Stephen Chidwick, Phil Galfond... et 1 300 autres, donc. On vous épargne la liste complète !
Comme d'habitude, on va tenter de vous filer le classement complet le plus vite possible. Restez branchés, il apparaîtra sur cette page.
Dimanche 7 juillet : demandez le programme !
11h (20h en France) - Main Event 10 000 $ (Day 2C)
Le second Day 2 n'est que la suite logique d'un Day 1C massif ayant attiré 4 879 joueurs - record absolu pour une journée de départ sur le Main Event ! On retrouvera dimanche les 3 664 survivants, plus les derniers retardataires s'inscrivant au tout dernier moment. Combien seront-ils ? Difficile à prévoir, mais on devrait les chiffrer en centaines, grâce aux derniers satellites organisés aujourd'hui. On connaît déjà l'identité de quelques-uns de ces derniers arrivants. Citons par exemple notre illustre confrère Victor Saumont qui, après un mois de bons et loyaux services appareil photo et carnet et main, va maintenant passer à table et disputer son troisème Main Event, et Phil Hellmuth, tout juste revenu de son tour des îles Galapagos en jet privé. Pour le reste, nous essayerons de suivre tant bien que mal un field record de plus 80 Français, dont Ivan Deyra et 4 des 5 gagnants du KING5 2019, et la quasi-totalité des internationaux du Team : Davidi Kitai, João Vieira, Mustapha Kanit et Adrián Mateos. En un mot comme en cent : on ne va pas s'emmerder.
Midi - Event #75 : Little One for One Drop 1 111 $ (Day 1B)
Le tournoi de charité (organisé pour la fondation de Guy Laliberté visant à améliorer l'accès en eau potable dans les zones du globe défavorisées) se poursuit. Encore trop tôt pour qu'on s'y intéresse vraiment, d'autant qu'il y aura un troisième et dernier Day 1 lundi.
15h - Event #76 : Online NLHE 6-max 800 $ (Tournoi sur un jour)
Avant dernier tournoi des WSOP 2019 joué en ligne ! Il n'est pas trop cher : il devrait donc cartonner sans problème, d'autant qu'il est aussi ouvert aux résidents du New Jersey, à l'autre bout des USA.