L'un des tournois de l'été débute, la crème du poker mondial s'est donné rendez-vous au Rio pour disputer un tournoi dans huit variantes pendant cinq jours
Event #58 : Poker Players Championship 50 000 $ (Coup d'envoi)
Quand on évoque les WSOP, on pense en premier lieu, et c'est bien normal, au Main Event qui se déroule à la fin du festival. Et bien laissez moi vous présenter son petit frère, celui qu'on peut considérer comme le second tournoi le plus important de l'été, en tout cas il un des tournois les plus chers, le Poker Players Championship, au droit d'entrée assez fou de 50 000 $ !
Mais qui pose autant d'argent sur la table pour jouer aux cartes contre les meilleurs ? Les meilleurs tout simplement, et les plus riches aussi. Ou un savant mélange des deux, ce qui est assez fréquent, allez savoir pourquoi. C'est le genre de tournoi très rare dans une année, celui durant lequel on cherche à savoir qui est le joueur qu'on ne connait pas sur chacune des tables (alors que c'est plutôt l'inverse sur les petites loteries quotidiennes à 1 000 $ et moins). Daniel Negreanu, Phil Ivey, Isaac Haxton, Scott Seiver, Gus Hansen, Stephen Chidwick, Phil Galfond, Shaun Deeb, David Benyamine... je continue ou c'est bon ? Non parce que la liste est déjà longue : ils sont actuellement 64 joueurs de ce calibre à défiler, alors que les cinq premiers niveaux font déjà partie du passé.
David Bach ne rate jamais une occasion de ressortir son bracelet, glané sur ce tournoi en 2009
Parmi toutes ces stars, deux Français qu'on ne présente presque plus sont également dans les rangs. David Benyamine, qu'on est à la limite habitué à voir se frotter aux tous meilleurs depuis des années, et Julien Martini, ce qui est une demi-surprise. Surprise parce que tout de même, il faut les poser les 500 billets de 100 dollars sur la table avant de commencer le tournoi face à tous ces cadors, et à demi parce que Julien avait plus ou moins annoncé que ce tournoi était dans son viseur.
Comment se déroule le conte de fées pour Julien jusque là ? Comme un film d'horreur, tout simplement ! Julien a même failli être le premier joueur sortant du tournoi, chose pas aisée quand on connait la profondeur. Tous les joueurs démarrent avec 300 000 jetons, et le Français a réussi à tomber rapidement à 20 000... avant de revenir quelque peu à hauteur de 120 000, au moment de partir en pause à la fin du 5e niveau. "J'ai l'impression d'avoir une deuxième vie", lâchait-il avec un grand sourire. Pour son baptême du feu sur cet event, qui demande évidemment beaucoup de skill dans les 8 variantes de poker disputées, Julien s'est inscrit tardivement, et a découvert notamment Phil Ivey à sa table, avant d'être déplacé sur une nouvelle table... sur laquelle il a retrouvé Gus Hansen et Stephen Chidwick ! Bienvenue dans la cour des grands, Julien.
Quand tu joues ton premier tournoi à 50 000 $ de ta vie, et qu'on te donne Phil Ivey sur ta première table
À ce niveau de buy-in, on pourrait s'attendre à une pression sans nom : il n'en est rien. L'ambiance est actuellement très chaleureuse. Si je ferme les yeux et qu'on me glisse dans l'oreille qu'on est sur une étape du WiPT ou sur un Media Event, je le crois tout pareil. D'ailleurs, un rire bien niais manquait particulièrement à l'assemblée générale, celui de l'Américain Jason Mercier. Alors oui, il a bien changé physiquement le bougre, avec un bon gros bidon à la place des abdos, et une barbe à faire palir de jalousie Tom Hanks sur le tournage de "Seul au monde", mais que ça fait du bien d'écrire à nouveau son nom en toutes lettres pour le glisser dans un coverage de poker. Non Jason Mercier n'est pas du tout de retour sur le circuit, mais oui, il avait bien coché ce Players Championship sur son calendrier, et semble parfaitement s'amuser après un départ plutôt correct. A sa table, on retrouve notamment le trublion Jared Bleznick, le très introverti James Obst, alors que Scott Seiver, pourtant installé sur une table annexe, passe son temps entre deux mains à venir taper la discut' avec ces trois là. Attendez, on joue vraiment un tournoi à 50 000 $ là ?
Jason Mercier est devenu papa, papa ours, et ça se voit. Sait-il encore gagner un tournoi de poker ? Réponse dans quelques jours.
On pourrait écrire des paragraphes entier sur pas mal de joueurs composant ce tournoi, mais on ne va pas non plus tout livrer tout de suite. Ce tournoi est programmé pour durer 5 jours, rappelons le, avec une structure incroyable, et les inscriptions sont encore loin d'être terminées puisqu'il sera possible d'entrer dans ce tournoi jusqu'au milieu du jour 2 ! Ce sera peut-être l'occasion pour certains retardataires de venir se pointer au dernier moment. Phil Hellmuth est visé, clairement, lui qui est pour l'instant l'un des grands absents de ce tournoi.
Petit tour du propriétaire, suivez le guide :
J'ai des millions de dollars sur mon compte, même s'il est vrai que j'en ai donné pas mal à Alexandre Luneau déjà. Je suis un ancien tennisman, ami de Stéphane Matheu, mais surtout, je suis un gros degen du poker, je suis, je suis, je suis...
... je suis Gus Hansen, évidemment ! Voilà un nouvel adversaire de taille pour Julien Martini.
Fut une époque pas si lointaine, quand Alexandre Luneau était Team Pro Winamax, il me glissait souvent au début de ces tournois, que peu de joueurs lui faisait peur... sauf ce jeune homme par exemple. Vous ne le reconnaissez pas ? C'est normal, Matthew Ashton va chez le même coiffeur/barbier que Jason Mercier. Et pourtant, il s'agit probablement d'un des joueurs les plus expérimentés du field, vainqueur en 2013 de ce tournoi.
Ambiance fête foraine par ici, avec Jared Bleznick qui me prend même complètement à parti. Si je peux aider à détendre l'atmosphère et faire marrer James Obst et Scott Seiver, pourquoi pas !
Après Julien Martini qui a échappé de peu à l'élimination dès le début de ce tournoi, c'est un autre phénomène qui est en grand danger, un certain "Jungleman", alias Daniel Cates. Dans une interview donnée à Pokercentral, "Jungleman" évoquait un rêve prémonitoire qui le voyait remporter ce tournoi. Ok. Dans la réalité, "Jungleman" se fait ouvrir par ses adversaires, sans qu'il ne puisse faire grand chose. Je l'ai par exemple observé perdre trois gros pots d'affilés en Stud. Il avait quinte, puis flush et full... et a perdu les trois ! Quand ça ne veut pas...
"Jungleman" joue tous les coups, et amuse pas mal la galerie, dont ses voisins de tables Phil Galfond et Isaac Haxton.
Ambiance moins rigolote par ici, mais tout à fait détendue quand même, entre David Benyamine (malade, enrhumé, lui aussi savoure les plaisirs de la clim') et l'Américain Brian Rast, double vainqueur de ce tournoi, en 2011 et 2016.
Marcio est actuellement chipleader ! Ah non, c'est juste le croupier qui attend les joueurs jusqu'à la fin des inscriptions, soit au milieu du Day 2.
Daniel Negreanu est arrivée également en retard. Pour le moment, il est plutôt silencieux, installé délicieusement à la droite de Shaun Deeb, avec lequel il s'est pas mal bagarré sur Twitter récemment. Ses fans sont dans le rail et sont ravis, puisque la table du Kid est la plus proche des spectateurs.
Petite moue pour le triple vainqueur (toujours plus) de ce Players Championship, Michael Mizrachi, qui a pris un mauvais départ. Deux crans à sa gauche, "The Grinder" doit composer avec Mike Gorodinsky, vainqueur lui aussi de ce tournoi, mais une seule fois, en 2015.