Winamax

C'est loin mais c'est bien

- 23 juin 2019 - Par Flegmatic

Après un voyage plein de rebondissements, un troisième reporter Winamax débarque à Vegas !

Flegmatic Accred'

Dès le départ, j'ai senti que quelque chose clochait. Quand mon chauffeur Uber commandé consciencieusement la veille a annulé ma course vers l'aéroport après dix minutes à s'éloigner progressivement de la Porte de Clichy, il était écrit que ce quatrième voyage consécutif pour Vegas n'allait pas se passer tout à fait comme prévu. Il ne faut que quelques minutes au Terminal 2 de Roissy avant que n'arrive une preuve supplémentaire : aucun employé ne vient me poser les questions d'usage dès lors que l'on se dirige pour les États-Unis. À peine me demande-t-on l'adresse où je vais rester pour près d'un mois. Dommage, j'avais pourtant pris toutes les dispositions nécessaires. Oui, j'avais bien préparé ma valise seul, lançant même une fausse alerte au monoxyde de carbone pour vider intégralement mon immeuble de ses occupants. Non, je n'avais adressé la parole à aucune personne que je ne connaissais pas, lançant même mon plus parfait regard assassin à cet enfant de cinq ans qui m'avait demandé en pleurant si je savais où étaient passés ses parents. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.

Le vol direction Dallas se passe sans encombre, accompagné par un Clint Eastwood sympathique (Dans la Ligne de Mire), un Pixar passable (Le Monde de Dory) et, histoire de terminer le trajet dans la joie et la bonne humeur, quatre des cinq épisodes de l'excellente mini-série HBO Chernobyl. Sans savoir que la véritable catastrophe m'attendait à la descente de l'avion. Une fois ma valise passée d'un tapis à un autre et les contrôles de sécurité passés pour la deuxième fois de la journée, je crois entendre mon nom dans les haut-parleurs de la zone d'embarquement. Un rapide coup d'oeil au tableau des vols en partance me permet de constater que mon vol de 21 heures vers Las Vegas a été annulé et que les deux suivants sont retardé d'une bonne heure et demie. Naïvement, je pense que l'on me fait venir pour m'offrir gracieusement une place dans l'un des vols suivants. Je ne pouvais pas avoir plus tort. Non seulement personne ne m'a appelé mais en plus, une file d'attente d'une bonne centaine de personnes m'attend au guichet du service client d'American Airlines. En cause, des vents particulièrement violents dans le Midwest qui perturbent violemment le trafic aérien. Des conditions météorologiques apparemment communes à cette période de l'année. Très bien, merci de prévenir.

File Dallas Aéroport

Quand tu comprends que tu vas passer une soirée sympa à Dallas.

Histoire de gagner du temps, je m'empresse de téléphoner au service client tout en me calant dans la file. Après un quart d'heure de palabres, l'opérateur n'est pas capable de me trouver le moindre siège dans un vol pour Vegas avant trois jours, même avec une escale dans n'importe quel aéroport des États-Unis. "Oh, attendez, une place vient de se libérer dans le vol de 20h25. Porte d'embarquement C2." C'est dans dix minutes, littéralement à l'autre bout de l'aéroport. Pas franchement intéressé à l'idée de végéter 48 heures dans la ville de Dirk Nowitzki, je fonce, grimpant deux à deux les marches d'un escalator qui, pour une raison inconnue, ne souhaite pas fonctionner. Évidemment, j'arrive trop tard (et en sueur). "C'est étonnant, les avions au départ de Dallas ont très souvent quelques minutes de retard, me confie au téléphone mon ami du soir. Je peux faire quelque chose d'autre pour vous aujourd'hui ?" Tu en as déjà fait bien assez.

Sans toucher 20 000 Francs, me voilà donc de retour à la case départ, dans cette file d'attente géante où j'ai désormais perdu plus d'une vingtaine de places. Deux heures et trente minutes passent avant que je n'atteigne le guichet, pour me voir servir le même discours que précédemment. Quelle que soit la compagnie, quelle que soit l'escale éventuelle, tout est complet. Même en envisageant d'arriver dans une ville (relativement) proche de Vegas (Los Angeles, Reno, Salt Lake City, Phoenix, San Diego...) pour ensuite terminer le trajet en voiture, on ne me trouve rien. Quand soudain, après trente bonnes minutes de grimaces et de tilt contenu, le miracle. "Got it!" s'exclame la guichetière, grimpant immédiatement en première place de mes personnes préférées sur Terre, juste devant Roger Federer et Eddy Mitchell. Il est minuit trente et, alors que je suis à deux doigts de lancer une pétition sur Change.org pour la nommée employée American Airlines du siècle, je réalise que j'ai tout de même plus de huit heures à attendre avant de m'engouffrer dans le premier vol à destination de Vegas. Huit heures qui passent bien trop lentement, entre tentatives de sieste dans un aéroport forcément désert, épisodes de séries regardés à demi-conscient et petit déjeuner en forme de burger à l'omelette au TGI Fridays du coin. Pourquoi ne pas être sorti pour tenter de trouver un hôtel ? Je ne m'en sentais pas la force.

Vous vous en doutez, après ces heures d'errance, le vol Dallas - Vegas file pour moi en un claquement de doigts. Revigoré, j'atteins enfin la Ville du Vice, douze heures plus tard que prévu, avec une jolie tâche de gras sur la jambe droite de mon jean - merci le burger à l'omelette - et deux énormes valises sous les yeux, à défaut de MA valise qui, sans grande surprise, ne m'a pas suivi. "Elle va arriver à 13 heures dans un avion en provenance de Houston," m'apprend-t-on. Parce qu'à ce moment-là plus rien ne m'étonne, je demande placidement à ce qu'elle me soit livrée à la maison que nous allons partager avec Yohan, cadreur pour Winamax TV et qui va accompagner Harper dans ses pérégrinations végasiennes, et Benjo, dont l'arrivée est prévue pour la semaine prochaine.

Poker Chinois

Ça part en Fantasy Land !

Après un bon bain bien mérité (ma contribution annuelle à l'inévitable assèchement du Lake Mead) un Harper sauvage débarque avec entrain et surtout l'indispensable Las Vegas Starter Pack : bières, chips et jeu de cartes. Non content de me servir comme un prince, il aura même l'amabilité de se laisser raser au poker chinois, jusqu'à l'arrivée de Yohan, débarqué presque sans encombre après plus de deux heures d'attente pour franchir la douane américaine. La fin d'après-midi laisse doucement place au début de soirée, ma valise n'est toujours pas arrivée et, me dis-je, n'arrivera probablement pas ce soir. Aussi me laisse-je donc tenté par un alléchant programme fait d'Ultimate Poker au Flamingo, beer pong au O'Sheas et tour dans le High Roller du Linq.

High Roller Linq

Que c'est beau Vegas, de haut, la nuit.

Même après trois années à venir ici, il faut bien avouer que, de là-haut, l'émerveillement est total. Ne vous laissez pas abuser par la médiocre qualité de l'appareil photo de mon Xperia vieillissant : depuis ces capsules flottantes, les hôtels géants du Strip brillent de mille feux sous vos pieds et les lumières blanches-orangées s'étendent jusqu'à heurter le noir profond de l'horizon, juste pour nous rappeler que Las Vegas est bien une anomalie posée au milieu du désert. De l'autre côté, les travaux du nouveau centre de conventions estampillé Caesars Entertainment battent leur plein. Seront-ils achevés d'ici l'été prochain pour accueillir l'édition 2020 des WSOP, qui semblent donc plus près que jamais de quitter le Rio ? Rien n'est moins sûr.

Le tour s'achève, la fatigue se fait ressentir pour tout le monde : il est temps de rentrer. Alors que je rallume mon portable pour lancer l'itinéraire, un appel apparaît. Le service de livraison est bien venu m'apporter ma valise, autour de 23 heures et a trouvé porte close. De quoi gagner un rapide aller-retour à l'aéroport le lendemain, pour finalement retrouver mon baggage tardivement mais intact. Comme dans la plus belle des happy ends à l'américaine, tout est bien qui finit bien.

Breakfast Black Bear

Le petit-déjeuner des champions.

Le reste du programme du jour est tout trouvé : deux oeufs Bénédicte servis au Black Bear Diner - un délice - avant d'enchaîner par le fameux 250 $ Daily Deepstack de 13 heures du Rio. Parce que les Français sont partout à Vegas et qu'on ne peut décidément pas passer inaperçu, même au milieu d'un field de près de 800 joueurs, dont une grande majorité de Ricains à casquette, mon premier tournoi de l'été débute avec une tête connue trois crans à ma gauche, celle de Romain alias Le-Capitaine, capitaine des Flambeurs, l'équipe vainqueur du KING5 l'an passé, et que Tapis_Volant est d'ailleurs allé voir aujourd'hui à l'occasion du Day 1B du Monster Stack.

Flegmatic Deepstack Rio

Un mec très content de jouer son premier tournoi de poker de l'été : une allégorie.

Mon tournoi se passe bien et, à part quand je me fais surprendre par mes trois idiots de collègues qui viennent ensemble me bombarder de photos au milieu de la Pavillion (photo), je me sens à l'aise à table, passant pas mal de petits bluffs sur des rivers parfaites, jusqu'à me faire attraper deux fois la main dans le sac puis rattrapé par la structure résolument Turbo (la moyenne oscille entre 15 et 20 blindes durant toute la deuxième moitié du tournoi). Et puis, deux full double ups - dont un sur un "flip au flop" avec 109 contre Q8o sur Q87 - m'ouvrent les portes des places payées, avant que je ne craque deux Rois noirs avec QJ sur J102 pour quasiment tripler.

Une mauvaise rencontre à tapis préflop avec deux Dames contre une paire d'As sur la première main de ma troisième table me fait quelque peu redescendre sur Terre. Malgré un double up supplémentaire, ma lente agonie de short stack s'achève aux alentours de minuit, en 27e place pour 971 $. Loin des 28 000 $ à la gagne mais satisfait du chemin parcouru, surtout en découvrant que j'ai franchi de justesse un palier de gains à 180 $. Soit le montant des pertes à l'Ultimate de la veille.

Bon, ce n'est pas tout ça, mais il est temps de passer cette accréditation autour du coup et d'aller déambuler entre les tables. Si ce samedi 22 juin ne s'annonce pas comme le plus chargé en Français, plusieurs membres du Team Winamax ayant notamment choisi de prendre un peu de repos ou même de carrément quitter la ville pour quelques jours, cette journée ne manquera pas d'événements à vous relater. Vegas, à nous deux !