Main Event Day 3 - Level 14 (2 000 / 4 000 ante 500)
1 332 joueurs au compteur : les places payées n'ont jamais été aussi proches ! Un truisme, je sais, mais les faits sont là : une fois de retour du dîner, nous ne serons plus qu'à 150 éliminations du moment fatidique. Il sera alors temps pour nous d'affûter nos crayons et de partir à la recherche de tous les joueurs Français encore en course, histoire de vérifier que tout le monde est là. Ils quelque chose comme quarante tricolores à pouvoir encore prétendre à ajouter leur nom au palmarès du Main Event...
Alexandre et le millionaire
Alexandre Amiel ouvre à 8 000 en milieu de position et trouve deux payeurs : le bouton et la grosse blinde. Une fois le flop 10
8
9
tombé, le Français place un c-bet à 15 500, dont seul s'acquitte le joueur en BB, après un long tank. Le turn est un 4
sur lequel notre
serial qualifier demande le tapis d'environ 100 000 de son adversaire, qui s'écarte sans demander son reste.
"J'avais deux Valets rouges, glisse-t-il après coup. C'est beaucoup plus difficile aujourd'hui qu'hier. Surtout parce qu'il y a à table ce joueur qui avait monté plus d'1,5 million [Cory Albertson, NDLR]. Il jouait tous les coups : 3-bet, squeeze, c-bet et barrels avec des merguez, c'était très dur de jouer. J'étais tombé à 150 000, là je suis bien remonté à 350 000, mais j'ai dû faire beaucoup de pot control. J'ai sûrement perdu un peu de value mais bon."
Toujours est-il qu'Alexandre semble bien parti pour décrocher sa toute première place payée sur un tournoi WSOP.
Double muck
Un coup intéressant... Bizarre, mais intéressant.
Victor Choupeaux est au cut-off et ouvre à 8 500. C'est payé par le bouton, puis la grosse blinde.
Le flop AQQ et le turn 3 sont checkés : alors que je m'apprête à fuir à toute vitesse pour ne pas avoir à assister à la conclusion de ce qui ressemble à un coup de chie sans intêret, la BB mise 10 000 après l'apparition de la rivière, un 9, et Choop me surprend avec une relance très rapide à 42 000.
Aussi étonné que moi, le joueur en BB se tâte un moment, puis finit par... payer.
Showdown ! Showdown ? Non. Car c'est la fin du coup qui me laissera le plus perplexe : en voyant la BB payer, Victor rend immédiatement ses cartes au croupier. La BB fait de même : les règles ne l'obligent absolument pas à montrer ses cartes pour gagner le coup et empocher les jetons, puisque celles de Victor sont mortes.
Malgré ce bluff manqué, le stack de Victor reste haut, très haut avant la bulle : 410 000, soit 82 blindes après le dîner.
Scotti baby
Demandez à
Timothée Scotti ce qu'il pense de sa vie de joueur de poker en ce moment même, au beau milieu de ce 14e niveau du plus beau tournoi du monde, lui qui s'est qualifié sur Winamax pour 500€ il y a exactement deux mois : les jetons s'accumulent, 340 000 s'il vous plait (85BB), les stars s'assoient à ses côtés, et la télévision s'est même incrustée dans sa partie, puisque Timothée est récemment venu s'installer au beau milieu de la table principale de l'Amazon, sous les projecteurs de la chaîne sportive numéro 1 aux USA : siège 5, avec le quatrième plus gros tapis. Presque
"Like a boss", comme disait William Kassouf ici même il y a deux ans.
"Franchement, les caméras tu les oublies très vite. Je suis très concentré, prudent. Là par exemple, je viens de gagner un très beau pot à l'instant, j'ai floppé nuts ! J'ai open QJ, c'est venu ATK et j'ai trois barrels sur deux briques ensuite. Il a fold, je ne sais pas ce qu'il avait !" Mais du coup on l'a su à la télé, don't worry baby, puisque ESPN ne diffuse qu'avec 30 minutes de décalage : c'est un petit KQ qui s'est retrouvé face à Timothée. Bien ambitieux, l'Américain Hye Park, de ne pas vouloir croire son voisin Français.
Evidemment,Timothée Scotti n'illumine que nos yeux de Français avertis, soyons réaliste deux minutes : la véritable star de cette table se nomme
Johnny Chan, avec 288 000 jetons, un tapis un poil au dessus de la moyenne. La légende Américaine est égale à elle même, très sobre, plutôt efficace et avec une aura qui suffit pour éclabousser cette table télévisée, même si nous ne sommes définitivement pas convaincus par cette tenue de pilote de NASCAR, complète avec un tas de logos randoms de marques dont on n'a jamais entendu parler. Assisterons-nous à une grosse rencontre entre Chan et Scotti ? Est-ce que Timothée a déjà vu
Rounders ou simplement cette
vidéo de Chan contre Seidel pour le titre des World Series en 1988 ? Est-il impressionné quand même ?! On va le laisser digérer cette journée, et on ne manquera pas de lui demander une fois qu'il validera sa qualif' pour le Day 4.
Qui n'a jamais imaginé un jour vivre cette situation : le petit check de bro dans le rail ! Eliminé lors du Day 2, Julien Polge est venu saluer Timothée, pas tous les jours qu'on vit ça entre potes.
Le PMU perd ses pouliches
Deux sorties Françaises de plus ! Les nouvelles nous viennent de Greg CRM, notre confrère chez PMU, et elles sont loin de le réjouir : elles concernent Erwan Pecheux, membre de longue date de l'équipe aux canassons, et François Tosques, ancien de l'écurie. Les deux n'ont jamais rééllement disposé de beaucoup de jetons aujourd'hui. "Erwan est tombé à 4BB après une confrontation 55 contre deux As - l'autre joueur avait 13BB - puis a tout mis avec J7 assortis contre As-Roi assortis, il était drawing dead au flop." Et en ce qui concerne François Tosques ? "As-Roi contre deux Dames." On ne peut plus classique ! La bonne nouvelle pour nous, c'est qu'on va enfin pouvoir profiter de Greg pendant la pause-dîner : notre couvreur roux préféré est dégagé de ses obligations managériales pour la soirée.
Labat au loin
Autre table télévisée et autre Français, avec la présence d'
Antoine Labat sur une table TV secondaire. Il y a moins de strass mais quelques paillettes tout de même, il arrive même parfois que les énormes caméras d'ESPN tournent leurs engins de caméras du futur dans la direction de cette table. Surtout quand un animal fait du bruit. Ce joueur en photo ci-dessus est en train de régaler cette table à sa façon (on cherche son nom, promis), et selon le Français, on devrait bien s'amuser en regardant les épisodes à la télé :
"Le siège 8 a bien animé, c'est sur que ça fera un bon show TV." Côté poker, Antoine n'est pas aussi confortable que son collègue Timothée, mais il s'accroche bien évidemment, c'est le Main Event :
"J'ai 200 000 et je suis très content comme ça, tout à l'heure je suis tombé à 50 000, tu vois l'idée, on s'en contente d'un coup. De toute façon, là, ce n'est pas très compliqué. Tu fold ou alors tu joues et tu mets tout, et puis c'est tout !" Technique aggro par ici... qui peut fonctionner si jamais le collègue en siège 8 lâche un peu de lest sur la route, qui sait ?
La dernière table télévisée rassemble, entre autres, A
ntonio Esfandiari et
Daniel Alaei, qui possèdent le même tapis, 265 000.
Number eight, number eight, number eight
Tom McEvoy est au bouton et paie un min-raise (8 000) d'une joueuse située au hi-jack.
Le flop tombe Q53. La joueuse check.
"Eight", dit McEvoy.
C'est payé. Turn : 7. La joueuse check.
"Eight."
C'est payé. Rivière 3. La joueuse check une dernière fois.
"Eight". Un vrai disque rayé, celui-là. Son adversaire abandonne.
Le champion du monde 1983 pointe à 150 000 environ.
Statistiques, anecdotes et citations à la con
"Austin est une ville incroyable !" "En plus, ils font des super barbecues là-bas." "Oh man, tu peux les sentir juste après être descendu de l'avion." Si vous aimez la viande et que vous ne saviez pas où passer vos prochaines vacances, cette suggestion vous est offerte par la table 404.
Minute Sharknado en table 533. "Je me suis fait un marathon Sharknado une nuit ! Bon je t'avoue qu'au bout du quatrième, ça devient compliqué de garder les yeux ouverts," lance Steffen Sontheimer. "Mais qu'est-ce que c'est Sharknado ?," demande une Ness Reilly intriguée, avant d'exploser de rire une fois s'être faite expliquer le concept de ce vrai-faux nanar (grosso modo, un film à propos d'un ouragan rempli de requins qui fonce sur Los Angeles) par son voisin de droite. Ça sent la future soirée canapé très bientôt.
L'essence même de ce Main Event résumée en un tee-shirt. S'il y a bien un tournoi où les amateurs peuvent battre les Pros à leur propre jeu et ressortir avec gloire et fortune, c'est bien le Big One.
Avec moins de quarante tables encore actives, la Brasilia est désormais très calme. Bientôt, elle le sera tout à fait. L'un des derniers Français encore en course dans cette salle est Franck Eburderie. Le businessman affiche un stack confortable de 260 000 : c'est plus que ce qu'il avait en début de journée. On vient de le voir tenter une relance UTG pour 9 000. La parole arrive à la SB qui 3-bet pour 25 000. "Tu veux que je paie ?" demande Franck avec le sourire. Pas de réponse : le Français abandonne, montrant au passage une paire de 6. "Oui, je veux bien que tu paies", répond tardivement la SB en rigolant.
Aperçu dans le Day 1A du Little One Drop : Nicolas Cardyn. Puisque nous n'imaginons pas une personne censée tenter un improbable multitabling entre le plus gros tournoi du monde et une épreuve à mille balles, nous allons ranger celui qui termina 74e en 2017 dans la colonne "OUT".
Vu en table TV, depuis la salle de presse : un double-up d'un Antonio Esfandiari qui en avait bien besoin, avec seulement 25BB à l'approche de la bulle. Le Magicien a sué : muni de JT, il fait face à une grose mise sur un turn AJ96. Il est devant contre le 108, mais il ne le sait pas. Tout du moins, il n'en est pas certain. Après un tank de 3mn30, montre en main (un compteur est affiché sur l'écran), Esfandiari va finir par prendre la bonne décision : tapis ! Il est payé, mais la rivière est une bonne grosse brique. Heureusement pour le spectacle.