Main Event Day 2A/2B - Level 9 (600 / 1 200 ante 200)
Les tables tournent encore à pleine régime dans la Pavilion Room, la salle principale du jour. Difficile de croiser tout le monde, mais vous le verrez, ils sont encore nombreux à parler la langue de Molière, certains s'en sortant même plutôt très bien, comme un certain Moundir par exemple !
À la fin, il n'en restera qu'un
L'aventurier des cartes
Moundir vit pour le moment une journée de rêve : son tapis ne fait qu'évoluer dans le bon sens, et affichait 320 000 lors de mon passage.
"Je suis focus comme jamais !" me lâche-t-il tout de suite en arrivant à sa table, les yeux parfaitement écarquillés, comme s'il était absorbé par ce tournoi.
"Je suis bien, très bien même". Moundir semble être le capitaine de sa table, et quand un joueur se met sur sa route, il en ferait presque une affaire personnelle :
"Tiens, regarde, lui par exemple", m'explique-t-il en me montrant une page internet sur son téléphone. Moundir a cherché la Hendon Mob de tous ses adversaires, histoire d'avoir une idée du casting de sa table,
"il s'appelle Loren Klein, et je vais l'attraper." Le jeune homme, casquette de Trump visée sur la tête
["c'est une fausse, les lettres sont trop fines",
selon Benjo, qui a longtemps tenu une boutique de casquettes étant plus jeune à Lille, NDLR] [NDLR2 : n'importe quoi] cherche des noises à Moundir.
Après avoir rentré la couleur max avec A5 sur un board A67J2, Moundir a réussi à destacker un adversaire... mais sans voir sa main, a priori : "Il a muck à la rivière !" Encore une règle qui n'a pas été respectée, semble t-il, mais passons. Un peu plus tard, Moundir découvre deux As et se contente de payer une relance préflop à 1 500, contre Loren Klein justement. Le flop est venu 6T8 et son adversaire a misé 6 000, deux fois le pot selon Moundir : "Il faisait ça tout le temps, c'est un fou lui, il relançait 8 mains sur 10." Moundir décide de relancer à 22 000 et Klein paie, oups. La turn est magique, un A, offrant à Moundir le meilleur brelan possible. Pas de mise de la part de son adversaire, et l'aventurier des cartes l'imite dans cette démarche de tapoter la table, pour mieux attraper son client. Sauf que la river 3 n'est pas la plus belle selon Moundir, "elle fait rentrer une flush backdoor". Moundir fait alors face à une mise de 35 000 et se contente de payer... "Il avait une paire de dix pour brelan floppé !" Etrange façon de rentabiliser brelan en envoyant une mise de deux fois le pot au flop, mais soit, la bonne affaire est pour Moundir, qui va continuer d'avancer à son rythme, avec toujours plein d'étoiles dans les yeux.
Chatter contre les pros, ça coute seulement 6 €
Éric Oudni est de petite blinde, et voit tous ses adversaires passer jusque sa voisine de droite, Melanie Weisner. La New Yorkaise ouvre à 3 000. Eric regarde ses cartes, et prend sa décision : il envoie tout. Tout, ce n'est pas beaucoup : 10 800, soit huit blindes et demie. La BB passe, et Melanie avance les jetons. Elle retourne A5, en tête contre le A4 du qualifié Winamax. Les probas ne sont pas spécialement en sa défaveur : cette confrontation aboutit à un split pot 41,5% du temps ! Je suis sûr que ce chiffre vous étonne. Eric va faire mieux en trouvant un 4 sur le flop, lui permettant de respirer en doublant son tapis à 23 000, soit 20BB. Pour votre gouverne, la chose avait 26,7% de chances de se produire.
Heureux, Eric prend le temps d'aller "high five" ses amis dans le rail. Quoi qu'il arrive par la suite, le joueur d'Angoulême vit un véritable rêve : sa victoire sur un Expresso à 6€ sur Winamax lui a ouvert les portes de Las Vegas et de ses Championnats du Monde, où il a affronté Johnny Chan et proprement chatté contre
Melanie Weisner. "
Et dire qu'il n'en joue jamais, des Expresso", me souffle son pote
Manu (à droite sur la photo). "
Il en a lancé un, comme ça, pendant une pause au boulot. Moi, j'en ai tenté 500, pour rien !"
Pour encourager Eric, il y a aussi
Martial. Lui s'est qualifié via un championnat organisé par le Poitiers Poker Club, en partenariat avec Winamax. D'ici deux jours, il prendra part au Little One for One Drop à 1 111$ : petit buy-in mais maxi field et maxi gains ! Profitons-en pour rappeler que d'ici peu de temps, une nouvelle vague de joueurs Winamax va débarquer à Las Vegas, après la trentaine de qualifiés pour le Main Event : plus de 70 qualifiés vont prendre part à l'une des épreuves organisées en marge de la fin du Main Event, le Double Stack (Event 73) ou le Closer (Event 75) ! On croisera tout ce beau monde à la soirée officielle des joueurs Winamax à Vegas, le 9 juillet prochain. Vivement !
Sosie sur commande
"
Benjo ! Faut absolument que tu prennes une photo du mec au siège 3, à la table de Moundir !" Voyons-voir... Ah, OK, je comprends la raison de la demande d'
Erwann Pécheux. Effectivement, ce monsieur est le sosie de merde quasi parfait du regretté
Flavien Guénan. Non non, Flavien n'est pas mort, heureusement, mais il ne joue plus en live, et il nous manque beaucoup.
Le Flavien Guénan de merde. On préfère quand même le vrai.
Et sinon, Erwann ? Pas un super Day 2 pour le moment. Erwann pointe à 49 000, ce qui le place donc en dessous du tapis de départ. Les blindes vont bientôt passer à 800/1 600 : avec 30 blindes, la zone orange le guette.
Mike est done
"Busto sa race set over set"
Aïe. Une notification Whatsapp qui nous rend chagrins : Ludovic Riehl a quitté le Main Event au cours du Level 9. "Je pouvais m'en sortir", ajoute Mikedou, visiblement mécontent de lui.
Oups, she did it again
Non loin de Moundir, une jeune Américaine respire la joie de vivre, c'est
Kelly Minkin. La jeune femme, qui s'était faite remarquer en 2015 après avoir terminé 3e d'un WPT à Hollywood en février, puis 29e du Main Event des WSOP quelques mois plus tard, semble en grande forme aujourd'hui, et garde le contrôle intact de son stack. Parti avec 172 000, on l'a compté à près de 180 000 récemment. Et si on avait trouvé notre nouvelle Maria Ho/Gaëlle Baumann, ces femmes des WSOP qui deeprun tout le temps ? Il est encore un peu tôt pour répondre à cette question, mais on continuera de jeter un oeil très averti sur le parcours de la demoiselle.
Roh, la barbe !
Le Top Shark 2018
Adrien Delmas ne nage plus dans ce Main Event, on lui a coupé les ailerons et brisé la machoire en mille morceaux. C'est qu'il n'est jamais simple de naviguer en eaux troubles :
"J'ai eu 60 000 au maximum", nous confiait la plus belle barbe du Team,
"mais ensuite, je n'ai fait que descendre." Ça, c'était le discours quelques minutes avant de disparaitre, il n'avait alors plus que 24 000, soit 20bb, et elle n'ont pas tardé à voler, avec As-Valet contre As-Roi, selon nos confrères de Pokernews. Adrien disparait de son premier Main Event sous les couleurs de Winamax, et rejoint ainsi
Romain Lewis,
Patrick Bruel et
Gaëlle Baumann du côté des joueurs du Team (presque) en vacances aujourd'hui.
Kanit fait ami ami
Quel professionnel ce
Mustapha Kanit. Confortablement installé dans la salle Pavilion, avec un stack équivalent à 175 000, la moustache du Team doit supporter son voisin de gauche en siège 9, qui semble plus bavard que l'Italien. Quand on connait un peu Kanit, c'est tout de même compliqué de trouver plus tchatcheur que lui... et pourtant :
"J'ai un objectif aujourd'hui, annonce-t-il en se marrant
, je dois bust le joueur en siège 9 ! Et ma journée sera réussie !" Malin Kanit, qui préfère continuer à rire pendant qu'il fold et à être agressif comme jamais dès qu'il est impliqué dans une main. C'est un style classique finalement, mais terriblement efficace.
Benac, en silence
Comme souvent, comme tout le temps même, il faut avoir l'oeil ouvert pour repérer
Gregory Benac dans un tournoi de poker, tant il est discret et timide. Mais ça c'est juste avec nous, car avec ses adversaires, pas de pitié. On l'a récemment compté à plus d'une centaine de milliers de jetons. Le vainqueur d'un WPT Paris 2012 n'a atteint l'argent qu'une seule fois sur ce tournoi, en 2012. Il est temps de rééditer la perf !
Heeeeeeere is Johnny
Le Main Event, c'est le grand rendez-vous de toutes les stars. Et l'une d'entre elle était planquée dans son coin depuis un moment, il s'agit de
Johnny Chan. Rendu célèbre mondialement par son apparition dans le film
Rounders, avec
Matt Damon, le détenteur de dix bracelets (dont deux Main Event, un des seuls tournois qu'il joue de nos jours, avec plus souvent que jamais un deep run à la clé) avance sans faire de bruit. Ce n'est pas Hellmuth ou Scotty Nguyen dans l'extravagance : Chan est planqué sous sa casquette, personne ne l'embête et il ne parle pas à grand monde, comme ça au moins pas d'ennui !
Le doublé, le doublé !
"Ils ne sont que très peu a avoir réussi à le faire. Pourquoi pas moi ?" Parfois, on se prend à imaginer le genre de pensées ballas que peuvent avoir certains joueurs. Quand le commun des mortels aimerait simplement remporter ce Main Event une fois dans sa vie (voire même, pour beaucoup, simplement faire l'argent, ou tout juste participer), Greg Merson a la chance de pouvoir rêver à une seconde fois, après sa victoire en 2012. Un pari complètement fou qui sera très difficile, voir impossible à réaliser... mais sait-on jamais, l'espoir fait vivre. On rappelle que Greg Merson, lors de son sacre, avait passé la bulle avec seulement 2BB, et allait être de BB la main suivante si la bulle n'avait pas éclaté ! Quelques jours plus tard à peine, il atteignait la table finale pour devenir par la suite, champion mon frère. Alors, on remet ça cette année ?
Anecdotes, statistiques et citations à la con
Ils ont sauté au cours du Level 9 : Justin Bonomo, Jeremy Ausmus, Adrien Delmas... Un peu avant, on a aussi perdu Sarah Herzali.
90 : c'est le nombre de tables actives dans la Pavilion Room au milieu du Level 9, donc après sept heures de jeu. Si on y ajoute les 25 tables de la modeste Miranda Room, cela nous donne quelque chose comme 1035 joueurs encore en course dans la partie "B" du Day 2. À onze heures, il étaient 1 794 !
Autre pro du Team Winamax en position dans la Pavilion Room : le très concentré Joao Vieira, avec un tapis de 100 000 environ.
À défaut d'avoir le droit au fameux
Winner's Shot, Flegmatic a bien mérité de poser avec les gains de son
Last Longer, payés en... billets de un dollar.
"Tu sais à quoi ça sert, généralement, une liasse de billets de 1$ à Vegas ?
- En plus, je connais un endroit très sympa où tu pourras les mettre à contribution." - Signé : deux couvreurs s'adressant à Flegmatic, et n'ayant pas eu besoin de prononcer le mot "strip-club" pour se comprendre.
Tony G participe lui aussi à ce Main Event, mais il est devenu croupier le bougre !