Tapis_Volant les a suivis en plein tournage sur le Monster Stack, pour vous livrer un making-of aussi détaillé que riche en déconne. Aujourd'hui, c'est à notre tour de passer sur le grill les trois têtes pensantes de Dans la Tête d'un Pro, Régis, Paco et Junior (en bas, de gauche à droite sur la photo).
Parce que bien souvent dans pareil cas, tout est dans le travail d'équipe, remettons un peu les choses en contexte. "Avec Paco, on a commencé à travailler pour Winamax en 2007, rembobine Régis. De cette époque, il ne reste grosso modo plus que Michel (Abécassis), Guignol et les Boss bien sûr. On tournait des vidéos pendant les breaks et en fin de journée, pour égayer les reportages. C'est justement en filmant Nicolas Levi en train de jouer un coup que je me dis que ce serait top de pouvoir avoir sa réflexion, d'être dans sa tête." En partant de ce simple postulat, Paco réalise ensuite seul le pilote de la série. C'était en 2010, à Monaco et MIK.22 fut le premier à passer devant la caméra. Un épisode dont vous ne trouverez aucune trace sur le net, puisqu'il n'est tout simplement jamais sorti.
"Après ça, on s'est mis à faire des formats longs, voire très longs, poursuit Régis, et ce n'était pas toujours terrible." Devant la montagne de travail à abattre pour suivre un joueur tout au long d'une journée, les deux compères décident d'intégrer un troisième larron, qu'ils connaissent via le milieu du skateboard, dans lequel ils ont longtemps gravité : Junior. "On avait beaucoup de références de films en commun, ça a vite collé." Un doux euphémisme. "C'est Junior en premier qui a eu l’idée de faire des épisodes. Ça a vraiment apporté ce truc en plus qui a fait la différence," conclut Paco. La machine DLTDP était lancée, avec le succès que l'on connaît. À l'occasion de leurs cinquièmes WSOP, le trio magique se souvient et rouvre les portes de notre rubrique "3 questions à..." entamée à l'occasion du dernier SISMIX.
Commençons à faire travailler la machine à remonter dans le temps avec ce qui serait votre anecdote préférée autour d'un tournage de Dans la Tête d'un Pro.
Paco : Au début, on était trois sur les tournages. Deux qui filmaient l’action et un autre qui s’occupait de réaliser des plans, des ambiances, etc. Je me retrouve donc avec Junior à filmer, on faisait tout : l’arrivée dans le tournoi, le moment où le joueur s’installe à table etc. C’était Anthony Lellouche à l’époque. On part de sa chambre d’hôtel, jusqu’à son arrivée au casino et on est super focus sur notre boulot. On filme un ou deux coups et, avec Junior, après avoir autant enchainé, on décide d’aller fumer une petite clope. On sort, on fume, on discute des plans qu’on veut faire dans la journée, etc. On revient… et là Anthony n'avait plus que 15% de son tapis ! On s’est regardé et on s’est dit : "Ah merde, on a loupé un truc ! Comment on va faire ?!" Pour s’en sortir, on a du faire une parabole et ça ne s’est presque pas vu. Mais ouais, c’était chaud ce jour là !
Régis : C'était au moment de faire enregistrer les voix à Patrick Bruel, après l'avoir filmé à Vegas. On se retrouve dans sa maison de campagne dans le sud de la France, on prépare tout le matos, les micros, etc. À 19h30, Patrick demande à regarder les trois épisodes qu'on avait montés, et à la fin il nous dit quelque chose du genre : "C'est top ce que vous avez les gars. On va les faire ces voix ! Mais quand ?" Nous bien sûr, on était prêt là tout de suite, maintenant. On était venus de loin exprès. "Ah mais ce soir, je ne peux pas, c'est l'anniversaire de mon frère !" Après plusieurs minutes à essayer de trouver une solution, Patrick décide finalement de nous faire venir le lendemain dans la chambre d'hôte d'une connaissance. On a enregistré les voix dans l'après-midi, et le soir on a dîné avec son frère et sa maman et il nous a invité à dormir.
Patrick Bruel durant les WSOP 2014
Junior : Pour moi c'était aussi avec Patrick mais avant, au moment du tournage. On lui explique le concept de l'émission, qu'il doit faire comme si nous n'étions pas la, comme si on ne se connaissait pas. Et dès sa première main, il fonce vers la caméra et nous montre ses cartes. Sur le moment, ça nous fait même presque un peu peur, on se dit que ça ne ve pas plaire aux autres. Et c'est tout le contraire qui se passe ! D'autres joueurs à la table de Patrick sont venus nous montrer leurs cartes, tout contents.
À l'inverse, est-ce que vous vous rappelez d'une bonne grosse galère ?
Régis : Après avoir filmé Ludovic Lacay à Deauville, on se rend compte que l'un de nous a formaté la carte mémoire sur laquelle se trouve le plan où on le voit se faire éliminer. On délibère, on se met d'accord sur la carte en question et on l'envoie à Panasonic, en Angleterre, pour tenter de récupérer les données. Un mois plus tard, on la reçoit... et ce n'était pas la bonne. Bon, avec les autres plans qu'on avait et la voix de Ludo, on a réussi à faire en sorte que ça ne se voit pas trop.
Jugez par vous-même !
Paco : J'ai plus ou moins la même, la carte de filming qui saute. On s’est retrouvés au montage avec la caméra angle fixe sur le joueur, sans rien d'autre pendant deux heures ! Apparemment, personne ne l’a remarqué au montage, c’est donc qu’on a réussi à se débrouiller. Quand c’est la caméra B ou C qui plante, ce n’est pas trop grave, mais quand c’est la cam' qui est fixée sur le joueur, c’est plus compliqué.
Junior : Avant le happy end raconté par Régis plus haut, je me souviens que ça avait été vraiment dur de s'organiser avec Patrick et son emploi du temps de ministre, pour enregistrer les voix.
Et enfin, est-ce que vous avez un quelconque regret autour d'un moment de la série ?
Régis : C'est un regret en même temps qu'un bon souvenir. En 2015, on filme Davidi sur le 6-max Championship, et on le suit de la première à la dernière main. Alors il finit deuxième, c'est génial, et on aurait signé tout de suite pour ça ! Mais quand même, j'aurais bien aimé avoir les célébrations à la fin.
Paco : Dans ce moments-là, j’imagine qu’on est comme les joueurs : si près de la victoire, et pourtant, non ! À une place du bonheur, de l’histoire magique d’un mec qui joue son premier tournoi de l’été à Vegas… ouais ça c’est un bon regret. Maintenant, le truc, même si le joueur ne rentre pas dans les places payées, mais qu’il nous apporte quelques jolis coups de poker, que ce soit au Day 1 ou en table finale, alors ce n’est pas grave. Ce sont surtout les coups de poker qui sont importants et qui nous intérèssent. Mais quand tu suis le mec depuis le tout début du tournoi, t’as forcément un petit goût d’inachevé. On a déjà suivi Kool Shen qui a gagné au SISMIX, mais gagner ici, c’est quand même autre chose ! Y’a le bracelet, le prestige… ce serait un coup énorme à faire.
Junior : J'aurais aimé retourner avec Vikash Dhorasoo et Ludo Lacay. Vikash parce que j'aimais beaucoup le personnage, c'était vraiment sympa. Ludo parce que c'est avec lui qu'on a inauguré la formule actuelle de la série, découpée en épisodes. J'aurais aimé les voir les deux dans le cadre qu'on a maintenant, où on est six à filmer, et encore mieux, aux WSOP.
Paco : J'ai un souhait aussi, et ça aurait presque pu arriver à Barcelone récemment, c’est d’arriver à faire des coups croisés entre deux joueurs du Team. Pour ça, il nous faut deux joueurs Winamax à la même table. On suit un coup normal dans la tête d’un joueur, comme d’habitude, et tout de suite après, on fait un petit retour en arrière et on laisse l’autre joueur donner son avis en se refaisant tout le coup. On a falli avoir ça sur le partypoker MILLIONS, mais finalement les coups n’étaient pas très intéressants. Par exemple, c’est Davidi qui a sorti Mustapha Kanit, mais c’était un simple flip. Un vrai coup passionnant, parfaitement détaillé et raconté par les deux joueurs, c’est vraiment ce qu’on cherchait à avoir. Le problème c’est que ça ne dépend pas de nous, tout est lié au hasard du tirage de table.
Veunstyle & Flegmatic