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Les légendes ne meurent jamais

- 13 juin 2018 - Par Veunstyle72

Doyle Brunson raconté par ses amis 
Event #23 - Deuce-to-Seven Lowball Draw Championship 10 000$ (Day 3 et finale)

doyle brunson
A l'occasion de la table finale de Doyle Brunson, nous en avons profité pour demander leur avis à quelques personnalités du milieu du poker ayant pu approcher la légende de loin ou de près. Daniel Negreanu, Norman Chad, David Benyamine, son fils Todd, Charlie le superviseur, Jack Effel le boss des WSOP et même le fan Ivan Deyra, tous se sont prêtés au jeu de l'interview. Comme vous allez le constater, peu nombreux sont ceux qui croient vraiment aux adieux de Texas Dolly...

Norman Chad (commentateur ESPN)

presentateurs

"J’espère que ce n’est pas la dernière fois qu’on le verra aux WSOP. Dans le sport ou dans la politique, on a déjà vu des exemples de gens qui avait annoncé arrêter, avant de revenir. Mais s’il s’agit bien de sa dernière fois, je trouve ça incroyable qu’il finisse par une table finale. Après, évidemment, je suis déçu, surtout que Doyle nous avait déjà pas mal manqué ces dernières années. Mais quand tu le vois, tu penses « poker » forcément. Personnellement, j’ai un excellent souvenir avec lui : j’ai eu la chance de jouer une fois avec lui sur le Main Event il y a quelques années, pendant un Day 1, et lors d’un break il est venu me dire « Tu sais Norman, tu joues mieux au poker que ce que je pensais. » Ça m’a rendu extrêmement fier évidemment, et il m’a juste dit que je devais changer 3-4 trucs pour devenir un meilleur joueur. Il est toujours très gentil quand il s’agit d’échanger, j’apprécie vraiment ça chez lui."

Charlie Ciresi (superviseur WSOP)

charlie

"Il y a quelques jours, on m’a dit que Doyle allait venir disputer ce tournoi. Et que ça allait peut etre le dernier. Pour moi, c’est comme si j’assistais au dernier match de Michael Jordan. Au poker, il n’y a pas de plus grand joueur que lui. Et regarde, pour son dernier tournoi, il est en table finale, c’est incroyable. Je rêverais de le voir repartir avec le bracelet. Ça fait vingt ans que je suis dans le poker, son livre, c’est le premier que j’ai lu. Si tu regardes dans toute cette salle, il est le seul nom qu’absolument tout le monde connait. On peut aussi ajouter Daniel Negreanu, Phil Ivey, mais c’est différent. Le monde entier connait Doyle Brunson. Evidemment, ça m’attriste tout ça, même si là, alors qu’il est en table finale, je dois rester professionnel. Sa présence dans une salle de poker nous manquera… savoir qu’il ne reviendra pas… bon il reste de l’espoir, on sait jamais, mais s’il ne revient pas, il nous manquera. Désormais, il faut avancer et regarder devant. Doyle a mis le poker sur de bons rails et on ne peut que le remercier pour ça."

David Benyamine

david benyamine

"Je ne sais pas trop ce que ça me fait de le voir se retirer, puisque jusque là, il n’a jamais véritablement réussi à quitter ce milieu, mais je sais qu’il est un exemple dans le monde du poker. Je discutais avec lui il y a quelques jours, et il me disait que sans le poker, il serait surement déjà parti. Le poker lui permet de faire quelque chose dans sa vie, car même si c’est une addiction, c’est avant tout une passion aussi. C’est évident que ça lui permet de tenir le coup. Personnellement, j’ai beaucoup joué avec lui et j’ai appris à sympathiser avec lui, et lui m’a pris à la bonne. Après, je ne pense pas que ça fera un trou dans le milieu du poker, car cela fait déjà un bon moment qu’on ne le voit plus trop, mais quand on voit qu’il arrive cet été, qu’il joue un tournoi et qu’il atteint la table finale, c’est très beau. A son âge [84 ans], c’est impressionnant. Si je devais garder un bon moment, disons que c’est la fois où on a fait un gros pari entre nous sur un parcours de golf. Il jouait avec Mike Sexton, tous les deux contre moi, et il a perdu beaucoup d’argent ! Ce sera un bon moment à se rappeler."

Ivan Deyra

ivan deyra

"Ça me parait un peu fou de voir qu’il s’agit peut être de son dernier event, parce que moi j’ai commencé le poker en le regardant jouer, son livre, « Super System », c’était un peu la bible du poker. Doyle est une légende, et le voir être sur la fin, c’est un peu bizarre ouais. Ça fait combien de temps qu’il joue aussi ? C’est abusé ! C’est un peu une page qui se tourne, parce que si on regarde bien, ils ne sont plus beaucoup à avoir joué comme lui il y a des dizaines d’années de cela. C’est un peu comme si on fermait un gros livre, là."

Todd Brunson

todd doyle brunson

"Ce que je retiens de mon père, c’est qu’il a 84 ans et qu’il continue de travailler dur au poker. Je pense que quand on fait les efforts, les bonnes choses arrivent par la suite. Je trouve ça un peu insensé de parler de « dernier tournoi ». Qui a décrété ça ? Lui ? Il l’avait déjà dit il y a dix ans, et il y a quatre ans aussi. Il jouera à nouveau, vous verrez, c’est une sorte d’immortel. Jouer au poker, ça lui permet de garder l’esprit clair, c’est très important. Vous savez, j’ai un ami de 70 ans, et il commence à perdre les pédales très vite. Il ne travaille plus, il est dans son monde… mon père, c’est juste l’opposé."

Daniel Negreanu

daniel negreanu

"J’espère que ce ne sera pas son dernier tournoi ! Il avait déjà fait le coup, avant de revenir sur sa décision. En tout cas, ce serait incroyable qu’il gagne ce bracelet et je suis prêt à parier que s’il le gagne, il jouera encore plus. Avant lui, le poker était un jeu sympathique. Lui l’a professionnalisé, c’était son job et il est devenu très respectable pour ça, surtout après avoir écrit Super System. Et d’avoir joué aussi longtemps, d’avoir affronter autant de bons joueurs dans sa vie, et être encore là aujourd’hui, ça devrait en inspirer plus d’un. Je me souviens du premier jour où je suis arrivé à la Bobby’s Room, il était là avec Chip Reese, et je me suis dit « Ca y est, j’y suis, entouré des parrains du poker, les créateurs de de jeu, c’était un moment incroyable."

Jack Effel (Tournament Director WSOP)

jack effel

"Je ne veux pas qu’il dispute son dernier tournoi ! Vous savez, tant que Doyle respire, il continuera de jouer au poker, j’en suis sûr. Moi je veux qu’il continue à être Doyle. Sa présence sur les tournois signifie énormément pour tous les joueurs de poker. Quand les WSOP ont démarré en 1970, ils étaient quelques uns, et aujourd’hui Doyle fait partie des derniers encore sur ses jambes. Doyle a beaucoup de sagesse à transmettre, et je ne parle pas de mathématiques, probabilités etc, mais simplement de « quand jouer » et « quand ne pas jouer », les bases. C’est une sorte de parrain du poker, c’est lui qui a permis de rendre ce jeu célèbre. Tout le monde regarde Doyle et le considère aujourd’hui comme le plus grand. Sur cette finale, il peut faire de grandes choses, car si au poker il est très fort, en Deuce-to-Seven NL, il est encore plus fort. Je lui ai demandé l’autre jour à quel jeu il gamblait dans les années 70, il m’a répondu que trois variantes étaient utilisées : le No Limit Holdem, le Stud et… le Deuce-to-Seven No Limit. Ce jeu à vraiment une importance particulière pour ces légendes, qui ont parfaitement contribué à le rendre plus célèbre. Et pour Doyle, revenir des années après aux WSOP et sur ce tournoi en particulier, faire la table finale et se battre pour un nouveau bracelet, je trouve que c’est un moment historique, un moment surréaliste, un moment qui n’arrivera pas souvent dans une vie. Tournez la tête, observez bien, c’est l’histoire qui s’écrit sous nos yeux et qu’on ne reproduira jamais."