Day 10, demandez le programme

- 6 juin 2010 - Par Benjo DiMeo

Coverage par Winamax

Je quitte une Amazon Room complètement vide... Il est 3 heures 35 du matin. Voici le programme de la journée de dimanche :

Midi (21 heures en France) : Event #13 - No Limit Hold'em 1,000$ (Day 1B)
On ne prend pas les mêmes, mais on recommence : voici la seconde fournée de départ de la boucherie du week-end. La Pavilion Room sera pleine à craquer dix heures durant. Nous estimons à 6,593 le nombre de coin-flips qui y seront jouées durant ce laps de temps.

14h30 : Event #11 – No Limit Hold'em 1,500$ (Day 3 et finale)
Le Day 2 s'est arrêté avec 21 joueurs encore en course. Tom Dwan a émergé en tant qu'improbable chip-leader. Je dis « improbable » pas parce que je le considère comme un fish, mais plutôt parce que c'est la première fois en trois ans que je le vois prendre au sérieux un tournoi. Antoine Amourette est là pour représenter le drapeau tricolore, mais avec un petit tapis de 137,000 (dix BB), son plus bas de la journée. Le prochain sortant recevra 17,000 dollars, tandis que 614,000$ iront au vainqueur.

15h : Event #12 – Limit Hold'em 1,500$ (Day 3 et finale)
Nous avons complètement oublié cette épreuve samedi, pour la bonne raison qu'elle est tout à fait oubliable. Au moment où je quitte le Rio, ils sont encore vingt candidats au poste de finaliste, parmi lesquels le comiquement nommé Georgios Kapalas, Terrence Chan, Frank Kassela, et un type qui ressemble à Alain Juppé mais ça m'étonnerait que ce soit lui, ceci dit on sait jamais.

14h30 : Event #14 – Deuce to Seven No Limit 1,500$ (Day 2)
A peu près 65 joueurs vont revenir lundi pour tenter de se qualifier en finale. Il n'y aura que huit places (ou six, je suis pas sur). Plus aucun français en course à notre connaissance : Luneau, Nassif et Sabic n'ont pas survécu au premier tour. Parmi les chip-leaders, Nick Binger (frère de Michael), Scott Seiver, Chino Rheem, Josh Arieh et Dario Minieri.

17h : Event #15 – World Championship Stud High-Low 10,000$ (Day 1)
Le plus gros tournoi de Stud High-Low de l'année, et l'un des seuls tournois de Stud High-Low de l'année, en fait.

Benjo

All you can sweat, baby !

- 6 juin 2010 - Par Benjo DiMeo

Men Nguyen slowroll la victoire dans le Stud à 10,000$

Coverage par Winamax

Men « The Master » Nguyen vient de rejoindre le club très fermé des joueurs détenteurs de sept bracelets ou plus... Devant la nouvelle, on sera partagé entre l'admiration et le mépris. Men Nguyen, c'est l'un des plus beaux palmarès de tournoi de l'histoire. Mais Men Nguyen, c'est aussi l'une des personnalités les plus détestées du circuit.

Passons... La main finale est certainement la plus ridicule que j'ai jamais eu l'occasion de voir aux World Series of Poker... Après un travail de sape continu de la part de Men N'Guyen, il ne restait plus que 350,000 à Brandon Adams en guise de tapis. A peine de quoi placer trois ou quatre relances.

Cela faisait déjà un moment que Nguyen était pressé d'en finir. Muni d'un TPique, il proposa à Adams de faire tapis à l'aveugle. « Je n'ai pas regardé mes cartes. Et toi ? » Avec sa QCoeur, Adams accepta la proposition, et les jeux furent retournés.

Adams APique3CarreauQCoeur
Nguyen 9Pique6CarreauTPique

Le croupier a donné les cartes une à une, et au moment de donner la dernière, face cachée, les tableaux étaient les suivants :

Adams APique3CarreauQCoeurQTrèfle5Pique6Trèfle9Carreau
Nguyen 9Pique6CarreauTPiqueKTrèfleJCarreau4Trèfle

Adams était en tête avec sa paire de Dames, et a trouvé un 9Carreau sur la dernière.

Nguyen était derrière avec une paire de 6, et avait besoin d'un Roi ou d'une Dame pour achever Adams.

« Il me faut une figure ! », crie Men the Master en recevant sa dernière carte.

Fidèle à sa tradition, Men va faire durer le suspens au maximum pour la vingtaine de spectateurs massés autour de la table - fans, croupiers, superviseurs et médias, retournant sa carte millimètre par millimètre, juste assez pour apercevoir le liseré caractéristique d'une figure – sa dernière carte est donc un Roi, un Valet, ou une Dame.

L'assistance est suspendue au moindre de geste de Men, attendant de savoir s'il va retourner un Valet perdant, ou un Roi ou une Dame gagnantes.

C'est dans la direction du public que Men va retourner cette dernière carte.

Un Roi !

Le frère de Men tape du poing sur la table en signe de victoire, plus fort que je n'ai jamais vu quelqu'un taper sur un table de poker. C'est fini !

« Seven ! Seven ! » chante Men the Master en embrassant ses amis. L'émotion est réelle, et l'intoxication aussi. J'espère qu'il ne conduit pas.

Sur le côté, Brandon Adams sourit devant ce spectacle. Je lui demande comment il a fait pour garder son calme. « Ca me fait rire », lâche t-il. Plus tard, il rejoindra ses amis affichant des mines attérées. « Non, ce n'est rien », leur dira t-il. « Deuxième, c'est déjà bien. »

EDIT : : Pour ceux qui ont lu cet article à sa publication, vous constaterez à la relecture qu'il a subi quelques modifications. Il s'avère que la confusion dont j'ai fait état hier soir à quatre heures du matin n'avait rien de réel. J'ai pu finalement vérifier avec un des photographes officiels que Men the Master n'avait bien que quatre outs pour remporter le tournoi sur la septième carte. Je présente à tous mes excuses les plus sincères pour avoir raconté une histoire sans queue ni tête.

Benjo

Maître contre Scarabée

- 6 juin 2010 - Par Benjo DiMeo

Coverage par Winamax

Point de doublé pour Michael Mizrachi, point de rédemption pour Vladimir Schmelev : le tête à tête dans l'épreuve de Stud à 10,000 dollars oppose finalement Men « the Master » N'Guyen et Brandon Adams.

Bonjour le choc thermique ! Adams, c'est l'éternel étudiant, diplômé et futur professeur à Harward, bien élevé et propre sur lui, jamais un mot plus haut que l'autre et les bonnes manières comme règle de vie. N'Guyen, c'est une réputation détestable sur le circuit, de sérieuses allégations de triche qui lui collent aux basques depuis vingt ans, une langue de vipère et un caractère de cochon. Mais, c'est aussi, comme il se plaît à le rappeler à Adams, un des plus beaux palmarès des WSOP.

« J'ai six bracelets, mon pote. Et toi, t'en as combien ? Zéro ! Allez, si tu bats le Master, demain tu seras célèbre ! »

« Six bracelets, c'est pas mal », dit calmement Adams.

« Ouais, et 67 places payées aux WSOP ! »

Ne vous y trompez pas : l'ambiance reste relativement bon enfant. Du trash-talk inspiré par quelques bières de trop, et d'ailleurs, N'Guyen vient de déclarer qu'il avait finit de boire pour la soirée.

« C'est trop lent, ce jeu, je commence à fatiguer », continue t-il avec un grand sourire. « On augmente les mises ? »

Rire général dans l'assistance clairsemée, composée en grande partie des disciples du Maître, tous affublés de la même casquette siglée d'un « M » rouge.

Puis, soudain, le calme revient. Men relance, Brandon Adams sur-relance, Men 4-bet, Adam 5-bet, et Men s'arrête un instant, regarde le tapis d'Adams – deux fois inférieur au sien – et paie.

Adams X-X-7PiqueAPiqueKTrèfle3Carreau-X
Men X-X-JCoeur5CoeurTPiqueJPique-X

Au second tour, Brandon a misé, se faisant payer par Men. Même séquence sur le troisième tour. Au suivant, par contre, Men trouve une paire de Valets, et prend en charge l'attaque. Adams paie, et se voit confronter à une dernière mise sur la septième carte. Longue, longue réflexion, suivie d'un call – comment peut-il faire autrement ?

Le Maître montre As-T-6 pour deux paires bien inspirées. « Good », dit Adams en jetant ses cartes.

Coverage par Winamax

Men N'Guyen en route vers un septième bracelet ? Il serait le huitième joueur de l'histoire du poker à accomplir l'exploit

Coverage par Winamax

Late Night Show with The Master

Benjo

No Limit Multitabling

- 6 juin 2010 - Par Benjo DiMeo

On joue l'avant-dernier niveau du Day 1 dans cette aimable récréation de pros qu'est l'épreuve de Deuce to Seven en No Limit. Le field initial de 250 joueurs a été plus que coupé en deux durant les six premières heures de jeu.

En ce qui concerne les français, je crois bien qu'on a perdu Sébastien Sabic. Gabriel Nassif possède un tapis en dessous de la moyenne (6,000) à une table où l'on reconnaît Tom Schneider et Josh Arieh. Huck Seed vient de la quitter les mains vides, et a pu être entendu se lamenter à un collègue joueur en ces termes : « Je déteste la façon dont j'ai joué le coup ». Son interlocuteur s'empare de son téléphone et calcule les côtes du coup : après vérification, il s'agissait d'un coup à 60/40, ce qui rassure quelque peu Huck. Ne me demander pas ce à quoi correspond un 60/40 en Deuce to Seven No Limit, je n'en sais rien.

Alex Luneau possède 8,000. A sa droite, un siège inoccupé par intermittence : celui de Tom Dwan, qui dispute en simultané le Day 2 de l'épreuve #11, où il est en passe de réaliser le meilleur résultat de sa carrière, étant large chip-leader alors qu'il ne reste que 48 joueurs. Afin de pouvoir maximiser son quota de mains jouées dans les deux épreuves, Dwan s'est attaché les services d'un guet posté à mi-chemin entre les zones Orange et Bleue de l'Amazon Room, qui lui donne le signal pour revenir dès qu'une nouvelle main est donnée dans l'épreuve de Hold'em.

Dwan arrive tout essoufflé à la table de Luneau et voit tout le monde passer jusqu'à sa petite blinde. Il en profite pour relancer à 1,000. Luneau ne l'entend pas de cette oreille et sur-relance depuis la grosse blinde, assez pour engager le tapis de Dwan. Après un bref instant de réflexion, Dwan passe et court à toute vitesse vers les tables de l'épreuve de Hold'em, en prenant tout de même le temps sur le chemin de faire la bise à la plus jolie fille que j'ai jamais vue au Rio aujourd'hui (nous sommes samedi soir, la compétition est rude).

Dans l'épreuve de Deuce to Seven, les gros tapis portent des noms tels que JC Tran (18,000) et Gavin Griffin (14,000) qui a éliminé Phil Ivey et, plus récemment, Chris Ferguson.

Coverage par Winamax

JC Tran

EDIT : Gabriel Nassif a été éliminé à 1 heure 30 du matin avec un joli draw contre un autre joli draw chez Josh Arieh. Au tirage (une carte chacun) Gabriel a directement trouvé une paire max, le rendant drawing dead.

Benjo

La perfide Albion frappe à nouveau

- 6 juin 2010 - Par Benjo DiMeo

Event #9 : Pot Limit Hold'em 1,500$

J'avoue être agréablement surpris par la tournure qu'on prises les finales des donkaments à 1,000 et 1,500 dollars. Après seulement neuf jours de festival, ces tournois d'apparence assez random nous ont déjà offert quelques moments mémorables, avec des dénouements spectaculaires et une ambiance digne d'un match de foot dans les gradins, avec laquelle les épreuves à gros buy-in n'ont pu rivaliser (si ce n'est pour la finale du Player's Championship).

A y regarder de plus près, je pense que cela peut s'expliquer par le fait qu'invariablement, le tête à tête final de ces boucheries a impliqué au moins un joueur venu de l'étranger : Adam Daya (Canada, Event #3), Praz Bansi contre Vincent Jacques (UK/Canada, Event #5), Pascal Lefrancois (Canada, Event #8). Alors que les joueurs américains ne sont en général soutenus que par la famille et les amis proches, les joueurs venus de loin arrivent généralement à fédérer autour d'eux toutes les forces nationales en présence dans l'Amazon Room. J'imagine que c'est du à l'éloignement et au mal du pays : dans l'adversité, à des milliers de kilomètres de son village, il devient plus facile et rassurant de se rassembler.

Coverage par Winamax

Dernier témoignage de cet enthousiasme pour les donkaments : la finale de l'Event #9, un Hold'em en Pot Limit à 1,500 dollars. Le duel final entre Steve Chanthabouasy et James Dempsey a attiré une marée de fans bruyants et éméchés. C'est bien la première fois que je voyais un joueur en tête à tête pour un bracelet retirer ses tongs pour les agiter au dessus de sa tête, montrant l'exemple à tout un contingent d'anglais rigolards et imbibés l'imitant avec bonne humeur. Au final, c'est par une douche de bière (littéralement !) que le tournoi s'est conclu.

Le britannique James Dempsey (connu sur les forums sous le pseudonyme de « Flushy ») disputait aujourd'hui sa première finale WSOP. Un joueur professionnel sur Internet, spécialisé dans les tournois , mais ne sortant que très peu de sa caverne pour s'aventurer dans les parties live. « Il déteste le live, en fait », m'explique un Stuart Rutter hilare. « Il ne supporte pas la lenteur du jeu en casino, et le voilà qui remporte un bracelet. C'est tellement ironique. » C'est avec le soutien financier de Chris Moorman que Flushy s'est engagé dans le tournoi, et est devenu le second vainqueur WSOP anglais de l'année en seulement dix épreuves jouées. Demain, God Save the Queen résonnera à nouveau dans la Pavilion Room. On nous avait annoncé l'année de la Femme aux WSOP. Pourrait-ce être en fait l'année du Rosbif ?

Coverage par Winamax

Coverage par Winamax

James Dempsey (UK)Vainqueur de l'Event #9 : Pot Limit Hold'em 1,500$ - 197,470$

Benjo