Level 8 – Blindes 400/800, ante 100
Sammy Fahra et Chris Moneymaker : si le premier avait battu le second en tête à tête lors des championnats du monde 2003, le poker moderne n'aurait peut-être pas subi l'incroyable mutation que l'on a connu ces sept dernières années. Dans le duel entre le pro aguerri et l'amateur qualifié sur Internet et disputant son premier tournoi en live, c'est Moneymaker qui est sorti vainqueur, après avoir réussi l'un des bluffs les plus mémorables de l'histoire du poker, l'un de ces coups de génie qui a marqué l'inconscient collectif, et poussé des milliers de téléspectateurs à eux aussi tenter leur chance dans cette loterie déguisée qu'est le Main Event, machine à fabriquer des rêves de gloire et fortune. Certains affirment qu'une industrie à plusieurs milliards de dollars s'est crée ce jour-là, et ils n'ont pas tout à fait tort : le triomphe de l'improbablement nommé « Faiseur d'argent » fut définitivement l'un des facteurs ayant lancé « le boom » du poker. Si la participation au Main Event a été multipliée par dix entre 2003 et 2006, c'est en partie grâce à son histoire digne d'un compte de fées.
Les deux vieux ennemis sont en course dans le Day 2A avec de beaux tapis. Fahra évolue dans la zone Orange de l'Amazon Room avec un stack d'environ 150,000.
Moneymaker, lui, est installé sur un podium devant le banc de presse, surveillé par son portrait géant, immortalisant son triomphe au Binion's Horseshoe il y a sept ans. Moneymaker a été impliqué dans une main bizarre et comique sur la dernière main avant la pause-dîner. Son unique adversaire a envoyé le tapis, sans que personne ne l'entende, que ce soient les joueurs, le croupier, les caméras d'ESPN. Tout ce petit monde a gentiment patienté pendant une dizaine de minutes dans une salle désormais vidée de ses occupants, jusqu'à ce que Moneymaker finisse par s'excuser : « Je déteste demander le temps, mais j'ai très faim. »
« Mais j'ai annoncé tapis ! »
« Ah bon ? Bon, ben, payé. » Moneymaker – il était couvert - a retourné sa top-paire, et doublé son tapis. Un peu plus tôt, je l'ai vu relancer à tapis un autre joueur sur un board 9-3-X-3-3. Ce dernier a immédiatement payé pour ses derniers 40,000. « Paire de 9 en main ? », a demandé Moneymaker en retournant ses As. Bonne déduction. « J'aurais du suivre mon instinct, et flat-call », a dit Moneymaker avec un sourire.
Paul-Pirès Trigo relance UTG, et se fait payer par le cut-off et la grosse blinde. Le flop est K

Q

5

et PPT c-bet à 3,600. La BB reste dans le coup. Turn 4

: check/check. Rivière : un autre 4

. La grosse blinde tente un petit 4,000 avec sa paire de 10, mais le Local Hero Winamax se va pas se laisser impressionner pour si peu : PPT snap-call avec son Q

T

, et remporte un petit pot qui le fait monter à 140,000.
Dans la zone Orange, William Pastout à triplé son tapis, qui pointe désormais à 37,000, le plus haut point de la journée. « Le bouton relance », explique le Local Hero. « J'ai As-Valet de grosse blinde, je fais tapis, et je suis payé par une paire de 2. Pas terrible, comme call, mais je gagne le coin-flip pour passer à 24,000. Après, j'ai fait que gratter. C'est tout ce que je peux faire, à cette table ! Ils me 3-bet tout le temps... J'ai l'impression d'être une cible ! »
Julien Lang Van est monté tranquillement à 90,000 à une heure de la fin du Day 2A. « J'ai chatté », avoue le français. « J'ai commencé la journée avec plein de bonnes mains que j'ai été obligé d'abandonner car la table s'enflammait beaucoup. Je tombe à 10,000, et trouve deux Valets UTG. Je pousse, mon voisin a les As, mais je trouve le brelan. » Julien me raconte aussi un improbable carré de Dames checké jusqu'à la rivière sur un board Q-10-10-Q-5. « A la fin, je fais tapis pour 30,000 en overbet, et l'un des joueurs réfléchit longtemps, puis paie ! »
Benjo
« On respire » confie calmement Alexia Portal. La joueuse du Team Winamax a doublé son tapis pour grimper à 82,000 ! Explications. Première de parole, Alexia trouve J

J

et décide de relancer. La grosse blinde défend.
6

8

2
Alexia c-bet pour 3,000 et est payée. Le turn est un T

: cette fois, son adversaire décide de la check-raise, de 4,100 à 25,100 et tapis ! Alexia décide de payer et bien lui en prend : elle fait face à A

T

. Elle doit encore éviter les carreaux, les as et les dix mais la river n'est rien de tout ça. Avec un tapis de cent blindes, Alexia se montre désormais très active : ses nombreuses piles d'ante sont là pour le prouver.
Olivier Daeninckx ne cesse de monter des jetons. « J'avoue qu'on n'est pas mal là » sourit le Local Hero Winamax. Avec un tapis de 210,000 (au bas mot trois fois la moyenne), le toulousain a effectivement le temps de voir venir. Quel gros pot a pu l'emmener si haut ? « Je n'ai pas joué de pot massif » confie Olivier. « C'est essentiellement du grind. Je peux quand même te raconter mon pot le plus important. » Dis-nous tout !
« Les blindes sont à 400/800 ante 100 et je fais 1,800 premier de parole. J'ai Roi-Valet. Un joueur qui cherche absolument à m'outplayer paie. La grosse blinde aussi.
7-J-9
La BB checke, moi aussi, et le dernier envoie 3,000. La blinde passe et je paie. Le turn est un T : on checke tous les deux. River : un K. J'ai désormais deux paires mais il y a beaucoup de quintes possibles. Je mise quand même 4,200 pour value et il me relance à 16,700. Je réfléchis un moment puis paie : il n'a rien de mieux à me montrer. »
Notons également que le champion du monde en titre Joe Cada se débrouille à merveille. Avec un tapis de 85,000, il est bien au dessus de la moyenne. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça sent le doublé à plein nez cette affaire... Quoi ? Vous voulez parier sur sa victoire ? Bon, d'accord, je fais la banque. Dans ma grande générosité, je vous offre du 30 contre 1. Alors, elle est pas belle la vie ?
Harper
Tableau de bord
1,422 joueurs restants (sur 2,412 joueurs au départ du Day 2A)
Blindes : 500/1,000, ante 100