Les tricolores aux WSOP, c'est fini
Les espoirs français dans ce Main Event 2010 se sont rapidement brisés dès la fin de la pause-dîner : coup sur coup, Damien Luis et Nicolas Babel ont quitté le tournoi vaincus.
Sur le podium ESPN, je suis arrivé juste à temps pour voir trois joueurs debout : Damien, Hasan Habib et William Thorson. Tous les jetons sont partis avant le flop, et les cartes étaient déjà retournées :
Une paire de 4 pour Damien
As-Roi pour Hasan
As-Dame pour Thorson
Le français possédait le plus petit tapis des trois, suivi de Hasan Habib. Thorson couvrait les deux.
Après une minute d'attente qui en a paru dix, le croupier a retourné le flop :
A
9
3
.
De léger favori, Damien venait de passer largement derrière. Hasan Habib était en tête, et l'est resté après un turn 6
et une rivière 5
.
Ainsi se terminait le formidable parcours de Damien Luis, l'un des tous derniers joueurs amateurs en course. Le français échoue loin de la table finale, mais la récompense de 206,395 dollars qu'il emmènera avec lui en France devrait aider à attenuer la déception. Félicitations à Damien ! C'est quoi, la suite ? Retour dans la vie civile, ou percée sur le circuit du poker professionnel ? L'avenir nous le dira.
Benjo
Pourtant, il était revenu du diner avec de bonnes intentions... « J'essaie de ne pas m'impliquer dans de gros pots » me confiait Nicolas Babel après avoir jeté As-Dame derrière une sur-relance. Mais à force de se faire 3-bet, il a craqué.
Premier de parole, le parisien relance à 225,000 avec T
T
. Depuis le bouton, le très actif Joseph Cheong place un 3-bet (comme deux à trois fois par tour) pour 665,000. Nicolas a affaire une première décision : doit-il passer ? Payer ? Relancer ? Alors qu'il possède un tapis de 3,6 millions, aucune des solutions ne paraît ridicule. C'est la seconde qu'il choisira : payer.
Le croupier retourne alors le flop : Q
9
6
.
Nicolas n'a amélioré sa main et décide de checker. Joseph va alors placer une mise de continuation : ce sera à hauteur de 685,000. A-t-il touché une dame ? Est-il en carnaval ? Pourquoi ne mise-t-il que la moitié du pot ? Autant de questions qui traversent l'esprit de Nicolas. Et puis, après trente secondes, l'historique prend le dessus : Joseph est trop actif pour avoir une main systématiquement. NicBab envoie alors son tapis pour 3 millions. Moins de deux secondes plus tard, Joseph paie en annonçant « Kings. » Nicolas secoue la tête et retourne sa main : face à K
K
, il ne joue plus qu'une éventuelle quinte ou un dix. C'est peu. Dans le clan français, c'est la consternation. « Dix » lâche timidement Jean-Paul Pasqualini. Mais il n'y croit plus trop. Nicolas non plus. Les caméras sont en place : il est déjà l'heure de retourner le turn. C'est un A
. Aucune aide. Rapidement, la river est donnée : il s'agit d'un 9
qui sonne son élimination. Le meilleur français de ce Main Event 2010 s'appelle donc Nicolas Babel : pour sa 38ème place, il remporte 206,395$. Félicitations !
« Dix ! Dix ! Dix ! » a-t-elle appelé de toutes ses forces
Harper
Le Poster-Boy Scandinave nous quitte
Après les sorties de nos français, un pot énorme se développe à l'ancienne table de David Benyamine, désormais dominée par Cuong Nguyen et Pascal LeFrancois. Les gros stacks de la table n'ont cependant rien à voir dans ce coup, qui commence avec un limp de Brandon Steven. Derrière, Jakob « Jon Randomson » Toestesen envoie directement son tapis (25 blindes). De petite blinde, Jonathan Driscoll snap-call (24BB). La parole revient à Steven qui paie « debout sur la table », retournant deux Rois.
« Javla Visk Knarka Nag ! », murmure Randomson dans sa barbe (ce qui, je crois, se traduit en français par « Je suis vraiment un putain de donkey ! »). Son move est standard, mais son A
J
est dominé. Steven aussi, avec son A
K
.
Chaque joueur possède 25 blindes, et n'a donc rien à se reprocher, vu le déroulement du coup.
Le flop que va retourner le croupier est dramatique, un régal pour les caméras d'ESPN :
Q
9
4
.
Steven exulte : il vient de prendre un avantage décisif, quasiment imbattable avec cette couleur floppée. Randomson est déjà drawing dead. Le turn Q
va faire espérer Driscoll le temps d'une minute, avant que le 5
ne tombe à la rivière, éliminant coup sur coup Randomson et Driscoll.
Quelle main ! Le genre de coup qui me rappelle pourquoi j'aime tant le Main Event, surtout les phases finales : public en délire, bad-beats improbables, caméras de télé piétinant autour de la table, et des dizaines de journalistes gribouillant l'action sur leur calepin. Voilà du poker comme on l'aime : beau, cruel, et tellement, tellement imprévisible et hasardeux.
Pour terminer cette heure extrêmement riche en action (sept éliminations, c'est énorme à ce stade), on perd le double finaliste EPT Dag Palovic.
Benjo
Tableau de bord
35 joueurs restants (sur 7,319 au départ)
Blindes : 50,000/100,000, ante 10,000
Tapis moyen : 6,270,000