La grande évasion

- 18 juillet 2010 - Par Benjo DiMeo

On s'échappe de l'Amazon Room

Coverage par Winamax

Pour ma 51e et dernière journée aux World Series of Poker 2010, je vais me prendre le soleil en pleine figure au moment de franchir les portes du Rio. Ce n'est pas la première fois que cela arrive en sept semaines, et c'est finalement très bien que tout se termine comme cela. Il est presque huit heures du matin, et je ne dispose que de quelques minutes pour taper mon dernier article de l'été. Les hommes d'entretien du Rio sont littéralement en train de démonter le banc de presse à la perceuse tandis que je rédige ces lignes.

Ainsi s'achève le troisième été consécutif de Winamax aux WSOP. Moi et Harper sommes sur les rotules. J'espère que l'effort en valait la peine. En tout cas, ce fut pour nous un vrai plaisir, malgré les nuits interminables, l'enchaînement des journées de travail de quinze heures, les moments un peu monotones que nous avons du subir parfois. Merci à vous, amis lecteurs, pour votre soutien et votre fidélité.

Je vous donne rendez-vous très vite pour la reprise des tournois sur le circuit européen. Je ne sais trop où et quand nous allons nous y remettre, mais cela ne saurait trop tarder. Donnez nous juste quelques jours, histoire de dormir cent heures consécutives. D'ici là, portez vous bien.

Benjo

November Nine : découvrez la promotion 2010

- 18 juillet 2010 - Par Benjo DiMeo

Coverage par Winamax

De gauche à droite : Jason Senti, Joseph Cheong, John Dolan, Jonathan Duhamel, Michael Mizrachi, Matthew Jarvis, John Racener, Filippo Candio, et Soi Nguyen

Ils étaient 7,319 au départ du second plus gros tournoi de poker de l'histoire... Deux semaines plus tard, ils ne sont plus que neuf, et pour eux, la partie reprendra le 6 novembre. Durant les quatre prochains mois, nous aurons tout loisir de découvrir ce casting de joueurs relativement obscurs, voire complètement inconnus au bataillon, à l'exception d'un seul d'entre eux.

En attendant de faire plus ample connaissance avec les November Nine (sur ESPN, autour des tournois du circuit européen, dans les magazines, sur Internet, etc...), voici les quelques informations que nous avons pu récolter (Google fut d'une grande aide)

Par ordre décroissant de tapis :

Jonathan Duhamel (Québec, Canada) 65,975 millions
Ah, on a tout de même un francophone en finale. Go go go les mecs qui parlent français ! L'ancien étudiant en finance reviendra à Las Vegas en novembre auréolé du statut de chip-leader. A son palmarès, 119,060 dollars de gains, une somme modeste pour un pro, mais qui va décupler (au moins) dans trois mois, quoi qu'il arrive (sauf s'il termine neuvième, mais ça me paraît tout de même un peu compliqué). En 2008, Duhamel a manqué de peu la table finale de l'EPT de Prague (dixième place). Aux WSOP 2010, on l'a vu terminer en quinzième place de l'Event 56, un No Limit Hold'em à 2,500 dollars. En bon canadien, Duhamel est fan de hockey sur glace, et il pilote aussi des montgolfières dans son temps libre. Non, c'est pas vrai. A noter qu'à 22 ans, Duhamel est le plus jeune joueur de cette table finale.

John Dolan (USA) 46,25 millions
Dolan opère en ligne sous le pseudo de « JRD312 ». Une recherche dans les bases de données habituelles indique une victoire lors d'une épreuve online à 1,000$ (94,000$ de prix) et une finale aux WSOP 2010 dans une boucherie à 1,000$ (6e, 82,804$). Dolan a réalisé la meilleure progression lors du dernier jour du Main Event, passant de short-stack à 27 joueurs restants à second en chips au départ de la finale.

Joseph Cheong (USA) 23,525 millions
Cheong est connu en ligne sous le pseudo de « Subiime », un sobriquet craint et respecté sur la toile, avec ses 1,3 millions de dollars de gains. En live, Cheong est encore peu connu, avec seulement 74,000 dollars de gains (cela s'apprête à changer, bien sur). Aux WSOP 2010, Cheong a terminé en 29e place du Short-Handed à 5,000 dollars. Sa performance lors des deux derniers jours fut assez irréprochable. Malgré le bad-beat subi contre Candio, Cheong n'a jamais baissé les bras, et se positionnera en troisième position au départ de la finale.

John Racener (USA) 19,05 millions
Un vrai bon professionnel de l'ombre, ce John Racener. A placer dans la catégorie « sous-estimé ». « $JMONEY$ » (ou parfois « $30K »), c'est 1,18 millions de dollars de gains en live, et 1,1 millions en ligne. Aux World Series, Racener a atteint dix fois les places payées, dont deux finales (6e dans un Omaha High-Low en 2008 et 7e dans cette même variante l'année suivante). En 2010, Racener a terminé en 21e place du PLO à 10,000 dollars. Son plus gros résultat en live ? Une victoire lors d'un tournoi à 5,000 dollars organisé à Atlantic City. La performance lui avait rapporté 379,392 dollars.

Matthew Jarvis (Canada) 16,7 millions
Jarvis est le grand mystère de cette cuvée 2010 des November Nine. De lui, on ne sait rien, ou presque, si ce n'est une fiche de résultats où les gains totalisent 45,353 dollars. Gageons que les trois mois menant à la table finale nous permettront d'en apprendre un peu plus sur le bonhomme.

Filippo Candio (Italie) 16,4 millions
Le dernier espoir du continent européen dans ce Main Event repose sur un italien ayant joué une main complètement hallucinante contre Joseph Cheong au cours des demi-finales : un pot de trente millions (200 blindes à ce moment de la partie) avec 7Pique5Pique sur un flop 6-6-5. Jouant contre les As, Filippo a réussi à trouver un 8 puis un 4 pour se constituer une quinte et passer chip-leader, tandis que le public entier tombait à la renverse. Il a depuis perdu beaucoup de jetons (pas étonnant s'il a continué à jouer de cette manière par la suite). Il ne faudra probablement pas le sous-estimer, cependant : Candio affiche 250,000$ de gains en live, avec comme meilleure performance une victoire lors du championnat d'Italie organisé à San Remo (140,000€ de prix) (Bon, OK, gagner à San Remo, principauté internationale du fish, cela ne veut pas dire grand chose, je vous l'accorde)

Michael Mizrachi (USA) 14,5 millions
L'unique joueur véritablement connu de cette finale ne nécessite pas vraiment de présentation. Contentons nous de quelques faits et chiffres : 8,8 millions de dollars de gains de carrière, deux titres WPT, un premier bracelet remporté il y a six semaines dans le Player's Championship à 50,000 dollars (rien que le tournoi le plus cher et difficile des WSOP), et enfin une accession au poste de November Nine. Michael a été short-stack tout au long de la journée, mais a toujours gardé la tête haute. Cette table finale conclut un été de toute beauté pour le clan Mizrachi, dont les quatre enfants ont terminé dans les places payées du Main Event. Dernier survivant de la famille, Michael est grosso modo dans la même position que Phil Ivey en 2009 : c'est le seul joueur connu du casting, il n'a pas beaucoup de jetons, mais sera néanmoins considéré comme l'un des joueurs le plus dangereux de la table. Un vrai acharné, qui ne commettra pas d'erreur.

Soi Nguyen (USA) 9,65 millions
Il ne s'agit que du quatrième tournoi live de Soi. Travaillant dans la distribution de fournitures médicales, l'américain n'est pas joueur professionnel. Son parcours restera marqué par le coup venu tout droit de l'espace qu'il a disputé face à Theo Jorgensen lors du Day 7. Après une frénétique action, il n'avait pas hésité à engager son tapis avec une simple top paire, qui avait finalement tenue face à un tirage couleur.

Jason Senti (USA) 7,625 millions
C'est quand il s'est rendu compte qu'il gagnait plus d'argent en jouant au poker qu'en travaillant que Jason a quitté un lucratif job d'ingénieur en électricité. Cela fait un an et demi que « PBJaxx » a fait le grand saut vers le poker professionnel. Cet ami intime de Phil Galfond est un instructeur connu et reconnu sur le site « BlueFirePoker », jouant à des tables où les blindes atteignent parfois 50$/100$. Senti avait entamé le Day 7 avec l'un des plus petits tapis, et a réalisé un come-back impressionnant qui a débuté par l'élimination du québécois David Assouline. Son meilleur resultat en live ? Une 32e place lors du tournoi de heads-up des WSOP en 2009 – Jason avait notamment battu un certain Ludovic Lacay. Quand il ne joue pas aux cartes, Jason chante avec son groupe, « Suburban Hero ».

Blindes : 250,000/500,000, ante 50,000

Les prix en finale

Vainqueur – 8,944,138 dollars
2e - 5,545,855$
3e - 4,129,979$
4e - 3,092,497$
5e - 2,332,960$
6e - 1,772,939$
7e - 1,356,708$
8e - 1,045,738$
9e – 811,823$

Benjo et Harper

It's been a hard day's night !

- 18 juillet 2010 - Par Benjo DiMeo

Après six heures de jeu à dix, on tient la table finale du Main Event

Existe t-il quelque chose de plus précieux et rare pour un joueur de poker qu'une place en table finale aux championnats du monde ? La réponse est négative, à en juger par le spectacle que nous ont offert toute une nuit durant les dix derniers compétiteurs du Main Event. Si c'est à un rythme somme toute rapide que nous sommes passés de trois à deux, puis une table, la dernière phase du dernier jour des World Series of Poker allait se révéler être un véritable parcours du combattant.

Cinq heures d'une partie tendue, accrochée, serrée à l'extrême : non, personne autour de la dernière table n'avait envie de sauter. Et pourtant, c'était la seule certitude que possédaient tous les acteurs de cette folle nuit : au bout du chemin, quelqu'un allait y passer. On ne savait pas qui cela allait être, on ne savait pas combien de temps cela allait durer, mais au final, un joueur allait devoir se sacrifier à l'autel des Dieux du Poker.

Au fur et à mesure de la progression de la partie, le jour a fait place à la nuit, puis la nuit a fait place au jour, et la situation ne semblait pas pouvoir trouver d'issue. Tandis que les cadavres se multipliaient dans l'Amazon Room, spectateurs et journalistes tombant dans les bras de Morphée, à la table, chacun s'accrochait à ses jetons comme si sa vie en dépendait, et peut-être bien que c'était le cas, d'une certaine manière. Les flops se faisaient rares, les turns et rivières étaient inexistantes. L'argent des short-stacks partait régulièrement au milieu, mais personne ne voulait payer. Oh, il y a bien eu cette confrontation préflop entre As-Roi et... As-Roi. Et une autre entre As-Roi et... deux As chez Filippo Candio, qui avait décidé de ne jouer aucune autre main tant que la table finale ne serait pas encore décidée.

Et puis la situation s'est débloquée, peu avant six heures. Sur une confrontation tellement banale, tellement vue et revue qu'après coup, il était évident que la journée ne pouvait pas se terminer autrement : deux Dames contre As-Roi. Soit le coup de pile ou face le plus usé du Texas Hold'em.

C'est Brandon Steven qui possédait As-Roi contre les Dames de Matthew Jarvis, et l'un des derniers amateurs encore en course dans le tournoi a vu tomber un flop TTrèfle4Coeur3Coeur, puis un turn 4Trèfle, et enfin un 5Coeur sur la rivière. Ce cinq de coeur était la dernière carte de l'été au World Series of Poker 2010 : Steven était éliminé en dixième place. Lot de consolation : 635,011 dollars, et le titre de joueur le plus malchanceux du tournoi, tant les opportunités médiatiques et financières offertes par une table finale au Main Event ont explosé ces dernières années.

En images

Coverage par Winamax

Après six heures léthargiques, le public et les joueurs bondissent : tout l'argent de Brandon Steven est au milieu

Coverage par Winamax

Le public attend le verdict avec enthousiasme, pas fatigué malgré dix-sept heures de partie dans les jambes (ici : le clan Mizrachi)

Coverage par Winamax

La dernière coin-flip de l'été !

Coverage par Winamax

Soudain, neuf joueurs deviennent les meilleurs amis du monde

Coverage par Winamax

Le boulot n'est pas terminé : il faut compter et recompter les tapis, se faire prendre en photo par les caméras de sécurité pour la Commission des Jeux du Nevada, signer des formulaires, emballer les tapis, répondre aux questions des journalistes sur le vif, et poser pour les photographes. Le processus va durer plus d'une heure

Coverage par Winamax

L'unique européen de la table finale caresse du doigt le bracelet tant désiré. Il faudra trois mois d'attente à l'italien Filippo Candio pour tenter de se l'approprier définitivement

Benjo

Quatre heures du matin

- 18 juillet 2010 - Par Benjo DiMeo

Oui, il reste encore dix joueurs, et non, il ne se passe rien d'intéressant.

Coverage par Winamax

Coverage par Winamax

Coverage par Winamax

Coverage par Winamax

Benjo

Petite finale

- 18 juillet 2010 - Par Benjo DiMeo

Ils ne sont plus que dix

Après la pause-dîner, la partie a repris sur les chapeaux de roue (franchement, quelle expression ridicule : une roue portant un chapeau, cela ne ressemble à rien) avec une flopée d'éliminations en succession rapide. A commencer par la plus douloureuse d'entre elles, au cours d'une main dont on se rappellera pour les années à venir, tant elle fut dramatique. A tapis sur le turn avec une paire d'As sur un board 10-9-7-Q, Matt Affleck s'est vu payer par Jonathan Duhamel après un long moment de réflexion. Le québécois a retourné une paire de Valets pour un double tirage par le ventre. Il y avait 42 millions au milieu, et le 8 qui tomba sur la rivière a brisé en mille morceaux les espoirs d'Affleck dans le Main Event. C'est le coeur serré que tous les spectateurs et médias dressés autour de la table ont regardé Affleck se cacher le visage à l'aide de sa casquette pour ne pas montrer les larmes qui lui montaient aux yeux. Ce pot a permis à Duhamel de s'emparer du chip-lead, tandis qu'Affleck était éliminé en quinzième place. Une échec cuisant et injuste pour le jeune américain, un an après avoir atteint la 80e place du Main Event 2009.

Quelques minutes plus tard, Hasan Habib rendait enfin les armes, après avoir passé la journée entière avec un petit tapis. Pour sa quatorzième place, Habib a collecté un demi-million de dollars. Il y a dix ans, son accession en finale et son élimination en quatrième place lui avaient rapporté 326,000 dollars « seulement ». Un signe de l'explosion du poker durant la dernière décennie.

Allaient suivre Duy Le (13e) et Adam Levy (12e), tandis que Michael Mizrachi se maintenait en doublant son tapis devant un public déchaîné. Il allait falloir attendre un petit moment avant de pouvoir être témoin de l'élimination suivante. Surprise, c'est Pascal LeFrancois qui était le prochain. Le québécois s'est fait prendre en flagrant délit de squeeze avec QPiqueJPique. Mais Joseph Cheong n'avait pas 3-bet avec une poubelle : c'est muni d'une paire de Rois qu'il s'est empressé de payer LeFrancois, qui ne trouvera aucune aide sur le board J-6-2-K-3.

Et c'est ainsi que l'on tenait le casting des dix derniers joueurs du Main Event. Un d'entre eux subira l'élimination la plus douloureuse de l'année, et pour cause : il ne reviendra pas en novembre disputer la table finale.

Les survivants ont été rassemblés sur le podium ESPN. Nous y sommes presque... Je vais m'empresser d'aller trouver un siège près de la table, histoire de ne rien louper de l'action.

Jonathan Duhamel (Québec) 45,55 million
Joseph Cheong (USA) 39,305 m.
John Racener (USA) 32,625 m.
John Dolan (USA) 24,55 m.
Matthew Jarvis (Canda) 20,075 m.
Soi Nguyen (USA) 17,415 m.
Filippo Candido (Italie) 13,26 m.
Jason Senti (USA) 12,495 m.
Michael Mizrachi (USA) 7,78 m.
Brandon Steven (USA) 3,305 m.

Blindes : 150,000/300,000, ante 40,000

Benjo