Dans le cadre des festivités célébrant le quarantième anniversaire des World Series of Poker, Harrah's a organisé un « Tournoi des Champions » freeroll, réunissant tous les vainqueurs du Main Event depuis sa création en 1970. Ce genre de tournoi a déjà existé entre 2004 et 2006, mais les critères d'éligibilité étaient différents. Ici, une seule condition pour pouvoir être invité : avoir remporté le titre suprême de la planète poker.
Alors, quels joueurs peut-on s'attendre à voir au rendez-vous dimanche ?
En 39 éditions du « Big One », 34 vainqueurs ont été couronnés, dont quatre multiples vainqueurs (Johnny Moss, Doyle Brunson, Stu Ungar, et Johnny Chan). Sur ces 34 vainqueurs, 7 ne sont plus de ce monde, et, en conséquence, ne pourront se libérer : Johnny Moss, Puggy Pearson, Stu Ungar, Hal Fowler, Jack Strauss, Jack Keller et Bill Smith. Le site satirique WickedChops remarquait à ce sujet qu'il était dommage que ces joueurs ne puissent être invités, car « un Stu Ungar mort pourrait battre tous les jours un Jerry Yang vivant »)
Sur les 27 noms qui restent, on peut retirer Russ Hamilton, actuellement impliqué dans un scandale de triche online, et donc persona non grata (« La Poste a perdu son invitation », dit encore WickedChops), et Bobby Baldwin, assez occupé par ses fonctions de PDG du Groupe MGM (Bellagio, Mirage, Golden Nugget, etc)
Il reste donc 25 noms. Tous ont confirmé leur venue (Hellmuth, Chan, Eastgate, Raymer, Moneymaker, etc), sauf quatre : Chris Ferguson, qui n'a pas encore répondu à l'invitation, et les assez obscurs Noël Furlong, Mansour Matloubi, et Hamid Dastmalchi, qu'Harrah's n'a tout bonnement pas réussi à contacter ! Ces trois là ont plus ou moins complètement disparu du circuit depuis bien longtemps, et personne ne sait ce qu'ils sont devenus. Mais où sont-ils passés, bon sang ?
Chose intéressante, le prize-pool de ce tournoi spécial et élitiste sera tout bonnement de... zéro virgule zéro dollars. Contrairement aux trois éditions précédentes, où Harrah's avait généreusement posé deux millions de dollars sur la table, il n'y aura ici strictement rien à gagner, financièrement parlant.
Posons la question : pourquoi (au moins) 21 des 27 champions encore en vie vont-ils prendre la peine de jouer le tournoi ?
1/ Un passage à la télé. Cette épreuve fait en effet partie des quatre qui seront diffusées sur ESPN à la fin de l'été (oui, seulement quatre épreuves télévisées, c'est peu, le poker télévisé n'interesse plus grand monde - pour info, les trois autres épreuves qui seront diffusés sont : le 40,000, le Main Event, et le tournoi de charité "Ante up for Africa")
2/ Les « bragging rights », en français : le droit de se la péter si l'on gagne. Ben oui, le field sera quand même assez costaud et prestigieux.
3/ Un trophée au nom de Jack Binion, le fils de Benny (fondateur des WSOP) qui dirigea pendant longtemps le festival. Jack en personne remettra la coupe au vainqueur du tournoi.
4/ Une... voiture. Une Corvette, pour être précis. Un modèle assez ancien, il me semble, valant entre 40 et 80,000 dollars selon les estimations des collègues. J'imagine bien la réunion entre les huiles d'Harrah's. « Bon, les gars, on a pas un rond à mettre dans ce tournoi à la con, c'est la crise, pas le moment de cramer de la thune. » Une main se lève au fond de la salle de réunion. « Oui, Bob ? » « Euh, j'ai une vieille bagnole qui traîne au fond du garage, ça pourrait faire l'affaire. » L'assemblée, en coeur : « Génial ! »
Tout à l'heure, à la table de Bruno Fitoussi, deux futurs participants au tournoi débattaient de l'intérêt de l'épreuve. Greg Raymer : « Je suis pas trop un fan de bagnoles... » Huck Seed : « OK, un tournoi freeroll sans prize-pool, admettons. Ca peut-être fun. Mais pourquoi diable avoir choisi une vieille bagnole en guise de récompense ? »
Quoi qu'il en soit, j'observerai de près cette épreuve qui devrait nous permette d'observer de beaux affrontements entre les vieux champions des années 70/80, les stars et les champions récents, amateurs devenus pros depuis. Rendez-vous dimanche !