Il fallait miser sur l'outsider

- 22 décembre 2023 - Par Benjo DiMeo

Daniel Sepiol remporte le WPT World Championship pour 5 282 954 $

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship
Face à des poids-lourds tels que Chris Moorman, Andrew Lichtenberger ou Ben Heath, il ne faisait pas figure de favori. 1,38 million de dollars à son palmarès depuis 2017 seulement (sic) - c'était bien moins que n'importe lequel de ses cinq derniers adversaires. 29 blindes pour entamer la finale sur le plateau télé : pas bien lourd non plus.

Et pourtant, Daniel Sepiol l'a fait : face à l'adversité, dans des conditions défavorables, le pro originaire de Floride a tenu la distance, pour remporter un tournoi d'ores et déjà rentré dans l'histoire du poker, le WPT World Championship, après un deal de dernière minute conclu avec son dernier adversaire, Georgious Sotiropoulos. Déjà détenteur de trois bracelets WSOP, ce dernier passe instantanément en tête de la All Time Money List en Grèce.

Embrassades avec le papa venu spécialement de Floride ce matin, bisou à la copine (les deux vivent ensemble à Vegas depuis quelques années), puis, on imagine, des célébrations qui ne devraient pas s'éterniser, car il est tard. Soit dit en passant, c'est un truc qu'on a appris à l'occasion de ce nouveau séjour à Vegas (le 25ᵉ si l'on compte bien) : ce n'est plus vraiment la ville qui ne dort jamais. Pas bien grave, en vérité, car nous, là tout de suite, on a très envie de faire une sieste de 48 heures.

WPT World Championship 10 000 $
3 835 inscrits - Dotation 40 000 000 $

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Vainqueur Dan Sepiol (USA) 5 282 954 $ (après deal)
Runner-up Georgious Sotiropoulos (Grèce) 4 167 246 $ (après deal)
3e Andrew Lichtenberger (USA) 2 798 700 $
4e Chris Moorman (UK) 2 095 300 $
5e Ben Heath (UK) 1 583 100 $
6e Artur Martirosian (Russie) 1 207 000 $

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship
On aurait aimé vous causer aussi de Mikita Badziakouski, vainqueur du Big One for One Drop devant l'ex-footeux Mario Mosboeck. Il aurait fallu toucher deux mois à propos du WPT Prime, la version "low cost" du Main Event, qui a attiré un record de 10 000 inscrits, et sacré le pro Calvin Anderson. On a manqué de temps pour s'étendre sur les perfs françaises sur les side-events : la cinquième place à 60 000 $ de Bruno Fitoussi sur un Knockout, le podium de Fabrice Soulier en Limit Omaha High-Low, l'enveloppe à 100 000 $ ouverte par Sonny Franco sur un Mystery Bounty.

Mais l'horloge ne ment pas : dans moins de cinq heures, nous devrons être au comptoir d'enregistrement de l'aéroport, afin d'être rentrés à temps pour passer un moment privilégié avec nos familles respectives. Et cette valise remplie de cadeaux en bordel ne va pas s'organiser toute seule : le suspens est grand quant à savoir si on va dépasser ou non les 25 kilos.

En attendant, on prendra une minute, le temps de féliciter et de remercier toutes les équipes du Wynn et du World Poker Tour. Elles méritent tous les bravos du monde pour leur professionnalisme et leur enthousiasme. Et on a envie de faire un pari pour 2024 : la réussite de ce WPT World Championship aura une influence durable sur l'écosystème du poker, en redéfinissant à la hausse ce que les joueurs sont en droit d'attendre d'un festival de poker live. Je vous souhaite de joyeuses et chaleureuses fêtes, et vous laisse avec une dernière rafale de photos de Caroline Darcourt, indispensable partenaire de reportage, sans qui ces pages seraient bien ternes. Portez-vous bien !

Benjo

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

Dan Sepiol remporte le WPT World Championship

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Quand est-ce qu'on a merdé ?

- 22 décembre 2023 - Par Benjo DiMeo

WPT World Championship 10 400 $ (Finale - 2 joueurs restants)

WPT World Championship coverage Winamax Wynn
On était assez confiants, au moment de quitter le Wynn sur le coup de 19 heures, pour notre traditionnel last dinner in Vegas. On en était certains : absolument rien n'allait se produire pendant notre absence de la finale. La logique étant : il ne s'était rien passé pendant les trois premières heures. Cela allait donc continuer.

Perdu : tandis qu'on bâfrait (divinement, c'est déjà ça) à Provisions, l'un des nouveaux hot spot trendy du Arts District, la finale s'est presque entièrement vidée.

Artur Martirosian ? Soldé au bout de 52 mains, 55 contre 77, c'est con, il était à ça de la Triple Crown. Le reg high roller Ben Heath ? Allez salut en cinquième place, il call/muck contre Daniel Sepiol (qui montre la quinte max) avant de tout risquer avec Dame-Valet, Georgios Sotiropoulos reste en tête avec As-7. Le pape des MTT online Chris Moorman ? Pas mieux que la quatrième place, lui aussi s'est engagé avec Dame-Valet, et a eu un problème de kicker contre Roi-Dame, toujours chez Georgios. Le gros favori Andrew Lichtenberger, chip-leader à l'entame de la finale ? As-Roi contre deux Valets, et on n'en parle plus.

Donc, voilà. 23h58 : Daniel Sepiol et Georgios Sotiropoulos s'affrontent depuis une heure. Avec un net avantage initial pour le premier (que l'on déteste, car c'est lui qui a call 45 BB avec As-Valet pour battre les Rois de Davidi Kitai en fin de Day 3), mais Georgios vient de doubler avec une quinte...
 

WPT World Championship coverage Winamax Wynn


Chris Moorman
Chris Moorman

Lynn gilmartin

Vince Van Patten


Daniel Sepiol
Daniel Sepiol

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

Une intro pas pipeau

- 22 décembre 2023 - Par Benjo DiMeo

WPT World Championship 10 400 $ (Finale - 6 joueurs restants)

WPT World Championship coverage Winamax Wynn
C'est un paradoxe qui m'assaille régulièrement sur les festivals de poker que je couvre, et je pense ne pas être le seul. À savoir : la table finale n'est que rarement le moment le plus excitant du tournoi. Le plus important ? Peut-être : c'est évidemment aujourd'hui que l'on va célébrer les six joueurs les plus méritants et donc les plus grassement récompensés. Mais le moment plus fun, le plus délirant, le plus passionnant, le plus mémorable ? Au contraire de la dotation, ce n'est jamais garanti. Malgré les enjeux et la qualité du poker qui y est pratiqué, la table finale d'un tournoi est, par définition, l'histoire d'une petite poignée de joueurs. Le gigantisme des Days 1, les salles pleines, les visages connus par centaines, la tension de la bulle, tout cela semble bien loin : le dernier jour, souvent l'enthousiasme retombe un peu. Ces jours-là, je connais des lecteurs qui ferment le coverage (" de toute façon y'a plus de Français, non ?"), et d'ailleurs je connais aussi des couvreurs qui prennent l'avion.

Pas aujourd'hui. Avant même que Matt Savage ne prononce les mots "Shuffle up and deal" ce jeudi, il était déjà acquis que la table finale du WPT World Championship ne rentrerait pas dans cette catégorie. Grâce à ses enjeux, évidemment, qui avaient mis tout le monde d'accord il y a six mois : 5,7 millions à la gagne, le plus gros morceau d'un magot de 40 millions. Grâce à son casting millésimé, tout à fait à la hauteur de l'évènement : de la légende online, du solide pro européen, du cador des high rollers... Et puis, enfin, grâce au souci du détail des équipes du World Poker Tour, que l'on a eu l'occasion d'observer tout au long des dix derniers jours, et qui a culminé en spectacle d'avant-finale parfaitement réussi, suintant la classe et le dynamisme, tout à fait à l'image du travail réalisé depuis le début du festival.

Presque 20 ans à couvrir des tournois : vous vous en doutez bien, j'en ai mangé, des shows de lancement à demi-foireux au fil des années, des bios de finaliste récitées sous des applaudissements mous émanant de gradins vides, des blagues foireuses, des joueurs qui font la gueule ou qui tremblent comme quand on les appelait au tableau en classe. Je m'en suis farci, des tournois qui pétaient plus haut que leur cul, des tournois vulgaires, des tournois faussement chics, des tournois dont tout le monde se branle mais les organisateurs font comme si ce n'était pas le cas. Je n'étais donc pas préparé à ce que le WPT nous a offert sur le coup de 16 heures.

Une petite séance de beatboxing pour commencer. Pas trop long, quelques minutes, devant un écran diffusant des motifs psychédéliques, exécuté par ce qui est clairement un pro de la discipline. Parfait. Derrière, la troupe de breakdancers. Ça sautille dans tous les sens sans efforts, on se passe par-dessus, par-dessous, avant l'attendu numéro de toupie la tête à l'envers. Kool Shen aurait adoré. Puis, le clou : un groupe de rap, complet avec synthé et claviers. La troupe comique (qui jouit d'une petite réputation sur le Strip) sèche sur place un public qui ne feint pas son enthousiasme, improvisant trois couplets pour chacun des six finalistes, rimes, punchlines et vannes, la totale. Ré-ga-lade. J'ai immédiatement envoyé un SMS à Matthieu Duran pour qu'on fasse la même chose au SISMIX.

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

WPT World Championship coverage Winamax Wynn

Andrew Lichtenberger en énorme favori

- 21 décembre 2023 - Par Flegmatic

La finale à six est constituée avec un casting de rêve
Andrew 'LuckyChewy' Lichtenberger caracole en tête
Gare aux top regs Chris Moorman, Georgios Sotiropoulos, Ben Heath et Artur Martirosian dans son rétro

Qui repartira avec les 5,7 millions de dollars à la gagne ?

WPT World Championship 10 400 $ (Finale - 6 joueurs restants)

Andrew Lichtenberger

Déjà en position dominante au moment de prendre place autour de la dernière table de ce gigantesque tournoi, Andrew Lichtenberger a continué d'appuyer sur le champignon. Avec 124 blindes devant lui à l'aube de ce septième et ultime jour, 'LuckyChewy' en compte cinquante de plus que son plus proche poursuivant, une autre légende des tables online internationales, un certain Chris Moorman, sur lequel il aura en plus l'avantage de la position. C'est sans doute d'ailleurs ce qui impressionne le plus à regarder le casting des six derniers prétendants au titre : on connait tout le monde, ou presque !

Ben Heath

Entre Chris et Andrew trône ainsi le deuxième Britannique de cette finale, Ben Heath (photo), figure de proue de la scène High Rollers des années 2020. Au palmarès de son année 2023, une foule de places d'honneur sur les tournois les plus chers de la planète (Bahamas, Vietnam, Monte-Carlo, Las Vegas, Londres)... mais aucune victoire ! Pour vaincre le signe indien, il devra en découdre, entre autres, avec un joueur qu'il connait bien, lui aussi habitué de ses joutes entre ballas, le meilleur joueur russe du moment aux 12,5 millions de dollars de gains, tout juste auréolé d'un bracelet WSOP décroché à Paradise Island, Artur Martirosian.

Georgios Sotiropoulos

En embuscade en troisième position avec un peu moins de 40 blindes, Georgios Sotiropoulos (photo) fait partie des valeurs sûres du plateau européen, avec trois bracelets au compteur, dont celui du Mini Main Event 2021. Runner-up de l'EPT Prague il y a tout juste dix ans, il va enfin pouvoir effacer ce high score de ses tablettes, assuré comme les autres d'encaisser un chèque à sept chiffres. Enfin, n'oublions pas Daniel Sepiol, archétype du jeune grinder américain, avec près de 200 lignes acquises depuis 2017, pour près d'1,4 million de dollars accumulés en live.

Dans quelques heures, l'un de ces six champions remportera l'un des tournois les plus convoités de l'année et un peu plus de 5,6 millions de dollars, en mettant un point final à une année tout bonnement exceptionnel pour le poker live. Good luck, gentlemen!

Le plan de table

Artur Martirosian

# Joueur Tapis Blindes
1 Ben Heath (Angleterre) 36 700 000 31
2 Andrew Lichtenberger (USA) 148 200 000 124
3 Daniel Sepiol (USA) 34 300 000 29
4 Artur Martirosian (Russie) 29 400 000 25
5 Georgios Sotiropoulos (Grèce) 46 200 000 39
6 Chris Moorman (Angleterre) 88 300 000 74

L'échelle des gains

# Gains
Vainqueur 5 678 000 $
Runner-up 3 772 200 $
3e 2 798 700 $
4e 2 095 300 $
5e 1 583 100 $
6e 1 207 700 $

Les premiers sortants de la finale

Quand ? Qui ? Combien ?
7e Carl Shaw (Angleterre) 928 900 $
8e Mark Mounsey (Canada) 721 600 $
9e Ben Jacobs (USA) 566 900 $

Ben Jacobs

Chipleader au départ du Day 6, Ben Jacobs a rallié de justesse la finale avant de subir la loi (et le good run) d'Andrew Lichtenberger. Tombé à douze blindes, il trouve deux beaux barbus pour tout pousser au milieu, réussit à se faire payer par AQ mais voit un A débouler sur le flop.

Mark Mounsey

LuckyChewy ne faisait que s'échauffer. Vingt minutes plus tard, le chipleader découvre deux flèches pour ouvrir en début de position, puis payer le tapis de 12 BB de Mark Mounsey. Mal tombé avec sa paire de 10, le Canadien est drawing dead dès le turn d'un tableau AK9K8. Qu'à cela ne tienne, celui qui comptait jusque-là 30 000 petits dollars à son compteur live ne valide pas moins son one time.

Carl Shaw

Décidément, mieux ne valait pas trouver une premium en ce début de TF. C'est ainsi avec un bel AK en mains qu'est tombé Carl Shaw. Mis à tapis en bataille de blindes par Chris Moorman, l'Anglais est – on imagine – tout heureux de découvrir 109 chez son compatriote. Il ne le sera que le temps de voir un flop 866, le turn apportant un 7 synonyme de "nuts" pour Moorman. Troisième du Main Event de l'EPT Barcelone pour 900 000 €, après un affrontement épique avec Simon Wiciak, Carl Shaw s'arrête de nouveau à quelques encablures du titre et des sept chiffres, mais signe tout de même une nouvelle performance exceptionnelle.

Coup d'envoi à 16 heures heure locale... soit une heure du matin en France.

Pas de finale, mais un high score magistral

- 21 décembre 2023 - Par Benjo DiMeo

Maxime Chilaud est éliminé en 11ᵉ place par Chris Moorman (456 500 $)
Il n'y aura pas de Français en finale
WPT World Championship 10 400 $ (Day 6 - Blindes 500 000 / 1 000 000)


Maxime Chilaud
"Dommage. On ne pouvait pas faire plus 'Team Gentil' !" Au sein du petit groupe de pros français n'ayant pas encore quitté Vegas, Alexandre Réard fait parfaitement écho au sentiment de toute la commu' : sur la dernière ligne droite de ce WPT World Championship, absolument personne ne souhaitait voir chuter son dernier représentant, Maxime Chilaud.

Impressionnant de sérénité et de maîtrise six jours durant, longtemps chip-leader durant les phases finales, le pro de 29 ans avait tout pour lui sur ce tournoi offrant le plus gros garanti de l'histoire du poker, malgré la présence à sa table de demi-Dieux de la discipline tels que Chris Moorman ou Andrew Lichtenberger. Tout, ou presque. Que lui a-t-il manqué ? Rien de plus qu'un peu de timing. Un bluff manqué, des blindes qui augmentent et resserrent les écarts, une top paire floppée, et voilà. On savait que tout pouvait basculer en un ou deux coups : c'est exactement ce qu'il s'est passé.

Chris Moorman
C'est justement contre le susnommé Moorman (photo), l'un des meilleurs joueurs online de l'histoire, un modèle pour tous les pros de la génération de Maxime, que notre dernier poulain a joué son dernier coup. On vous détaille...

Au bouton, l'Anglais ouvre à 2 millions (à ce stade du tournoi, il s'agit d'un simple min-raise). Avec A10, Maxime a largement de quoi défendre sa grosse blinde.

Flop : 1025. Pas mal, non ? En tout cas assez bien pour check/raise à 5 millions après le c-bet (1,8 m.) de Moorman. Sauf que ce dernier n'est pas impressionné : il répond avec un "clic" à 8,5 millions.

Réflexion de Maxime, qui 4-bet pour la quasi totalité de son tapis : 23,8 millions, lui laissant seulement 500 000.

Ce quasi all-in est payé par Moorman : bien entendu, le reste de l'argent part sur le turn, un 9.

Chris Moorman retourne AA. Maxime ne joue que deux cartes sur la rivière. Le 3 n'en faisait pas partie.

WPT World Championship coverage Winamax Wynn
"Elle va être un peu triste, cette photo souvenir, non ?" La remarque émane de Romain Lewis, mais Maxime Chilaud l'accueille avec un grand sourire. "Tu rigoles ? Je viens de gagner un demi-million, c'est pas du tout triste !" Lorsqu'on lui fait remarquer que cette onzième place lui permet de battre son high-score de gains en un seul tournoi (une victoire à 380 000 € acquise à Chypre en mars), le Rouennais se permet une brève mais éclairante précision : "En live, oui..."

On refait le match

Maxime Chilaud
À propos de la toute dernière main :
« En gros, les mains avec lesquelles je pense qu'il va cliquer en value, c'est : des overpaires, des brelans, et ses meilleurs 10, comme Dame-10. Car ici, je check/raise beaucoup mes 10, je pense. Donc avec un bon 10, il veut cliquer pour me faire tout mettre et "go broke". Après, de temps en temps, il va raise avec des overcards, genre des Roi-Valet, des Dame-Valet, car si je call, il est en freeroll pour toucher, il sait que je vais pas bluffer derrière. Donc en allant all-in, je suis content de faire fold ces mains. Je dois être équilibré avec des bluffs, aussi. Avec mes tirages couleur, c'est bien de faire tapis, pour le priver de son équité quand il a 3-bet avec rien. Donc, dans l'ensemble, je suis content de shove avec As-10 ici. »

À propos de ce gros bluff réussi contre Carl Shaw, où Maxime fait folder AJ en misant la moitié de son tapis avec JJ sur A95KQ :
« Préflop, je 3-bet, et il 4-bet, pour quasiment un quart de son stack. Moi, j'ai un poil plus que lui. Là, je ne peux jamais shove préflop, c'est un spew contre sa range de 4-bet en value. Comme je suis pas mal contre ses bluffs et que j'ai la position, je call. Sur le flop, il fait 4,5 millions assez vite, c'est plutôt cher. Je suis assez suspicieux, déjà. J'ai le backdoor, je call. Le turn ouvre un deuxième flush draw, il check. Là, j'hésite à transformer en bluff tout de suite, je me dis qu'il peut avoir des Roi-Valet ou Roi-10 avec lesquels il va 4-bet sa range. Donc je peux les faire folder dès maintenant. Mais ça reste close, donc j'ai check back.

La rivière fait rentrer le tirage couleur du flop. Il re-check, donc il a quasiment tout le temps de la showdown value. Quelles mains il peut avoir ? Plein : As-Valet, As-10, Roi-10, Roi-Dame, Roi-Valet, Dame-10, Dame-Valet... Il y a un milliard de combinaisons qui me battent, mais qui ont une décision horrible si je mise rivière. Sachant que de mon côté, je peux avoir As-Dame, deux Dames. Avec ces mains je joue pareil toutes les streets. Je peux aussi parfois avoir slowplay turn avec deux As, voire deux Rois. Ça fait quand même pas mal de combos de value. Il n'y a qu'avec deux 10 ou deux Valets que je transforme en bluff, et pour me call il faut qu'il soit bien sûr que je suis en train de « transfo ».

Le pot fait genre 27 millions, il a 22 ou 23 millions, moi j'ai 2 millions de plus. Si je représente As-Dame, je n'ai pas envie de faire tapis. Miser la moitié de mon stack, avec toutes mes mains, ça semble pas mal. Car je suis encore dans le tournoi si je me fais prendre en bluff, et je peux être en value aussi. C'est équilibré. C'est un bon sizing. Et cette rivière est vraiment parfaite pour bluffer, avec ma main je suis obligé d'y aller. »

Des regrets sur cette journée ?
« À chaud, je pense avoir bien joué, en analysant à froid il y aura peut-être des choses à revoir. Mais dans le feu de l'action, je suis satisfait de ma manière de jouer. »

La suite ?
« Je rentre en France pour les fêtes. Ensuite, un festival à la maison à Malte. Pas trop de projets derrière, à part les WSOP... Et je reviendrai au Wynn pour le prochain WPT, bien sûr. »

Table finale WPT World Championship
Après l'élimination de Maxime en 11ᵉ place, le fantasque John Richards est tombé à son tour, provoquant la constitution de la table finale dite "non-officielle" à neuf. Non-officielle, car pas comptabilisée comme une finale télévisée World Poker Tour en bonne et due forme. Celle-ci débutera demain, dans une autre salle de bal, sur un plateau télé différent (que j'imagine bien plus luxueux que celui du stream), et avec six joueurs seulement. Je repasserai un peu plus tard pour lister les derniers éliminés du Day 6, et présenter les forces en présence pour le dernier jour. Pour le moment, Andrew Lichtenberger fait figure de gros favori...

Benjo